| Misanthropic World Metal, Occultisme, Histoire... |
|
| Les royaumes barbares | |
| | Auteur | Message |
---|
Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:00 | |
| Les Barbares et l'Empire romain
Le maintien de la «paix romaine» Parmi tous les Barbares qui encerclent l'Empire, les plus nombreux et les plus dangereux sont les Germains. Pourtant, jusqu'au milieu du III e siècle, chacune de leurs tentatives en direction de la Méditerranée se heurte à une riposte énergique de Rome, qui, sous Tibère, a fixé sa frontière sur le Rhin, le Neckar et le Danube.
Le limes, solidement gardé par les légions, assure la «paix romaine» en confinant les Germains sur les marches septentrionales de l'Europe antique. Profitant de l'anarchie militaire qui succède au règne des Sévères, les Goths envahissent la Dacie et la Macédoine (251-269), tandis que les Francs et les Alamans ravagent la Gaule, l'Espagne et l'Italie du Nord (276-278). L'énergique gouvernement des empereurs «gaulois» et «illyriens» permet à Rome de se ressaisir et à l'Empire de survivre deux siècles encore.
Le déferlement sur l'Empire Les Huns se ruent sur l'Occident En 370 intervient un fait nouveau: les Huns, venus des steppes asiatiques, franchissent la Volga et se ruent sur l'Occident. Le choc, irrésistible, déclenche de proche en proche une série d'ondes migratoires chez les tribus germaniques, fixées en Europe orientale et centrale, qui déferlent sur l'Empire romain.
Celui-ci, très affaibli, n'est plus en mesure d'organiser une résistance sur tous les fronts à la fois. Après avoir franchi le Danube (376), les Wisigoths écrasent les légoins de Valens à Andrinople (378), puis ravagent la Grèce (399), l'Illyrie, l'Italie (410), pour s'installer finalement en Aquitaine (418).
L'invasion des Vandales Entre-temps, la frontière du Rhin a cédé: le 31 décembre 406, la poussée hunnique déclenche l'invasion des Vandales, des Suèves et des Alains qui, après avoir pillé la Gaule, occupent l'Espagne, puis gagnent l'Afrique (429). Dans la brèche qu'ils ont ouverte s'engouffrent Alamans, Burgondes et Francs, tandis qu'en Grande-Bretagne débutent les raids des Angles et des Saxons.
Certes, en 451, une coalition de Barbares et de Romains inflige aux Huns d' Attila une sévère défaite à la bataille des champs Catalauniques, mais l'effondrement de l'Empire est inéluctable. L'Occident n'est plus désormais qu'une mosaïque de royaumes instables.
La coalition des Barbares fédérés et romains La coalition des Barbares fédérés (Francs, Burgondes, Wisigoths) et des troupes romaines arrête l'invasion des Huns conduits par Attila en Gaule, en 451 (bataille des champs Catalauniques). Après une autre incursion en Italie en 452, Attila meurt en 453. Mais l'effondrement de l'Empire d'Occident est inéluctable: en 476, le chef des Hérules, Odoacre, dépose l'empereur Romulus Augustule et fonde en Italie un royaume barbare.
Le repli romain Un large morceau de l'Empire disparaît Pour répondre à cette situation difficile, les Romains évacuent d'abord les régions désormais indéfendables, comme l'Angleterre actuelle (407) ou les zones du bas-Rhin affectées par une transgression marine. Ces terres abandonnées sont occupées par les Angles et les Saxons, qui bousculent les anciens occupants celtes, de même que par les Frisons et les Francs occidentaux.
Un large morceau de l'Empire disparaît sous une occupation humaine nouvelle qui parfois repeuple des régions entières. Il en va de même sur la rive gauche du Rhin, où, tant bien que mal, Rome accepte l'installation de Germains unis à elle par un traité (foedus).
Le traité Ce traité prévoit l'installation des groupes germaniques, commandés par leurs chefs, sur des terres vacantes et dans d'anciennes propriétés romaines dont ils reçoivent une part des terres et des esclaves. Ces Germains donnent aux lieux qu'ils occupent des noms nouveaux et demeurent groupés et armés au milieu de populations «romaines» beaucoup plus importantes numériquement.
En contrepartie, le traité confie la défense de l'Empire à ces groupes, aux côtés de ce qu'il reste encore d'armée romaine. Ayant ainsi fait la part du feu, l'Empire peut concentrer ses forces entre la Loire et le Rhin, ainsi qu'en Italie du Nord, et sauver l'apparence de sa survie.
La nouvelle physionomie de l'Occident
Les royaumes barbares La physionomie de l'Occident a totalement changé. Le pouvoir romain est éliminé par étapes: dans toute l'ancienne partie occidentale de l'Empire, avec la disparition définitive des empereurs romains (476); en France, avec la défaite du Romain Syagrius (486); en Italie, avec l'installation de l'Ostrogoth Théodoric (493).
Les groupes germaniques, peu nombreux - de 5% à 6% de la population romaine -, exercent leur pouvoir par la force et constituent progressivement des royaumes. Au nord, Angles, Saxons, Jutes, Frisons, Calédoniens et Bretons font régner la terreur par des expéditions côtières jusque dans le nord-ouest de l'Espagne. La situation dans cette zone ne s'est stabilisée, difficilement, qu'à l'époque carolingienne.
Deux problèmes importants, l'un de nature religieuse, l'autre culturel, se posent au lendemain du demi-siècle de violence qui vient de s'écouler.
L'assimilation religieuse L'arianisme Le premier problème est aussi le plus immédiat: les Barbares sont souvent ouverts à une forme du christianisme, l'arianisme, condamnée par le concile de Nicée en 325; un Goth a traduit la Bible en langue gothique, et l'arianisme devient une manière d'exprimer le christianisme qu'adoptent les Goths, les Vandales, et plus tard les Lombards et bien d'autres.
D'un seul coup, l'Occident, dont la christianisation progressait laborieusement depuis la fin du IV e siècle, voit le pouvoir des évêques et du clergé d'origine romaine contesté par un clergé barbare. Cette situation va durer plus d'un siècle. Elle inquiète beaucoup Rome, la ville de Pierre, peu capable à ce moment de réunir les forces d'un christianisme officiel sauvé du naufrage grâce à un certain nombre de personnages, évêques ou moines, que l'Eglise canonise: Patrick en Irlande, Césaire à Arles, Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin, et Colomban (VI e siècle).
L'évangélisation Les points d'appui très solides qu'ils ont constitués permettent au christianisme romain et à l'évêque de Rome de résister à l'arianisme en Aquitaine wisigothique et d'évangéliser des pays nouveaux. L'objectif le plus important est la conversion des rois barbares. Dans ce domaine encore, des personnages de premier plan apparaissent: l'évêque Remi en Gaule, qui semble bien avoir converti le Franc Clovis vers 496, Grégoire le Grand, pape de 590 à 604.
L'Eglise romaine a gardé la capacité de reprendre l'évangélisation à la fois par l'adhésion de rois et de guerriers barbares et parce que les évêques s'étaient constitués en défenseurs des villes, face aux invasions. Force est de constater que la principale cause du recul de l'arianisme fut la défaite des Wisigoths devant les Francs, en 507, à Vouillé près de Poitiers. L'assimilation culturelle Le second grand problème vient du refus opposé par les Germains, méfiants parce que minoritaires, de se laisser assimiler par le monde romain.
La conservation des langues germaniques La conservation des principaux traits originaux de leurs langues - au moins jusqu'au VI e siècle - les aidera dans la préservation de leur identité, notamment dans tout le nord de l'ancienne partie occidentale de l'Empire. C'est ainsi que, fréquemment, des communautés parlant une des langues germaniques se fixent dans les campagnes, à l'écart des milieux urbains, plus dangereux pour elles.
Le refus germanique du droit romain Cette résistance à l'assimilation pose un problème crucial dans le domaine du droit. L'Empire romain avait, sous Caracalla, décidé qu'un seul et même droit serait appliqué à tous les habitants de l'Empire, quelles que fussent leur origine et leur langue: ce principe est celui de la territorialité de la loi.
Or les Germains, dans le Nord généralement, refusent d'être jugés selon un droit étranger à leurs propres coutumes juridiques et dont l'application risque de faire disparaître beaucoup des avantages qu'ils se sont fait reconnaître par la force. Dans ce régime juridique, où chacun obéit à une loi en fonction de son origine, la territorialité disparaît au profit de la «personnalité des lois», chaque groupe gardant les siennes. Cette situation durera dans certains cas jusqu'au X e siècle, mais elle n'est pas de règle: chez les Burgondes, par exemple, le droit romain est rapidement adopté par tous.
La sédentarisation des Germains Dans tout l'Occident, compte tenu des rapports démographiques et politiques variables d'une région à une autre, une transformation silencieuse se produit dans les campagnes: celle qui fait des Germains, souvent semi-nomades et éleveurs deux ou trois siècles plus tôt, des agriculteurs.
Très lentement, en trois cents ans, se fixent les limites des zones de domination linguistique différentes auxquelles, approximativement, correspond de nos jours la répartition territoriale entre langues d'héritage latin et langues germaniques, avec parfois des inclusions de langues plus anciennes, comme celle des Vascons, qui a résisté aux dominations s'exerçant au nord comme au sud des Pyrénées. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:03 | |
| Les Goths
Les Goths (ou Gots) viennent des rives de la Baltique et forment un groupe relativement cohérent, assez uni par la langue pour que la Bible soit traduite pour eux au IV e siècle dans une langue aujourd'hui disparue; leur histoire avant la fin du I er millénaire avant J.-C. concerne les rapports globaux des Germains et des Celtes.
Originaires de Scandinavie, les Goths étaient installés au I er siècle avant notre ère sur les bords de la Vistule. Ils atteignirent les côtes de la mer Noire au début du III e siècle et, dès lors, se livrèrent à de fréquentes attaques contre l'Empire romain, ravageant la Thrace et la Mésie et tuant l'empereur Dèce en 251. Après avoir été écrasés par l'empereur Claude II le Gothique à Naissus, ils furent repoussés derrière le Danube par Aurélien et s'installèrent sur la rive gauche en 270. Mais leurs tentatives de conquêtes sur l'Empire reprirent et ils arrachèrent la Dacie vers 275.
Dans le courant du IV e siècle, la religion chrétienne pénétra chez eux sous la forme de l'arianisme, dont le propagateur fut l'évêque Ulfila. A cette période, ils étaient partagés entre Ostrogoths (Goths orientaux) et Wisigoths (Goths occidentaux). L'arrivée des Huns, en 375, eut pour conséquence de dissocier les deux branches, qui allaient suivre des destinées différentes. Tandis que les Ostrogoths se soumettaient aux Huns, les Wisigoths passèrent le Danube (376) et dès lors suivirent leur destinée particulière.
Des tribus de Goths, plus ou moins hellénisés, se maintinrent plusieurs siècles en Crimée et en Asie Mineure. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:04 | |
| Les Ostrogoths
Les Ostrogoths sont, avec les Wisigoths, l'un des deux groupes du peuple goth; cette distinction est apparue au III e siècle, lors de l'installation des Goths au nord-ouest de la mer Noire. Ostrogoths ou Goths de l'Est et Wisigoths ou Goths de l'Ouest conservent une langue et des coutumes semblables, ainsi qu'un vif sentiment de parenté qui ne s'est pas estompé au cours de leur évolution historique. Ils forment deux royaumes; celui des Ostrogoths est le plus puissant. On sait toutefois peu de chose de leur évolution jusqu'en 370, car jusque-là les Wisigoths, qui sont seuls au contact du monde romain, font écran.
