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| Colonisation - Indépendance - Tiers-monde | |
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Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:38 | |
| La France au Maroc oriental El Merada. Marocains morts au combat (16 mars 1912) La formation des empires coloniaux (1881-1898) La période qui commence en 1881-1898, et qui va se poursuivre jusqu'en 1914, est marquée par l'expansion coloniale des grandes puissances européennes, qui va aboutir à une sorte "d'européanisation" du monde. Après avoir achevé, durant la première moitié du XIX e siècle, de soumettre l'Inde à sa domination, la Grande-Bretagne a pris possession de vastes territoires en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique. Cette expansion va se tourner désormais vers l'Egypte, l'Afrique australe et l'Afrique orientale. La France, qui a commencé à reconstituer son empire colonial en conquérant l' Algérie, soumet maintenant à son protectorat la Tunisie, puis, après s'être emparée des pays de la côte occidentale de l'Afrique et du golfe de Guinée, se tourne vers Madagascar et l'Indochine. Cette période est également marquée par l'entrée en lice de nouvelles puissances coloniales : l'Allemagne, dont l'activité s'étend en Océanie (Nouvelle-Guinée, Samoa, îles Marshall) et en Afrique (Togo, Cameroun, Afrique orientale) ; la Belgique, dont le souverain, Léopold II, crée l'Etat du Congo, sa possession personnelle ; l'Italie, dont l'activité coloniale se manifeste d'abord en Somalie et en Erythrée, avant de se tourner vers la Libye. La décolonisation (1945-1962) La décolonisation opérée après la Seconde Guerre mondiale a revêtu le plus souvent les aspects d'un affrontement entre les nationalismes indigènes et les impérialismes blancs. Elle a emprunté plusieurs formes. Tantôt elle s'est faite par la voie de négociations (émancipation des Indes britanniques en 1947, et des colonies françaises d'Afrique noire à partir de 1958), tantôt elle a été le résultat de guerres de libération nationale (Indochine, Algérie, Angola, Mozambique). Dans la plupart des cas, elle a entraîné le départ massif des nationaux de l'ancienne métropole et la confiscation de leurs biens. Certains pays indépendants ont conservé des liens avec leurs anciennes métropoles et ont cherché à s'intégrer dans l'économie de marché ; d'autres se sont orientés vers une économie dirigée et la nationalisation des moyens de production agricoles et industriels. Le tiers-monde Entré dans le vocabulaire courant, le terme «tiers-monde», désignant l'ensemble des pays pauvres, à l'exclusion de tout élément de l'ancien bloc soviétique, s'est banalisé sous forme d'une image aux contours flous. Il s'accompagne de diverses notions – pays «sous-développés» ou «en voie de développement», «pays du Sud» –, souvent considérées comme synonymes. Un débat sur le «tiers-mondisme», très vif en France à la fin des années 1980, portait sur l'existence même du tiers-monde, alors que nul ne niait qu'il existât des inégalités de développement. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:39 | |
| Les coloniesLa reddition du général britannique Cornwallis lors du siège de Yorktown en 1781. Depuis l'Antiquité, le mot «colonie» a connu des emplois très différents. Il peut désigner un territoire placé sous la dépendance d'un État étranger ou une communauté homogène dans ses caractéristiques et son déplacement vers des lieux qui diffèrent de son implantation d'origine. Ainsi on parle de colonies de fourmis ou de termites, d'enfants en vacances, de légionnaires romains dans l'Empire, des Bretons ou des Limousins à Paris, des Irlandais aux Etats-Unis. Colonies et cultivateurs A l'origine, la notion de colonie est fortement liée à celle de propriété du sol. Au VIe siècle, Isidore de Séville définit le mot comme «ce qui est occupé par de nouveaux cultivateurs par défaut d'indigènes», et il relie directement le mot à la culture de la terre. L'ambiguïté du mot, dans des emplois si divers, se retrouve jusqu'au XIXe siècle. On envoie encore, à cette époque, vers des terres à exploiter des groupes humains plus ou moins consentants, par exemple des condamnés ; les peuplements de l'Australie, de la Nouvelle-Calédonie et de