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 Premières dynasties chinoises

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Blackeu Viking
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MessageSujet: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:27

L'histoire chinoise
On peut présenter l'histoire chinoise en quatre séquences, nettement caractérisées, d'un peu plus d'un millénaire chacune, qui reproduisent en termes historiques (c'est-à-dire avec des personnages, des dynasties, des lieux géographiques, des chronologies, etc.) le grand mouvement que l'on vient d'observer depuis le début de la néolithisation: un modèle culturel s'élabore au Nord (généralement dans une portion d'espace restreint correspondant à celui compris entre les villes actuelles de Xi'an et de Kaifeng); puis il se répand sur ce qui, au terme de cette histoire, est devenu l'espace chinois proprement dit (celui que l'on appelle la Chine des dix-huit provinces, de peuplement han); enfin, il organise un empire déployé le long des voies de communications internationales, de façon à contrôler les verrous de l'espace chinois (Mongolie, Tibet, Asie centrale, nord de la péninsule indochinoise, etc), peuplés de populations non hans.

Au terme de ces crises de gigantisme, l'ensemble se déconstruit selon une logique inverse: l'Empire se rétracte sur la Chine propre, laquelle se refragmente en unités régionales de base (provinces ou groupements de provinces), jusqu'au moment où de l'une de ces unités émerge un nouveau pouvoir central qui entreprend de reconstituer l'espace chinois, puis un nouvel ensemble impérial (et ainsi de suite). Cette respiration de l'histoire chinoise s'accompagne d'une élaboration toujours plus précise du modèle culturel «chinois», qui est diffusé à chaque fois plus profondément parmi les populations non chinoises périphériques.

Chronologie de la Chine à l'Antiquité
-2000 à -1500 Xia
-1700 à -1027 Shang
-1027 à -771 Zhou occidentaux
-770 à -221 Zhou orientaux
-770 à -476 Période des Printemps et Automnes
-475 à -221 Période des Royaumes Combattants
-221 à -207 Qin
-206 à -9 Han occidentaux
9 à 24 Xin (usurpation de Wang Mang)
25 à 220 Han orientaux
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MessageSujet: Re: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:27

Les débuts de l'antiquité chinoise


La dynastie des Xia
La transition vers l'histoire s'effectue quand, au sein de ces cultures néolithiques de la Chine du Nord entrées dans un processus d'unification, se développent de nouvelles techniques: les unes, vraisemblablement importées (parmi lesquelles la métallurgie du cuivre peut-être apportée par les populations de la steppe d'Asie centrale, et la domestication du buffle, venue du Sud), indiquent que des synchronies régionales sont en train de s'élaborer; les autres, de développement local (embryon d'un système de pictogrammes, ancêtre de l'écriture), traduisent le franchissement d'un stade décisif autant dans l'ordre intellectuel que dans celui de l'organisation sociale.

Leur conjonction permet l'émergence d'une véritable organisation politique de type tribal, avec ses chefferies. Cette phase est bien repérée comme telle par la mythologie historique traditionnelle qui, sur une période que la tradition date de 2'852 à 2'205, la personnifie à travers neuf empereurs civilisateurs qui auraient enseigné aux hommes la domestication des animaux, la divination, la pêche, l'agriculture, la médecine, le tissage sur métier, la sériciculture et la métallurgie.

Vers la fin du millénaire, une maîtrise croissante des techniques hydrauliques fournissant (tout autant que les imposant) les moyens d'une cohésion politique plus organique et plus durable, ces chefferies tribales doivent former des confédérations préétatiques. Le principe en est rapporté à un ministre des derniers empereurs civilisateurs, le sauveur des inondations, Yu le Grand (2205-2197), fondateur de la légendaire dynastie des Xia (2205-1766), réputée avoir compté dix-sept souverains et dont la capitale aurait été Anyi.

La culture de Longshan et les aristocraties du bronze
Sans qu'on puisse toujours établir une relation entre les faits mythologiques et les résultats de fouilles archéologiques, on constate alors l'émergence d'une phase culturelle qui amorce une civilisation proto-urbaine (progrès de l'artisanat, travail des métaux, de la céramique faite au tour de potier, rituels élaborés, etc.).

Cependant, ce n'est pas seulement par le saut technique que se distingue cette phase culturelle, mais aussi par un saut qualitatif dans l'organisation de la société: l'émergence de contraintes collectives sur les terres eut des incidences sur les hommes et s'accompagna inévitablement de tensions sociales et de l'imposition de hiérarchies autoritaires. On voit ainsi se diffuser à partir du domaine d'élection des cultures hiérarchiques de l'Est chinois un mode de vie qui tranche radicalement sur celui des précédentes périodes par le développement de la violence politique (fortification des sites d'habitation).

Ces deux composantes combinées deviendront classiques et dominantes après 2500, sous le nom de culture de Longshan, et se répandront sur une part notable du futur monde chinois: essentiellement sur le Nord et les côtes.

