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 Le Saint Empire romain germanique

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Blackeu Viking
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MessageSujet: Le Saint Empire romain germanique   Le Saint Empire romain germanique EmptyDim 9 Avr - 2:57

Le Saint Empire romain germanique ou (le) Saint Empire , en allemand Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation, en latin Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicae .

Le Saint Empire romain germanique est plus une notion qu'un espace. S'il désigne volontiers un Etat national pour les Allemands - le mot «Reich» s'applique aussi bien à l'empire qu'au royaume de Germanie -, il renvoie plus souvent à une certaine idée du pouvoir, à un cadre idéologique qui connut bien des variations, de son apparition avec Otton I en 962 à sa disparition en 1806 sous la pression de Napoléon.



Le modèle carolingien

Le Saint Empire romain germanique MOY_ERG_001_A
L'Empire carolingien

Selon les chroniqueurs médiévaux, l'histoire du monde était scandée par la succession des empires: l'Empire assyro- babylonien, l'Empire gréco-macédonien, l'Empire romain. Ce dernier avait été partagé en deux par Constantin: l'Empire d'Orient avec Constantinople pour capitale, et l'Empire d'Occident avec Rome. L'Empire romain d'Occident disparut, en 476, avec la déposition de Romulus Augustule par le Goth Odoacre.

Il reprit vie quand le pape Léon III déposa une couronne sur le front du roi des Francs et des Lombards Charlemagne, le 25 décembre 800, et le fit acclamer empereur. Charlemagne (800-814), souverain franc, n'avait cessé depuis son avènement en 769 d'agrandir le territoire hérité de Pépin le Bref: il avait occupé l'Italie jusqu'à Rome et fait des princes lombards ses vassaux, conquis lentement la Saxe, repoussé définitivement les Avars.

Quand l'impératrice Irène de Constantinople eut déposé son fils Constantin pour régner seule, l'idée se fit jour de remettre la couronne impériale au grand roi des Francs et des Lombards. Charlemagne se montra très discret vis-à-vis de Byzance et choisit une titulature qui ne comprenait pas le titre d'empereur des Romains. Quand il partagea son royaume entre ses trois fils en 806, malgré la mention de l'Empire dans le texte écrit, aucune allusion ne fut faite au destin du titre impérial en Occident, ce qui laisse entendre que Charlemagne a pu considérer que l'Empire n'était pas restauré et que seul le nom d'empereur lui avait été confié. Il n'envisagea de transmettre son titre que lorsqu'il ne lui resta plus qu'un fils: en 813, il couronna empereur son seul héritier, Louis.

La dynastie carolingienne
Louis le Pieux agit très différemment. Couronné par son père, il jugea bon de se faire couronner de nouveau par le pape, lui reconnaissant ainsi un rôle capital dans l'accès au titre impérial. Puis, en 817, il associa à l'Empire son fils aîné, Lothaire. Lors des partages successifs qu'il élabora, Louis le Pieux prévoyait une vie communautaire de ses fils, rois sous l'autorité de leur frère empereur.

En réalité, Lothaire ne régna vraiment que sur le royaume que lui attribua l'accord de Verdun en 843. Il laissa en 855 le titre impérial à son fils Louis, roi d'Italie. A la mort de ce dernier en 875, c'est le pape qui décida de couronner Charles le Chauve (mort en 877), puis Charles le Gros (mort en 888). Cet empereur avait, en raison des morts successives de ses proches parents, regroupé sous son autorité la totalité de l'empire de Charlemagne et de Louis le Pieux. Après lui, ce fut l'éclatement en cinq royaumes. Le titre impérial fut encore pris en 896 par le roi de Germanie Arnoul, puis par des roitelets d'Italie jusqu'à Bérenger de Frioul (mort en 924).

Le développement de l'Empire carolingien
Ce qu'Alcuin avait voulu voir naître en la personne de Charlemagne, c'était un empire chrétien et non un empire romain. Il en fut autrement, puisque les Romains furent cause et témoins du couronnement de Charlemagne, et certaines annales expriment la réticence manifestée par la cour franque devant le fait que les Francs n'avaient pas joué le rôle principal. Chrétien, Charlemagne l'était particulièrement et il le manifestait en prenant en main la défense du dogme, protestant contre la prétendue adoration des images par les Byzantins, interdisant l'adoptianisme espagnol, faisant rédiger un traité pour défendre l'introduction du filioque dans le Credo, confondant la conquête des Saxons avec leur conversion de force au christianisme.