Avec les Huns d'Attila En 370, les Ostrogoths subissent, les premiers, le choc des invasions hunniques. Pris de panique, ils fuient vers l'ouest, entraînant avec eux les Wisigoths, qui se sédentarisent en Espagne et en Aquitaine. Mais alors que ceux-ci pénètrent dans l'Empire romain, les Ostrogoths, dans leur majorité, franchissent le Dniepr, remontent le Danube et trouvent refuge en Moldavie. Un Etat, dirigé par Athanaric, peut s'y développer sous le protectorat des Huns. Une minorité d'Ostrogoths est passée dans l'Empire et s'est mise à son service.
Les Ostrogoths suivent les Huns dans la grande expédition qu' Attila conduit en Gaule et en Italie. Lors de la désagrégation de l'Empire hunnique, ils recouvrent leur indépendance et se rapprochent de l'Empire romain, avec lequel ils concluent un traité de fédérés en 455. Ces rapports, où la bonne entente alterne avec la menace, permettent aux chefs ostrogoths d'obtenir des terres pour leur peuple, et de jouer un rôle politique à Constantinople.
C'est ainsi que Théodoric, de la famille royale des Amales, retenu comme otage et élevé à la cour impériale de Constantinople, prend conscience de la valeur de la civilisation romaine, mais aussi des faiblesses de l'Empire.
Les Ostrogoths et les Wisigoths Lorsque, au III e siècle, le peuple goth se divise en deux rameaux, "l'Histoire auguste" les qualifie de «tervingi» (gens de la forêt) et de «greutungi» (gens de la grève). Puis, sans que l'on puisse préciser la date, ces deux qualificatifs sont remplacés par «wisigoths» et «ostrogoths». Goths de l'Ouest et Goths de l'Est, a-t-on d'abord pensé. Puis une autre interprétation a prévalu: Goths sages et Goths brillants. Actuellement, la première interprétation revient à l'honneur, car le témoignage de l'historien des Goths, Jordanès, qui donne cette version, est réhabilité par les historiens modernes.
Le royaume d'Italie Devenu roi des Ostrogoths, Théodoric obtient l'autorisation de conduire son peuple en Italie, alors aux mains d'Odoacre; il bat celui-ci et fonde un royaume solide qui reste dans la mouvance de Constantinople. Mais les bonnes relations avec l'Empire se gâtent à la fin de son règne (il meurt en 526), et deviennent franchement mauvaises lorsque Justinien entreprend la reconquête de l'Occident. Les troupes byzantines débarquent en 536. Refusant toute capitulation, les Ostrogoths, sous la direction de Vitigès, puis de Totila, vont résister vingt-cinq ans, puisque, après leur défaite du mont Vésuve (552), ils se soulèvent encore, en 561, à Vérone et à Brescia.
Justinien décide alors d'en finir avec le peuple ostrogoth: massacré, réduit en esclavage, déporté en Orient, il disparaît de la scène de l'histoire. Mais cette guerre a épuisé l'Italie, et aussi Constantinople. Moins de vingt ans après, la domination impériale sur l'Italie est partiellement anéantie par les Lombards, vengeurs involontaires des Ostrogoths. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:04 | |
| Les Wisigoths
Le royaume wisigoth La conquête de l'Italie et de la Gaule Ancien peuple germanique qui constituait la branche occidentale des Goths. Lorsqu'ils apparurent dans l'histoire (à la fin du IIIe siècle), les Wisigoths (c'est-à-dire les «Goths sages, vaillants») occupaient une région située entre le Dniepr et le Danube. Partiellement convertis à l'arianisme dès le IVe siècle, ils furent autorisés par l'empereur Valens à s'établir en Thrace (376), mais, mécontents du sort qu'on leur réservait sur ce territoire, ils se révoltèrent et écrasèrent l'armée romaine près d'Andrinople en 378.
De 396 à 410, sous la conduite de leur chef Alaric I er , ils passèrent en Italie et pillèrent Rome (410). Athaulf, successeur d'Alaric, les lança alors à la conquête de la Gaule méridionale (410-415) où ils se fixèrent avec le titre de fédérés (418), occupant une vaste région s'étendant de la Provence et l'Aquitaine jusqu'à la Loire. Dans la seconde moitié du Ve siècle, leur royaume ajouta la quasi-totalité de l'Espagne à ses possessions gauloises.
La fin du royaume wisigothique Mais la défaite d'Alaric II à Vouillé devant les Francs de Clovis (507) entraîna la perte de l'Aquitaine, et les Wisigoths durent transférer leur capitale de Narbonne à Barcelone, puis à Tolède. Ils unifièrent l'Espagne sous leur autorité dans la seconde moitié du VI e siècle. N'ayant pas réussi à imposer l'arianisme, ils se convertirent, sous Reccared I er (586-601), au catholicisme, ce qui permit à la monarchie de se concilier le clergé.
La fusion des populations wisigothiques avec les Hispano-Latins donna naissance à une nouvelle civilisation, symbolisée par les écrits de l'évêque Isidore de Séville et par l'essor de l'architecture. Mais la puissance militaire des Wisigoths s'était considérablement affaiblie : après la défaite de Rodrigue à la bataille du Guadalete, près de Cadix (711), il ne fallut pas trois ans aux Arabes de Tariq ibn Ziyad pour anéantir leur royaume (711-713).
L'installation en Aquitaine Les Wisigoths s'installent en Aquitaine, où de nombreuses traces de leur séjour d'un siècle ont été retrouvées dans l'architecture, les sépultures, la bijouterie, notamment dans les régions de Toulouse, de Narbonne et dans les Pyrénées.
Toulouse devient leur capitale en 418 et ils reçoivent, par contrat de fédération, le droit de s'installer sur les grandes propriétés romaines et de garder les deux tiers des esclaves qui y travaillent. Les Wisigoths sont alors probablement entre 50'000 et 100'000, soit un pourcentage très faible de la population de cette zone densément occupée par de grandes propriétés gallo-romaines.
Les relations extérieures Le contrat avec l'Empire est, une fois encore, respecté: les Wisigoths participent à la défense contre les Huns; dès 442, ils cherchent à s'installer au sud des Pyrénées en soumettant les Suèves. Peu à peu, ils colonisent le centre-nord de l'Espagne - la région qui formera l'ancienne Castille - et le nord de l'actuel Portugal, où ils occupent, là encore, les grandes propriétés (latifundia) à l'écart des villes.
En 475, leur roi Euric rompt le pacte avec les Romains et organise en toute indépendance les territoires qu'il conquiert: en 476, la domination wisigothique s'étend jusqu'à la Provence, mais rencontre l'hostilité croissante des Francs; la Loire devient une véritable frontière entre Francs et Wisigoths. La défaite face aux Francs en 507 - et sa mise en tutelle par Théodoric l'Ostrogoth - retarde le plein épanouissement d'un Etat wisigothique.
Les limites de l'intégration Dans tous les territoires qu'ils conservent, les Wisigoths restent fidèles à l'arianisme, et de ce fait il leur arrive de persécuter les chrétiens «romains». Ils sont également attachés aux traditions germaniques de transmission du pouvoir d'une famille à une autre au cours d'épreuves de force très violentes, obligatoirement suivies de périodes de vengeance qui affaiblissent les familles royales; l'assassinat du roi triomphant n'est pas exceptionnel.
Empiètements des Francs et des Byzantins La défaite de Vouillé contraint les Wisigoths à abandonner l'Aquitaine. Ils ne conservent que la Septimanie, au nord et au sud de l'actuelle frontière franco-espagnole, mais les Francs peu à peu les en chassent, et cette terre restera dépeuplée jusqu'à une recolonisation carolingienne systématique au IX e siècle.
La fin de la tutelle de Théodoric ne fait pas disparaître les difficultés: les Francs, en 531, s'emparent de Narbonne, malgré les efforts de rapprochement par mariages avec les Mérovingiens. Bientôt, de 535 à 553, la reconquête tentée en Espagne par les troupes de l'empire d'Orient enlève aux Wisigoths tout le sud-est de la Péninsule, désormais nommée Spania; il faudra des décennies pour qu'ils y réinstallent leur pouvoir. Bien loin de s'apaiser, du reste, les conflits pour le pouvoir sont plus violents, et les divers prétendants y associent l'empire d'Orient ou les Francs.
L'organisation du royaume Le dernier quart du VI e siècle voit se produire des changements profonds et décisifs dans la vie du royaume. Le principe apparaît lentement selon lequel le territoire ne doit avoir qu'une foi, bien entendu le catholicisme romain, qu'une loi, celle qu'établissent les conciles annuels, qu'un roi, intouchable après l'onction. L'unité théorique du royaume repose sur ces principes.
Le catholicisme romain La conversion, en 587, de Reccared au christianisme romain met fin à la longue alliance des rois avec l'arianisme. Triomphante, l'Eglise de Rome, déclarée en 589 détentrice de la seule foi reconnue dans le royaume, apporte un soutien total à son nouvel allié royal. Désormais, lorsque chaque année les évêques se réunissent en concile, souvent à Tolède, devenue capitale royale sous le prédécesseur de Reccared, ils prennent, en accord avec le roi, des décisions essentielles.
La territorialité de la loi Dès 589 sont proclamés le retour à la territorialité de la loi, l'abandon des habitudes funéraires germaniques, l'acceptation des mariages mixtes et d'une culture où s'équilibrent influences germaniques et méditerranéennes: le IIIe concile de Tolède (589) réorganise l'ensemble des circonscriptions épiscopales (plus de soixante-quinze), cadre fidèle d'application de la politique royale pourvu que celle-ci respecte la morale chrétienne et l'influence des conciles.
L'onction royale Le roi est désormais oint, et nul n'a plus le droit, sous peine de sanctions religieuses, de le démettre et encore moins de le tuer. Sans assurer une hérédité dynastique de longue durée - le principe de l'élection du roi à chaque nouveau règne est maintenu -, ces décisions donnent, sans comparaison possible avec ce qui se produit dans d'autres pays, une réelle stabilité au pouvoir royal. Encore faut-il contrôler réellement les territoires: les Suèves, au nord-ouest, résistent longtemps; les Vascons, au nord, ne sont jamais réellement soumis.
L'empreinte wisigothique Sur de telles bases, le pouvoir royal gagne en majesté et en culture; il ouvre le royaume aux influences byzantines; des monnaies d'or impériales frappées dans des ateliers surveillés par l'Etat sont imitées, de même que des bijoux importés d'Orient par les nombreux marchands orientaux installés sur la côte orientale, à Tarragone, aux Baléares mais aussi à Lisbonne et à Mérida; les mêmes marchands introduisent des tissus byzantins de qualité superbe, dont le décor inspire peintres et sculpteurs locaux; enfin, ils imposent le contrôle du poids des monnaies selon les normes de l'empire d'Orient. Les traces de cet Etat - presque national - sont nombreuses et importantes.
L'art en Espagne wisigothique Durant tout le VII e siècle, la cour de Tolède donnant l'impulsion, le royaume wisigothique connaît en Espagne un grand épanouissement artistique. Barcelone, Tarragone, Cordoue, Séville, Mérida sont des centres actifs de production artistique. Les bijoux en orfèvrerie cloisonnée, les couronnes votives des rois montrent une association heureuse entre traditions germaniques venues de l'art du sud de la Russie et influence byzantine. Les fouilles archéologiques ont illustré, depuis une vingtaine d'années, la richesse de la production architecturale.