Les moyens de cette violence sont renforcés à la fin du III e millénaire par l'introduction, depuis l'Asie centrale, d'une deuxième vague de techniques métallurgiques, celle du bronze, dont le traitement a été probablement repensé par le savoir-faire des artisans chinois. Ainsi sont fabriquées des armes et naît une noblesse guerrière qui retrouve les voies d'une mentalité archaïque de prédation, transférée du monde de la nature à celui des hommes, avec levée de tributs par la contrainte, institutionnalisation de la guerre comme moyen de se procurer, par pillage, des biens, des esclaves, et des victimes à immoler en masse lors des sacrifices aux ancêtres, garants du statut hiérarchique et du lien territorial. La chasse, forme primordiale de la prédation et entraînement à la guerre, se voit alors évidemment reconnaître un grand rôle.
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MessageSujet: Re: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:28

Les Shang
de 1500 à environ 1050 av. J.-C.


L'émergence des Shang
La dynastie des Shang (ou dynastie des Yin) est la deuxième dynastie chinoise d'après la chronologie traditionnelle (1765-1122 av. J.-C.). Si les découvertes archéologiques les plus récentes ont montré qu'une technique primitive du bronze avait vu le jour avant la dynastie des Shang (phase de Eul Li-teou: XIX e siècle av. J.-C.), celle-ci correspond bien à l'apogée de cette métallurgie; elle a vu naître l'écriture chinoise, ainsi qu'une société féodale qui devait prévaloir jusqu'au IIIe siècle av. J.-C. On doit donc la considérer comme la première grande période de la civilisation chinoise.

La porte de l'histoire chinoise achève de s'ouvrir quand un clan du Henan s'impose aux autres, probablement parce que, son domaine étant situé dans un district central de la moyenne vallée du Huanghe, au confluent des cultures de Yangshao et de Longshan, il a pu non seulement en accumuler les acquis, mais encore apparaître territorialement comme l'héritier des traditions représentées par les empereurs civilisateurs et les Xia. Le clan Shang est donc en position d'exercer un magistère spirituel en relation avec un culte du sol des ancêtres, source ultime du pouvoir. Un chef de ce clan (vers 1700 av. J.-C.), Tang le Victorieux, parvient à fonder une dynastie. Même si pendant les premiers siècles de l'histoire de la dynastie les rois Shang, personnages sacrés, n'ont exercé pour l'essentiel que des fonctions religieuses et au profit d'une nébuleuse de deux à trois cents clans (dont les domaines n'étaient bien souvent que de simples villages), la stabilité dynastique (dix-sept générations) permet à la Chine de constituer les bases de son futur modèle culturel.

La dynastie des Shang
Il faut attendre le XIV e siècle pour que, avec le transfert de la capitale à Dayi (aujourd'hui Anyang), cette civilisation palatine soit bien connue, et révèle un système d'écriture déjà riche de quelque 5'000 caractères, une esthétique complexe et raffinée aux formes animalières très stylisées, les débuts de l'architecture en bois, ainsi que des inscriptions sur os et écaille liées à la divination. On note également un nouvel apport de l'Asie centrale avec de nouvelles techniques équestres (char).

Ce n'est qu'au XIII e siècle que la notion d'Etat émerge suffisamment pour qu'un roi, par la réforme du calendrier et des sacrifices, affirme le pouvoir politique contre la tutelle des clercs. Si au XIIe siècle les premières inscriptions votives sur vases de bronze attestent une autonomie et une formalisation croissantes du politique, on ne voit cependant pas pour autant se développer les marques d'une véritable bureaucratie. A son apogée, le royaume proprement dit ne dépasse pas la moyenne vallée du Huanghe, mais il rayonne bien au-delà: au sud dans la vallée du Yangzijiang, au nord jusqu'en Mongolie, au moment où dans la steppe du Nord et du Nord-Ouest, le semi-nomadisme pastoral se développe. Ce nomadisme exerce par contrecoup une pression de plus en plus vive sur les clans de l'espace Shang, conduisant à la fin du XII e siècle au développement puis à la domination d'un clan de l'ouest de la vallée de la Wei, les Zhou, qui, au contact de la steppe, avaient acquis une maîtrise supérieure des techniques cavalières.

Découvertes archéologiques
La civilisation des Shang nous est mieux connue que leur histoire grâce à l'archéologie: les découvertes faites à Siao Touen depuis 1928 et à Tcheng Tcheou depuis 1951 attestent la continuité entre les cultures néolithiques et la civilisation des Shang (usage commun d'un type de poterie grise ordinaire, persistance des habitations creusées dans le sol). L'agriculture sur brûlis est pratiquée, mais la chasse (hameçons, pointes de flèches) demeure importante: les battues royales des Shang (buffles, éléphants, daims) resteront légendaires. L'élevage est cependant une activité fondamentale (sacrifices d'animaux pléthoriques). Les villages sont éloignés les uns des autres (l'agriculture semi-itinérante réclame de la place) par une brousse tropicale et par des zones de collines, où vivent les Barbares (Chinois attardés). Les progrès rendus possibles par le bronze ne sont pas étendus à l'agriculture. Le métal reste un privilège aristocratique (armes, vaisselle cérémonielle) et il est probable que l'origine de la fonte du bronze se rattache à une question de prestige.

