Thraces

Gladiateur thrace
Les thraces avaient un poignard en courbe, un casque intégral, un petit bouclier et des jambières qui montaient jusqu'aux cuisses. Spartacus était un thrace.


Leurs origines restent mystérieuses

Peuple indo-européen installé en Thrace, dans les îles voisines et peut-être en Asie Mineure. Ils fournirent longtemps aux Grecs des esclaves. Leurs principales tribus étaient celles des Odryses, des Gètes, des Triballes et peut-être des Daces.



Au IIe millénaire avant J.-C., les tribus thraces peuplèrent un territoire comprenant la Bulgarie, le sud de la Roumanie et le sud de l'Ukraine.



Leurs origines restent mystérieuses, mais il faut noter que leur art, original, est teinté d'influences perses et scythiques. Sujets d'étonnement pour les Grecs, les Thraces se singularisaient par des pratiques religieuses (rapportées par Hérodote) où la mort était célébrée dans la joie, à l'inverse de la naissance.



Polygames, les Thraces vivaient surtout en communautés rurales ; le patriarcat y était semblable à celui d'Asie Mineure. A l'époque des rois légendaires (Bronze récent, 1600-1200 av. J.-C.), la maîtrise du travail des métaux atteignit la perfection ; le trésor de Valtchitran (nord-est de Sofia) comprend, en particulier, des vases en or d'une pureté de lignes exemplaire. Au premier Age du fer (1200-525 av. J.-C.), les tombes livrent un mobilier funéraire où domine l'art géométrique. Les figurines animalières de bronze et de terre cuite, typiques de cette époque, représentent des cerfs, des chevaux, des taureaux, etc.

Apogée et invasions

A l'époque des grands royaumes (deuxième Âge du fer, 525-280 av. J.-C.), la Thrace sort de son isolement ; c'est l'apogée de la culture thrace, mais cette période d'échanges est aussi celle des conflits avec la Grèce et l'Asie Mineure. Les somptueux tumulus du sud de la Bulgarie livrent des ouvrages d'orfèvrerie enrichis de filigranes grecs, des pectoraux, des colliers, des pendants d'oreilles, des fibules, qui accompagnent les parures de la table : phiale, rhyton, cruche d'argent ou d'or.



Les différentes pièces de l'armure : cuirasse, casque, cnémide, bouclier, s'ornent de motifs, de personnages, de scènes mythiques, exécutés au repoussé et témoignant d'un sens remarquable de la composition. Bientôt, les Thraces, en proie aux troubles internes, subissent des expéditions colonisatrices grecques et l'occupation perse ; on assiste à divers mouvements de populations thraces.



Enfin, Alexandre le Grand englobe le territoire dans son immense Empire macédonien et, après sa mort, un de ses généraux, Lysimaque, devient gouverneur de Thrace. Les Thraces se soulèvent contre les Macédoniens, et ces luttes laissent le pays affaibli, quand surviennent les Celtes, qui le pillent et s'y installent de 279 à 216. Macédoniens et Thraces s'unissent contre les Celtes, mais c'est la décadence. Les Romains, qui ont déjà soumis la Grèce, vont abattre peu à peu la Thrace, dont les derniers bastions de résistance sont enlevés en 49 avant J.-C.

La civilisation Dace



Tarabostes, image d'un aristocrate dace


Un grand nombre de peuples différents

La plus importante des tribus thraces ce sont les Daces. Sous le terme Thrace certains récits anciens regroupent un grand nombre de peuples différents (plus de 100). Bien que certains récits parlent de deux peuples différents, on admet en général que les Daces sont une partie des Thraces.



Les sources d'information sont très limitées, mais des écrits d'Hérodote affirment : "La nation des Thraces est, après celle des Indiens, la plus importante du monde. S'ils avaient un seul roi, et s'ils pouvaient s'entendre entre eux, ils seraient invincibles et, d'après moi, beaucoup plus puissants que toute autre nation". Puis : "parmi les Thraces, les Gètes (Daces) sont les plus braves et les plus droits".



