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| L'Europe du Premier Empire napoléonien | |
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Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: L'Europe du Premier Empire napoléonien Mer 3 Mai - 16:12 | |
| Napoléon I La carrière de Napoléon (Ajaccio, 1769 - Sainte-Hélène, 1821) - Premier consul à trente ans, empereur à trente-cinq, déporté à Sainte-Hélène à quarante-six - est marquée par une relative brièveté qui n'a d'égal que le rythme effréné sur lequel elle a été menée. Empereur des Français, son histoire se confond nécessairement avec celle du Consulat et du Premier Empire, mais elle est aussi celle d'une réussite hors du commun née de la Révolution. La légende donnera très vite une seconde vie à celui qui, un temps, domina l'Europe. Les pays annexésLe Premier Empire Le Premier Empire - dont la solidité dépendait essentiellement des victoires militaires de son dirigeant, Napoléon Bonaparte - devait s'écrouler en 1814 sous les coups des Européens coalisés contre la France. Napoléon avait cependant cherché à imprimer à cet ensemble hétéroclite sa marque personnelle. Héritier de la Révolution française, il tenta d'imposer à l'Europe certaines idées révolutionnaires, dont l'égalité des droits et la suppression des privilèges. Profondément persuadé de la nécessité de l'autorité, il étendit à l'Europe le système policier et centralisateur qui caractérisait le régime. Le titre impérial, les références à l'Empire romain et à Charlemagne étaient l'aboutissement d'un processus engagé dès 1796 avec la création de la République cisalpine. Il s'agissait de créer l'unité politique de l'Europe, d'en remodeler la civilisation. L'Europe napoléonienne n'était pas figée. Graduellement, les divers Etats qui la composaient devaient resserrer leurs liens, constituer une véritable communauté. L'Empire français proprement dit en était le noyau par suite d'annexions, de transformations. Il s'étendait en 1812 sur 130 départements et comptait 44 millions d'habitants. Des Etats vassaux attribués à des proches le complétaient pour former le Grand Empire. Après les accords de Tilsit, en 1807, des Etats indépendants, mais alliés à la France, subissaient l'influence française. Les pays annexés avant 1804 Il s'agit des annexions réalisées depuis la Convention: Belgique, Rhénanie, Genève, Piémont et Ligurie. L'organisation administrative, politique et judiciaire française fut strictement appliquée. Partout la population augmenta, l'activité économique fit des progrès: naissance de la grande industrie, défrichements contribuèrent à l'enrichissement général, mais les impôts, quoique mieux répartis, semblaient lourds et, malgré la suppression des droits féodaux et de la dîme, la misère des populations ne fut guère soulagée quoique la bourgeoisie profitât de l'essor économique et de la vente des biens nationaux. En dépit de la rupture avec le pape dans les pays attachés à l'ultramontanisme, la domination napoléonienne ne fut pas affectée. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: L'Europe du Premier Empire napoléonien Mer 3 Mai - 16:12 | |
| Les réformes et le système familial
Les réformes napoléoniennes Consacrer l'autorité de l'Empereur Napoléon, faire de tous des sujets dociles et attachés au régime, fournir de l'argent et des hommes, tels étaient les buts des réformes imposées dans tous les pays. Pour cela, il fallait supprimer les corps intermédiaires en diminuant l'influence de l'aristocratie sans se l'aliéner, et se concilier la bourgeoisie et les paysans. D'où la nécessité d'une administration sage et libérale, l'introduction de l'égalité civile et de la liberté religieuse, l'abolition des droits féodaux et de la dîme, la vente des biens ecclésiastiques, la suppression des corporations, la multiplication des fonctionnaires et l'octroi de constitutions prévoyant le vote de l'impôt et des lois par les notables.
Napoléon s'efforça d'introduire partout le Code civil, garant de ces transformations. Il ne concevait pas que quiconque pût résister, mais toléra souvent des aménagements aux institutions et aux lois en fonction des particularismes locaux et de l'inégalité du développement atteint par chacun des pays. Cependant, il ne perçut pas la contradiction entre ces idées et la nécessité de ne pas s'aliéner l'aristocratie; les droits féodaux réels, les dîmes furent presque toujours déclarés rachetables: les paysans, en général incapables de payer, refusèrent de se plier à cette exigence; quant aux seigneurs, ils ne se rapprochèrent pas pour autant du régime.