Çà et là, la citadelle d'un seigneur se dresse dans la plaine, entourée d'une foule d'ateliers spécialisés (bronze, jade, os, poterie): la noblesse Shang protège l'artisanat, qui atteint un haut degré de qualité. Le goût du luxe est vif, comme l'attestent les majestueux vases à vin en bronze, parfois zoomorphes, d'une très riche décoration et d'une technique qu'on n'a jamais surpassée. Les écrivains classiques décriront volontiers l'époque Shang comme une époque de débauches et de fastes barbares. Au sommet de la hiérarchie, le souverain habite au cœur d'une capitale importante. Le site de Tcheng Tcheou, entouré d'une muraille en terre damée, couvre plus de 2 km 2 . Les édifices y sont presque les mêmes que ceux de la Chine classique: une toiture est supportée par des piliers dont les intervalles sont remplis de terre, le tout étant bâti sur une terrasse surélevée. L'abondance des sacrifices funéraires (serviteurs, parfois chars avec chevaux et cochers sont enterrés avec le maître) ou de fondation (victimes armées de hallebardes enterrées à l'extérieur de la cité) a poussé les historiens marxistes à prendre cette civilisation comme modèle de la société esclavagiste en général. Situé au centre d'une classe de dépendants qui constituent à l'origine le système administratif, le roi apparaît comme un grand propriétaire terrien, soucieux de la pluie et des récoltes.

Le culte religieux s'adressait à Shang-ti, «le Seigneur d'en haut», et au dieu du sol de l'empire, ainsi qu'aux ancêtres des grandes familles, royale ou nobiliaires (la plèbe n'était habilitée à aucun culte des ancêtres). A un niveau inférieur pullulaient des esprits nés des forces de la nature (le Comte du Vent, le Comte du Fleuve) et toute une hiérarchie de démons. Le grand nombre des sorcières et sorciers (wou) atteste l'importance des pratiques chamaniques, communes à toutes les cultures primitives de l'Asie du Nord (rites d'incarnation, danses pour la pluie, etc.).
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MessageSujet: Re: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:29

Les Zhou
XIe siècle - 256 av. J.-C.


Zhou ou Tcheou, dynastie chinoise correspondant à la féodalité, dont elle voit l'apogée et l'effondrement, la période Zhou s'achève dans la confusion de la période des Royaumes combattants (453-222 av. J.-C.) et annonce, par son effervescence culturelle et politique, l'âge impérial.

Une société féodale
On sait peu de chose des origines des Zhou. Il semble qu'ils aient été un peuple barbare et semi-nomade dont le royaume était établi au Shenxi. De mœurs plus guerrières que leurs voisins orientaux, les Shangs, les Zhou assimilèrent leur culture, et finirent par les soumettre. On pense que, originaires d'une région favorable à l'élevage du cheval, ils firent, sous la conduite de leur roi Wen, un plus grand usage du char, tirant avantage d'une innovation, l'attelage à quatre chevaux de front. Leur avance victorieuse, sous la conduite de leur roi Wen, fut saluée comme une libéartion par les anciens sujets des Shang qui se croyaient ainsi libérés de leur tyrannie.

La féodalisation
Le roi Wu successeur de Wen (un des saints confucéens par excellence) est définitivement vainqueur des Shang à la bataille de Muye, au nord du fleuve Jaune, et le dernier des rois Shang, Zhouxin, est décapité. Wen partagea la Chine (alors réduite au bassin du Houanghe) entre une multitude de vassaux, ne gardant pour lui que la vallée de la Wei (pays de Zhou). Ses descendants, d'abord assez forts pour maintenir la cohésion au long de la période des Zhou orientaux (1050-771 av. J.-C.), furent, à la longue, épuisés par les expéditions punitives contre certains barbares trop hardis ou certains vassaux trop turbulents; ils durent, en 770 (première date certaine de l'histoire chinoise), abandonner leurs domaines pour s'installer plus à l'est, sur le site de Luoyang, au milieu de leurs partisans. Ces derniers, entourant une famille royale privée de ses biens propres, parvinrent à en faire des pantins et rivalisèrent pour le pouvoir réel.

La période Chunqiu (722 - 481 av. J.-C.) et les hégémons
Ignorants de leurs querelles mesquines, de nouvelles principautés, plus récentes et de potentiel supérieur, apparaissent à la périphérie et s'imposent tour à tour comme garants de l'ordre (VIII e -V e siècle): ce sont les hégémons ba, qui président la «Confédération chinoise», et ne rendent aux Zhou qu'une allégeance toute théorique, contraignant même parfois le roi à se rendre de force à leurs assemblées. Cette période, appelée la période Chunqiu Printemps et Automnes voit ainsi une opposition générale se dessiner entre l'ancienne cité de la plaine centrale (zhongguo, «la principauté du centre», terme qui fut reprsi plus tard pour désigner la Chine) et des entités périphériques qui commencent à former des unités politiques puissantes : Jin (au Shanxi), Qi (dans le nord-ouest du Shandong), Chu (dans la moyenne vallée du Yangzi), etc. La lutte pour l'hégémonie finit par épuiser les grandes principautés: plus aucune ne fut assez forte pour s'imposer aux autres.