De petites églises très belles, au décor remarquable, ornées d'arcs outrepassés, subsistent aujourd'hui dans le nord-ouest de l'Espagne et le nord du Portugal. Dans le Sud-Est, des églises de tradition plus orientale, pourvues de deux absides, ont été retrouvées; leur décor n'est pas sans rapport avec celui que l'on trouve dans les églises d'Afrique du Nord au V e siècle. Les traditions artistiques de ce moment exceptionnel vont se conserver et se transformer après l'arrivée des Maures, en 711, aussi bien dans le refuge wisigoth du Nord-Ouest, autour d'Oviedo puis de León, que dans les zones passées sous contrôle musulman.
L'Hispana Dans le domaine de la loi, une collection que les historiens appellent "Hispana" est tirée des textes romains et de ceux des conciles. Très original, l'Hispana va exercer une influence de longue durée en Occident, même après la disparition des Wisigoths, tout spécialement dans la définition du caractère sacré du roi, à condition qu'il respecte ses engagements à l'égard de l'Eglise.
La répression Leur pouvoir et l'appui des conciles ont permis aux rois d'appliquer une très dure politique de centralisation et de réduction des oppositions: le serment de fidélité est imposé aux aristocrates en 642. Au milieu du VII e siècle, le roi Receswinthe a pu mettre en vigueur une législation écrite applicable à tous les sujets. La violence de l'Etat wisigothique pèse tout spécialement sur les juifs, nombreux encore à vivre en Espagne.
Dès le VI e siècle, mais surtout au VII e siècle, la législation des conciles entraîne des persécutions terribles: les juifs ont le choix entre la conversion et l'exil; des enfants sont enlevés à leurs parents pour être convertis; en 633, l'exercice de toute fonction publique leur est interdit. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:05 | |
| Les Huns
Venus probablement d' Asie centrale, les Huns étaient des nomades qui vivaient dans les steppes du nord du Caucase. Les Chinois les mentionnent pour la première fois au III e siècle av. J.-C. Les Huns ont fortement marqué l'imaginaire des peuples de l'Empire romain finissant, par le caractère particulièrement cruel de leurs exactions. La chronique a ainsi attribué à Attila le surnom de «fléau de Dieu».
La marche des Huns vers l'ouest C'est vers la fin du IV e siècle apr. J.-C. que les Huns apparaissent dans le bassin de la Volga. Après avoir écrasé les Alains, ils s'installent entre ce fleuve et le Don, avant d'envahir le royaume ostrogoth implanté dans les plaines d'Ukraine. Poursuivant alors leur progression vers l'ouest, ils défont les Wisigoths, établis dans l'actuelle Roumanie, et atteignent les frontières de l'Empire romain sur le Danube.
Selon les descriptions laissées par l'historien romain Ammien Marcellin, les Huns sont des pasteurs nomades qui ignorent l'agriculture, ne possèdent pas d'habitations permanentes et parcourent sans répit la steppe à la recherche de pâturages et de points d'eau pour leurs troupeaux. Ils subsistent grâce à la chasse et à la cueillette, sont vêtus d'habits de lin et de fourrures. Vivant presque constamment à cheval, ils ne semblent pas avoir de vrai roi, chaque clan ayant son propre chef.
Guerriers redoutables, archers, cavaliers montés sur de petits chevaux robustes, les Huns surprennent leurs ennemis en se livrant à des charges rapides, des retraites inattendues, un harcèlement permanent. Des tombes hunniques retrouvées près du Dniepr attestent leur goût pour le pillage.
Après avoir traversé et dévasté les plaines roumaines, les Huns franchissent les Carpates et s'installent dans la plaine de Pannonie (Hongrie actuelle) vers 396. Peu inquiète, Rome les laisse agir à leur guise au-delà du limes (fortification marquant la frontière de l'Empire romain), car les Huns s'en prennent aux Goths, ennemis traditionnels de Rome.
M ais la situation change brutalement en 408, date à laquelle les Huns pénètrent en territoire romain en lançant de nombreuses razzias. Vers 425, un empire hunnique semble s'être formé sur le moyen Danube. Etendant leur domination sur les populations germaniques, les Huns enrôlent des Germains dans leur armée. En 430, l'empereur Théodose II accepte de leur payer un tribut annuel, qui est doublé cinq ans plus tard, puis multiplié par cinq en 443. Attila, le fléau de Dieu Le chef hun Attila arrive au pouvoir en 441. Sous son règne, la puissance des Huns atteint son apogée. En effet, après 445, date à laquelle il fait assassiner son frère Bléda, il gouverne en autocrate. Il charge des émissaires, les logades, de parcourir l'empire pour réclamer des tributs sous peine de destruction. Avide de butins, il lance chaque année des raids sur l'Empire d'Orient et ruine régulièrement les villes des Balkans.
En 450, il se retourne contre l'Empire d'Occident. Il passe le Rhin à Mayence et pénètre dans l'est de la Gaule, avant que son armée soit mise en déroute par le Romain Aetius près de Troyes (bataille des champs Catalauniques, 451). Les Huns refluent alors vers l'est.
Un an plus tard, Attila lance un nouveau raid vers l'Italie. Il dévaste la plaine du Pô, rencontre le pape Léon le Grand et décide brutalement de rentrer en Pannonie avec son armée. Il meurt en 453, laissant un empire riche, mais dont l'autorité se lézarde sous les révoltes successives des peuples vassaux.
Incapables de s'unir, ses fils sont battus en 455 sur la Nedao, en Pannonie, par une coalition de Gépides et d' Ostrogoths. Cette défaite marque la fin de la puissance hunnique. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:06 | |
| Les Vandales
Au I er siècle, le nom des Vandales recouvre un groupe de peuples germaniques divers installés entre la Vistule et l'Oder. Par la suite, il s'appliquera à deux tribus menant une existence parallèle, les Silings, installés sur le Main supérieur, et les Hasdings, établis en Pannonie. Des migrations successives les entraînèrent au IV e siècle des bords du Danube jusqu'aux rives du Rhin, puis à travers la Gaule et l'Espagne, jusqu'en Afrique du Nord, où ils fondèrent au V e siècle un éphémère royaume.
L'itinéraire vandale Le peuple vandale est mal connu: archétype de la barbarie, il servit de bouc émissaire; on a vu les Vandales partout, et ils ont été confondus avec d'autres peuples. Vivant au I er siècle après J.-C. sur les rives méridionales de la Baltique, aux côtés des Goths dont ils étaient proches, ils s'installèrent ensuite en Pannonie (région d'Europe centrale située entre le Danube et l'Illyrie), d'où ils furent chassés par les Huns au début du V e siècle. Mêlés à d'autres peuples, ils participèrent au passage du Rhin (406) et à l'invasion de la Gaule, qu'ils traversèrent rapidement.
Espagne Dès 409, ils pénétrèrent en Espagne et résistèrent, non sans mal, à une attaque des Wisigoths. Cette étape espagnole fut capitale pour eux, car ils s'initièrent à la navigation et acquirent, seuls de tous les peuples germaniques, la maîtrise de la mer. Aussi, l'Espagne pillée, purent-ils, sous la direction du roi Genséric, franchir le détroit de Gibraltar (429) et, progressant le long des côtes, s'installer en Numidie.
Le royaume vandale d'Afrique L'installation des Vandales en Afrique fut brutale. En 439, les Vandales s'emparèrent de Carthage, la capitale de l'Afrique romaine, et envahirent la Tunisie actuelle. En 442, Rome dut accepter de leur céder ces territoires, les plus riches d'Afrique du Nord.
La confiscation des terres Les Vandales confisquèrent les terres nécessaires à leur implantation et expulsèrent les propriétaires. Ce fut le seul peuple barbare en voie de fixation à ne pas appliquer le régime de l'hospitalité (partage des terres entre le propriétaire et le nouveau venu barbare). Certes, tous les propriétaires romains ne furent pas dépossédés: les Vandales n'étaient pas plus de 80'000. En outre, les coutumes romaines furent conservées, tant dans la vie quotidienne que dans le régime d'exploitation des terres: les tablettes Albertini, document daté des années 493-496, décrivent un régime agraire identique à celui du Bas-Empire.
La coexistence politique et religieuse Sur les plans politique et administratif, les Vandales appliquèrent naturellement le système dualiste dans lequel les Romano-Africains conservaient leurs structures traditionnelles; les Vandales, regroupés en colonies militaires sous l'autorité d'un agent du roi, étaient chargés de la défense. C'est l'organisation que Théodoric introduira un peu plus tard en Italie.
Cependant, par les modalités de leur implantation, les Vandales rendirent impossible toute fusion avec les populations romano-africaines. Les problèmes religieux renforcèrent l'hostilité. Les Vandales ariens se heurtèrent à l'Eglise catholique la plus puissante et la mieux implantée d'Occident; cette Eglise n'accepta le pouvoir vandale que comme un pouvoir de fait et mena une véritable opposition politique. En réalité, Genséric et ses successeurs ne surent jamais comment se comporter vis-à-vis de l'Eglise: leurs politiques contradictoires ne feront qu'accroître leur isolement. La politique méditerranéenne Les Vandales, maîtres de la Méditerranée occidentale, ont-ils eu l'idée de fonder un empire maritime, un empire du blé? La question peut être posée car ils se sont emparés, dans l'Occident méditerranéen, des régions productrices de céréales, celles qui approvisionnaient Rome et l'Italie: l'Afrique, la Sicile, la Sardaigne, ainsi que la Corse et les Baléares (moins intéressantes pour le blé). Ils ont mené des raids de pillage le long des côtes espagnoles, italiennes et grecques, saccageant Rome de fond en comble (455).
Pour certains, les Vandales furent seulement des pirates, mais, dans ce cas, on comprend mal leur obstination à s'emparer de la Sicile. Pour d'autres, les Vandales comprirent vite que, grâce à leur flotte, ils tenaient Rome à leur merci; les tenants de cette hypothèse (celle d'une politique consciente de mainmise sur les régions à blé) rendent les Vandales responsables de la chute de l'Empire romain d'Occident. Ne pouvant réaliser la conquête de l'Italie (qu'ils ont peut-être souhaitée), les Vandales ont pu envisager de l'asphyxier économiquement. L'échec des Vandales Après la mort de Genséric, le royaume vandale s'affaiblit. Les rivalités entre les héritiers du trône (le système de succession, dit de la tanistry, imaginé par Genséric, confiait le pouvoir d'abord aux collatéraux du roi défunt, les enfants devant attendre leur tour), l'incohérence de la politique religieuse, la résurgence de la menace des peuples berbères que Rome avait réussi à contenir minent un Etat qui ne peut compter que sur la force pour survivre. Aussi, lorsque Justinien entreprend de reconquérir l'Occident, c'est par l'Afrique qu'il commence. En 533-534, les Vandales sont vaincus, déportés en Asie, intégrés aux armées de Byzance. Ils disparaissent en tant que peuple. Aucune trace de leur passage ne subsiste en Afrique. Ils n'ont rien laissé, excepté leur nom.
Vandales et vandalisme La postérité a fait porter la responsabilité de la barbarie, du pillage, de la destruction aveugle aux seuls Vandales. En 1734, Voltaire utilisa pour la première fois le mot « vandale » dans le sens péjoratif qu'on lui connaît depuis lors; il est probable qu'il l'a repris de Pope, puisque les Britanniques employèrent le mot dès le XVII e siècle. On doit le mot «vandalisme» à l'abbé Grégoire, qui l'utilisa dans un rapport à la Convention en 1794. Son succès fut immédiat. Comme l'écrit Grégoire, le mot vandalisme fut «naturalisé dans toutes les langues cultivées de l'Europe». | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:08 | |
| Les Burgondes
Les Burgondes (Burgundiones) sont mentionnés pour la première fois par Pline l'Ancien (79 ap. J.-C.), qui voyait en eux une tribu de la nation vandale. Dans la seconde moitié du IIe s., Ptolémée les cite comme voisins orientaux des Semnons.