Un système familial Pour faciliter l'assimilation des populations, Napoléon créa des Etats vassaux jouissant d'une autonomie apparente et à la tête desquels il nomma des membres de sa famille ou des grands dignitaires de l'Empire. C'est ainsi que Joseph devint roi de Naples puis d'Espagne, Louis roi de Hollande jusqu'en 1810, Jérôme roi de Westphalie; Murat, d'abord souverain du grand-duché de Berg, remplaça Joseph à Naples en 1808. Elisa à Piombino, Berthier à Neuchâtel, Talleyrand à Bénévent, Bernadotte à Pontecorvo étaient sous une dépendance encore plus étroite.
Napoléon les maintenait sous sa tutelle: «Souvenez-vous, dit-il à Murat, que je ne vous ai fait roi que pour mon système.» Certains se rebiffèrent: «On n'est pas roi pour obéir», s'exclamait Murat, qui ira jusqu'à la trahison en 1814. Ils avaient, en effet, tendance à se considérer comme propriétaires de leurs charges, à épouser, afin de se le concilier, les intérêts de leur peuple plutôt que ceux de l'Empereur. A cela s'ajoutaient des rivalités dans la famille même. Ces mésententes, la nécessité de contrôler les côtes pour renforcer le Blocus continental, la perspective d'une descendance à la suite du mariage autrichien favorisèrent l'évolution vers un Empire centralisé: dès 1810, la Hollande et une partie du Hanovre furent annexées; en Espagne, Joseph n'était roi qu'en titre; Murat craignait pour son trône de Naples. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: L'Europe du Premier Empire napoléonien Mer 3 Mai - 16:13 | |
| Les conquêtes militaires de Napoléon
Les conquêtes militaires de Napoléon De la rupture de la paix d'Amiens en mai 1803 jusqu'à la chute de l'Empire en 1814 et l'intermède des Cent-Jours en 1815, la guerre fut continuelle. Les historiens sont en désaccord sur les causes de cette guerre permanente. Certains incriminent l'ambition insatiable de l'empereur: nouvel Alexandre, il se croyait destiné à dominer le monde; pour d'autres, son ambition se borna à organiser une Europe nouvelle dominée par la France.
D'autres encore rappellent l'héritage de la Révolution: Napoléon se devait de défendre les frontières naturelles que ses adversaires et surtout la Grande-Bretagne ne voulaient pas reconnaître à la France. Remarquant que la Grande-Bretagne était présente dans toutes les coalitions successives dirigées contre la France, d'autres mirent en avant le rôle de l'impérialisme britannique, qui ne pouvait accepter les tentatives napoléoniennes pour le concurrencer dans le domaine économique: même quand il désirait la paix, Napoléon se heurtait à l'opposition britannique.
On a pu aussi montrer le lien logique, après 1807, entre le Blocus continental et les interventions en Italie, en Baltique, dans la péninsule Ibérique et, en 1812, en Russie: il fallait, pour que le blocus fût efficace, contrôler tous les rivages par où les marchandises britanniques eussent pu débarquer, obliger le tsar, l'ancien allié, à respecter ses engagements.
Il y a dans toutes ces explications une part de vérité, mais aucune ne peut à elle seule prétendre l'incarner. On pourrait aussi ajouter la haine des aristocraties contre celui qu'elles présentaient comme le parvenu de la Révolution, la haine des peuples qui forgeaient dans la souffrance de l'oppression le sentiment national qui les soulèvera en 1813.
A partir d'un certain niveau de conquêtes, Napoléon était pris dans un engrenage qui le jetait continuellement dans une fuite en avant qu'il ne souhaitait peut-être pas toujours: elle devait forcément trouver son terme.
La stratégie napoléonienne Napoléon était le maître de l'armée; il se préoccupa fort peu de former des officiers généraux qui eussent pu l'aider efficacement; abandonnés à eux-mêmes, les maréchaux se montrèrent médiocres. La préparation des campagnes laissait fort à désirer; jamais Napoléon ne put se passer des fournisseurs, qui, tel le fameux Ouvrard, amassaient des fortunes scandaleuses. Le manque d'argent contraignait à retarder le paiement des soldes, à négliger l'habillement, les vivres, les moyens de transport: la guerre devait nourrir la guerre. De même, l'armement restait sommaire; l'improvisation restait la règle. C'est pourquoi la victoire devait être fulgurante et immédiate: rien à l'arrière n'était prêt pour soutenir une longue campagne.