L'Empire carolingien se développait sur la Francie, la Germanie et l'Italie, jusqu'aux frontières des Slaves, des Sarrasins et des Byzantins; il n'était pas éloigné à tout prendre de ce que fut l'Empire romain à sa fin. Mais Charlemagne ne souhaitait pas affronter l'Empire de Constantinople: après quelques combats pour la Vénétie et l'Istrie, un accord intervint en 812, et les ambassadeurs du Byzantin Michel I er saluèrent Charlemagne du titre impérial. Les Occidentaux paraissaient plus sensibles à ce titre qu'à la réalité du pouvoir induit par le couronnement.
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MessageSujet: Re: Le Saint Empire romain germanique   Le Saint Empire romain germanique EmptyDim 9 Avr - 2:57

L'Empire romain ottonien et salien

La restauration de l'Empire romain se fit à nouveau dans des conditions voisines de celles d'avant 800. Otton I avait été élu roi en Germanie en 936, à la mort de son père, Henri I er l'Oiseleur: renouant avec la tradition carolingienne, il s'était fait sacrer à Aix-la-Chapelle. Au long des années, il s'était affirmé, en réprimant les révoltes des ducs, parmi lesquels des parents proches. Il avait résisté avec succès aux Hongrois, enfin battus au Lechfeld en 955, et aux Slaves, écrasés la même année à la bataille de la Recknitz.

Trois ans auparavant, il était allé s'imposer en Italie, avait épousé la veuve du jeune roi Lothaire (mort en 950) et coiffé à Pavie la couronne de fer des rois lombards. Comme Charlemagne, mais sans en arborer les titres, il était donc devenu roi des Francs et des Lombards.

La naissance d'une nouvelle dynastie
Son entourage commença à évoquer l'idée d'une renaissance de l'Empire. Celle-ci eut lieu le 2 février 962, quand Otton I er fut couronné par Jean XII. Il promit de rendre à l'Eglise romaine les mêmes services que ses prédécesseurs francs et confirma les biens du patrimoine de saint Pierre. La nouveauté était que l'empereur ne régnait pas sur l'Occident, mais seulement sur l'espace germanique - limité à l'ouest par le royaume franc et à l'est par les pays des Slaves - et sur l'Italie du Nord. Tout comme Charlemagne s'était montré attentif à ne pas heurter la cour de Constantinople et avait envisagé une alliance matrimoniale de son fils avec une princesse byzantine, Otton se rapprocha de l'Empire d'Orient, et réussit à faire épouser par son fils et héritier Otton II la princesse Théophano.

De retour sur les bords du Rhin, Otton I er tint à Cologne en juin 965 une «diète», grande assemblée où il accueillit ses parents françs, ce qui pouvait laisser supposer l'exercice d'une autorité impériale au-delà de ses frontières. Otton I er associa très vite à l'Empire son fils, qu'il fit couronner de son vivant (25 décembre 967) et qui lui succéda sans difficulté. Dans le royaume ottonien, il n'était pas question de partage comme au temps des Carolingiens, et le principe de la succession au trône par ordre de primogéniture des mâles était fermement établi. Otton II ne prit d'abord pas plus que son père le titre d'empereur des Romains; il se contenta de la formule d'«Empereur Auguste», puis, en 976, il y ajouta «des Romains», ce qui le mettait à égalité avec le souverain byzantin, le basileus Romaiôn.

Otton III
Il n'avait que trois ans quand il succéda à son père, mort prématurément à Rome en décembre 983. Il ne prit les rênes du pouvoir qu'en 994 et se préoccupa rapidement de son destin impérial. Sa formation, latine et grecque à la fois, lui avait donné des ambitions dignes de la culture antique: il eut une haute idée du titre et de la couronne qu'il reçut à Rome le 21 mai 996 des mains de son jeune cousin Grégoire V, qu'il avait lui-même fait pape peu de temps auparavant, annonçant de la sorte l'alliance qu'il imaginait entre la papauté et l'Empire.

Mais c'est à lui-même qu'il entendait réserver le premier rôle sur la chrétienté tout entière. Il fit de Rome sa capitale, et il fut dès lors question de «rénovation de l'Empire romain», comme du temps de Charlemagne.

Otton III mit tout en œuvre pour marquer le nouvel empire par le faste et des symboles antiques: manteau constellé, aurea roma, choix de Gerbert d'Aurillac pour être pape en 999, sous le nom de Sylvestre II. Il flatte en outre la papauté en reconnaissant le partage du pouvoir, obtenant ainsi la reconnaissance de toute la chrétienté

L'empereur, chef des chrétiens
Une nouvelle étape fut franchie au cours du XI e siècle. L'habitude s'était prise de considérer que le roi élu par les princes allemands devait se faire couronner empereur à Rome dès que possible. Henri II s'y rendit en 1014, Conrad II en 1027, à chaque fois ils reçurent d'abord la couronne d'Italie. Henri III, élu par les princes en 1039, prit, le premier, le titre de «roi des Romains»: l'Empire recouvrait désormais trois royaumes, car à la Germanie et à l'Italie s'était ajoutée la Bourgogne en 1032.