Les Royaumes combattants
A cette époque commence l'âge des Royaumes combattants (453-222 av. J.-C.), qui voit disparaître le dernier semblant d'ordre; les plus forts annexent successivement les plus faibles: sur plus de cent principautés, il n'en reste bientôt que six.

Le royaume de Qin, dont le berceau était sensiblement le même que celui des Zhou, adopte des méthodes de gouvernement draconiennes qui lui permettent de renverser tous ses rivaux, entraînant les Zhou eux-mêmes dans la tourmente, avant de proclamer en 221 l'avènement de l'ordre impérial. La Chine antique avait vécu.

La civilisation des Zhou
La civilisation des Zhou est difficile à caractériser, du fait même de son étendue dans le temps. Ce que nous savons d'eux provient essentiellement d'une chronique adjointe aux Annales de Lu : les Traditions de Zuo (Zuoshizhuan) recueillies aux V e et IV e siècles avant notre ère. Les Zhou orientaux appartiennent encore à la période archaïque et, par bien des aspects, continuent les Shang: dichotomie fondamentale entre paysannerie et noblesse citadine, harmonie et interaction entre la nature et les hommes, etc. Le roi porte le titre de tianzi («Fils du Ciel») et passe pour tenir sa dignité du «Seigneur d'en-haut» shangdi auquel il est seul à pouvoir sacrifier. Plus que les Shang, les Zhou semblent avoir donné la prépondérance à l'agriculture; de grands défrichements entraînèrent un accroissement de population.

La fin des rites: une réalité politique
Parallèlement, et en réaction avec les Shang, une certaine modération matérielle entraîna le développement de l'esprit de mesure et du système rituel (ce dernier sera idéalisé par Confucius comme le trait fondamental de la société féodale). L'histoire de la fin des Zhou est cependant celle de la dégradation de la société rituelle (et partant, de la féodalité), sous la poussée des grands Etats périphériques, forgés au contact d'un monde barbare, et ignorants des préséances et des rites dans lesquels s'empêtrent les petites principautés du Centre. Les luttes des Royaumes combattants accélèrent le processus en faisant prendre conscience des facteurs militaires et économiques, entraînant l'éviction progressive de la noblesse au profit d'hommes nouveaux qui prennent le pouvoir et le gardent par des moyens autoritaires: imposition, monopoles commerciaux, lois pénales, administration, genèse d'un pouvoir centralisé.

Les innovations techniques
L'innovation technique la plus importante est le fer; les Chinois connaissent la fonte quelque 1600 ans avant l'Europe. Les fonderies deviennent immédiatement des entreprises d'Etat. Avec de tels moyens, la guerre prend un aspect total et se solde toujours par la destruction de l'Etat vaincu (trait inconnu jusqu'aux hégémons: dans la Chine archaïque, détruire un Etat équivalait à s'aliéner son dieu du sol; quand les Zhou triomphèrent des Shang, ils leur laissèrent la principauté de Song, leur domaine propre). Les Etats guerriers, désormais riches de moyens matériels et humains, entreprennent des travaux de grande ampleur: irrigation (peu pratiquée jusqu'alors), canaux, murailles défensives.

L'évolution sociale
Le renforcement du pouvoir dans les Etats et la prospérité du monde chinois dans son ensemble entraînent l'apparition de groupes sociaux nouveaux, artisans indépendants (et non plus attachés au palais) et commerçants. C'est que la ville chinoise devient considérable: plusieurs dépassent les 100'000 habitants, et la capitale du Qi (Shandong) en compte 300'000. Les nouvelles tendances sont le mieux illustrées par l'Etat de Qin, dont les dirigeants mettent en pratique les théories légalistes, préparant ainsi l'empire.

La littérature
Sur les plans littéraire et philosophique, la différence est sensible entre la période féodale, qui voit la floraison des rituels, et celle des Royaumes combattants, caractérisée par un bouillonnement d'idées sans précédent: ce sont les Cent Ecoles (IV e et III e siècles).

La pensée Zhou
Des philosophes parcourent la Chine et offrent aux souverains des conseils très divers pour bien gouverner, et éventuellement s'approprier l'empire. Il est à noter que leurs préoccupations fondamentales sont d'ordre pacifiste. On peut distinguer, parmi les penseurs, les ritualistes, qui croient en un retour à l'âge d'or (Confucius, Mencius, Siun-tseu), les «réalistes», conscients de l'effondrement inéluctable des anciennes valeurs et de la nécessité de solutions plus neuves (Han Fei, Mozi), et enfin les quiétistes qui prônent le détachement, tels que Laozi, Zhuangzi, Lizi et Yang Tchou. D'autre part, la poésie se détache de la tradition orale et populaire représentée par le recueil du Che-king, pour atteindre à la création littéraire consciente avec les élégies de Tch'ou (œuvres de K'iu Yuan), lamentations pathétiques d'un ministre fidèle injustement exilé, et dont la haute et noble inspiration restera un modèle à travers toute l'histoire de la littérature chinoise.

