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 Civilisation de l'Indus

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Blackeu Viking
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MessageSujet: Civilisation de l'Indus   Civilisation de l'Indus EmptyJeu 4 Mai - 15:20

Entre 2400 et 1750 avant J.-C., sur un vaste territoire s'étendant du pied du Tibet à la péninsule du Gujerat, et de la vallée du Gange à la frontière iranienne, brilla une civilisation urbaine, nommée «civilisation de l'Indus» - car elle se développa à partir du bassin du grand fleuve - ou «civilisation harappéenne», d'après le premier site fouillé, Harappa.

Ses villes immenses, telle Mohenjo-Daro, forte de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, attestent l'existence d'une civilisation dont l'organisation, la nature du pouvoir et les valeurs restent aussi énigmatiques que l'écriture.


Préhistoire et civilisation harappéenne


La préhistoire indienne
Le million d'années de préhistoire indienne, dont les principales cultures sont le soanien et le madrasien, semble se caractériser par le conservatisme de ses industries lithiques, dont l'outil de référence est le galet aménagé. Les techniques microlithiques, qui marquent la fin de la préhistoire, apparaissent tardivement et ne se généraliseront qu'au lendemain de la dernière grande glaciation.

Aux marges de l'espace indien, dans le Baloutchistan (site de Mehrgarh), apparaît l'un des premiers foyers mondiaux de développement néolithique. Au cours du VIII e millénaire s'y amorce le passage d'une économie fondée sur la cueillette et la chasse à une économie productrice, comparable à celle des civilisations du Proche-Orient.

Pendant quatre millénaires, les innovations s'y succèdent, conduisant des premières agglomérations en briques crues, des domestications animales (chèvres, moutons, bovins) et des cultures végétales (orge) à un néolithique avec céramique à son apogée vers 6000, puis à l'adoption des techniques des métaux vers 5000. Après 4000, la diversification de l'agriculture autorise la formation d'un réseau d'agglomérations, puis une maîtrise de l'espace qui favorise la colonisation de la vallée de l'Indus vers 3000. Celle-ci devient alors l'une des voies axiales des échanges et le foyer de convergence des cultures régionales.

Parallèlement, les techniques du Baloutchistan ont rayonné en direction du Gange, où elles se sont mêlées aux innovations locales, si bien que les chasseurs-cueilleurs de l'Inde continentale adoptèrent à leur tour des pratiques agricoles.

La civilisation harappéenne
La reconstitution de la civilisation harappéenne s'appuie sur des fouilles menées à partir de 1921 au Pakistan, en Inde et en Afghanistan. Les recherches archéologiques montrent aujourd'hui que cette civilisation fut précédée de cultures locales anciennes. Parmi les difficultés de datation et d'interprétation, l'on se heurte, dans cette région du monde, à la coexistence de stades habituellement distingués selon la chronologie paléohistorique.

La phase harappéenne ancienne
Dès les années 1950, à Kot Diji - tertre situé sur le cours inférieur de l'Indus, face à Mohenjo-Daro (ou Mohenjo-daro), le principal centre avec le site éponyme -, des niveaux archéologiques, datés entre 3370 et 2655, livrèrent quantité d'objets à traits harappéens (poteries, figurines animales en terre cuite, éléments architecturaux). A l'époque, on croyait à une origine allogène de la civilisation de l'Indus; ce matériel ancien fut donc attribué à des migrants venus soit d'Iran, soit de la Turkménie actuelle.

Depuis, de nombreux travaux archéologiques dans le Sind (Amri), le Cholistan (Kalepar et Bhoot), au Rajasthan indien (Kalibangan), au Pendjab (Jalilpur) et au Baloutchistan ont confirmé l'existence d'une phase harappéenne ancienne précédant directement la civilisation harappéenne classique. Cette phase de formation, qui débuta au IV e millénaire et se termina vers 2500, possède aussi ses racines locales.