Henri III vint à Rome, à la Noël 1046, afin de remettre de l'ordre dans la Ville éternelle: il déposa les trois papes qui se disputaient le siège de saint Pierre, nomma lui-même un souverain pontife d'origine allemande (Clément II) et se fit couronner empereur par lui dès le lendemain. Il se confirmait que l'empereur, roi allemand, était le chef du monde chrétien: Léon IX, ancien évêque de Toul et pape en 1048, siégea à Mayence à côté de son roi et empereur pour présider un concile (1049).

L'opposition religieuse
Mais l'autorité suprême acquise par le souverain germanique ne convenait pas à la papauté réformatrice, qui bientôt réagit vigoureusement en la personne de Grégoire VII. Ce pontife rejeta toute idée de contrôle de l'Empire sur le Sacerdoce, c'est-à-dire de l'empereur sur le pape, et imposa à tout roi, évêque ou abbé élu d'informer de son élection le pontife romain et de solliciter son consentement. Tel fut le sens des vingt-sept décisions Dictatus papae, qui déclenchèrent en 1075 avec Henri IV la querelle des Investitures.

Le roi de Germanie fit proclamer à l'assemblée de Worms la déposition du pape (janvier 1076); celui-ci répliqua en excommuniant le souverain, qui se trouva dès lors en butte à l'hostilité des princes allemands. Il dut se rendre en Italie du Nord, au château de Canossa où s'était réfugié Grégoire VII, afin de solliciter son pardon (février 1077). Mais Henri IV eut aussitôt à faire face à un compétiteur, Rodolphe de Souabe, et aux troupes de la comtesse Mathilde, soutien inconditionnel de Grégoire VII, et, à nouveau excommunié en 1080, fut contraint de faire élire un antipape, Clément III, qui le couronna empereur (1084).

La lutte du Sacerdoce contre l'Empire
L'empereur, qui gouvernait en Allemagne et en Italie en suivant de près les élections des évêques et des abbés, risquait de voir son pouvoir considérablement affaibli s'il perdait son contrôle sur l'Eglise. Cependant l'enjeu du conflit dépassait la simple polémique sur les investitures, comme en France et en Angleterre; il s'agissait d'une lutte du Sacerdoce contre l'Empire, le vainqueur étant assuré d'avoir autorité sur le monde chrétien. Henri IV échoua, son fils Henri V ne réussit pas mieux, et le concordat de Worms, qui aboutit en 1122 à un accord sur les élections épiscopales, reconnut la prééminence de l'autorité ecclésiastique sur celle des laïcs.

Après Henri V, Lothaire de Supplinburg, duc de Saxe, installera sur le trône de saint Pierre Innocent II, pour se faire couronner (1133). Quant à Conrad III de Hohenstaufen, bien qu'il n'ait pu se rendre à Rome pour recevoir la couronne, il fut tacitement reconnu empereur, tant son élection comme roi des Romains (1138) équivalait, préventivement, à celle d'empereur (il sera d'ailleurs sacré à Aix-la-Chapelle par un légat pontifical). La confusion entre l'Empire et le royaume obtenu par cette élection était alors complète, même si les textes de Worms avaient cru pouvoir distinguer l'Empire et le «royaume teutonique».

Au-delà des frontières, l'existence de l'empereur n'était pas ignorée, même si son autorité n'était pas ressentie, et maint acte mentionnait son nom et le nombre de ses années de règne dans la date. Cependant tout le décorum développé autrefois autour d'Otton III s'était effacé, et la papauté refusait d'accorder à l'empereur une onction supérieure à celle d'un clerc des ordres mineurs.
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MessageSujet: Re: Le Saint Empire romain germanique   Le Saint Empire romain germanique EmptyDim 9 Avr - 2:58

Le Saint Empire romain des Staufen

Quand Frédéric, fils du duc de Souabe et membre de la dynastie des Staufen, fut élu roi des Romains en février 1152, il n'en informa pas le pape Eugène III, qui s'en formalisa et lui rappela l'habitude de demander une confirmation à Rome. Il fallut négocier un accord (Constance, mars 1153) avant que le César obtienne la couronne impériale en 1155: un véritable traité tentait de préciser quelle était la place de l'un et de l'autre dans le monde.

Frédéric I
Frédéric considérait que l'élection des princes lui confiait une royauté pour laquelle Dieu l'avait désigné et qui ne souffrait pas l'intervention d'une autorité extérieure; il en tirait un pouvoir universel. Venant à Rome, il finit cependant par accepter de tenir la bride de la monture du pape Adrien IV. Puis il remit de l'ordre dans la ville en soumettant la révolte d'Arnaud de Brescia; enfin il reçut la couronne impériale (18 juin 1155), mais ne voulut pas s'engager dans une aventure militaire contre le royaume normand, que le pontife voulait se soumettre.