Les Cent Ecoles
Parmi les Cent Ecoles, seuls le confucianisme et le taoïsme ont pu s'imposer de manière durable, mais ce ne fut pas sans recevoir l'influence de courants divers, qui n'ont pas survécu en eux-mêmes mais ont marqué le développement de la pensée chinoise. Des nombreux penseurs de Chine des IVe et IIIe siècles av. J.-C., peu nous sont clairement connus, mais leurs idées sont souvent citées par d'autres sources (classiques du confucianisme et du taoïsme). Si l'école des médecins, celle des agriculteurs, etc., sont condamnées à rester dans la pénombre, il n'en est pas de même des dialecticiens, des mohistes, et surtout des légistes.

Le mohisme
Si le mohisme (ou motisme) a joué à longue échéance un moindre rôle, on ne peut douter qu'il eut son heure de gloire. Qualifiés d'utilitaristes, les disciples de Mozi prêchent une froide austérité au nom du bien commun, une population nombreuse jouissant des biens indispensables à l'homme, but qui ne se peut atteindre que par le sacrifice du superflu (y compris les arts et les rites). Face à l'amour «partial» envers parents, amis, souverain, que prêche Confucius, Moziappelle à l'amour universel, sans mettre en cause le respect des supérieurs. Mozi jugeait la guerre comme le pire des maux, mais soutenait qu'il faut se défendre des agressions. Inventeur de machines de guerre et organisateur d'une véritable armée de disciples (prototype des sociétés secrètes), il mit ses idées en pratique en assurant à plusieurs reprises la survie de petites principautés en danger.

Les dialecticiens
Les dialecticiens sont le pendant des sophistes grecs. Ils se flattent de «démontrer que l'impossible est possible». A la base de leurs démonstrations, des aphorismes déconcertants: un cheval blanc n'est pas un cheval (les idées «cheval» et «blanc» sont distinctes), un bœuf a cinq pattes (c'est-à-dire, l'idée abstraite «patte» additionnée aux quatre pattes réelles). Kong Souen-long est ainsi amené à cerner la définition du concret et de l'abstrait. Ses idées ont survécu en tant que curiosité et comme gymnastique de l'esprit. A l'époque des Cent Ecoles du moins, les dialecticiens connurent, semble-t-il, une certaine audience.

Les légistes
Les théories développées par les légistes ont connu la plus grande fortune, non en tant qu'école, mais en se combinant au confucianisme officiel. Han Fei, aristocrate lui-même, était conscient de la disparition inéluctable d'un certain ordre. Dans son traité, le Hanfeizi, il conseille au souverain modèle de briser systématiquement tout milieu capable de dévier le pouvoir à son profit (nobles, courtisans). Han Fei conçoit un prince qui n'est pas nécessairement supérieur en tant qu'homme (hasard de la succession), mais qui, au moyen d'un certain nombre de recettes, s'isole de tous et accède à un niveau abstrait pour devenir le pouvoir; il dirige les hommes par le jeu des récompenses et des châtiments, appliqués froidement. Ainsi, fût-il en lui-même un personnage très quelconque, le souverain se maintiendrait. Il s'agit là d'une théorie très nouvelle en Chine: le pouvoir n'est plus conçu comme une abstraction religieuse, mais comme un phénomène purement humain. Les lettrés comprirent très vite que de telles théories compléteraient utilement le gouvernement humanitaire de Confucius, trop utopique. Ainsi, tout en étant officiellement condamné en tant qu'école, le légisme joua dans l'histoire chinoise un rôle important. Non seulement il fut à la base de la genèse de l'empire, mais encore il resta un élément constitutif prépondérant de la théorie politique chinoise, jusqu'à l'aube du XX e siècle.

L'art
Ce n'est qu'à partir de 1945 que l'on a entrepris de fouiller systématiquement les sites Zhou: ils se sont montrés extrêmement riches, aussi bien pour l'étude de l'art que pour celle de la civilisation archaïque (à Lieouli Ko, une tombe du IVe siècle a livré dix-neuf chars de guerre). Sur le plan de l'art également, la civilisation des Zhou continue celle des Shang.

Les bronzes
La place d'honneur reste au bronze, qui a permis aux artisans de montrer leur habileté à modeler les formes, talent attesté en particulier par les vases zoomorphes (hiboux, tigres, créatures imaginaires). Les très nombreux objets de bronze se répartissent, suivant leurs formes, en catégories correspondant à des emplois rituels précis. La décoration caractéristique des Shang (animaux) se décompose graduellement pour faire place à des motifs géométriques (bandes, cannelures, méandres). Ces derniers surtout tendent à recouvrir toute la surface du vase, dont la forme se fait volontiers exubérante.