Mehrgarh, le berceau
A Mehrgarh (Baloutchistan), dans la partie occidentale de ce qui constitua par la suite le cœur de la civilisation de l'Indus, des archéologues français ont mis en évidence une succession d'occupations allant de la fin du VIII e millénaire jusqu'à 2500. Dans cette longue séquence, après les trois premières périodes néolithiques - sans céramique, puis avec céramique -, la phase harappéenne ancienne est représentée au cours des périodes IV, V et VI (les numéros renvoient à des «niveaux» archéologiques correspondant à divers états de culture). L'intérêt des travaux de Mehrgarh est de révéler l'existence d'une économie agricole tout à fait développée vers 6000 avant J.-C.
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MessageSujet: Re: Civilisation de l'Indus   Civilisation de l'Indus EmptyJeu 4 Mai - 15:20

Un urbanisme remarquable


Unique, exemplaire dans le contexte du III e millénaire, l'urbanisme de la civilisation de l'Indus frappe d'abord par son uniformité. A Mohenjo-Daro, à Harappa, à Kalibangan, à Sutkagen Dor comme à Lothal, la cité est conçue en deux zones distinctes: la partie haute, le plus souvent de dimensions réduites, comporte une «citadelle» et des bâtiments publics; l'autre, basse et de plus grande étendue, constitue la ville proprement dite, quadrillée par de larges artères rectilignes se croisant à angle droit et délimitant des blocs réguliers et rectangulaires d'habitations.

Un système d'égouts
Phénomène rarissime dans des cités aussi anciennes, les habitations étaient dotées d'un réseau d'égouts. Dans presque toutes les maisons, une descente d'eaux usées traversait en oblique l'épaisseur des murs et conduisait à un caniveau; les caniveaux desservant une rue débouchaient dans un collecteur correspondant à une voie plus importante. Sur le parcours de ces canalisations en brique et souvent couvertes, des fosses de décantation, plus basses que le niveau de l'égout lui-même, complétaient le dispositif. Dans les impasses et les petites ruelles où cette installation n'existait pas, les eaux évacuées depuis les maisons se déversaient dans des jarres sans fond, enterrées, servant de «puits perdus». A certains carrefours et sur certains axes, ce système hygiénique comprenait aussi des bacs en brique accotés aux murs et prévus pour le dépôt d'ordures.

L'organisation spatiale de l'habitat
A Mohenjo-Daro et à Harappa, l'organisation des habitations variait selon les quartiers; dans les zones résidentielles, les demeures comprenaient plusieurs pièces distribuées autour d'une cour, généralement carrée, dans laquelle était construit un puits en briques trapézoïdales. Elles étaient équipées de latrines et d'une «salle de bains» dallée. Dans le cas, fréquent, où elles comportaient un étage, on accédait à celui-ci par un escalier intérieur. Ailleurs, les habitations, de taille plus réduite, étaient dépourvues de confort.

Le «grand bain» de la ville haute
La ville haute, aussi bien à Mohenjo-Daro qu'à Harappa, reposait sur une énorme plate-forme de briques crues (400 x 200 m pour Mohenjo-Daro) qui, en même temps qu'elle servait de fondation, mettait l'îlot de la citadelle à l'abri des inondations (dont le bassin de l'Indus est encore aujourd'hui le théâtre). Parmi les grands édifices, le «grand bain» inclus dans l'espace de la «citadelle» de Mohenjo-Daro est sans conteste le plus spectaculaire: c'est une piscine rectangulaire (11,70 x 6,90 x 2,40 m) entourée de galeries supportées par des piles carrées. Un escalier aménagé dans chaque petit côté descend dans le bassin de briques jointoyées de bitume. L'eau provenait d'un puits et était évacuée sous une voûte en encorbellement permettant le passage d'un homme. A proximité de cette piscine, au nord, huit cellules étaient disposées de part et d'autre d'une ruelle; leur sol dallé de briques et en plan incliné permet de penser qu'elles servaient de salles de douche.