la Guyane procèdent, pour une part, de telles décisions. Les colonies de peuplement ont parfois occupé des espaces vides : c'est le cas de l'Islande au Xe siècle, des îles Maurice et de la Réunion après le XVe siècle. Les colonies de peuplement D'innombrables exemples de colonies allogènes, incrustées dans des populations préexistantes, sont présents dans l'histoire de tous les continents. Le plus célèbre est évidemment celui des treize colonies anglo-saxonnes – base des futurs Etats-Unis – de traditions religieuses souvent opposées, dont la population, essentiellement originaire d'Angleterre, s'implante sur des terres déjà occupées ; mais les vrais Américains ne sont-ils pas ces groupes qui se sont installés, il y a environ 30’000 ans, dans les différentes régions des Amériques et que nous appelons, depuis 1492, les Indiens? Les peuplements européens À l'exception des Espagnols, les Européens ont recherché des climats comparables à ceux de l'Europe, excluant les climats tropicaux. En Australie, en Nouvelle-Zélande, le peuplement est lent ; il est spectaculaire entre la côte orientale de l'Amérique, le fleuve Saint-Laurent et les Appalaches, et il est marqué par de vifs affrontements entre Anglais et Français, affrontements auxquels sont associés de gré ou de force les groupes indiens. En 1763, les Britanniques arrachent le Canada aux Français, qui prennent leur revanche en soutenant la révolte des treize colonies, unies dans la guerre contre la Couronne britannique. L'événement est d'importance puisque la déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 marque de manière irréversible le droit à la révolte d'une colonie contre la gestion abusive d'une métropole. À peu d'exceptions près, les Français ne seront plus présents en Amérique continentale : ils avaient, aux XVIIe et XVIIIe siècles, constitué au-delà du Mississippi un immense territoire, la Louisiane, qui barrait l'expansion éventuelle vers l'ouest des treize colonies : Bonaparte le vend à l'Union en 1803. La colonisation russe Les Russes ont vécu longtemps sous la menace de dominations asiatiques ; depuis le XVe siècle, ils ont commencé la colonisation méthodique des immenses territoires de la Sibérie, connus de longue date par les chasseurs de fourrures. Cette colonisation arrive à son point culminant à la fin du XVIIIe siècle. L'évolution des communautés On peut aussi évoquer l'exemple des Chinois, qui comptent dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique de fortes colonies d'hommes ; cependant, l'implantation de ces groupes ne relève d'aucun plan de colonisation ; elle s'inscrit plutôt dans le cadre des diasporas, où la dispersion des groupes est compensée par une culture ou une religion fortes, qui leur permettent de garder une cohésion : celles des Juifs, des Noirs d'Amérique, des Vietnamiens réfugiés dans plusieurs pays du monde. Ces colonies gardent un lien privilégié – culturel, linguistique, religieux ou d'intérêt – avec la métropole qu'elles ont quittée ; lorsque s'estompe ou disparaît ce lien, la colonie donne naissance à un nouveau peuple, qui adopte de nouvelles valeurs ; c'est le cas, par exemple, des communautés de protestants néerlandais, et parfois français, en Afrique méridionale ; ils sont devenus les Boers – paysans – pour les Britanniques, Afrikaners pour eux-mêmes ; et, s'ils gardent quelques liens religieux ou idéologiques avec leurs métropoles et des pans entiers de la langue, ils ne sont plus ni néerlandais, ni français. Une terre conquise Une colonie est un territoire placé sous la dépendance d'un Etat étranger, à la suite d'une conquête militaire ou d'une occupation pacifique, et qui perd de ce fait toute personnalité juridique sur le plan international, au bénéfice de la métropole qui prend en charge son destin politique et son administration. De nos jours, la quasi-totalité des anciennes colonies ont conquis leur indépendance, soit à la suite d'une guerre de libération (comme ce fut le cas, par exemple, pour l'Indochine, l'Algérie, l'Angola, etc), soit par un processus d'autodétermination. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:41 | |