L'époque primitive (avant 436) Les vagues migratoires déclenchées par les Goths ( Invasions barbares ) entraînèrent des fractions du peuple burgonde jusqu'au bord de la mer Noire, tandis que le gros de la population s'établissait sur la rive gauche du cours moyen de l'Oder. Dans les années 270, des migrants burgondes entrèrent pour la première fois en contact avec les Romains.
Dès la fin du III e s., une population burgonde assez nombreuse prit possession de territoires du Rhin et du Main abandonnés par les Alamans après qu'ils eurent forcé le limes en 259/260. Les Burgondes cherchèrent à s'allier avec Rome contre les Alamans, mais la campagne prévue échoua en 369/370, parce que les Romains crurent voir une menace dans l'arrivée de guerriers burgondes en nombre inattendu.
A la fin du IV e s., les Burgondes refoulèrent les Alamans de la région comprise entre le Taunus et le Neckar et atteignirent le Rhin, que le gros de leur population franchit en 406/407, à la suite des Vandales, des Suèves et des Alains. Chargés, au titre de fédérés, d'assurer la frontière rhénane, les Burgondes, sous la conduite de leur chef Gondichaire (Gundahar, Gunther), apportèrent en 411 leur appui au soulèvement de Jovin dans la province de Germanie seconde et l'escortèrent jusqu'en Gaule méridionale.
Après la mort de Jovin en 413, ils reçurent en qualité de fédérés "une partie de la Gaule près du Rhin": ce premier royaume burgonde doit probablement être localisé sur le cours moyen du Rhin, près de Worms, et non sur son cours inférieur.
Vers 430, des Burgondes résidant sur la rive droite du Rhin remportèrent une victoire sur un détachement hun, mais ils tombèrent peu après sous la domination de ce peuple asiatique auquel ils empruntèrent la coutume de la déformation crânienne. En 436, les Huns, probablement alliés à Aetius, amenèrent la chute du royaume burgonde rhénan et de Gondichaire. Ces événements sont l'origine de la légende des Nibelungen.
L'établissement en Sapaudia En 443, Aetius établit les rescapés du peuple burgonde en Sapaudia. Ce nom, qui survit dans celui de la Savoie moderne, désigne cependant une autre réalité géographique: les recherches récentes définissent une aire comprise entre l'Ain, le Rhône, le Léman, le Jura et l'Aar (partie méridionale de la Maxima Sequanorum), voire un territoire s'étendant dans le bassin de l'Aar jusqu'au Rhin (cités de Genève, Nyon et Avenches). Aetius visait moins à freiner l'avance des Alamans sur le Plateau suisse qu'à assurer la route des cols alpins et l'axe Rhin-Rhône, tout en créant une réserve pour les combats en Gaule.
En 451 déjà, les Burgondes eurent à combattre les Huns, lors de la bataille des Champs Catalauniques. En 456, sous la conduite de leurs rois Gondioc et Chilpéric, mentionnés alors pour la première fois, ils apportèrent leur appui à l'empereur Avitus dans sa lutte contre les Suèves en Espagne.
En 457, le territoire soumis à leur domination s'étendit en direction du sud-ouest, vers la région Saône-Rhône et ils occupèrent définitivement Lyon en 461. Après la mort de Gondioc en 470, Chilpéric poursuivit l'expansion vers le sud. En 478, un accord passé avec les Wisigoths fixa la frontière sur la Durance.
Au nord, Chilpéric chassa les Alamans de Langres et de Besançon. A sa mort en 480, le royaume burgonde avait atteint sa plus grande extension. Lors du partage entre ses quatre fils, Gondebaud reçut la royauté principale avec Lyon pour capitale, tandis que Godégisel, Chilpéric II et Godomar, établis à Genève et probablement Valence et Vienne, héritaient de royautés secondaires.
A la fin du V e s., les Burgondes subirent la pression croissante des Francs au nord et des Wisigoths et Ostrogoths au sud. Gondebaud chercha à se protéger par une double alliance matrimoniale: son fils Sigismond épousa en 492/494 Ariagne, fille de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, tandis que Clotilde, fille de Chilpéric II s'unissait en 492/493 à Clovis I , roi des Francs.
Mais en 500, lors du conflit qui opposa les rois de Lyon et de Genève, les Francs prirent le parti de Godégisel et les Wisigoths celui de Gondebaud. Malgré la victoire qu'il remporta près de Dijon (500), Godégisel dut finalement se soumettre à Gondebaud, qui recouvra son royaume avec l'aide des Wisigoths, puis en 506/507 conclut une alliance avec Clovis, son ancien adversaire, contre les Alamans et les Wisigoths protégés par Théodoric le Grand.
La chute de l'ancien royaume burgonde (532-534) A la mort de Gondebaud en 516, son fils aîné Sigismond lui succéda. La conversion de Sigismond de l' Arianisme au catholicisme, entre 501/502 et 507 contribua à aggraver les tensions avec les Ostrogoths. Ce contexte explique l'assassinat en 522, par Sigismond, de son propre fils Ségéric, petit-fils de Théodoric le Grand, soupçonné de fomenter un complot avec son grand-père.
Les rois francs ( mérovingiens) usèrent de ce prétexte pour conquérir le nord du royaume, tandis que Théodoric occupait en 523 le territoire compris entre la Durance et l'Isère. Capturé au moment où il cherchait à se réfugier dans le couvent de Saint-Maurice, qu'il avait fondé, Sigismond fut livré aux Francs et tué par le roi Clodomir.
En 524, Godomar, entre-temps proclamé roi des Burgondes, réussit, lors de la bataille de Vézeronce (à l'est de Vienne), à repousser une deuxième attaque des Mérovingiens, mais il ne put résister à la troisième et fut défait à Autun en 532.
Cette défaite marqua la fin de l'ancien royaume burgonde, qui fut divisé, en 534, entre les souverains mérovingiens: Théodebert, roi de Reims, reçut le nord (Langres, Besançon, Autun, Chalon, Aventicum-Vindonissa, Octodurus), Childebert, roi de Paris, le centre (Lyon, Mâcon, Vienne, Grenoble et peut-être Genève et la Tarentaise), et Clotaire, roi de Soissons, vraisemblablement le sud jusqu'à la Durance. On parle dès lors de Burgondie, au sein du Royaume franc .
Population et colonisation du territoire L'effectif de la population burgonde établie en Sapaudia en 443 a fait l'objet d'estimations très divergentes. A partir des quelque 80'000 Burgondes qui auraient prêté main forte aux Romains sur le Rhin en 370, des 20'000 qui seraient tombés en 436 et des 3000 qui auraient défait les Huns sur la rive droite du Rhin, on a déduit autrefois une population extrêmement nombreuse et forgé l'image d'une vague d'immigration massive.
La comparaison établie avec d'autres ethnies barbares installées comme fédérés dans l'Empire et avec d'autres peuples germaniques donne des estimations beaucoup plus basses, comprises entre 25000 (dont 5000 guerriers) et 5000 à 10000 (dont 1000 à 2000 guerriers). De son côté, l'étude démographique des cimetières a fait évaluer l'ensemble de la population du royaume burgonde entre 300'000 et 500'000 habitants (dont environ 80000 à 100000 pour la Suisse occidentale), répartis sur un territoire d'environ 50000 à 60000 km 2 . Les Burgondes représentaient, selon les auteurs, entre un tiers et un dixième de la population en Sapaudia, mais 5-10%, voire moins de 1%, dans l'ensemble du royaume.
Lors de leur établissement en Sapaudia en 443 et dans la province de Lyonnaise en 457, les troupes burgondes reçurent probablement le statut d'hospites ("hôtes"), aux termes des dispositions légales relatives au cantonnement des troupes romaines. Ce système semble avoir fait place ensuite à l'octroi d'une partie des revenus fiscaux, sans modification de la propriété foncière, puis à une cession de biens immobiliers, dont on trouve le reflet dans le mode de partage défini par la lex Burgundionum (Loi Gombette ). Cette répartition laissait aux Burgondes deux tiers de la terre cultivable, un tiers des esclaves et la moitié des maisons, fermes, jardins, forêts et pâturages.
L'intégration extrêmement rapide des Burgondes et l'absence d'un artisanat spécifique font qu'il est difficile de les identifier sur la base de critères archéologiques. Il faut distinguer le territoire où s'exerçait leur souveraineté et qui finit par couvrir 32 cités, l'aire culturelle, que manifestent, surtout à l'époque mérovingienne, des particularités d'habillement propres au milieu romano-burgonde, et enfin les établissements burgondes au sens strict, lieu d'implantation de groupes immigrés. Les preuves archéologiques de ces établissements se rencontrent surtout dans la région genevoise et sur le territoire de la Sapaudia.
Les éléments les plus caractéristiques du costume sont des fibules germaniques anciennes (fibules à tête d'oiseau, fibules arquées), des colliers en fer, des boucles d'oreille "à petite corbeille"; à cela s'ajoutent des miroirs métalliques d'origine orientale et les crânes déformés artificiellement, dont on attribue l'origine aux contacts que les Burgondes eurent avec les Huns. L'étude des cimetières de Sézegnin et de Monnet-la-Ville (Jura) a montré que les Burgondes partageaient leurs lieux d'inhumation avec la population romane.
Le mobilier archéologique, telle la boucle-reliquaire de Monnet-la-Ville, ne peut pas être qualifié de spécifiquement burgonde, mais présente les éléments de costume que l'on trouve généralement à l'époque franque dans la Burgondie septentrionale, c'est-à-dire sur l'ouest du Plateau suisse, dans le Jura, la vallée de la Saône et la Franche-Comté, comme les boucles de ceinture en bronze à décor figuré (Daniel dans la fosse aux lions). Ces objets ont probablement été fabriqués dans des ateliers exploités par des indigènes gallo-romains, ce qui permet de définir une aire de culture matérielle romane dans la Burgondie septentrionale. Des inscriptions datées de l'époque de la souveraineté burgonde et portant des noms germaniques, souvent burgondes, indiquent également la présence de foyers de population burgonde. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:09 | |
| Les Burgondes (Suite)
Structure sociale et économie Le royaume burgonde Le royaume burgonde du Rhône n'était pas un état binational au sens strict. Dans le Code promulgué en 517 par le roi Sigismond (Liber Constitutionum - lex Burgundionum) et fondé sur la législation de son père Gondebaud, la distinction entre Burgundiones et Romani n'apparaît guère que dans les dispositions relatives à l'établissement et à l'intégration des nouveaux groupes de population dans les provinces romaines. Quant à la lex romana Burgundionum, elle fut davantage conçue comme un recueil pratique du droit provincial romain et un complément au Liber Constitutionum que comme un Code pour les "Romains".
Dans le royaume, Burgondes et Romains jouissaient des mêmes droits, ils avaient les mêmes chances d'accéder à des fonctions judiciaires ou administratives, en qualité de iudices ou de comites, ou de servir dans l'armée. Les mariages mixtes étaient autorisés et les deux communautés étaient soumises à une même hiérarchie sociale.