Des entrepôts ventilés
A Harappa, un ensemble de murets parallèles et de même hauteur forme un bloc rectangulaire séparé en deux par une allée centrale; les archéologues, unanimes, y voient un soubassement qui devait servir de système de ventilation à des entrepôts ou à des greniers. L'usage de ces entrepôts pour le stockage des céréales est confirmé par la proximité de plusieurs plates-formes circulaires, en briques cuites posées sur chant, creusées en leur centre d'une cavité destinée à recevoir un mortier de bois où l'on écrasait le grain. A l'emplacement de ces mortiers, on a retrouvé des restes de paille et de balle et, dans certains cas, des grains, carbonisés, d'orge et de blé.

De nombreux archéologues attribuent une même fonction d'entrepôts ou de greniers à un ensemble de plates-formes dans la citadelle de Mohenjo-Daro. Dans cette cité, entre autres bâtiments importants, nous pouvons aussi mentionner la «salle d'assemblée» et le «collège sacerdotal»; le premier, divisé en cinq nefs de quatre rangées de cinq piliers, s'apparente, par son plan, à l'apadana achéménide; le second, dont les murs extérieurs atteignent 1,20 m d'épaisseur, reste de destination incertaine.

Un matériau de base: la brique
La pierre étant rare dans la vallée alluviale, les Harappéens utilisèrent la brique crue pour les superstructures et la brique cuite pour les fondations, les puits, les canalisations, les salles d'eau et les constructions bordant des pentes. La qualité de l'appareillage en brique laisse penser qu'ils savaient mesurer la verticalité et l'horizontalité, au moyen du fil à plomb et du niveau à eau. Les toits, généralement plats, étaient supportés par des poutres de faible portée (4 m au plus) faites dans du bois de deodar (cèdre de l'Himalaya) ou de sisso (arbre du Sind).
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MessageSujet: Re: Civilisation de l'Indus   Civilisation de l'Indus EmptyJeu 4 Mai - 15:21

L'économie


L'agriculture
Comme celles de Mésopotamie ( Babylone, Assyrie, etc), ou d' Egypte, la civilisation de l'Indus vécut avant tout de l'agriculture. D'après des études paléobotaniques, les Harappéens cultivaient le blé, l'orge, le sésame et les pois. Des empreintes relevées sur des poteries semblent témoigner de la culture du coton. La plupart des animaux domestiques de l'Inde moderne (zébu, buffle, chèvre, mouton, porc, chien et volailles) étaient présents à cette époque.

Ce complexe agropastoral assura aux cités de l'Indus une prospérité indéniable. Toutefois, l'économie reposait aussi sur les activités commerciales. Dans les ruines des cités exhumées, on a reconnu les vestiges de boutiques et d'entrepôts, et identifié comme poids des milliers de petits cubes polis en calcaire, stéatite, calcédoine et autres pierres.

Le commerce
Avec les pays de l'Ouest
Le commerce à longue distance tint une part importante. Les Harappéens importèrent du cuivre, de l'étain, de l'argent, des lapis-lazuli, des turquoises, du jade, des amazonites et bien d'autres matériaux. La quête d'un accès aux ressources minérales explique vraisemblablement la grande extension de cette civilisation; c'est évident dans le cas de la colonie harappéenne de Shortugaï. Fondée vers 2200 avant J.-C., à plus de 1500 km de la vallée de l'Indus, elle assurait l'approvisionnement des métropoles harappéennes en lapis-lazuli de la haute Kokcha (nord-est de l'Afghanistan); c'est probable dans le cas de Lothal (province de Gujerat), où, à proximité d'une zone d'entrepôts, un grand bassin rectangulaire pourrait avoir servi au mouillage des bateaux de commerce. De même peuvent être interprétés comme des ports harappéens les sites des anciens rivages de la mer d'Oman tels que Sutkagen Dor, Sotka-Koh et Bala-Kot; la fondation de ces avant-postes répondait à une stratégie harappéenne d'échanges et de commerce avec les pays de l'Ouest.