A partir du VII e siècle, les formes redeviennent sévères et le décor se fait discret, mais s'enrichit d'incrustations d'or et d'argent. Des archaïsmes voulus attestent déjà le goût du retour à l'ancien. Sous les Royaumes combattants, la production se multiplie et se diversifie, les bronzes n'étant plus seulement des objets rituels, mais traduisant aussi le luxe profane: vaisselle, cloches, ornements de harnais et de chars, manches de couteaux, fibules à décor d'animaux dénotant une influence prononcée de l'art des steppes.

Céramiques et jade
Certaines des plus belles céramiques de la période Zhou sont des copies en terre grise des vases de bronze, mais il se développe également une céramique vernissée plus élaborée que celle des Shang. On trouve enfin des figurines de terre cuite étonnamment vivantes (lutteurs). Le jade (pendentifs, disques solaires, etc.) atteint un degré de perfection inégalé. D'abord réservé aux emplois rituels et funéraires, il devient une source de plaisirs pour les vivants. Le tour de force technique que représentent certaines pièces (chaîne taillée dans la masse) laisse supposer que l'on connaissait déjà le foret et les tours.

Les nombreuses trouvailles archéologiques concourent à désigner la période des Zhou comme l'une des plus riches de l'art chinois, la plus créative en tout cas.
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MessageSujet: Re: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:30

Les Qin
221-206 av. J.-C.


Vers la centralisation de la Chine
La dynastie des Qin est l'une des plus brèves mais aussi l'une des plus importantes dynasties chinoises. Son règne correspond en effet à la mise en place de l'ordre impérial et ouvre la voie à la puissante dynastie des Han.

Vers la fin des Zhou, à l'époque dite des Royaumes combattants, il devint évident que le vieil ordre rituel était tombé en désuétude. Certains des nombreux Etats féodaux adoptèrent alors de nouvelles méthodes de gouvernement. Situé à l'ouest du monde chinois (vallée de la Wei), l'Etat de Qin mit ces méthodes en pratique de façon systématique.

Au cours du IV e siècle, les ducs de Qin procédèrent à la mise sur pied d'une administration centralisée et supprimèrent la féodalité sur leur territoire. Un encadrement très strict de la population et la pratique des monopoles commerciaux leur permirent de rassembler entre leurs mains un pouvoir considérable. Bien équipée, leur armée repoussa les tribus nomades menaçantes vers le nord (328), avant de pénétrer dans le royaume méridional de Tchou (Se Tchouan) en 316, préparant ainsi la prise à revers des principautés orientales.

La mise en place du pouvoir impérial
A la fin du III e siècle, le prince Tcheng prête une oreille attentive aux conseils du philosophe légiste Han Fei Tseu, apôtre du gouvernement autoritaire, et les applique, avant d'entreprendre, en 230, une série de campagnes qui le rendent maître de toute la Chine en 221. Ce n'est qu'après avoir battu ses rivaux que Tcheng proclama l'avènement de la dynastie des Qin, se donnant à lui-même le nom de Qin Shi Huangdi (le premier empereur des Qin).

L'empereur Qin Shi Huangdi
Systématiquement noirci par les historiens chinois, Qin Shi Huangdi reste difficile à cerner. Il semble avoir eu une personnalité peu commune. Dès le début de son règne, il s'attacha à instaurer une véritable mystique du pouvoir, basée sur les théories légistes, et fit bâtir dans sa capitale de Hien Yang la réplique des palais de tous les princes vaincus, répartis selon la disposition géographique des originaux (qui, eux, furent détruits) et reliés entre eux par des galeries fermées où l'empereur pouvait se déplacer à l'insu de tous, s'identifiant ainsi à l'abstraction même du pouvoir. Orgueil démesuré ou dévotion à un idéal, toujours est-il qu'il ne put bientôt plus se résoudre à la nature mortelle du pouvoir qu'il incarnait. Dès lors, il lance expédition sur expédition à la recherche des îles des immortels, et ordonne aux mages de chercher pour lui l'élixir d'immortalité (alchimie taoïste). Atteint de démence mégalomane (c'est du moins ainsi que le peignent les confucianistes), il fait fouetter le sommet des montagnes dont les génies ne lui ont pas apporté satisfaction, et se sentant mourir il ira jusqu'à maudire le ciel. Après sa mort, il fut enterré dans un tombeau à son image, dont le plafond reproduisait la voûte céleste, tandis qu'au sol, sur la carte de l'Empire, des rivières de mercure devaient couler pour l'éternité.

L'unification totale
L'empereur et ses ministres parvinrent en peu d'années à assurer l'unité de la Chine de manière durable (car si elle éclate à leur chute, les Han la referont sans peine).