Frédéric I er entendait garder ses distances avec la papauté et quand, en 1157 à Besançon, une faute volontaire de traduction laissa entendre que l'empereur devait au pape l'octroi du titre impérial (comme «fief» et non comme «bienfait»), la rupture survint. De retour en Italie, l'empereur affirma hautement (à la diète de Roncaglia) ses droits sur les villes, sur les évêques, sur les comtes, rappela les prérogatives régaliennes, fournissant les aliments d'un conflit avec la papauté. Aussi quand, à la mort d'Adrien IV, les cardinaux eurent élu (1159), sous le nom d'Alexandre III, le cardinal Bandinelli, cause de l'éclat de Besançon, Frédéric suscita un antipape, Victor IV, et le schisme commença, ainsi que la guerre contre les communes lombardes, alliées du pape.

Frédéric entendait souligner la continuité de l'empire de Charlemagne jusqu'à lui-même: en 1165, il fit canoniser le prestigieux souverain. La définition de l'Empire préoccupait les esprits, d'autant plus que la reviviscence du droit romain remettait à l'ordre du jour les traditions antiques. On rappelait volontiers que l'empereur tenait son pouvoir de Dieu seul par l'élection des princes et que le sacre pontifical ne pouvait qu'entériner un choix qui lui échappait. C'est du gouvernement du monde chrétien qu'il était de nouveau question. Il revenait par conséquent à l'empereur de participer à la défense de la Terre sainte, ce que firent Conrad III en 1147 et Frédéric Barberousse en 1189.

Le conflit avec la papauté dura longtemps. Finalement, la défection des troupes du duc de Saxe Henri le Lion provoqua la lourde défaite impériale de Legnano (1176) et conduisit Frédéric Ier à ouvrir des pourparlers avec le pape (Venise, 1177). L'empereur fit sa soumission à Alexandre III, qui triompha au concile du Latran III (1179) et accorda quelques compensations à l'empereur dans le règlement des conflits ayant trait à des élections épiscopales allemandes. Des tensions survinrent de nouveau entre l'Empire et la papauté à l'époque d'Urbain III. Barberousse voulait continuer à contrôler des élections d'évêques, et le pape refusait. Un accord intervint pour permettre à l'empereur de participer à la croisade, au cours de laquelle il mourut en se noyant dans le Cydnos.

Une primauté papale provisoire
Henri VI (1190-1197), en épousant Constance de Sicile, préparait à son fils Frédéric l'héritage de ce royaume de l'Italie méridionale, qui agrandissait vers la Méditerranée et au-delà de Rome l'espace impérial. Les aléas politiques, la mort prématurée de Henri VI et la double élection, en 1198, d'un Staufen, Philippe de Souabe, et d'un Welf, Otton de Brunswick, laissèrent le terrain libre au redoutable théoricien qu'était le pape Innocent III (1198-1216). Ce dernier put réaffirmer avec force qu'il disposait des deux glaives, le spirituel et le temporel, que son autorité s'exerçait donc à la fois sur les âmes et sur les corps, que l'empereur n'était là que pour l'assister. Sollicité de choisir entre les deux rois allemands pour leur donner une légitimité, le pape tergiversa longtemps avant de choisir finalement Otton IV, avec l'espoir d'obtenir son aide contre les Normands et sa docilité. Comme l'empereur reprit à son compte la politique des Staufen, Innocent III accorda aussitôt son appui au jeune Frédéric II, fils de Henri VI, qu'il espérait dominer. Le pape réussissait d'autre part à consolider, face à l'Empire, ses prétentions, puisqu'il obtenait l'hommage vassalique de plusieurs royaumes, dont celui d'Angleterre.

Frédéric II
Mais Frédéric II reprit bientôt le flambeau de ses prédécesseurs et notamment de son grand-père Barberousse. Il s'établit en Italie, plus particulièrement en Sicile, parvint à coiffer la couronne de Jérusalem (1229), fit front aux excommunications pontificales (1227 et 1239) et entendit donner au titre impérial encore plus d'éclat que ne l'avait fait Otton III.

Peu intéressé par le gouvernement des principautés allemandes, desquelles il tenait pourtant (dès 1212) sa couronne de roi des Romains, il accorda successivement aux princes ecclésiastiques et laïcs les moyens de se rendre indépendants et priva définitivement l'Empire des ressources que lui donnait la confusion avec le titre royal de Germanie. Il n'y avait toujours pas de roi des Allemands - il ne devait pas y avoir avant le XIX e siècle de souverain qui se réclamât d'eux -, au moment où les Français, par exemple, étaient de plus en plus sensibles au lien qui les unissait à leur roi.