La stratégie napoléonienne reposait sur des principes simples: attirer l'ennemi sur un terrain choisi, l'amener par une man œuvre feinte à affaiblir un point, rompre la ligne adverse à cet endroit précis puis isoler et fragmenter les divers groupes ennemis; une variante consistait à céder volontairement sur le centre pour le faire envelopper par l'aile marchante; la poursuite parachevait la victoire. Quant à la tactique, elle n'avait guère varié: une nuée de tirailleurs progressaient en ordre lâche en utilisant le terrain, épuisaient l'adversaire rangé en ligne par un feu nourri; l'infanterie pouvait attaquer alors, balayant les rangs ennemis par sa masse. La cavalerie était utilisée pour rompre les lignes adverses, les tronçonner et poursuivre les fuyards. Quant à l'artillerie, concentrée en fortes unités, elle préparait, par sa puissance de feu, l'action de l'infanterie.
Une évolution se produisit au cours des années: petit à petit, les Français en vinrent à négliger la préparation de l'attaque par les tirailleurs alors même que les adversaires s'initiaient aux pratiques nouvelles, augmentaient la puissance de feu de leurs formations; de là les mécomptes français en Espagne et à Waterloo. De plus, conçue pour une victoire rapide et foudroyante dans des pays riches et d'étendue moyenne, sans moyens techniques ni communications sûres, l'armée napoléonienne allait affronter des difficultés insurmontables dès qu'elle rencontrerait les vastes étendues de l'Allemagne du Nord, de la Pologne et de la Russie, les déserts brûlants ou glacés de l'Espagne. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: L'Europe du Premier Empire napoléonien Mer 3 Mai - 16:16 | |
| La répartition géographiqueL'Empire de Napoléon à son apogée (1810 à 1811) Trois domaines géographiquement distincts composaient le système: le domaine italien, la péninsule Ibérique et le groupe allemand, auquel on peut rattacher les Pays-Bas et la Suisse. Le domaine italien Le domaine italien comprenait l'Italie française, le royaume d'Italie, les provinces illyriennes, le royaume de Naples. Il fut le plus marqué. Partout, le Code civil fut introduit, la féodalité abolie, l'administration simplifiée. Dans le royaume d'Italie, dont le souverain en titre était Napoléon, le gouvernement fut confié à Eugène de Beauharnais. Dans cette création, où il n'avait pas à tenir compte de la tradition monarchique ni des souvenirs révolutionnaires, il accentua méthodiquement la centralisation, multiplia les fonctionnaires, procéda à la modernisation de l'armée, introduisit le Code civil, subordonna étroitement le royaume à l'économie française. La bourgeoisie, qui fournit de nombreux officiers à l'armée, montra un certain attachement pour le régime, mais la condition des paysans n'évolua guère. Le royaume de Naples, d'abord donné à Joseph, puis après 1808 à Murat, fut aussi profondément transformé: une réforme agraire fut mise en place, mais à la chute de Murat on n'en était qu'aux débuts. C'est dans les anciens Etats du pape que la résistance fut la plus vive: les populations, habituées pour certaines à la mendicité et au brigandage, pour d'autres aux ressources tirées de la présence de la cour pontificale, ne pardonnèrent pas l'effort administratif et le départ du pape. En 1814, l'Italie était en pleine transformation. La péninsule Ibérique La péninsule Ibérique, théoriquement annexée en 1808, Joseph devenant roi d'Espagne, ne fut jamais soumise: aucune réforme ne fut mise en œuvre sauf en Catalogne, où elles furent très modérées. Les Pays-Bas, pays où existait une forte tradition nationale et où la domination de la bourgeoisie était ancienne, fut ménagée d'abord; lorsqu'elle eut été annexée, les tentatives d'assimilation se heurtèrent à une sourde résistance, surtout en ce qui concerne les finances et la réforme foncière. Le groupe allemand La Confédération du Rhin, créée en 1806, était un vaste groupement hétéroclite de territoires vassaux, sans liens entre eux, si ce n'est la personne de leur protecteur. Deux Etats dépendaient directement de l'Empereur: le grand-duché de Berg, administré par Napoléon après le départ de Murat, et le royaume de Westphalie, amputé de ses rivages de la mer du Nord en 1810. C'est dans ce dernier que l'introduction du système fut la plus complète; il constituait pour l'Allemagne une sorte d'Etat modèle. La noblesse souffrit de la perte de ses privilèges, mais se consola en acceptant les charges et les honneurs; quant à la bourgeoisie, elle fut, comme partout ailleurs, la grande bénéficiaire des transformations. Napoléon n'était que le protecteur des autres Etats de la Confédération; néanmoins, ils subirent en général des transformations, sauf en ce qui concerne le régime politique et la libération des paysans. Quoique le grand-duché de Varsovie eût été offert au duc de Saxe, Napoléon y procéda aussi à des réformes, calquées sur le modèle français, mais, ne pouvant s'appuyer sur une bourgeoisie inexistante, il conserva sa prépondérance à la noblesse. Ainsi, si partout la réforme de l'Etat fut mise en route, partout la réforme sociale fut atténuée ou avorta. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: L'Europe du Premier Empire napoléonien Mer 3 Mai - 16:17 | |
| L'économie continentale et les résistances
L'économie continentale Le Blocus continental poussa l'Europe à l'autarcie économique: si les cités maritimes (italiennes surtout) furent ruinées, si le trafic des grandes foires diminua dans de fortes proportions, en revanche, l'industrie progressa en France, celle du coton en particulier, malgré les difficultés pour se procurer la matière première. La protection douanière fut l'arme la plus efficace du démarrage industriel.