Si l'arrivée des Burgondes apporta des modifications aux structures sociales et économiques, elle eut peu d'effet sur les techniques et modes d'exploitation agricoles. Les colons et les paysans non libres restaient soumis à leur maître. Il n'est pas encore possible de déterminer si le développement de la construction en bois, qui se manifeste même dans les églises de Genève au VI e s., est un héritage direct du savoir-faire des Burgondes établis sur la rive droite du Rhin au V e s., ou s'il n'est pas plutôt l'indice d'une mutation économique générale.
L'artisanat semble être resté le fait de gens de condition servile, même si les tarifs du wergeld (prix du sang) laissent apparaître une valorisation sociale des métiers de la métallurgie. La qualité de la production de ces artisans, en particulier des boucles de ceinture et des boucles-reliquaires de Burgondie septentrionale, témoigne de la pérennité des traditions artisanales gallo-romaines et de relations avec le monde méditerranéen. Pour leurs échanges monétaires, les Burgondes utilisaient des monnaies délibérément imitées des solidi et des tremisses des empereurs d'Orient, auxquels ils ajoutèrent simplement le monogramme de leurs rois. Ces monnaies étaient frappées dans la capitale, Lyon, mais vraisemblablement aussi à Valence et à Genève, sièges des royautés secondaires.
L'assimilation L'assimilation des Burgondes fut sans aucun doute facilitée par l'égalité juridique et sociale et par la double fonction que revêtaient les rois burgondes. Les rois de la seconde dynastie, peut-être de souche wisigothique, étaient en effet d'une part détenteurs d'une dignité romaine (maître de milice, patrice) et à ce titre chargés par l'empereur de la protection de la population romaine résidant à l'intérieur de leur territoire, et d'autre part rois des Burgondes.
Le transfert, vers 461, de la résidence royale de Genève à Lyon, ne provoqua pas, comme chez les Mérovingiens, un partage du royaume entre les frères Gondioc et Chilpéric, mais la constitution d'un système dans lequel le roi principal, résidant à Lyon, avait pour sujets des rois secondaires qui disposaient d'une autonomie interne. Chilpéric Ier, Godégisel et Sigismond eurent ainsi leur résidence à Genève. Il semble que les luttes fratricides entre Godégisel et Gondebaud furent à l'origine d'un incendie qui ravagea Genève vers 500.
Une inscription nous indique que, peu après, les remparts de la ville furent relevés par Gondebaud; pourtant la reconstruction est largement due à l'initiative de Sigismond, sous le règne duquel, sans doute, la cathédrale Saint-Pierre fut agrandie et plusieurs églises bâties en périphérie de la ville. Hormis les capitales, on connaît peu de résidences royales: Carouge (Genève), où Sigismond fut proclamé roi, Ambérieu-en-Bugey (Ain), qui accueillit, en 501 sous Gondebaud et en 524 sous Godomar, des assemblées où furent édictés des textes législatifs.
Dès le début, les Gallo-Romains eurent accès aux postes les plus élevés de l'administration du royaume. Il s'agissait surtout de membres de la noblesse sénatoriale, à l'exemple de Syagrius, actif sous le règne de Chilpéric I er et que Sidoine Apollinaire saluait comme le "nouveau Solon burgonde". Les structures provinciales romaines s'étaient effondrées, mais les cités demeuraient le noyau de l'administration locale et étaient placées sous la conduite de comites burgondes ou gallo-romains. Au temps de sa plus grande extension, le royaume burgonde comprenait 32 cités réparties sur les provinces de Lyonnaise I, de la Grande Séquanaise, de Viennoise, de Narbonnaise II, des Alpes Grées et des Alpes maritimes au nord de la Durance.
La christianisation A en croire les témoignages concordants, mais contestés, de deux historiens de l'Eglise vivant au V e s., Orose et Socrate, une partie au moins des Burgondes du Rhin étaient catholiques. Les rois de la deuxième dynastie étaient ariens, ainsi que cela est attesté pour Gondebaud, Sigismond et Godomar avant leur conversion, et pour Godégisel. Cela tenait peut-être à l'ascendance wisigothique que Grégoire de Tours leur prête, ou à leur volonté de se conformer à la politique religieuse des Wisigoths.
Mais comme plusieurs femmes de la maison royale (Carathène, Sédeleube/Chrona, Clotilde) étaient catholiques, et qu'en outre les abbayes de Grigny (près de Vienne) et de Saint-Maurice eurent pour abbé le Burgonde Hymnemodus , on peut admettre qu'au Ve s., de nombreux Burgondes étaient catholiques, tandis que les rois et la classe dominante, dans la génération de Gondioc et de Gondebaud, restèrent ariens par calcul politique. L'Eglise arienne était soumise à l'autorité du roi. On connaît des cas d'églises catholiques converties de force en lieux de culte ariens. Outre les ariens, il existait, notamment à Genève, des bonosiens (qui considéraient le Christ comme fils adoptif de Dieu).
Les rois ariens ne se contentèrent pas de tolérer l'Eglise catholique, ils lui offrirent aussi leur soutien. En 463 déjà, à Die, le pape Hilaire associa le roi Gondioc aux affaires de l'Eglise. L'abbaye de Condat (Saint-Claude dans le Jura) bénéficia des largesses de Chilpéric Ier, tandis que vers 500, Sédeleube, fille de Chilpéric II, transférait de Soleure à Genève les restes du martyr thébain Victor. Gondebaud subit l'ascendant d' Avit de Vienne, lequel convertit Sigismond, entre 502 et 507, puis son frère Godomar.
Devenu un catholique fervent, Sigismond se rendit à Rome auprès du pape Symmaque (514). Il rapporta de son voyage de nombreuses reliques qu'il distribua dans tout son royaume. Il rétablit l'église de Genève, qui avait souffert de la guerre civile de 500/501 et fonda en 515 une abbaye sur la tombe de saint Maurice à Agaune (Saint-Maurice), qu'il dota de riches possessions notamment en Valais, dans le Pays de Vaud et en Bourgogne. Il y introduisit la pratique, empruntée au rite byzantin, de la laus perennis (psalmodie perpétuelle) qui allait servir de modèle pour de nombreux monastères de Gaule. En 517, les évêques du royaume de Sigismond tinrent à Epaone (peut-être Saint-Romain-d'Albon, au sud de Vienne) un véritable concile royal, à l'exemple de ceux d'Agde (wisigothique, 506) et d'Orléans (franc, 511). Parmi les vingt-quatre évêques qui en signèrent les actes figuraient ceux de Besançon, Vindonissa, Genève, Octodurus et Tarentaise. Il semble donc que l'ensemble du territoire compris entre le Léman et le Rhin relevait alors de la souveraineté des rois burgondes. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:09 | |
| Les Francs
Les origines Au I er siècle, des tribus installées sur la rive droite du Rhin inférieur opéraient des raids maritimes et terrestres dans l'Empire romain. Ces tribus ne formaient pas encore un peuple, avec ses caractères ethniques, son histoire et ses coutumes.
Au III e siècle, certaines de ces peuplades s'unirent contre les Romains pour former une ligue de guerriers que l'on appela les «Franci». Leurs expéditions dévastatrices en Gaule (en 258 et 276) provoquèrent une crise très profonde, que les Romains surmontèrent difficilement.
Cependant, à la fin du III e siècle, les tribus franques, vaincues par l'empereur Maximien, furent installées par les Romains sur la rive gauche du Rhin et soumises au paiement d'un tribut, tandis que les autres groupes continuaient à vivre indépendants au-delà du limes, la frontière fortifiée qui défendait l'Empire.
A la conquête d'un royaume (IVe-VIe siècle) Au IV e siècle, l'Empire romain, partagé et affaibli, se trouva menacé par les Barbares, et l'armée avait de plus en plus recours à ceux de ces peuples déjà installés sur le territoire. Certains Francs accédèrent ainsi aux postes les plus élevés de la hiérarchie militaire romaine. Les Francs Saliens (installés à l'ouest dans ce qui est aujourd'hui la région de l'Overijssel, aux Pays-Bas), et les Francs rhénans, à l'est, devinrent des peuples fédérés, c'est-à-dire entretenus en échange d'un service militaire accompli sous la conduite de leurs roitelets tribaux.
Les Francs, fédérés de Rome Lors de la grande invasion des Vandales en 406-407, les Francs défendirent, aux côtés des armées romaines, le limes rhénan contre les vagues de Germains poussés vers l'ouest par l'avancée des Huns. Ils contribuèrent notablement à la défaite d' Attila à la bataille des champs Catalauniques, en 451. En même temps, ils opérèrent une lente descente vers le sud, occupant la Belgique actuelle, le nord de la France ainsi que des villes romaines, comme Tournai ou Cambrai à l'ouest, Cologne ou Trèves à l'est.
La tombe du roi des Francs Saliens, Childéric, découverte à Tournai en 1653, ainsi que les fouilles récentes menées dans cette ville témoignent du caractère composite de la civilisation franque au V e siècle. Le roi a été inhumé comme un prince barbare, avec ses armes et de magnifiques pièces d'orfèvrerie cloisonnée d'origine orientale. On a pratiqué le sacrifice rituel de plusieurs chevaux, enterrés à proximité de la tombe royale. Dans cette dernière, l'influence romaine se manifeste par le dépôt de nombreuses pièces d'or romaines, qui constituaient probablement la solde des guerriers francs. Un anneau sigillaire représente le roi avec ses longs cheveux, insigne de la royauté chez les Mérovingiens, et revêtu du paludamentum, le manteau des généraux romains.
Clovis et la conquête franque Lorsqu'en 481 Clovis succéda à son père Childéric, il n'y avait plus d'empereur romain en Occident, et la Gaule était presque entièrement aux mains des Barbares. Burgondes et Wisigoths avaient fondé dans la vallée du Rhône et dans la Gaule méridionale deux puissants royaumes qui semblaient prêts à étendre leur hégémonie sur l'ensemble du pays. Au nord de la Somme, les Francs Saliens restaient divisés, et les Francs rhénans étaient menacés à l'est par les Alamans.
Pendant son long règne, Clovis étendit sa domination sur une grande partie de la Gaule, battant le Romain Syagrius, l'emportant sur les Wisigoths et les Alamans. A la fin de sa vie, après avoir éliminé ses anciens alliés, il rassembla tous les Francs sous son autorité. Les guerriers francs, réputés pour leur bravoure et la qualité de leur armement, furent servis par l'intelligence retorse de leur roi. Clovis, roi païen, comprit quel parti il pouvait tirer de l'appui des Gallo-Romains catholiques face aux Burgondes et aux Wisigoths ariens, c'est-à-dire adeptes d'une forme schismatique de christianisme. Il se convertit donc au catholicisme, et ses conquêtes furent facilitées par les évêques. A sa mort, le royaume franc s'étendait des Pyrénées à la Weser, de la Bretagne à la Bourgogne, non comprises. Les cadres préexistants (VIe siècle) Sur leur territoire, les Francs étaient peu nombreux et inégalement répartis. Les implantations franques révélées par l'archéologie sont relativement denses au nord de la Somme et en Rhénanie, elles se font plus rares entre Somme et Loire. Au sud de la Loire, la présence franque se limite aux garnisons qui tenaient le pays. Les régions situées sur la rive droite du Rhin firent l'objet d'une lente colonisation aux VI e et VII e siècles.
L'héritage romain et la fusion des élites Maîtres de la Gaule, les Mérovingiens restaient des rois barbares. Leur pouvoir était attribué aux vertus magiques de leur sang. A leur mort, le royaume était partagé pour que chacun des fils puisse régner, les assassinats tempérant le principe des partages. Cependant, Clovis et ses successeurs se considéraient aussi comme les héritiers de l'empereur; la royauté tribale se mua donc progressivement en une royauté territoriale qui se coula dans le moule romain. Tandis que la langue orale évoluait rapidement, les Mérovingiens adoptèrent l'écrit et le latin comme langue officielle : la loi salique (qui s'appliquait aux Saliens) fut rédigée à la fin du règne de Clovis. Les Francs laissèrent en place le système administratif romain, nommant des comtes et des juges dans les cités, entretenant les routes et levant les impôts, aussi longtemps qu'ils en eurent les moyens.