| Les empires coloniauxLes pays colonisateurs en 1914 Les grandes découvertes, manifestation de l'hégémonie technique de l'Europe occidentale, eurent notamment pour conséquence la constitution relativement rapide de vastes empires coloniaux de peuplement ou d'exploitation. Puis, du XVIIe au XIXe siècle, les différentes puissances expansionnistes, tout en continuant leurs conquêtes, se disputèrent certains territoires et s'affrontèrent en de durs conflits, dont plusieurs revêtirent un caractère mondial. Dès la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, maintes colonies de peuplement rompirent avec leur métropole et devinrent indépendantes (Etats-Unis, républiques d'Amérique latine). Diverses provinces ottomanes emboîtèrent le pas: Grèce, Serbie, Bulgarie, Moldavie. À la fin du XIXe siècle, les grands États européens se partagèrent pratiquement le reste du monde, particulièrement l'Afrique (conférence de Berlin, 1884-1885). Cependant, la lutte sans merci des puissances colonisatrices au cours de la Première et surtout de la Seconde Guerre mondiale aboutit à un effondrement de leur prestige et de leur puissance. Saignées à blanc, elles ne furent plus en mesure de fournir à leurs territoires d'outre-mer les capitaux et les cadres dont l'abondance font d'un Etat puissant une métropole. Entre-temps, les idées proclamées par les fondateurs des Etats-Unis et les protagonistes de la Révolution française avaient d'ailleurs fait leur chemin. L'hostilité des populations indigènes, qui n'avait jamais complètement cessé, connut un réveil spectaculaire : en une trentaine d'années, il amena la fin des empires coloniaux. L'Empire portugais L'Empire portugais présenta tout d'abord le caractère d'une chaîne de comptoirs ou d'établissements situés dans des îles ou sur des côtes où l'on pouvait s'approvisionner en épices, en bois précieux, en esclaves ou en produits divers ; il apparaît aussi comme une chaîne d'escales. Ainsi furent créées les bases de Guinée, de Goa, de Ceylan, de Macao, etc. Puis les Portugais pénétrèrent à l'intérieur de l'Afrique et de l'Amérique et s'assurèrent la domination de vastes territoires (Brésil, Angola, Mozambique) dans lesquels ils aménagèrent de nombreuses plantations. Le Brésil devint indépendant en 1822, mais l'Empire portugais n'a pris fin, avec l'indépendance des territoires africains, qu'en 1975. L'Empire espagnol L'Empire espagnol présenta, d'emblée, un caractère très différent : il eut, sur la carte, une certaine consistance territoriale. Les Espagnols s'assurèrent la domination de toute l'Amérique du Sud (à l'exception du Brésil), de presque toute l'Amérique centrale, de la majorité des Antilles, ainsi que de certaines parties de l'Amérique du Nord (Californie, Floride). Dès le XVIe siècle, ils avaient conquis les îles Philippines. Dans leur quasi-totalité, les colonies espagnoles d'Amérique acquirent leur indépendance à la suite de la guerre de 1810 à 1826, au lendemain de la Révolution française et de l'occupation de la métropole par les armées de Napoléon. Cuba et les Philippines ne furent détachées de celle-ci qu'en 1898, et le Maroc espagnol, le Rio de Oro et la Guinée espagnole ne le furent qu'après le second conflit mondial. L'Empire néerlandais L'Empire néerlandais exprima, au XVIIe siècle, la puissance commerciale et maritime de la république des Provinces-Unies. Il présentait à ses débuts, comme l'Empire portugais, l'aspect d'une chaîne de comptoirs et d'escales, tels le cap de Bonne-Espérance et Ceylan. Dès 1595, les Hollandais avaient touché l'Insulinde, mais ils étaient plus soucieux de commerce que de colonisation. En 1619, ils fondèrent Batavia et réussirent à étendre leur domination, aux dépens des Portugais, sur l'Insulinde et sur la Malaisie péninsulaire. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, ces établissements furent gouvernés par la Compagnie générale des Indes orientales, dont l'administration cupide suscita des révoltes d'indigènes et les récriminations des colons. Après avoir fait banqueroute, elle dut céder tous ses droits au gouvernement néerlandais. Au XIXe siècle, après avoir réprimé une révolte des princes indigènes de Java, le gouverneur général Van den Bosch établit le système des «cultures forcées», en vertu duquel un cinquième du sol devait être cultivé exclusivement en produits réclamés par le marché européen: café, tabac, sucre, cannelle, thé, poivre, indigo. Ce système constitue sans doute l'exemple le plus caractéristique d'une économie coloniale de plantation, fondée sur l'autorité du colonisateur. Enrichissant la Hollande, mais réduisant les indigènes à la famine et à la servitude, il dut être abandonné. La mise en valeur du pays fut d'ailleurs inégalement poursuivie selon les régions: très poussée à Java, elle était à peine commencée à Sumatra et à Bornéo - sauf en ce qui concerne l'exploitation du sous-sol, en particulier des hydrocarbures - lorsque commença la Seconde Guerre mondiale. La conquête japonaise (1942) ouvrit la voie à l'indépendance, qui fut acquise pour l'Indonésie en fait dès 1945, en droit en 1949 et en 1954. La Nouvelle-Guinée fut remise à l'Indonésie en 1963. La Guyane hollandaise devint indépendante sous le nom de Surinam en 1975. Les empires français Il y eut successivement deux empires coloniaux français. Le premier, constitué à partir de la découverte du Canada (1535), sans l'appui de l'opinion publique, comprit au XVIIe siècle, au moins nominalement, une large part de l'Amérique du Nord, depuis la vallée du Saint-Laurent jusqu'à la Louisiane, ainsi que plusieurs îles à sucre (Saint-Domingue, l'île Bourbon, puis l'île de France) et, au XVIIIe siècle, d'importantes positions commerciales et politiques dans l'Inde. La majeure partie de cet empire fut perdue au XVIIIe siècle, à la suite d'un long duel avec la Grande-Bretagne. La victoire de cette dernière fut consacrée par le traité de Paris (1763). Un second empire fut peu à peu constitué à partir de la prise d'Alger (1830). Tous les régimes contribuèrent à son édification et à sa mise en valeur. Il comprit, à titres divers, les trois pays du Maghreb, la majeure partie du Sahara, une large part de l'Afrique noire, la Somalie française, les Comores, Madagascar, la Réunion, les cinq comptoirs de l'Inde, les cinq pays de l'Indochine, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie. Il fut encore accru, en 1919, de plusieurs territoires accordés à titre de mandats par la SDN: la majeure partie du Togo et du Cameroun, le Liban, la Syrie. En dépit de l'existence de divers groupements nationalistes, surtout en Afrique du Nord et en Indochine, l'Empire présentait en 1939 un ensemble solide. De fait, ses populations demeurèrent fidèles à la France au cours des heures les plus difficiles de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut en 1945 qu'éclatèrent de graves mouvements insurrectionnels (à Sétif en Algérie, en Indochine). Le domaine d'outre-mer ne put résister au mouvement général de décolonisation. Il n'en subsiste plus aujourd'hui que des vestiges: Saint-Pierre-et-Miquelon, l'île de la Réunion, les Antilles (la Martinique et la Guadeloupe), la Guyane (DOM), l'île de Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie (TOM). L'Empire britannique L'Empire britannique fut constitué, comme le premier Empire français, avec quelque retard par rapport à ceux du Portugal et de l'Espagne. Aussi fit-il, en ses débuts, figure moins brillante. Il ne comprit d'abord que quelques établissements d'agriculteurs, de chasseurs et de pêcheurs sur les côtes de l'Amérique du Nord, qui devinrent les «treize colonies»; plusieurs Antilles, dont la Jamaïque ; quelques points de la côte africaine. Comme l'Espagne et le Portugal - et à la différence de la France - la Grande-Bretagne, plus à l'étroit dans son archipel et heureuse de se débarrasser de ses minorités confessionnelles ou délinquantes, sut en peupler fortement ses territoires d'outre-mer. Alors qu'il n'y avait que 70’000 colons dans les colonies françaises d'Amérique du Nord en 1763, les «treize colonies» anglaises en comptaient plus de 1 million, ce qui contribue à expliquer la victoire de Wolfe sur Montcalm. La mer et l'Empire constituaient d'ailleurs pour la Grande-Bretagne le principal théâtre d'opérations. Après 1763, la Grande-Bretagne possédait la plus grande partie de l'Amérique du Nord: le Canada et les «treize colonies». Mais des maladresses gouvernementales provoquèrent la révolte de celles-ci, et, après la guerre de l'Indépendance, la reconnaissance des «États-Unis» par l'ancienne métropole (1783). La Grande-Bretagne trouva des compensations en Inde. Elle