Dans le même temps, le futur Saint Louis, qui se sentait parfaitement «empereur en son royaume» et, à la suite de Philippe Auguste et de Louis VIII, adoptait la nouvelle titulature de roi de France - et non de « roi des Francs » comme auparavant -, admettait que le titre impérial de Frédéric II lui conférait une position particulière. Ainsi, le chroniqueur proche de la cour Vincent de Beauvais ne manquait pas de mentionner très précisément la situation de l'Empire, ses vacances, sa place éminente dans l'histoire du monde.

Le Saint Empire romain
L'adjonction de l'adjectif «Saint» à l'expression d'«Empire romain», depuis 1157, n'avait pas fondamentalement changé les données, ni augmenté le prestige de l'empereur. En outre, la continuité pontificale tranchait sur les aléas des élections royales germaniques: face à une série de papes qui défendaient une même option, on vit les princes allemands élire successivement, contre Frédéric II excommunié, Guillaume de Hollande (1247), Alphonse X de Castille (1257), prouvant si besoin en était que l'Empire n'était pas définitivement attaché aux terres germaniques. Chacun de ces élus n'en était pas moins intitulé «roi des Romains», et comme tel avait autorité sur les biens royaux hérités des empereurs allemands et sur les principautés allemandes.
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MessageSujet: Re: Le Saint Empire romain germanique   Le Saint Empire romain germanique EmptyDim 9 Avr - 2:59

La renaissance de la royauté

Le Saint Empire romain germanisé
Avec la mort de Frédéric II prend fin la période, inaugurée par Otton I , durant laquelle l'autorité impériale s'exerça efficacement sur le territoire et sur les hommes de l'Empire. A partir de cette date, la notion d'espace manque dans celle d'Empire; il ne subsiste que celles de l'idée impériale et du titre. La déconfiture des Staufen et l'incapacité des princes, pendant plus de vingt ans, à élire un roi des Romains de la nation germanique ont laissé des traces durables, traduites dans l'expression de «Grand Interrègne», qui sert à désigner l'intervalle entre la mort de Frédéric II (1250) et l'élection de Rodolphe de Habsbourg (1273).

La renaissance de la royauté annonçait alors celle de l'Empire, mais l'opération prit un certain temps. Les conflits pour la royauté opposèrent à la fin du siècle Adolphe de Nassau, roi de 1292 à 1298, à Albert d'Autriche, fils de Rodolphe et roi de 1298 à 1308. Il revint à Henri VII, ancien comte de Luxembourg élu roi le 27 novembre 1308, de reprendre la tradition de la descente en Italie à la recherche du couronnement impérial. Il sut encore prendre la couronne d'Italie, finit par obtenir sa consécration en 1312, mais trouva la mort un an plus tard dans la ville pontificale.

L'émergence du patriotisme
La période qui commence est marquée par un certain conservatisme dans le domaine de la théorie impériale et par une réelle volonté de pragmatisme dans le domaine institutionnel. Le patriotisme allemand, si l'on peut dire, ne cesse alors de se renforcer; on ne distingue plus guère entre royaume (allemand) et Empire (regnum et imperium). Dieu a choisi les Allemands pour porter l'Empire, l'histoire impériale devient définitivement l'histoire allemande. L'univers chrétien a besoin de ses deux têtes: l'empereur et le pape. Même quand il ne gouverne pas, l'empereur exerce une certaine autorité, morale au moins. Les évêques, les princes, même appartenant à des régions en marge, lui rendent hommage, attendent de lui l'attribution des régales, mais il n'exerce pas de pouvoir dans toutes ces principautés.

L'opposition des Wittelsbach et des Habsbourgs
On revint aux Habsbourgs avec Frédéric le Beau (1313), mais dès le lendemain de l'élection, Louis de Bavière, de la famille concurrente de Wittelsbach, se dressa contre lui; les deux hommes furent couronnés le même jour, puis, après huit années de lutte, le second battit le premier (à Mühldorf en 1322) et imposa son autorité. Le pape Jean XXII en profitait pour renforcer sa politique italienne et refusait l'accès à Rome du candidat à l'Empire. Ces deux adversaires se déniaient mutuellement leur pouvoir; Louis fut excommunié. Finalement, il décida de se faire couronner à Rome. Pour arriver à ses fins, il suscita un antipape, Nicolas V, dont il reçut la couronne impériale en 1328. Les théoriciens du pouvoir impérial - Marsile de Padoue, Michel de Cesena, Bonagratia de Bergame, Guillaume d'Occam, Conrad de Mengenberg, après Engelbert d'Admont et Dante - contestaient toujours plus vigoureusement les prétentions pontificales à l'hégémonie universelle.

La suprématie des «princes électeurs» sur l'autorité papale
Le conflit avec le pape se prolongeant, les Electeurs allemands, lassés, admirent, à la diète de Rhense en 1338, que celui qu'ils élisaient n'avaient pas besoin d'un acte juridique romain pour exercer ses droits. Louis de Bavière conserva sa couronne jusqu'à sa mort, en 1347, contre vents et marées, et surtout malgré l'opposition du pape et de l'ambitieuse maison de Luxembourg.