L'importance du christianisme Pour gouverner, ils s'appuyèrent sur les évêques gallo-romains, dont beaucoup jouissaient d'un grand prestige et d'une forte autorité dans leurs cités. Au milieu du VII e siècle, l'épiscopat était devenu l'aboutissement d'une carrière administrative réussie: l'orfèvre Eloi (vers 588-660), d'abord trésorier du roi Dagobert - qui régna de 629 à 639 -, obtint du fils de ce dernier, Clovis II - roi de Neustrie et de Bourgogne de 639 à 657 -, l'évêché de Noyon-Tournai.
La conversion des Francs au christianisme - qui fut cependant particulièrement tardive à l'est - et le respect de l'héritage romain favorisèrent le rapprochement des élites. La cour royale, creuset de leur fusion, attirait les jeunes aristocrates de toutes origines, qui venaient au palais pour y être « nourris » et pour y servir le roi avant d'être envoyés en province comme comtes ou comme évêques.
Au VII e siècle, les mariages mixtes et la mode des noms germaniques firent disparaître les dernières oppositions entre Barbares et Gallo-Romains. A cette époque, on désignait sous le nom de «Francs» les hommes libres - ils étaient peu nombreux - en dehors de toute considération d'origine ethnique.
Le lent déclin de l'économie méditerranéenne Les Mérovingiens étaient fascinés par la civilisation romaine, ses villes et ses activités. Au VI e siècle, tout semblait continuer comme par le passé. La Méditerranée restait le centre nerveux de l'économie: les grands axes du commerce international reliaient encore l'Orient à l'Occident par les ports italiens, provençaux et espagnols. L'huile, les épices, le vin transitaient encore par Marseille vers l'Aquitaine, le Bassin parisien et l'Angleterre. L'Occident exportait du blé, du sel, de l'étain. Les ateliers monétaires frappaient des triens d'or, imités de la monnaie byzantine. En réalité, les activités urbaines s'étiolaient, et le volume des échanges avec l'Orient ne cessait de décroître. L'avance des musulmans en Méditerranée au VII e siècle porta le coup de grâce à une économie depuis longtemps moribonde. Société et mode de vie Quoique peu nombreux, les Francs imposèrent leur civilisation aux populations qui vivaient au nord de la Loire. Malgré le principe de la personnalité des lois (chacun relève du droit de ses ancêtres, la loi romaine s'applique aux Gallo-Romains, la loi gombette aux Burgondes, etc.), la loi franque s'imposa entre Loire et Rhin. Comme toutes les lois barbares, elle reposait sur le principe de la responsabilité familiale en matière de droits et de devoirs.
La parentèle La parentèle prenait en charge la sécurité de ses membres et agissait en tant que groupe de représailles. On la considérait comme responsable du paiement de l'amende de compensation, le wergeld, qu'il fallait verser à la partie lésée pour que celle-ci renonçât à se venger. Elle faisait respecter les droits de propriété, réglait les mariages et la conclusion des pactes d'amitié, qui garantissaient la paix et la sécurité sur le plan local. Ce système social, fort éloigné du système romain, était adapté à une société rurale compartimentée.
Un mode de vie rural Les Francs vivaient à la campagne, immergés dans une nature difficile, dont les forces imprévisibles les terrifiaient. Leurs villages étaient isolés, formés de quelques unités d'exploitation. Autour de la maison d'habitation en bois, les cabanes servaient d'habitat secondaire pour les esclaves, et d'ateliers domestiques pour les femmes. Au-delà du potager et des champs cultivés commençait le domaine de la forêt, omniprésente et indispensable à la survie du groupe. On y trouvait le gibier, les fruits, le bois qui servait à la construction, au chauffage, à la confection des outils. On y faisait paître les troupeaux de porcs.
Certains villages étaient habités par des paysans libres, mais nombreux étaient ceux qui vivaient sur les grands domaines d'origine romaine, qui étaient passés aux mains du roi, de l'Eglise ou des aristocrates. Protégés par leurs maîtres, ces paysans éatient des esclaves ou des colons, qui ne jouissaient que d'une liberté fort réduite. L'émergence d'un monde nouveau (VIIe siècle) Au VII e siècle, sur les grands domaines septentrionaux, les productions commencèrent à s'accroître, et la population augmenta lentement. Cet essor s'accompagna d'une réorganisation de la gestion domaniale et d'une plus grande sujétion de la main-d'œuvre. Il suscita une reprise des échanges locaux, qui s'insérèrent progressivement dans des circuits plus lointains, orientés vers le nord et vers l'est.
La diffusion des sceattas, une monnaie d'argent de faible valeur frappée en Angleterre et en Frise, puis l'apparition, vers 675, du denier d'argent franc illustrent l'amorce d'une économie nouvelle et le basculement, vers le nord, du centre de gravité économique de l'Europe.
L'évangélisation Les contacts religieux se multiplièrent avec les îles Britanniques. Des moines irlandais, parmi lesquels Colomban, vinrent évangéliser la Gaule du Nord. Ils furent relayés à la fin du siècle par des missionnaires anglo-saxons. L'évangélisation se faisait selon un modèle hiérarchique qui confortait le pouvoir de l'aristocratie. Sur leurs domaines, les aristocrates érigèrent des églises privées qui renforcèrent la sujétion de leurs dépendants. Ils furent à l'origine de la plupart des fondations monastiques du VII e siècle: largement dotés en biens fonciers, ces monastères soutinrent l'action de l'aristocratie face à une royauté affaiblie, à un moment où l'insécurité croissante contraignait de nombreux hommes libres à se recommander aux puissants pour gagner leur protection.
Le déclin de la royauté Bien que Clotaire II et son fils Dagobert eussent réunifié le royaume franc (613-639) et qu'ils l'aient tenu d'une main ferme, ils ne purent enrayer le déclin de l'autorité royale, minée par les partages et les successions d'enfants mineurs. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:10 | |
| Les Germains
Les origines Les Germains apparaissent tardivement dans les sources écrites. Les Germains sont à l'origine un sous-groupe périphérique du vaste ensemble nordique. L'archéologie montre qu'un complexe culturel spécifique recouvre une zone comprenant l'Allemagne du Nord, les Pays-Bas, le Danemark, le sud de la Norvège et le sud de la Suède. Comme les principaux complexes culturels européens, celui-ci s'est mis en place entre 2000 et 1500 avant notre ère, c'est-à-dire au début de l'âge du bronze.
Ce «complexe nordique», qualifié plus tard de «germanique» par ses voisins, s'étend vers le sud. Dans le courant du I er siècle avant notre ère, l'expansion s'accélère. La limite, fixée jusque-là au niveau de la forêt de Thuringe, atteint rapidement le Danube, que l'Empire romain a choisi comme frontière. Cette poussée germanique fut une sorte de répétition pour les invasions qui ont bousculé l'Empire romain quatre siècles plus tard. Evolution de la société Les communautés du complexe nordique vivent d'agriculture et d'élevage. Certaines d'entre elles pratiquent de plus une pêche en mer semi-spécialisée. Dépourvues des matières premières nécessaires à la fabrication des bronzes, elles récoltent l'ambre - cette résine fossile très abondante sur les rives de la mer Baltique - et l'échangent contre du bronze, développant ainsi une importante production bronzière. Le mode d'occupation de l'espace est celui de la ferme isolée comme élément de base. La maison se caractérise par une forme très allongée et une architecture à trois nefs: deux rangées de poteaux verticaux partagent longitudinalement l'espace intérieur. A l'âge du fer, l'habitation des hommes et l'étable se trouvent réunies sous le même toit. Toutefois, cette pratique est peut-être antérieure.
L'histoire du complexe nordique évolue en dents de scie. Entre 1500 et 1200 avant J.-C., les échanges s'accroissent fortement: les communautés se lancent dans une production de bronzes de qualité. Un gros effort de déforestation leur a permis d'accroître les surfaces cultivées. Parallèlement, la société se hiérarchise. Les chefs résident dans de grandes maisons, au sein d'une agglomération plus importante que la moyenne, et ils sont enterrés, avec leurs proches, dans de petits tertres hémisphériques. Cette forme d'organisation a été brisée pendant les deux ou trois siècles suivants, sans que les causes en soient encore élucidées. L'approvisionnement en bronze a fortement fléchi; il s'agit peut-être de l'une des causes de cette crise. Dans ce cas, elle est à mettre en relation avec la situation conflictuelle que connaît, au même moment, le complexe nord-alpin - c'est-à-dire les Celtes - producteur de cuivre et d'étain.
Les réseaux d'échanges Les réseaux d'échanges à longue distance se rétablissent entre 800 et 650. Mais ces échanges sont dorénavant contrôlés par des centres de redistribution moins nombreux qu'auparavant. De riches tombes monumentales à mobilier funéraire prestigieux sont érigées près de ces pôles économiques dont la compétence est devenue régionale. Ce sont les sépulcres de chefs dont la puissance demeure fragile, car elle est fondée sur le monopole de biens exotiques exposés à de multiples difficultés d'acheminement. Cette fragilité politique chronique et la dégradation écologique engendrée par une trop forte intensification agricole causent une nouvelle crise vers 500 avant notre ère.
Les princes germains Les communautés adoptent une nouvelle forme d'organisation. La ferme se fixe plus durablement au centre d'un terroir cultivé plus intensivement. Les limites des champs sont matérialisées par des murets et des haies. De plus, grâce à l'outillage en fer qui peu à peu se généralise, les sols argileux, plus lourds, peuvent être mis en culture. Les communautés acquièrent ainsi leur autonomie en matière d'approvisionnement agricole et métallique. Toutefois, aucune stratification sociale nette ne s'observe encore. Celle-ci n'émerge qu'à partir de 150 avant notre ère. Elle se traduit au début par des tombes plus riches, renfermant de luxueux objets romains. De nombreux chefs de communauté affichent ainsi leur statut privilégié. Ils dirigent de petits territoires.
Vers un pouvoir central En Germanie, ce stade de développement va durer près de trois siècles. Aux III e et IV e siècles de notre ère, les tombes les plus riches deviennent plus nombreuses, et sont géographiquement plus concentrées, ce qui révèle l'émergence d'un pouvoir plus fort et l'unification politique de territoires plus vastes.
L'intensification des échanges avec Rome a vraisemblablement exacerbé la compétition pour le contrôle politique et économique, générant un processus analogue à celui qui s'est produit en Celtique au VI e siècle av. J.-C. Il est intéressant de souligner que les produits locaux paraissent insuffisants pour justifier les cadeaux diplomatiques reçus. Les princes jouaient donc un rôle d'intermédiaire pour canaliser vers les Romains des biens d'origine encore plus lointaine, comme des fourrures, des peaux, voire des esclaves.
Le temps des conquêtes En 406, des hordes germaniques, composées entres autres de Vandales, traversèrent le Rhin. L'Empire romain, trop faible, ne put les contenir et les Wisigoths d'Alaric saccagèrent la péninsule italienne entre 408 et 412. D'autres Barbares envahirent la Gaule et l'Afrique romaine. Certains (Angles, Jutes et Saxons) passèrent dans l'île de Bretagne.