enleva aux Hollandais le cap de Bonne-Espérance (1806), Ceylan (1815), puis elle acquit la Malaisie (1824), Aden (1839), la Nouvelle-Zélande (1840), Hongkong (1841) et développa la colonisation de l'Australie. Rendue prudente par le précédent américain, la Grande-Bretagne accorda l'indépendance de fait au Canada, à prédominance anglo-saxonne ; il fut transformé en un dominion (1867), rattaché à la Couronne par un lien d'union personnelle. La même politique fut plus tard poursuivie à l'égard d'autres territoires à fort peuplement européen. Le XIXe siècle fut par ailleurs, pour la Grande-Bretagne, l'époque de la grande expansion africaine. Elle développa ses colonies de la côte occidentale: Gambie, Sierra Leone, Ghana (Gold Coast), Nigeria. Surtout, ayant occupé l'Égypte (1882), puis le Soudan, elle entreprit, à l'appel de Cecil Rhodes, de relier ces territoires à ses établissements du Cap. Cette politique suscita des épisodes dramatiques: une crise grave avec la France, lorsque Kitchener et la mission Marchand se rencontrèrent à Fachoda (1898) ; la guerre des Boers, qui aboutit à l'incorporation des républiques du Transvaal et de l'Orange dans un nouveau dominion, l'Union sud-africaine (1909). Ce ne fut qu'en 1919, avec le mandat sur le Tanganyika, que le rêve de Cecil Rhodes put être, pour un temps, réalisé. La Première Guerre mondiale valut à l'Empire britannique l'acquisition de plusieurs autres territoires (le Sud-Ouest africain, une partie du Togo et du Cameroun, la Palestine, l'Iraq). Mais la Seconde Guerre mondiale démontra l'impossibilité pour la Grande-Bretagne de conserver l'Inde sous sa domination. Elle lui accorda l'indépendance (1947) et pratiqua ensuite, systématiquement, la même politique dans d'autres colonies, ne conservant que certaines bases commerciales ou stratégiques, tandis que d'autres territoires (Afrique du Sud, Rhodésie) quittaient l'Empire (devenu Commonwealth) de leur propre initiative. Les autres empires L'Empire belge Grâce au génie financier et diplomatique de son roi Léopold II, l'Empire colonial belge comporta un territoire très vaste et très riche, le Congo, de 1908 à 1960, et, à partir de 1919, à titre de mandat de la SDN, le Rwanda-Urundi. L'Empire allemand Lors de la conquête européenne des territoires d'outre-mer, l'Allemagne et l'Italie, tard venues à l'unité politique, durent limiter leurs ambitions: Bismarck, d'ailleurs, ne s'y intéressa guère. L'Empire colonial allemand comprit le Sud-Ouest africain, le Tanganyika, le Rwanda-Urundi, le Cameroun, le Togo, et une partie de la Nouvelle-Guinée. Il fut partagé entre les vainqueurs en 1919. L'Empire italien L'Empire italien comprenait la Somalie (1889-1924), l'Erythrée (1890) et la Libye (1912). Mussolini lui adjoignit l'Éthiopie (1935-1936). Ce fut la dernière conquête coloniale d'un pays européen. Elle fut perdue avec tout l'Empire italien, après 1945. L'Empire russe, Au XIXe siècle, conquit en Asie centrale d'immenses territoires peuplés en majorité de musulmans ; le nouveau régime réussit à les conserver par la force et les érigea en républiques jouissant d'une certaine autonomie. L’Empire japonais Le Japon conquit la Corée, la Mandchourie, Formose, différentes îles du Pacifique, territoires perdus en 1945. L’empire américain L'expansion des Etats-Unis vers l'ouest présenta un caractère colonial évident, sans compter la mainmise sur Cuba (1898-1901) et sur les Philippines (1898-1946), l'achat et l'annexion de l'Alaska (1867), des îles Hawaii (1898), devenus États de l'Union, et de Porto Rico (1898), devenu Etat associé. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:43 | |