La réorganisation de l'Empire
Les familles nobles furent désarmées, déportées, leurs fortifications détruites, à l'exception de celles orientées vers le nord, que Qin Shi Huangdi, au prix de travaux immenses, fit relier en une Grande Muraille. L'Empire fut organisé en trente-six commanderies, dotées de lois dures, souvent cruelles. Le peuple est soumis à l'impitoyable loi de la responsabilité collective au sein de la famille. On s'attache à détruire tout particularisme: les monnaies sont unifiées, de même que la largeur des routes, les poids et mesures, l'écriture, qui présentait encore des variantes.

L'agrandissement de l'Empire
Qin Shi Huangdi ne se borne pas à organiser l'Empire, il veut lui donner une nouvelle dimension: ses armées doublent l'espace chinois, soumettant les peuples du Sud jusqu'à la région de Canton, et s'avancent au nord jusqu'aux confins coréens. Ces événements eurent un tel retentissement dans le monde que, pour la première fois, l'Occident eut connaissance du monde chinois (Chine, déformation de Qin, désigne le Pays du Milieu).

Le contrôle de la pensée
Le désir d'unification totale de Qin Shi Huangdi s'étend au savoir et à la morale: en 213, il condamne au bûcher «tous les livres pernicieux qui exaltent le passé au détriment du présent». Une chasse aux écrits s'engage alors dans tout le pays; beaucoup disparaîtront ainsi. A la mort de Qin Shi Huangdi, en 209, son fils lui succéda. Mais déjà le peuple, lassé, s'était soulevé. Les Qin disparurent en 207, pour faire place aux Han, qui sauront faire fructifier leur héritage.

Les fondements de la philosophie politique chinoise
La condamnation systématique des Qin par les lettrés confucianistes, qui leur reprochent au premier chef la destruction des livres et la construction de la Grande Muraille, entreprise qui imposa au peuple de terribles souffrances, ne doit pas masquer leur importance historique. En fait, l'empereur, tel que l'avait défini Qin Shi Huangdi, demeura un modèle et beaucoup de ses méthodes restèrent appliquées (sans que l'on en convînt officiellement). La tendance autoritaire, jointe au gouvernement humanitaire prêché par Confucius, trop utopique par lui-même, lui permit de devenir viable. Ainsi se trouva définie dans ses grandes lignes la philosophie politique qui prévalut en Chine jusqu'à l'aube du XX e siècle.
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MessageSujet: Re: Premières dynasties chinoises   Premières dynasties chinoises EmptyJeu 4 Mai - 15:30

Les Han
206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.


La dynastie des Han est la deuxième et la plus longue dynastie de la Chine impériale, à laquelle elle apporte ses deux principaux éléments: l'espace chinois tel qu'il apparaît encore de nos jours et les fondements du système couramment nommé mandarinat. L'usurpation des Wang Mang permet de distinguer une dynastie des Han antérieurs (206 av. J.-C.-8 apr. J.-C.) et une dynastie des Han postérieurs (25-220 apr. J.-C.).

Le système impérial
L'effondrement des Qin, premiers unificateurs de la Chine, replongeait l'Empire dans le chaos. Un personnage d'une trempe exceptionnelle, Liu Bang, paysan devenu officier, sut éliminer ses rivaux et instaurer un pouvoir fort pour l'Empire reconstitué. Cet homme fruste, qui «gouvernait à cheval», se méfiait des intellectuels (il ne leva pas l'interdiction des classiques) et de ses anciens compagnons de fortune.

Le règne de Han Gaozu
Devenu l'empereur Han Gaozu (202-195), il dut cependant composer, et diviser l'Empire en fiefs, distribués à quelques compagnons, et en circonscriptions (kiun et hien), administrées par le pouvoir central. Malgré une recrudescence d'autorité sous l'impératrice Lu (195-180), veuve de Gaozu, les féodaux seront définitivement évincés sous le règne de Wen-ti (179-157), fils de Gaozu et véritable fondateur du système impérial chinois tel qu'il restera jusqu'au début du XX e siècle.

Désormais centralisé (seuls les membres de la famille impériale pourront recevoir des fiefs), le pouvoir sera encadré par une classe de lettrés fonctionnaires, formés dans des écoles publiques ou privées et recrutés par voie d'examen. Wen-ti rétablit l'étude des classiques. Le confucianisme devint ainsi la doctrine politique officielle. Les examens impériaux ne seront abolis qu'en 1904. Sous le règne de Wen-ti, le rétablissement définitif de la paix permit la remise en marche de l'économie ainsi que de grands défrichements. La population augmenta, tandis que se constituait une classe aisée de commerçants et de propriétaires fonciers.

Le gouvernement des Han
A la tête de l'Etat se trouve l'empereur, assisté de trois conseillers. Le pouvoir de décision leur appartient. L'exécutif est assuré par l'Administration de la cour, qui comprend neuf ministères: ministères des Sacrifices d'Etat, des Ecuries impériales, de la Justice, des Réceptions, des Temples aux ancêtres impériaux, des Finances, de l'Administration du gynécée, de la Garde du palais et enfin du Secrétariat de cour. Ce dernier sera plus tard placé au-dessus des autres ministères, dont il assurera le contrôle. En dehors de l'Administration de la cour se trouvent trois ministères importants: l'Administration de la capitale, l'Intérieur et les Affaires étrangères.