L'élection du roi des Romains
L'événement décisif était qu'en un siècle et demi s'était constitué un groupe restreint de «princes Electeurs», à qui incombait de façon exclusive le soin d'élire le roi des Romains, le futur empereur. Les premiers signes de la restriction du groupe électoral furent sensibles dès l'élection de Philippe de Souabe et d'Otton de Brunswick (1198). Peu à peu s'affirmèrent en priorité trois princes ecclésiastiques, les archevêques de Trèves, de Mayence et de Cologne, ceux qui aux temps anciens avaient détenu des fonctions de chancelier.

Depuis le XI e siècle, le prélat de Mayence s'exprimait le premier lors de l'élection; le prélat de Cologne avait le privilège de couronner l'élu. Du côté laïc, quatre princes qui rappelaient les ducs anciens l'emportèrent: ducs de Saxe et de Brandebourg, comte palatin du Rhin, roi de Bohême. Ce nombre fut fixe à partir de 1239. Mais la participation d'autres grands exista encore jusqu'en 1314. Nul doute que cette évolution ait été suscitée par les errances de l'Interrègne. La question qui se posa fut celle de savoir si ces sept personnes agissaient chacune pour elle ou en collège. On imagine volontiers qu'une élection était précédée de nombreuses interventions, pressions et manœuvres politiques, en particulier au moment de l'élection des archevêques, pour trouver une majorité favorable à l'un ou à l'autre candidat.

Le couronnement de Charles IV
Au milieu du XIV e siècle, après la longue période de conflits incertains d'une part entre Louis de Bavière et les papes, d'autre part entre les Wittelsbach et les Habsbourgs, puis les Luxembourgs, l'Empire perdait de plus en plus de sa force politique. Dès 1343, le pape Clément VI osa inviter les Electeurs à se réunir pour remplacer Louis de Bavière, ce qui ne fut fait que le 11 juillet 1346 et aboutit au choix du marquis de Moravie, Charles de Luxembourg, petit-fils de l'empereur Henri VII.

Charles IV fut couronné roi du vivant de son adversaire et engagea des démarches pour obtenir la couronne impériale. Il y parvint grâce à ses bonnes relations avec Innocent VI, qu'il avait connu à Paris. Il reçut la couronne le 5 avril 1355, jour de Pâques. L'année suivante, il prenait la décision fondamentale d'organiser institutionnellement l'élection royale et le destin de l'Empire, en promulguant à Metz en 1356 une Bulle d'or: les sept princes Electeurs sont pérennisés, le royaume allemand devient le cœur et la force dirigeante de l'Empire, Aix-la-Chapelle le lieu exclusif du couronnement; la coupure avec Rome est consommée. Dorénavant royaume et Empire sont confondus, les Electeurs du roi sont officiellement devenus des Electeurs de l'empereur, le Saint Empire romain désigne dorénavant le royaume allemand.
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MessageSujet: Re: Le Saint Empire romain germanique   Le Saint Empire romain germanique EmptyDim 9 Avr - 2:59

Le Saint Empire romain germanique

Charles IV consolida et en même temps ruina l'Empire. Il en fit une affaire strictement allemande, et c'est ainsi qu'au XV e siècle (la première mention approximative date de 1409, la formulation achevée de 1474) se répandit l'expression de «Saint Empire romain de la nation allemande» (Heiliges römisches Reich deutscher Nation). Mais il distribua trop généreusement les biens royaux, sur lesquels reposaient les seules ressources des souverains. Jusque-là les rois avaient pu ajouter les ressources de leur patrimoine aux biens fiscaux, qu'ils inféodaient parfois, mais ne cédaient jamais en toute propriété. A ces biens, qui consistaient en palais, villages, forêts et mines répandus dans tout l'Empire, s'ajoutaient des droits exclusifs, notamment d'ordre économique.

En s'en privant, Charles IV s'obligeait à vivre surtout de ses Etats - Bohême, Moravie, Luxembourg - et annonçait des jours difficiles à ses successeurs, à une époque où tout le nord du pays était placé sous l'autorité des riches villes de la Hanse. Chacun devrait en outre s'endetter lourdement pour séduire les Electeurs.

Les nécessaires qualités politiques de l'empereur
Longtemps centré sur l'Ouest allemand, l'Empire glissait de plus en plus vers l'est, vers le monde slave, où l'ordre des chevaliers Teutoniques avait créé à son service un véritable Etat, assis sur des terres conquises, colonisées, mises en valeur.