| La colonisation européenneLes occupations coloniales en Afrique (1914 et 1918) De manière générale, on peut dire que la colonisation européenne a marqué un arrêt relatif entre la fin des premiers empires, que consacrent les traités de la fin du XVIIIe siècle et de 1815, et le partage impérialiste du monde, durant le dernier quart du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Les colonies françaises et britaniques L'activité coloniale française (1830-1847) Entre 1830 et 1847, la France s'installe en Algérie et affiche son intention d'être présente dans le Maghreb. Vers 1850, à partir de Saint-Louis du Sénégal, elle étend sa colonie à tout l'intérieur du bassin du Sénégal. En 1855, elle prend pied dans le sud de l'Indochine. L'activité coloniale britannique (1815-1852) Plus active, la Grande-Bretagne en plein essor industriel recherche des matières premières, des marchés et des points d'appui pour sa flotte, maîtresse des mers : par les accords de 1815, elle a obtenu le cap de Bonne-Espérance, l'île de Malte – base précieuse, surtout après l'ouverture du canal de Suez (1869) –, l'île Maurice, les Seychelles, points de surveillance sur la route des Indes ; elle s'installe à Singapour en 1819, à Hongkong en 1842, en Birmanie en 1852, affirmant ainsi sa volonté de contrôler la plus grande partie des marchés asiatiques. Elle se contente d'une occupation des côtes et des comptoirs, négociant avec les chefs de l'intérieur des traités de protectorat, parfois éphémères. La situation africaine avant le partage L'Afrique continentale A l'intérieur des continents mal connus, des réactions vives se développent avec lesquelles les Européens doivent compter. Certains musulmans du bassin du Sénégal se révoltent, d'abord contre la traite puis contre les pressions commerciales, même si d'autres cherchent à en tirer parti. A l'est, dans l'actuel Nigeria, un lettré musulman, Ousmane dan Fodio, fonde au début du XIXe siècle un immense empire peul, peu durable mais qui modifie fortement la situation entre le bas Niger et l'Adamaoua. À partir de 1846, el-Hadj Omar, chef musulman Toucouleur, cherche à unir dans la résistance aux Français de Saint-Louis tout le haut bassin du fleuve ; sa «guerre sainte» ébranle l'Afrique de l'Ouest. Dans le sud du continent, la création du royaume zoulou par Chaka désorganise les territoires d'autres groupes, tels les Ngonis, les Sothos et les Ndébélés ; les rivalités entre groupes noirs datent de ce moment, mais aussi la turbulence des Zoulous, dont les Britanniques ne viennent à bout qu'après 1880. Les Boers, insatisfaits de l'administration britannique, quittent la colonie du Cap pour s'installer plus au nord ; ils créent les républiques du Transvaal en 1852 et de l'État libre d'Orange en 1854 ; ils combattent à la fois les Britanniques et les Zoulous. L'Afrique orientale A Madagascar, la monarchie merina opère rapidement la conquête et le quadrillage militaire de la quasi-totalité de l'île. L'Egypte, après 1820, étend sa domination au Soudan et crée l'immense province d'Equatoria, jusqu'au lac Victoria. Les musulmans de l'Afrique orientale tentent de barrer la route aux Européens : c'est le cas aussi bien du sultanat de Zanzibar, fondé par les Omaniens (1840), que d'un puissant marchand d'esclaves, Tippoo-Tib, qui s'est taillé un véritable empire dans la partie orientale de l'actuel Congo démocratique (ex-Zaïre). Les préliminaires La violence des soubresauts guerriers que connaît l'Europe après 1850, la concurrence de plus en plus vive entre pays industrialisés changent totalement les données de la colonisation. L'occupation territoriale succède brutalement à la vieille méthode des comptoirs. Jules Ferry a clairement énoncé les nouvelles règles du jeu : «Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. C'est comme un immense steeple-chase sur la route de l'inconnu. De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. C'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui ce sont des continents que l'on annexe. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles de la concurrence.» Expéditions en série Les sociétés européennes de géographie ne demeurent pas inactives. A partir de 1760, et pendant plus d'un siècle, elles subventionnent l'exploration des terres inconnues : Asie intérieure, majeure partie de l'Afrique. Ces sociétés s'intéressent à la possibilité d'accéder par les grands fleuves d'Asie et d'Afrique, grâce aux navires à vapeur, aux marchés de consommation espérés. Entre 1850 et 1870, l'Afrique centrale et méridionale est parcourue, d'un océan à l'autre, par de nombreuses expéditions. Le fleuve Congo retient particulièrement l'attention. De 1874 à 1877, Stanley en identifie le cours pour le compte du roi des Belges, Léopold II ; il va poursuivre son exploration dans le bassin de ce fleuve jusqu'en 1890. La France, de son côté, envoie