Peuple indo-aryen de l'ancien Iran, les Mèdes apparaissent pour la première fois sous le nom de Mada en 836 av. J.-C., dans les annales du roi assyrien Salmanasar III. D'après les sources assyriennes, les Mèdes semblent avoir occupé les territoires situés à l'est des montagnes de l'Alvand, qui s'étendent dans l'ouest de l'Iran, vers l'actuelle région de Téhéran-Qazvin.
Leur histoire est étroitement liée à celle d'autres tribus du nord de l'Iran, notamment les Perses installés près du lac Ourmia, les Manéens dans les montagnes de Zagros, et les Ellipis dans le Dasht Mahi. Peuple le plus «lointain» connu des Assyriens, les Mèdes ne commencent à représenter une menace pour ceux-ci qu'en 674 av. J.-C., sous le règne d'Assarhaddon (Assour-aha-iddin, 680-669).
Le royaume des Mèdes
La fondation de l'Empire mède
On ne peut proposer qu'un schéma approximatif de l'histoire intérieure des Mèdes pendant leur unification politique, au VII e siècle av. J.-C. Lors d'une bataille livrée sur le front oriental de l' Assyrie, le roi Sargon II vainc Daiaukku, chef mède assez puissant pour mériter l'exil en Syrie. Il s'agit sans doute de ce Déiocès dont parle Hérodote, unificateur des tribus mèdes et fondateur d'Ecbatane. En affaiblissant leurs voisins, les Manéens et les Ourartéens (dans la région du lac de Van), Sargon a sans doute ouvert la voie à une expansion des Mèdes vers l'ouest. Son successeur, Sennachérib (Sin-ahhe-eriba, qui règne de 705 à 681), reçoit l'hommage des Mèdes qui, de leur côté, cherchent à traiter avec Assarhaddon (Assour-aha-iddin, qui règne de 680 à 669). En réalité, ce dernier craint les Mèdes, et particulièrement leur chef Kashtariti (probablement la version akkadienne du titre iranien khshathrita, «roi»), mentionné dans les textes assyriens et qu'Hérodote appelle Phraortès; Kashtariti/Phraortès, qui semble être à l'origine de la fondation du royaume mède avec l'aide des Cimmériens, réunit les Mèdes et les Manéens vers 670.
C'est pourtant au fils de Phraortès, Cyaxare (persan: Ouvakhshatra), qu'Hérodote attribue la fondation de l'Empire mède. Avec ses alliés babyloniens, Cyaxare met fin au pouvoir des Assyriens en Mésopotamie en détruisant Ninive, leur capitale, en 612. Alors que d'anciens territoires assyriens tombent sous le contrôle babylonien, il occupe l'Ourartou en Arménie et conclut une alliance avec Alyatte, le souverain du puissant royaume de Lydie. Il est probable que les Mèdes ont dû repousser l'expansion méridionale des Scythes, infiltrés en Ourartou.
Cyrus et Darius
Pendant le long règne d'Astyage (585-550), qui a succédé à Cyaxare, les territoires mèdes demeurent inchangés. Entre-temps, les tribus perses se sont déplacées vers le sud et ont fondé un royaume dans la province du Fars (avec Pasargades puis Persépolis comme capitales) et dans le Anzan (Tall-i Malyan), dont les premiers souverains, d'origine achéménide, règnent sous le titre de «rois d'Anzan et de Suse». Cyrus le Grand parvient à établir la suprématie des Perses du sud sur les Mèdes en infligeant une défaite à Alyatte et en épousant une princesse de la famille royale mède. Pour les Grecs, les deux familles royales semblent si étroitement mêlées que Cyrus lui-même est connu comme «Cyrus le Mède» et les Perses comme «les Mèdes».
Après avoir pris le contrôle du cœur des territoires mèdes, Cyrus s'empare de la Parthie et de l'Hyrcanie à l'est, étendant ainsi les conquêtes des Perses. Si la Médie est une satrapie de l'Empire perse, son importance réelle est décelable dans les inscriptions de Darius I, deuxième successeur de Cyrus, trouvées à Béhistoun. D'après ces textes, un deuxième Phraortès (persan: Fravartish) semble s'être rallié aux Mèdes contre la souveraineté de Darius.
Les arts et la religion
Des vestiges de l'architecture et de la poterie mèdes des VII e et VI e siècles ont été mis au jour à Godin Tepe (au Kurdistan) et à Yorgan Tepe (site de Nouzi, près de Malayer). Sur ces deux sites, des pièces à colonnes annoncent l'architecture achéménide ultérieure.
Certains serviteurs identifiés sur les reliefs sculptés de Persépolis semblent être des Mèdes. Vêtus de caftans courts sur des pantalons (à la façon des Scythes), ils portent des bonnets pointus et parfois des manteaux doublés de fourrure. Ces vêtements sont différents de ceux des Perses et des robes larges et amples portées dans le Sud; ils ont pu être identifiés grâce à des vestiges de monuments, des objets précieux provenant du trésor de l'Oxus et un rhyton en argent trouvé dans le sud de l'Ukraine.
Hérodote distinguait six tribus chez les Mèdes: les Busae, les Paretaceni, les Struchates, les Arizanti, les Budii et les Magi. Les Magi (nom qui a donné «mage» en français) sont les seuls dont l'existence soit attestée par une preuve écrite, et semblent avoir constitué une caste sacerdotale davantage qu'une tribu. Dans l'Empire perse, la conduite précise des rites religieux, quels qu'ils aient été, semble avoir relevé du domaine des Magi. Les fouilles de Nouzi ainsi que des reliefs sculptés ont révélé que le sacrifice animal et le culte du feu faisaient partie du rituel mède, mais il est probable que les Mèdes ont été attachés au dualisme religieux du zoroastrisme.