L'autorité de l'Empire ne pouvait plus dès lors subsister que dans la mesure où les titulaires avaient des capacités politiques. Ce ne fut pas le cas de Wenceslas, fils de Charles IV. En revanche, le choix fut plus heureux avec Sigismond, frère de Wenceslas, élu roi des Romains en 1411, empereur en 1433, mort en 1437. Ce souverain sut en effet jouer un rôle capital dans la résolution du Grand Schisme, qui partageait la chrétienté entre partisans d'Avignon et soutiens de Rome: dans le concile de Constance, qu'il convoqua en 1414, il tint une place considérable et son autorité fut réelle.

L'apogée des Habsbourgs
Son successeur, Albert II d'Autriche, ne fit que passer (1438-1439), mais il inaugura la prise en main de l'Empire par les Habsbourgs. Le XV e siècle fut dominé par Frédéric III (1440-1493), empereur durant quarante et un ans et dernier souverain allemand consacré à Rome: on vit que son titre n'était pas vain quand Charles le Téméraire, le plus puissant duc d'Occident, fit tout pour obtenir de lui un titre royal, destiné à concrétiser la réunion de ses possessions bourguignonnes et lotharingiennes.

Charles Quint
Le demi-siècle suivant est celui des empereurs Maximilien et Charles Quint. Il y a dès lors identification de l'Empire et de la maison d' Autriche, dont les succès politiques redorèrent le blason impérial. Charles Quint, grâce à toute une série de hasards mais aussi de calculs politiques, était devenu, en 1519, le maître d'un immense ensemble territorial, qui portait le nom de l'empereur au-delà des océans. A l'époque de la crise religieuse, un empereur fort pouvait être très précieux pour aider le pape à réformer l'Eglise et à contrarier les progrès du protestantisme.

Le financement de l'Empire
La première moitié du XVI e siècle est ainsi marquée par une volonté réelle de redonner vie à l'Empire. Certes, il était trop tard pour doter d'un gouvernement centralisé un pays éclaté en plusieurs centaines d'unités politiques, jalouses de leurs privilèges: principautés laïques et ecclésiastiques, villes, duchés, comtés et seigneuries, landgraviats et margraviats. Les villes d'Empire (Reichsstädte), par exemple, représentaient des entités typiques, car tout en s'affirmant impériales, elles se défendaient contre toute intrusion d'un pouvoir extérieur, y compris celui de l'empereur: elles faisaient volontiers composer la chronique de leur histoire, qui les confirmait dans leur destin exceptionnel et autonome.

Cependant, pour assurer la survie économique du prince, on institua un gemeiner pfennig («pfennig commun»), contribution collective à la bonne marche des institutions. Une assemblée générale fut instaurée, une diète d'Empire (Reichstag), qui réunissait des représentants de trois groupes: les Electeurs, les princes, les villes immédiates (c'est-à-dire relevant directement de l'empereur). Une paix générale fut décrétée, dans la ligne de ces paix régionales et castrales fréquentes depuis le XIII e siècle (Burgfriede et Landfriede): ainsi devaient cesser les guerres privées et les excès des chevaliers brigands. Il fallait davantage, un tribunal, une armée. Une chambre de justice d'Empire (Reichskammergericht) fut créée, et une de ses tâches principales fut d'analyser les archives pour vérifier l'appartenance à l'Empire de territoires qui voulaient s'en détacher; un Conseil de la cour (Hofrat) tint auprès du souverain un rôle plus limité. Aucune armée d'Empire ne fut mise en place.

La Réforme
L'irruption de la Réforme ne simplifia pas les choses; le pays se partagea en deux blocs confessionnels irréductibles, ce qui ajouta à la confusion générale. Chaque prince faisait le choix religieux qui lui convenait, l'imposait à ses sujets, et créait une université pour le défendre. L'Empire n'avait plus pour histoire et destin que ceux que l'Autriche lui donnait. Rien ne put empêcher au début du XVII e siècle les conflits sanglants de la guerre de Trente Ans, qui affaiblirent encore davantage l'Empire. Si bien qu'après les traités de Westphalie, les institutions impériales cessèrent d'exister au profit de l'autorité territoriale (Landeshoheit).
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La fin du Saint Empire et le maintien des traditions

Après 1648, le titre impérial fut porté sans discontinuer par la maison d'Autriche. Ce titre ne donnait aux empereurs aucune autorité réelle sur l'espace géographique qui constituait théoriquement l'Empire, et, hors de l'Autriche, principautés et royaumes développaient des politiques indépendantes.

Les Habsbourgs ne purent en particulier empêcher la montée en puissance du royaume de Prusse, qui devint l'Etat le plus redoutable d'Allemagne. En outre, quand Napoléon I intervint pour opérer une réorganisation territoriale de l'Empire et provoqua la constitution de la Confédération du Rhin (traité de Paris, 12 juillet 1806), François II en tira les conséquences et se contenta dès lors du seul titre d'empereur d'Autriche (6 août 1806), qu'il avait pris dès le 11 août 1804.