Dans les territoires conquis, les Germains fondèrent des Etats par fusion progressive avec les populations autochtones: les Wisigoths avec les Hispano-Romains, les Vandales avec les Berbères romanisés, les Francs Saliens avec les Gallo-Romains.
L'art des germains Tout au long de son évolution, qui va de l'âge du bronze à la christianisation (VII e -VIII e s. en Allemagne et en Angleterre; XI e -XII e s. en Scandinavie), l'art des Germains présente certaines constantes: l'extrême rareté de la figuration humaine et des scènes narratives, la prédominance des motifs abstraits ou fortement stylisés et l'importance accordée au travail des métaux.
C'est un art essentiellement ornemental qui décore les objets usuels et de parure (armes, boucles de ceinturons, bijoux, fibules). Les Germains furent avant tout d'admirables orfèvres qui, s'ils utilisèrent le bronze, le fer et l'argent, donnèrent cependant leur préférence au travail de l'émail et de l'or cloisonné; les alvéoles sont souvent incrustés de pierres précieuses non taillées et choisies pour leurs couleurs vives. Le registre décoratif est principalement d'inspiration géométrique (signes symboliques, entrelacs, spirales, volutes évoluant parfois vers des motifs végétaux) et zoomorphe (fibules en forme de poissons, d'oiseaux stylisés, etc).
Parmi les nombreux musées qui conservent des œuvres de cet art, mentionnons le British Museum (Londres), le Germanisches Nationalmuseum (Nuremberg) et le Nationalmuseet (Copenhague). | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:11 | |
| Les Alamans
Les Alamans (Alamanni) sont mentionnés pour la première fois, dans une source contemporaine, en 289 apr. J.-C. et leur territoire (Alamannia) en 297. Le nom de ces Germains signifie "tous les hommes", ce qui peut s'interpréter péjorativement ("gens de toutes sortes"), et semble indiquer un regroupement récent, dépourvu de tradition. Rien ne prouve que leur origine soit à chercher chez les Suèves, les Semnones ou les Germains de l'Elbe, ce qui n'exclut pas une ascendance nordique. Bien différenciés jusque vers l'an 500, les Alamans et les Suèves sont ensuite confondus.
Les groupes auxquels les Romains donnaient le nom générique d'Alamans s'infiltrèrent dès la fin du III e s. dans l'actuelle Allemagne du Sud, mais il ne s'agissait nullement d'une occupation systématique. Dans la seconde moitié du VI e s. et au VII e s., ils franchirent le Rhin sous l'égide des Francs et vinrent coloniser le Plateau suisse.
Jusqu'en 536 Par petits groupes de guerriers, des "Alamans" prirent le contrôle des champs Décumates après avoir forcé le Limes en 259-260. Comme les Francs en Germanie inférieure, ils devinrent ainsi en Germanie supérieure les nouveaux voisins des Romains, avec des relations tantôt de confrontation, tantôt de coopération. Pour se protéger contre de fréquentes incursions sur la rive gauche du Rhin, les Romains construisirent des fortifications à l'arrière du limes de Rhétie et de Germanie supérieure, par exemple en 294 à Oberwinterthur et à Eschenz près de Stein am Rhein; ils attaquèrent les Alamans au-delà de la frontière ou leur livrèrent de sanglantes batailles en cas d'invasion: ainsi fit le futur empereur Constance Chlore en 298 à Langres (F) et à Vindonissa.
D'autre part, dès la fin du III e s., de nombreux Alamans entrèrent au service de l'Empire: mercenaires, otages ou groupes fermés de paysans-soldats qui servaient sous leurs propres chefs et recevaient des terres. Les luttes avec Rome culminèrent en 352, lorsque les Alamans passèrent le Rhin, en même temps que les Francs, et pillèrent les Gaules.
Malgré un traité conclu en 354 et la défaite des Alamans du Linzgau à Bellinzone et sur les cols grisons en 355, Rome ne put rétablir la sécurité de la frontière rhénane que sous l'empereur Julien (355/360-363): à la bataille de Strasbourg, en 357, sept rois alamans furent définitivement vaincus. Valentinien I er (364-375) renforça la frontière par une chaîne de tours de guet (burgi) le long du Rhin en amont de Bâle et par de nouveaux castra sur la rive droite, par exemple à Altrip (D), Brisach (D) et en face de Bâle (Robur). Gratien renouvela en 378 les accords avec les Alamans, qui eurent dès lors le statut de fédérés, confirmé plusieurs fois jusqu'au V e s. Mais le général romain Flavius Aetius dut repousser en 430 encore une attaque du groupe alaman des Juthunges contre la province de Rhétie II e et l'empereur Majorien arrêta près de Bellinzone, en 457, des pillards alamans qui avaient passé les cols grisons.
Dans les derniers temps de l'Empire romain d'Occident, les Alamans connurent une brève période d'expansion, dans toutes les directions. Le roi Gibuld contrôlait, entre 469/470 et 476, le bassin du Danube jusqu'à Passau (D). Il pourrait être le roi Gebavultus qui régnait dans les années 470 sur la région de Troyes (F), mais était-il roi de tous les Alamans lorsqu'ils conclurent une alliance avec les Suèves du Danube (vers 469/470) ?
Les Alamans furent battus par les Francs à Tolbiac (D, années 480/490), ce qui freina leur expansion dans la région du Main, puis soumis par le roi franc Clovis en 496/497 et à nouveau en 506 (faits et dates discutés). Cette défaite et la mort du rex Alamannorum mirent un terme brusque à leur indépendance, mais non au développement de leur peuple. Leurs chefs semblent s'être placés sous la protection des Ostrogoths dès 506, voire avant.
Avec l'installation d'Alamans en Haute-Italie et en Rhétie (lac de Constance, Thurgovie, vallée du Rhin), il se forma une Alémanie dans le royaume des Ostrogoths; le roi Vitigès la remit finalement aux Francs en 536/537.
L'Alémanie dans le royaume franc L'incorporation au Royaume franc conféra aux Alamans le statut d'une gens disposant d'un droit et d'un territoire particuliers. D'abord rattachés à la partie orientale du royaume, les Alamans furent soumis à des ducs francs, désignés par les Mérovingiens. Buccelen (Butilin) en 539 et Leuthari en 553/554 organisèrent des expéditions en Italie pour le compte des Francs, sans doute avec des troupes du diocèse de Windisch/Avenches. Lors du partage de 561, le ducatus Ultraiuranus fut attribué à la Bourgogne et le ducatus Alamannorum à l'Austrasie. Jusque vers 700, les centres politiques des ducs d'Alémanie se situaient au sud du Rhin et dans la région du lac de Constance, là où subsistaient isolément des structures du Bas-Empire romain, par exemple à Windisch, Eschenz, Arbon, Bregenz, Oberwinterthur ou Zurich.
La réunion de la Thurgovie et de l'Alsace à la Bourgogne entre 595 et 610 entraîna des luttes d'influence et des conflits de frontière, comme l'attaque d'Avenches ou la bataille de Wangen (610). Les Mérovingiens Clotaire II et Dagobert I semblent avoir renforcé l'influence royale en Alémanie, dont les ducs se virent impliqués dans les intrigues secouant l'Austrasie durant le deuxième tiers du VII e s.
Vers 700, Gottfried fut le premier duc d'Alémanie dont l'activité au nord du Rhin est documentée, grâce à un acte émis à Biberburg près de Cannstatt (D). Il porte le titre de vir illuster, compte les années de son règne et affirme sa fidélité aux Mérovingiens, ce qui montre que le duché s'était mué en un principat "national", dont l'autonomie ressort ensuite du fait que les héritiers de Gottfried ( 709) se partagèrent sa charge. Des intérêts dynastiques et non un sentiment anti-franc expliquent les luttes avec l'Austrasie des Pippinides ( Carolingiens).
Les maires du palais Pépin d'Héristal ( 714) et Charles Martel ( 741) firent des campagnes entre 709 et 712 contre Willihari et son frère Theudebald, puis contre Lantfrid (724-730), qui avait souligné dans une nouvelle rédaction de la Loi des Alamans (Recensio Lantfridana) son attachement légitimiste à la prépondérance du roi mérovingien. Theudebald tenta de succéder à Lantfrid, mais Charles Martel le chassa en 732 et supprima la charge ducale: en effet, au partage qui suivit sa mort (741), son fils aîné Carloman reçut l'Austrasie, la Thuringe et l'Alémanie.
L'opposition aux fils de Charles Martel s'organisa bientôt dans les duchés extérieurs; après plusieurs campagnes, elle fut écrasée à Cannstatt en 746. Le rattachement de "toute l'Alémanie" (totius Alamanniae) au royaume franc carolingien se traduisit par l'institution de deux comtés, tenus vers 760 par Ruthard et Warin. Le titre ducal tomba en désuétude jusqu'à l'apparition au début du X e s. du duché de Souabe , né du regnum Sueviae que Louis l Pieux avait formé en 829, en réunissant les duchés d'Alsace, d'Alémanie et de Rhétie et qu'il avait attribué à Charles le Chauve, fils de sa seconde épouse, Judith de Bavière. Ce territoire revint à Louis le Germanique au traité de Verdun (843), puis au plus jeune de ses fils, Charles III le Gros, aux partages de 859 et 865.
Archéologie et linguistique
L'attribution ethnique des vestiges du haut Moyen Age est contestée. Le matériel retrouvé dans des zones dominées par les Alamans ne peut être qualifié sans autre d'"alaman", en raison de la multiplicité des influences. Il permet néanmoins de constater une colonisation alamane ou germanique, dans la vallée du Rhin en amont et en aval du lac de Constance, que les témoins linguistiques confirment, malgré leur caractère souvent tardif et leur datation imprécise.
On trouve des objets alamans ou germaniques sur la rive gauche du Rhin dès le IVe-Ve s. (Windisch-Oberburg, nécropole romaine de Kaiseraugst), mais ils appartiennent à des individus isolés. Au Ve s., des nécropoles "alamanes" en face des castra romains illustrent une phase de contacts pacifiques (Petit-Huningue et Bâle-Gotterbarmweg en face du castrum de Bâle, Herten (D) en face de Kaiseraugst, Kadelburg/Rheinheim (D) en face de Zurzach, Stein am Rhein en face d'Eschenz). Au début du VIe s., après la défaite infligée par Clovis, une grande partie des chefs alamans semble avoir émigré dans le royaume des Ostrogoths (Rhétie, Italie) ou dans celui des Burgondes. La présence de groupes germaniques sur la rive gauche du Rhin n'est prouvée archéologiquement qu'à partir du deuxième tiers du VIe s., c'est-à-dire après l'absorption par les Francs du royaume des Burgondes (532/534) et de l'Alémanie (remise par les Ostrogoths en 536/537). Cette première pénétration paraît due aux Francs. Les tombes de Bâle-Bernerring, Zurich-Bäckerstrasse, Bülach et Elgg sont attribuées à des fonctionnaires francs, qui se seraient installés près d'agglomérations du Bas-Empire pour les contrôler. La dominante franque est manifeste jusqu'au début du VIIe s. Dès le deuxième quart du VIIe s., les influences venues du coeur du pays alaman, situé au nord du Rhin, se renforcèrent. La colonisation germanique du VIIe s., qui toucha aussi progressivement la vallée du Rhin en amont du lac de Constance, ne résulte pas seulement, comme le montre l'analyse des fouilles, de la croissance démographique, mais aussi d'une immigration alamane venue de la rive droite du Rhin et de la région du lac de Constance.