Savorgnan de Brazza, entre 1875 et 1880, reconnaître les cours de l'Ogooué et du bas Congo. De nouvelles règles d'occupation La tension internationale devient si forte que Bismarck, tard venu dans la course aux colonies, convoque à Berlin, en 1884-1885, une conférence internationale chargée de définir les principes juridiques de la colonisation nouvelle. Berlin donne une existence légale à l'Etat indépendant du Congo, propriété privée du roi des Belges ; la conférence établit aussi le principe de la libre circulation des personnes et des biens sur les grands fleuves d'Afrique : cette clause ne sera jamais respectée. Mais, décision la plus lourde de conséquences, aucun pays ne peut désormais revendiquer la possession d'un territoire en se contentant d'en occuper la côte : il va falloir conquérir les pays convoités. Les guerres coloniales et le partage de l'Asie et de l'Afrique vont résulter, pendant les trente années qui suivent, de l'application de cette décision. Les heurts entre pays européens sont violents ; ils les opposent loin de l'Europe, qui connaît, de ce fait, une paix relative. Les principaux adversaires, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, s'affrontent sur tous les terrains ; l'Allemagne, l'Italie, le Portugal jouent aussi leur rôle. La conclusion d'accords de partage permet la réconciliation des adversaires : Britanniques et Français se rapprochent en 1904, Russes et Britanniques en 1907 ; la voie est ouverte pour la Triple-Entente, qui va opposer ces trois pays au bloc des empires centraux (Autriche, Allemagne, Hongrie, Italie). Les résistances au partage des terres Les révoltes L'Asie et l'Afrique ont été pendant ces trente années théoriquement partagées et des frontières séparent les domaines coloniaux : si on peut représenter l'étendue des empires dans les atlas, l'essentiel reste à faire pour contrôler réellement les terres conquises. En fait, les Asiatiques et les Africains résistent à ce partage. Leurs révoltes sont parfois violentes mais de courte durée et désespérées, à cause de l'inégalité d'armement : c'est le cas pour les Ashantis, en 1900 ; pour les Boxers, en Chine, en 1899-1900 ; pour les Maji-Maji contre la dureté de l'occupation allemande au Tanganyika, de 1905 à 1907. Ces révoltes, encore mal étudiées, démentent l'idée que des peuples passifs ont subi la colonisation dans des continents voués à la dépendance. Les résistances sont parfois difficiles à vaincre : celles de Samori en Afrique occidentale (1884-1898) ; de Madagascar (1898-1904) ; des Pavillons-Noirs en Indochine (1873-1913) ; des Senousis, confrérie islamique de Libye en lutte contre l'Italie (1912-1931). Un rempart : la religion Dans les pays musulmans un élément nouveau apparaît avec la renaissance de l'islam, si visible déjà en Afrique occidentale au XVIIIe siècle, comme pôle de résistance à l'Europe : au Soudan – où un mahdi crée un véritable Etat islamique qui résiste aux assauts de 1881 à 1898 ; en Tunisie ; dans les Indes néerlandaises, où une guerre sainte est conduite de 1881 à 1908 ; bien plus encore en Afrique occidentale et au cœur de l'Asie, où des révoltes se produisent simultanément en 1916. Tous ces événements, auxquels on a prêté peu d'attention, marquent des jalons de cette renaissance. De même, l'hindouisme et le confucianisme constituent en Asie des remparts anti-occidentaux. Parfois les résistances se veulent modernes, empruntant les modèles politiques et militaires aux Européens. C'est le cas de Samori – mais il a échoué – ou de l'Indian National Congress, né dès 1885. Ces mouvements «modernes» jettent les bases des nationalismes qui vont remettre en cause la présence européenne, surtout après 1945. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:44 | |