Les limites de l'Empire
Le système impérial était constitué, mais il restait à définir son domaine. L'empereur guerrier Wudi (141-86) fut le premier à adopter une politique active à l'égard des Xiongnou ( Huns), qui, attirés par la prospérité chinoise, avaient formé, au Nord, un Etat puissant. La campagne de 119 permit, en les repoussant, de coloniser les riches terres du Kan Sou.

Au même moment, Tch'ang-kien, envoyé de Wudi, parcourait le «Grand Ouest» et, par une astucieuse politique d'alliances et de divisions, préparait les conquêtes du général Li Kouang-li, qui, en 104 et en 102, porta les armées chinoises jusqu'aux passes du Fergana (Turkestan russe). L'action de Wudi ne se limita pas à l'Ouest: la majeure partie de la Corée fut conquise en 108, tandis que la région de Canton faisait son entrée dans le monde chinois et que la frontière méridionale était repoussée au Viêt-nam, non loin du 17 e parallèle.

La présence d'établissements étrangers (indiens, iraniens) sur le littoral de ces régions mettait, là encore, la Chine en contact avec l'Occident. Ainsi se trouvait délimitée une zone d'influence (Mongolie, Turkestan, Corée, Viêt-nam) sur laquelle les Chinois considéreront qu'ils ont un droit historique. Cette constante est encore valable de nos jours, et l'on peut dire à juste titre que ce sont les Han qui ont fait la Chine.

La fin de la dynastie Han
Les conquêtes de Wudi, si elles avaient instauré la pax sinica, avaient aussi ruiné le pays. Le paupérisme s'installa graduellement, et les intrigues se multiplièrent à la cour.

Le règne de Wang Mang
Une intrigue de cour plaça sur le trône Wang Mang (9-24 apr. J.-C.), qui, prétendant ressusciter le sens authentique des classiques (quelque peu remaniés à l'occasion), promulgua un nombre impressionnant de lois. On a qualifié son régime de dictature socialiste. L'œuvre de Wang Mang a été volontairement défigurée par les historiens confucianistes.

Les Han postérieurs
La famille Liu fut remise sur le trône en 25, mais elle dut faire face à de graves problèmes: les troubles civils qui avaient accompagné l'aventure de Wang Mang portèrent en effet à la population un coup terrible. Le contrôle des colonies devint de plus en plus difficile et, vers la fin du premier siècle, la tendance isolationniste l'emporta.

L'économie du pays se trouvait déséquilibrée par le luxe effréné de la cour, où s'opposaient lettrés et eunuques. Ces derniers, qui avaient l'oreille du souverain, furent directement responsables des exactions qui, à la fin d'un IIe siècle troublé, provoquèrent la révolte des Turbans jaunes (184). L'empire des Han ne devait pas s'en relever. Déchiré par la guerre civile, il éclatait en 220 pour constituer les Trois Royaumes.

Mandarinat et vie intellectuelle
La grande novation des Han fut la constitution de la gentilhommerie des lettrés fonctionnaires, dont l'importance se traduira sur le plan historique aussi bien que culturel. Cette classe, animée d'une éthique ambitieuse et disposant de loisirs, devint une classe créatrice. Les commerçants et les propriétaires fonciers enrichis pouvaient favoriser le développement des techniques (papier, encre) et des arts plastiques.

Le développement du genre historique
Le triomphe du confucianisme, qui, sous les Han, vit en la personne de Tong Tchong-chou (mort en 105 av. J.-C.) un de ses plus brillants philosophes, suscita de nombreux commentaires des classiques, ainsi que le développement considérable du genre historique (les Chinois considéraient l'histoire comme l'outil de base du politicien). Deux ouvrages considérables, mi-historiques, mi-encyclopédiques, furent composés sous les Han: le Che-ki (Mémoires de l'historien) de Sseuma Ts'ien (145-86 av. J.-C.) et l'Histoire des Han, de Pan Kou (32-92 apr. J.-C.).

Les apports extérieurs
Le confucianisme ne s'arrogeait cependant pas le monopole de la vie intellectuelle. Le Houainan-tseu, recueil de discussions libres centrées sur le taoïsme, en est la preuve. Les contacts avec l'Occident contribuèrent, d'autre part, au développement de doctrines influencées par la magie (alchimie, notamment). Venus d'Asie centrale enfin, des moines bouddhistes résidaient dans la capitale et préparaient les succès que leur religion allait bientôt connaître en Chine.

La littérature
Les Han virent la naissance de la littérature en tant qu'art conscient. Un bureau gouvernemental de la musique assura la préservation des chansons rurales, auxquelles les poètes de cour puisèrent. Ce fut également la naissance et l'apogée du fou, poème descriptif en prose, caractérisé par la splendeur de la langue et abondant en descriptions de palais, de paysages et de chasses royales.
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