Avec l'Orient
Les archives sumériennes de l'époque de Sargon d' Akkad (vers 2350) mentionnent l'existence de relations commerciales avec les pays orientaux de Dilmoun (sur la côte arabe du golfe Persique, aujourd'hui dans le Qatar), de Makkan (péninsule d'Oman et Carmanie, près du détroit d'Ormuz) et de la vallée de l'Indus. Des sceaux de facture ou d'inspiration harappéennes, trouvés sur des sites du Proche-Orient, des bijoux sumériens mis au jour à Mohenjo-Daro témoignent également de ces relations de commerce entre Sumer et l'Indus. Ces courants commerciaux est-ouest ont été récemment confirmés par de nouvelles découvertes; ainsi, sur le site de Ras al-Djunayz (sultanat d'Oman), une équipe franco-italienne a exhumé des objets harappéens (poteries peintes, peigne en ivoire, sceau en cuivre et un tesson portant quatre signes de l'écriture de l'Indus) attestant l'existence de liens maritimes entre la civilisation harappéenne et celle de Dilmoun. Les Harappéens, comme en témoignent deux représentations, l'une sur sceau, l'autre sur empreinte d'argile, savaient construire des bateaux, qu'ils utilisaient pour la navigation fluviale et maritime.
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MessageSujet: Re: Civilisation de l'Indus   Civilisation de l'Indus EmptyJeu 4 Mai - 15:21

La société


Le politique et le religieux
Si les fouilles du Proche-Orient nous ont livré de grands monuments à la gloire des dieux et des hommes, de très nombreux éléments d'iconographie religieuse, ainsi que de riches tombes, aucun bâtiment ne peut être identifié comme un temple ou un palais et aucun mobilier funéraire n'est suffisamment riche pour indiquer l'existence d'élites. A ce jour, les sites harappéens n'ont guère fourni d'éléments qui puissent nous renseigner sur l'organisation politique. Certains auteurs interprètent l'uniformité et le haut niveau technique des produits de l'artisanat comme le signe d'un pouvoir autoritaire et centralisateur, mais cette conception est aujourd'hui battue en brèche par les données de l'archéologie.

L'écriture
Plus que les scellements en argile, les plaques de cuivre, les amulettes en terre cuite ou en faïence, les baguettes en ivoire ou en os, ce sont les sceaux-cachets qui fournissent l'essentiel des inscriptions de l'Indus. On compte près de 2'200 sceaux épigraphiés provenant de Mohenjo-Daro, de Harappa, de Lothal, de Kalibangan, de Chanhu-Daro et d'autres sites du Proche-Orient. Ces brèves inscriptions (comprenant en moyenne 5 caractères) ont permis d'inventorier plus de 400 signes. Ce nombre exclut a priori la possibilité d'une écriture alphabétique, ou même syllabique. Malgré des tentatives répétées de déchiffrement, l'écriture de l'Indus demeure énigmatique et on ignore même à quelle langue la rattacher.

L'hypothèse la faisant dériver de l'écriture sumérienne primitive et celle qui lui reconnaissait des affinités avec le dravidien du sud de l'Inde semblent aujourd'hui rejetées par la majorité des spécialistes. Les récentes tentatives pour rattacher cette écriture à des marques peintes ou incisées sur des céramiques du Baloutchistan et de l'Indus, au IV e millénaire et dans la première moitié du III e millénaire, sont elles aussi restées infructueuses.