Mais, malgré l'ouverture des routes alpestres, l'infrastructure restait insuffisante. Si la concentration commerciale fit des progrès, la concentration industrielle n'évolua guère (sauf en ce qui concerne les filatures de coton ou de laine) et l'organisation bancaire resta d'une insigne faiblesse. Surtout, Napoléon «n'envisageait pas le marché européen en lui-même, mais par rapport à l'Empire français» (G. Lefebvre). Le marché italien était réservé aux marchandises françaises, qui y entraient librement.
Les prix agricoles restèrent bas jusqu'en 1812, les pays producteurs de céréales (Prusse, Pologne, provinces russes) ne pouvant plus exporter leurs surplus vers la Grande-Bretagne. Il en résulta une atonie économique, un déficit fiscal que Napoléon chercha à corriger par une atténuation du Blocus continental, mais encore au profit de la France: les mécontentements grandirent encore, la Russie donna le signal de la révolte.
Les résistances Hors de l'Empire, les autres Etats européens étaient des alliés plus ou moins consentants et plus ou moins dociles: Prusse et Autriche, après 1809, ne pouvaient guère faire autrement; quant au tsar Alexandre, le seul à faire figure d'allié proprement dit après Tilsit (1807), il était bien décidé à ne pas se laisser vassaliser. Partout, les réformes paraissaient odieuses aux yeux de l'aristocratie, qui y voyait l'esprit égalitaire de la Révolution et n'était pas sensible aux ménagements dont elle était l'objet. Les souverains, séduits par la puissance du pouvoir central français, n'entendaient pas pour autant abolir les privilèges aristocratiques. C'est en Prusse après 1806 que les réformes furent les plus complètes: Hardenberg améliora l'administration, Scharnhorst et Gneisenau réorganisèrent l'armée en imitant le modèle impérial, une université fut créée; les paysans restèrent soumis aux seigneurs.
A partir de 1810 s'accentua le caractère romain de l'Empire: Rome devint la deuxième capitale. L'unité de l'Empire, dans l'esprit de Napoléon, devait aussi être culturelle, basée sur une civilisation universelle et classique. Or, Napoléon, même si telle n'était pas son intention et s'il se défiait du patriotisme, favorisa par son action administrative, politique et sociale le progrès des nationalités, justement au moment où le romantisme exaltait les cultures nationales. Le patriotisme culturel se transforma en patriotisme politique, exacerbé par la conquête et dirigé contre l'Empire. Même la Pologne resta foncièrement hostile. C'est l'époque où, en Prusse, Fichte exaltait le nationalisme allemand dans ses «Discours à la nation allemande». Cependant, tant que la Grande Armée restait invaincue, l'idée nationale fut incapable de créer de grosses difficultés à l'Empereur: la population prussienne ne commença à bouger qu'après le désastre de Russie. L'unification de l'Europe sous la houlette française était un rêve qui ne tenait pas compte des réalités économiques, sociales, politiques et culturelles de l'époque; au contraire, la conquête exacerba partout les sentiments nationaux, exploités par les souverains dans la mesure où ils ne mettaient pas en cause la prépondérance de l'aristocratie. Mais, justement, l'introduction des idées égalitaires, du Code civil, la lutte même inachevée contre la féodalité et la toute-puissance de l'Eglise, la rationalisation de l'administration portèrent des coups mortels à la société d'Ancien Régime, donnant naissance aux mouvements nationaux et libéraux qui secouèrent l'Europe au XIX e siècle. | |
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