Les Daces, dans l'Antiquité, sont une civilisation agricole très avancée, sur le plan de la religion, de la médecine, de l'astronomie et des divinations, possédant un calendrier, et riche en or et argent. Il reste très peu de vestiges, pour au moins deux raisons : les Daces n'écrivent rien pour garder leurs secrets, et les Romains ont détruit une grande partie des vestiges.

Activités

Leurs principales activités sont l'agriculture et l'élevage. Les chevaux sont surtout utilisés comme animaux de trait. Ils exploitent également les mines d'or et d'argent de l'actuelle Transylvanie. Les richesses des Daces sont constituées de très importantes réserves d'or, de sel et de céréales.



Le commerce extérieur est considérable, au vu du nombre de monnaies étrangères trouvées dans le pays. Le commerce s'effectue dans un premier temps avec la Grèce, puis avec l'Empire romain, lorsque celui-ci est devenu assez important.

Médecine

Ils con­nais­sent de nom­breu­ses plan­tes mé­di­ci­na­les, et uti­li­sent la mé­de­cine ho­lis­ti­que. Hip­po­crate a fait un voyage en Thrace du nord, et une par­tie de ses li­vres est écrite dans un grec thra­ci­que (I et II des Epi­dé­mies).

Organisation et mode de vie

L'or­ga­ni­sa­tion so­ciale des Da­ces est de loin la plus com­plexe de tous les Thra­ces et peu­ples de la ré­gion. Ils sont di­vi­sés en deux clas­ses : une aris­to­cra­tie (ta­ra­bos­tes) et un pro­lé­ta­riat (co­ma­ti). Seuls les aris­to­cra­tes ont le droit de se cou­vrir la tête, et por­tent un cha­peau de feu­tre (ain­si ta­ra­bos­te­sei = pi­lea­ti) ; ils for­ment une classe pri­vi­lé­giée.



Les hom­mes de la se­conde classe, qui com­pren­nent l'ar­mée, les pay­sans et les ar­ti­sans, por­tent les che­veux longs (ca­pilla­ti). Ils vi­vent ori­gi­nel­le­ment dans des hut­tes de bois re­grou­pées en vil­la­ges en­tou­rés par une pa­lis­sade, mais, à une épo­que tar­dive, avec l'aide d'ar­chi­tec­tes ro­mains, ils cons­trui­sent des for­te­res­ses et des tours co­ni­ques en pierre.

Stratégie militaire

Les Da­ces ont une stra­té­gie mi­li­taire qui se fait en de­hors de toute stra­té­gie de vie. Les points de dé­fense en gé­né­ral ne sont pas mé­lan­gés avec les points de vie. La cons­truc­tion des points de dé­fense uti­lise le ter­ri­toire, et es­saie de pro­fi­ter au maxi­mum des ca­rac­té­ris­ti­ques phy­si­co-géo­gra­phi­ques de la ré­gion : des ci­tés dis­po­sées de fa­çon par­fai­te­ment géo­mé­tri­que, ou en sui­vant les mon­ta­gnes, ou sur le Da­nube. Ils ap­pli­quent la "tech­ni­que de la terre brû­lée".



Les struc­tu­res mi­li­tai­res sont le ré­sul­tat de l'union des tri­bus en cas de dan­ger, qui peu­vent se fo­ca­li­ser sur un seul ob­jec­tif, comme la cons­truc­tion d'un en­sem­ble de dé­fense. Pour la pre­mière fois, on peut par­ler d'une ar­mée dace vers le IVe ou IIIe siè­cle, sous Dro­mi­he­te, avec tou­tes les ins­ti­tu­tions d'un État. On es­time que l'ar­mée de ce pre­mier Etat comp­te 40’000 hom­mes.