L'artisanat
Bien qu'importante, l'uniformité de la culture matérielle harappéenne n'empêcha pas le développement de traits locaux. Les récentes recherches font en effet apparaître des éléments de diversité aussi bien dans la production céramique que dans les pratiques funéraires. Celles-ci, par exemple, ne sont pas les mêmes à Kalibangan qu'à Harappa. D'autre part, Mohenjo-Daro a livré des milliers de figurines humaines en terre cuite alors que Lothal en est totalement dépourvu.

Des mesures communes
Artisans et commerçants de l'Indus usaient d'étalons communs. Les poids sont le plus souvent des cubes, mais il en existe qui sont sphériques, cylindriques ou coniques. Ils sont taillés et polis dans des pierres diverses, silex - pour les plus précis -, stéatite, calcaire, calcédoine. La gamme des poids allie système binaire et système décimal. L'unité de poids de 13,625 g est divisée en une série de sous-multiples (1/2, 1/4, 1/6, 1/8 et 1/16); la série des multiples est obtenue par des multiplicateurs pairs (allant de 2 à 800, en passant par 4, 10, 20, 40, 100...). Pour les longueurs, les Harappéens utilisèrent simultanément le pied (entre 33,02 et 33,52 cm) et la coudée (51,56 à 52,83 cm).

Spécialisation des artisans
La large diffusion des techniques et des styles sur un vaste territoire témoigne simplement de l'existence d'une standardisation et d'une spécialisation de l'artisanat. Les représentations de la statuaire, qui, en Mésopotamie, fournissent des renseignements de nature religieuse, sont ici d'interprétation délicate; ainsi, une petite statuette en stéatite blanche représentant un personnage barbu, la tête ceinte d'un bandeau et une épaule couverte d'un «châle», a été nommée le «roi prêtre» de Mohenjo-Daro, mais rien ne peut attester qu'il s'agisse effectivement d'un tel personnage. Malgré tout, quelques objets taillés dans la pierre offrent un caractère religieux. Parmi eux, un personnage portant une coiffure cornue et assis dans la position de méditation des yogi évoque des traits que l'on retrouvera chez Çiva, l'un des dieux de la trinité hindoue; d'autres, mettant en scène des animaux, tel le remarquable unicorne, semblent être de nature mythologique.

La céramique
Parmi les produits de la culture matérielle harappéenne, la céramique est celui qui a laissé le plus de traces. Dans la multitude de récipients utilitaires et le plus souvent sans décor, trois types peuvent être considérés comme des classiques harappéens: le «support d'offrandes», la «faisselle» et le «gobelet de l'Indus». Le premier est un plat sur pied, de hauteur et d'épaisseur variables, que les archéologues appellent offering stand, ou compotier. Le deuxième est un récipient approximativement cylindrique, légèrement renflé à la base; celle-ci est plate et percée en son centre. Les parois, à l'exception de la partie supérieure proche de l'ouverture, portent des perforations. Cet objet - jadis considéré comme un brûleur d'encens ou comme un brasero - pourrait, selon certains archéologues, être une faisselle. Enfin, le «gobelet», qui paraît d'usage aussi incertain; c'est un vase ovoïde à panse pointue qu'on trouve surtout dans les niveaux moyens et tardifs des sites harappéens classiques.

Outre ces poteries communes, les artisans de l'Indus produisaient une céramique peinte, remarquable par la qualité de son ornementation. Sa pâte rosée est recouverte d'un engobe rouge lustré sur lequel s'inscrivent des motifs peints en noir. La décoration, généralement dense, disposée en zones, allie les motifs géométriques (rectangles, damiers, triangles, cercles sécants) et figuratifs (arbres, tel le pipal dont seule la feuille est représentée, oiseaux, quadrupèdes, poissons, crocodiles). Il existe également quelques spécimens à décor polychrome combinant le noir, le rouge, le vert et le jaune sur fond clair.