En accord avec l'archéologie, la linguistique situe à une époque relativement tardive, aux VIIe-VIIIe s., en tout cas pas avant la création du royaume mérovingien, un mouvement de colonisation alamane d'une certaine ampleur en Suisse. Elle se fonde sur l'étude des toponymes: emprunt et déformation phonétique de noms prégermaniques, répartition chronologique et géographique des dérivés de patronymes germaniques (dont il faut distinguer plusieurs vagues: à la première appartiennent les noms en -ingen, -heim et -dorf, aux suivantes ceux en -inghofen > -ighofen > -ikofen > -ikon et en -wil, -wiler), enfin sur la diffusion de l'élément Walen- (à rapprocher de "welsche"), qui signale une zone de contact entre populations romanes et germaniques, au nord-est et au centre de la Suisse. A l'intérieur de cette région subsistaient des zones où le roman survécut longtemps.
Aux VIIe-VIIIe s., seules les vallées principales connaissaient une séparation nette des langues. La frontière linguistique en Suisse n'est donc pas le résultat direct de la colonisation alamane du haut Moyen Age, mais celui d'une évolution qui dura encore plusieurs siècles (Allemand). C'est dans le domaine alaman que l'on rencontre la plupart des noms de régions suisses en ancien haut allemand. Les plus vieux se basent sur des mots prégermaniques (tels Augstgau, Baselgau, Zürichgau, Arbongau), les plus récents sur des noms de rivières (tels Aargau, Sarnegau, Thurgau, Rheingau).
On ne peut rien affirmer sur le nombre des habitants ni sur la densité de la population dans la Suisse alamane. Les vestiges du haut Moyen Age et les toponymes anciens font cependant conclure à une croissance démographique et à l'exploitation, par endroits, de plus de terres qu'à l'époque romaine. L'archéologie montre que l'habitat était généralement dispersé (fermes, hameaux). Quand ils ne réutilisaient pas des bâtiments romains (villa), les Alamans construisaient de préférence en bois (maisons, cabanes, greniers). Les domaines étaient clos et comprenaient, selon la lex Alamannorum un bâtiment principal avec salle commune et chauffage, un grenier, une grange, un bain, un four, une cuisine, une bergerie, une porcherie, parfois même un moulin à eau. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:12 | |
| Les Alamans (Suite)
Economie et société, droit et statuts
L'archéologie donne une image de la société qui n'offre pas un rapport immédiat avec les statuts décrits dans les sources juridiques (Pactus et lex Alamannorum). La richesse du mobilier funéraire et l'emplacement de la tombe renseignent sur la position sociale du défunt. Dans les nécropoles anciennes, par exemple à Bâle-Petit-Huningue, ce sont surtout des armes et un costume richement ornés qui distinguent quelques individus. Cette élite, sans doute encore géographiquement et socialement très mobile aux Ve-VIe s., se fixa au VIIe s. Elle se transforma en une noblesse dotée d'un sentiment clanique et familial renforcé et liée de plus en plus aux domaines agricoles qu'elle possédait, aux charges héréditaires, aux églises et couvents qu'elle fondait, ainsi qu'à la seigneurie foncière, dont les formes nous sont connues par les premiers documents du couvent de Saint-Gall. Archéologiquement, ce changement est illustré par l'emplacement spécial réservé aux tombes riches dans les cimetières, par des caveaux funéraires coûteux (Elgg), par l'ensevelissement aux abords ou à l'intérieur d'une église (tombe d'une dame riche enterrée avec tous ses bijoux vers le milieu du VIIe s. à Bülach) ou encore par de petits tumulus isolés (Illnau-Grafstal, seconde moitié du VIIe s.).
La seigneurie foncière semble avoir encouragé la rotation triennale et fait reculer le système extensif de l'agriculture mixte, favorable à l'élevage. L'épeautre dominait, à côté de l'orge, du seigle, de l'avoine, du millet, des légumineuses (fèves, pois, lentilles), des arbres fruitiers et de la viticulture, empruntée aux Gallo-Romains. Les sources mentionnent quelques métiers: cuisiniers, boulangers et divers artisans du fer, tandis que l'archéologie atteste le travail des métaux précieux, du fer, du bois et la production de textiles et de céramique. L'Alémanie commerçait avec le nord de la Gaule, la Rhénanie, l'Italie, l'Orient, la Bohême, les côtes de la Baltique et les pays danubiens. Les importations, produits de luxe ou sel de Reichenhall (Bavière), se payaient en partie grâce au troc, car sous les Mérovingiens le nord de l'Alémanie connaissait le système du pesage des métaux précieux, alors qu'à l'ouest, dans les "pays frappant monnaie", la valeur nominale faisait foi. L'Alémanie au sud du Rhin était une zone mixte: on y a retrouvé des balances à fléau à côté de nombreuses monnaies.
Les amendes prévues par le Pactus (VIIe s.) et la lex Alamannorum (VIIIe s.) ne décrivent en rien des paiements réels et témoignent d'autant mieux des statuts juridiques en Alémanie: on distinguait les hommes libres, les non-libres, les demi-libres (lètes), les affranchis, et parmi les libres, ceux de catégorie inférieure (barones, minofledes), moyenne (mediani) et supérieure (primi, primores, proceres, nobiles). La lex fait entrevoir une structure judiciaire et politique complexe. Le duc est juge suprême, garant de la paix et chef de l'armée. Les comtes apparaissent en Alémanie au VIIe s., d'abord sur le Rhin en aval de Bâle et sur la rive sud-ouest du lac de Constance, en relation, semble-t-il, avec les mesures prises par Clotaire II et Dagobert Ier. D'après la lex Alamannorum, ils relèvent du duc, tout comme les centeniers (délégués du comte). La situation ne changea fondamentalement qu'avec la réorganisation de l'Alémanie sous Ruthard et Warin vers 760. Et, sous Louis le Pieux, le pays tout entier relevait de comtes carolingiens et ne se distinguait plus des autres régions de l'empire franc.
Christianisation
La Christianisation des Alamans est liée à leur installation à l'intérieur des frontières de l'Empire romain. Une population romane chrétienne vivait dans les castra au sud du Rhin. Si elle est restée stable en Rhétie, l'organisation diocésaine fut ailleurs bousculée: le siège épiscopal de Windisch fut transféré à Avenches puis à Lausanne au VIe s., celui d'Augst à Bâle, où un évêque est attesté vers 615. Fondé au début du VIIe s., le diocèse de Constance fut considéré comme celui des Alamans et servit de cadre à leur christianisation. Ses limites semblent fixées en partie sous Dagobert Ier (623-638/639) au plus tard. Il reçut l'appui de Gunzo, duc alaman chrétien résidant à Überlingen (D) et eut des soutiens dans le diocèse de Coire. L'historien byzantin Agathias considérait encore vers 570 les Alamans comme païens et vers 610 saint Colomban trouva à Bregenz (A) une population mêlée romane et alamane adepte de Wotan ou de cultes syncrétistes. Plus tard, d'après les vies de saint Gall, les Alamans de la Linth étaient encore polythéistes.
Les témoins archéologiques de la christianisation des Alamans sont plus nombreux sur la rive droite du Rhin que sur la rive gauche; il s'agit de croix en feuille d'or (VIIe s.), de motifs tels que croix, poissons et oiseaux, ornant des armes, des accessoires vestimentaires, des objets courants ou liturgiques, des amulettes. Sur la rive gauche du Rhin, des églises en pierre ou en bois (Winterthour), qui abritent parfois le tombeau du fondateur alaman (Tuggen, Bülach), signalent dès le VIIe s. les progrès du christianisme. Les Alamans renoncent aussi vers 700 à la coutume des offrandes funéraires et inhument désormais leurs morts ad sanctos, c'est-à-dire à l'intérieur ou à proximité d'une église. Puis vinrent, d'abord dans les zones de contact avec les Romans, les premiers couvents en territoire alaman (VIIe s.), fondés par saint Fridolin à Säckingen, par saint Gall sur la Steinach, là où se créera sous l'abbé Othmar (719-759) l'abbaye de Saint-Gall, ou par saint Germain à Moutier-Grandval dans le Jura. Les fondations plus tardives, comme celles de saint Pirmin (755) à Pfungen, Reichenau et Murbach en Alsace ou celles du lac de Zurich (Lützelau, Benken) interviendront dans un environnement déjà christianisé. La lex Alamannorum du début du VIIIe s. contient un chapitre sur l'organisation ecclésiastique, dont le pivot est l'évêque, entouré de diacres et de clercs et soutenu par les curés des paroisses; le statut des moines et celui des personnes dépendant de l'Eglise est précisé. Les structures ecclésiastiques de l'Alémanie resteront presque inchangées sous les Carolingiens. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:12 | |
| Les Lombards
Le royaume des Lombards Plus tardivement que les Francs et les Wisigoths, les Lombards fondent également un royaume. Après la retraite des Huns, ils migrent (du Danemark méridional) vers le sud. En chemin, ils rencontrent un nouveau peuple asiatique en marche vers l'ouest, les Avars, qui ne seront vaincus que par les Carolingiens.
Les Lombards, comme tous les autres peuples germaniques, cherchent refuge dans l'ancien Empire romain. Ils s'installent de force principalement en Italie septentrionale. Adeptes de l'arianisme et violents, ils sont un danger constant pour la papauté, qui n'a jamais perdu le contrôle de l'Italie centrale et méridionale, et qui finit par faire alliance contre eux avec les Francs: les Carolingiens abattent alors le royaume lombard.
La conquête de l'italie Les Lombards conquérent la quasi-totalité de l'Italie du Nord au VI e s. Ils s'installèrent en Panonie à la fin du V e s. En 568, contraints de passer les Alpes pour fuir le redoutable voisinage des Avars, ils envahirent la plaine du Pô, dont la conquête fut achevée en 572.
Le royaume créé par les Lombards était, plus qu'un Etat, une mosaïque de principautés féodales. Au VIII e s., le roi Liutprand et son successeur, Aistolf, entreprirent d'achever la conquête de l'Italie et de l'unifier sous leur domination. Rome fut sauvée en 756 par Pépin le Bref et en 774 par Charlemagne, qui détrôna le roi Didier et se proclama roi des Lombards. Des dynasties lombardes se maintinrent à Bénévent et à Salerne jusqu'au XI e s. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les royaumes barbares Dim 9 Avr - 2:13 | |
| Vers l'Europe carolingienne
Autour des peuples germaniques désormais installés, de nouveaux dangers se dessinent. Au nord, l'expansion par la mer des Scandinaves, ainsi que celle des Saxons et des Frisons, menace l'Occident.
Au sud, l'installation des musulmans en Afrique du Nord crée aussi une nouvelle pression: en 846, Rome est pillée à nouveau, par des musulmans. La papauté abandonne alors l'ancienne capitale pour s'installer dans un quartier nouveau, fortifié, qui deviendra le Vatican.
A l'est, les Slaves occupent lentement les terres abandonnées par d'autres. Dès le VI e siècle, à leur tour, ils pénètrent dans l'empire d'Orient, en particulier en Illyrie.
Les cinq siècles de domination germanique en Occident ont provoqué parfois d'importantes régressions culturelles, en matière d'inhumation par exemple: les archéologues disent volontiers qu'on a alors vu réapparaître des habitudes funéraires remontant au néolithique.
Le monde relativement unifié par les Romains est fractionné de nouveau. Cependant, les Barbares sont également porteurs d'une nouvelle culture, plus axée sur le Rhin que sur la Méditerranée. En 711, les Wisigoths ayant été vaincus, commence le temps de l'expansion carolingienne. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Les royaumes barbares | |
| |
| | | | Les royaumes barbares | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|