En 1871, le roi de Prusse restaura à son usage personnel le titre impérial, mais pour l'appliquer à la seule Allemagne, sans référence à la tradition romaine. Pourtant son souvenir demeurait et demeure encore vivace dans l'espace et l'historiographie de l'Allemagne.
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Mythe et mémoire

Les empereurs germaniques
Plusieurs empereurs ont définitivement imprégné l'histoire allemande de leurs hauts faits et de leur personnalité et, à travers eux, l'histoire a rejoint le mythe. Le premier est sans conteste Charlemagne, le rénovateur de l'Empire d'Occident. Sa légendaire représentation dans son tombeau est pour le moins spectaculaire: on le décrit assis majestueusement sur un trône d'or, au fond d'une crypte, la couronne sur la tête, la main droite posée sur un évangéliaire à reliure dorée tandis que la gauche porte le sceptre. Otton III fut la «merveille du monde», ce jeune homme qui voulait refaire de Rome le centre de l'univers. Henri IV serait plutôt l'empereur maudit, qu'on imagine mal autrement qu'en chemise, à genoux dans la neige, au pied des murs de Canossa, attendant un geste de bonne volonté du pape Grégoire VII, pressé par la comtesse Mathilde. Frédéric I er Barberousse est plus proche de Charlemagne: sa lutte contre le pape avait impressionné les peuples, sa mort dans une rivière de l'Orient sur le chemin de la croisade est vite devenue mystérieuse; la légende s'en est emparée et l'empereur attend au fond d'une grotte le moment de redonner à son pays et à la chrétienté la gloire et la justice. Quant à Charles Quint, il reste l'empereur sur les terres duquel «le Soleil ne se couche jamais».

Les hauts lieux de l'Empire
L'Empire a ses hauts lieux. Et d'abord les centres de la vie politique: Aix-la-Chapelle, la ville de Charlemagne et des consécrations, avec son église octogonale, le trône et la châsse de Charlemagne, le luminaire offert par Barberousse, son fabuleux trésor; Francfort, l'antique palais devenu le lieu de l'élection royale; Vienne, le cœur de l'Empire autrichien, et sa cour impériale (Hofburg) au centre de laquelle un musée impérial offre aux visiteurs les joyaux de la couronne, les sceptres, les épées, les bijoux, les manteaux.

Ensuite les vieilles cités, les palais, les monastères. Bien des villes présentent, comme Rottweil, ces majestueuses cathèdres de pierre sculptée, les Kaiserstuhle. Partout on peut visiter des ruines médiévales ou des palais plus modernes rappelant quelque souvenir impérial, des châteaux comme le fameux Trifels du Palatinat, le palais de Goslar cher à Henri III, des abbayes d'hommes et de femmes dotées de privilèges royaux, comme Quedlinburg ou Reichenau, Essen ou Kaiserswerth, la cathédrale de Magdeburg où Otton I est représenté assis aux côtés de son épouse Edith, la cathédrale de Spire et les tombeaux des Saliens (Kaisergruft), celle de Bamberg avec sainte Cunégonde et Henri II le Saint.

Le trésor du Saint Empire romain germanique
Restent des objets de valeur éminemment symbolique. Au premier chef la couronne impériale. Plusieurs ont sans doute existé. Celle qu'on peut admirer à la Hofburg de Vienne, très éloignée des couronnes de métal sommaires retrouvées dans les tombeaux des Saliens, était souvent attribuée à Otton III; elle serait en réalité, selon des études récentes, celle de Conrad II, couronné le 26 mars 1207 à Rome par le pape Jean XIX. Cette couronne, d'un poids de quatorze livres, était constituée de 8 plaques dorées, couvertes de 240 perles et 120 pierres précieuses.

Dans le diadème octogonal, 4 plaques portent des illustrations - au front le roi Salomon, sur la nuque les fils de Jacob, et sur les tempes des scènes de l'Apocalypse. Un cimier chargé, orné d'une crête formée de 8 plaques d'or portant des «écritures de perles», reliait la plaque frontale à la plaque opposée, et une croix, ajoutée plus tard, surmontait le tout. L'ensemble se lisait comme la Sainte Ecriture, chaque scène ayant un sens symbolique et évoquant les vertus cardinales d'un souverain chrétien.

Le trésor contient encore la pomme d'Empire (Reichsapfel), la boule dorée surmontée d'une croix représentant la sphère terrestre, le globe désignant le peuple chrétien assemblé. Quant au manteau constellé du couronnement, il était un condensé de la foi et du dogme chrétiens. Les empereurs avaient aussi hérité de la Sainte-Lance, en fait celle qu'Otton le Grand portait comme insigne royal à la bataille du Lechfeld en 955, et qui passait alors pour la lance de Constantin.

Telles sont les reliques d'une institution qui a toujours enflammé les théoriciens de la vie politique et les historiens, et qui joua un rôle fondamental dans l'Europe médiévale et moderne.
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