Autres matériaux
Le cuivre et le bronze furent utilisés pour la fabrication d'armes (lames et haches sans collet d'emmanchement) et d'objets aussi divers que des miroirs, des rasoirs, des pots à fard, des récipients et de petites figurines, dont la gracile Danseuse de Mohenjo-Daro. L'or, l'ivoire et les pierres semi-précieuses furent employés pour les parures. Les Harappéens réalisèrent, par exemple, des perles de cornaline qu'ils décoraient par trempage dans des solutions alcalines.

Les parures
Les Harappéens accordaient une grande importance à la parure. Les nombreuses statuettes féminines de Mohenjo-Daro et de Harappa étaient généralement parées de colliers, de pendentifs, de bagues et de bracelets. Les bijoux harappéens sont faits dans des matières diverses (céramique, pierres semi-précieuses, or, argent, cuivre, coquillages marins, stéatite et faïence). Dans ce domaine, l'artisanat harappéen repose sur une tradition remontant au néolithique. Le travail du coquillage marin, celui des pierres semi-précieuses (lapis-lazuli et turquoises) sont attestés à Mehrgarh dès le VII e millénaire. Au chalcolithique, à Mehrgarh, en même temps que fut utilisée la stéatite et qu'apparut le travail de l'or, les lapidaires perfectionnèrent les techniques de taille des pierres en employant de nouveaux outils (petits forets en jaspe vert, phtanite - et tour à archet). A ces techniques, les Harappéens en ajoutèrent de nouvelles - faïence, glaçures et décoration des perles par solution alcaline -, ce qui permit la création de bijoux combinant de façon originale des éléments divers.
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MessageSujet: Re: Civilisation de l'Indus   Civilisation de l'Indus EmptyJeu 4 Mai - 15:22

Des changements fatals


Fragmentation d'une civilisation
La civilisation de l'Indus s'éteignit vers 1750. Contrairement à une idée longtemps soutenue, sa fin ne fut ni brutale ni dramatique. Les hypothèses incriminant des invasions massives en provenance de l'Asie centrale - précédant celle des Aryens - ou des catastrophes naturelles (inondations, épuisement du sol, mouvements tectoniques) semblent aujourd'hui peu fondées. De récents travaux archéologiques tendent à prouver que la disparition de cette civilisation fut consécutive à des transformations culturelles commencées vers la fin du IIIe millénaire. Dès cette époque, l'uniformité culturelle harappéenne céda la place à une régionalisation qui aboutit à l'apparition d'entités distinctes les unes des autres: culture de Mehrgarh VIII au Baloutchistan, cultures harappéennes tardives du Gujerat, de Mohenjo-Daro, de Harappa et celles du nord-ouest de l'Inde.

Ce fractionnement - facilité par l'extension de la civilisation de l'Indus sur un territoire plus vaste que celui de Sumer et de l' Egypte réunis - s'accompagna d'un phénomène de transculturation dont témoignent les récentes découvertes archéologiques faites à Mehrgarh VIII, à Sibri et à Quetta, dans le Baloutchistan. La présence sur ces sites - en quantité importante - de matériel archéologique typique de la Bactriane de l'âge du bronze indique que les Harappéens adoptèrent des traditions culturelles venues de l'Asie centrale méridionale.

Mutations du système agraire
En outre, on sait, depuis la fouille de Pirak - site baloutche occupé de 1800 à 700 avant J.-C. -, que le début du II e millénaire correspondit dans le système de l'Indus à de notables transformations de l'agriculture; aux céréales d'hiver (blé, orge), cultivées depuis le néolithique, vinrent s'ajouter des espèces estivales (riz, millet et sorgho). Cet élargissement des assises de l'économie agricole, par la mise en place d'un système de double récolte annuelle, s'accompagna aussi de l'apparition du cheval, du chameau et de l'âne, espèces probablement introduites depuis la Bactriane. Ces bouleversements achevèrent de déstabiliser les villes de l'Indus. Celles-ci, désormais inadaptées aux nouvelles conditions économiques, périclitèrent et firent place à des agglomérations à caractère rural prononcé.
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