| La «pacification»Libéria. Cape Palmas (1853) Fiction dans certains cas, réalité le plus souvent, la «pacification» s'accentue après 1910. Les Européens transposent leurs modes de vie dans les colonies et engagent une politique de grande envergure tant dans le domaine de la santé que dans celui de la mise en valeur des terres. La mise en place d'un enseignement minimal permet aux missionnaires de convertir, parfois de manière spectaculaire, les autochtones, et aux administrateurs coloniaux de recruter peu à peu des cadres moyens ou subalternes. Des statuts différents En 1914, la grande expansion territoriale est pratiquement achevée. Elle a affecté très différemment les continents. L'Amérique du Nord est tout à fait indépendante (les États-Unis), ou largement autonome (le Canada). L'Amérique centrale et du Sud, les Caraïbes ont été profondément marquées par les contrecoups des révolutions et des guerres en Europe. Indépendante dès 1804, Haïti préfigure la situation, faite d'indépendance formelle, de dépendance économique et de profonde inégalité sociale, que connaît aussi tout le sud du continent à partir du Mexique. Séparé du Portugal dès 1822, le Brésil est devenu pour longtemps une véritable colonie économique de la Grande-Bretagne. Sur le continent ne subsistent comme colonies réelles que les Guyanes. Dans la zone caraïbe, la situation est beaucoup plus complexe : des restes d'empires y appartiennent encore à la France, à la Grande-Bretagne, au Danemark, aux Pays-Bas ; certains ont subsisté jusqu'à nos jours sous des statuts nouveaux. L'influence américaine y est de plus en plus forte. A l'occasion des conflits entre l'Espagne et certaines parties de l'ancien Empire espagnol, les États-Unis ont pris Porto Rico, puis imposé une totale dépendance économique à Cuba (1903), libérée de sa métropole en 1898 par la guerre. Les Américains ont même provoqué la sécession du Panamá, qui se sépare en 1903 de la Colombie, et prend ainsi le contrôle de toute la zone du canal. Dans toute la région de protection de leur façade méridionale, les Américains imposent avec des arguments toujours renouvelés, tirés de la doctrine de Monroe (1823), leur droit permanent d'intervention. La zone Pacifique, parsemée d'îles, a été partagée sans beaucoup de peine. Les États-Unis, qui voient déjà dans la Chine leur «nouvelle frontière» occidentale, se sont assuré des positions ; après l'achat de l'Alaska à la Russie en 1867, ils annexent l'archipel des Midway la même année, celui d'Hawaii et l'île de Wake en 1898. Dans la guerre de libération qui opposait les Philippins aux Espagnols, les États-Unis imposent leur arbitrage et occupent l'archipel ; cette annexion, interrompue de 1941 à 1945, a cessé officiellement en 1946. L'Asie : relativement épargnée Ce continent, du moins dans sa partie septentrionale, est moins touché. La massive Chine ne cède des concessions aux Européens que sur les seules côtes méridionales : en 1557, Macao est aux mains des Portugais, et Hongkong est cédée en 1842, par contrat, au profit des Britanniques. Le Japon, au prix de quelques concessions économiques et d'une modernisation très rapide de ses infrastructures, fait mieux que résister ; il commence une expansion sur le continent : il impose le partage de la Mandchourie aux Russes après les avoir vaincus à la bataille navale de Tsushima en 1905. En revanche, le sud du continent n'échappe pas au partage. La Grande-Bretagne, la France – qui garde quelques comptoirs en Inde, et qui occupe la péninsule indochinoise – en sont les principaux acteurs ; les Néerlandais conservent un empire indonésien où le système d'exploitation des plantations est particulièrement dur. L'océan Indien est lui aussi partagé : points d'appui, les îles à sucre reviennent principalement aux Britanniques et aux Français. L'Afrique : dépecée Elle est la principale victime du partage colonial ; n'y ont échappé que le Liberia, sorte de protectorat américain, et le vieil empire d'Éthiopie, qui résiste aux assauts italiens jusqu'en 1935. Le continent n'est plus, comme un siècle plus tôt, fournisseur d'esclaves. Si la traite est partout en voie d'extinction, l'emploi local de la main-d'œuvre est souvent brutal (la construction du chemin de fer Congo-Océan, demeurée tristement célèbre, a fait de nombreuses victimes). Plus rentable, ce système devait permettre d'obtenir un bon rendement des colonies africaines. Cependant, l'occupation effective du continent est loin d'être achevée en 1914 ; les réactions violentes ne vont cesser, pour un temps, qu'après 1920. Les empires européens Si l'on s'en tient aux seules taches de couleur sur une mappemonde, l'Europe de 1914 domine le monde. Le soleil ne se couche pas sur l'Empire britannique. L'Empire français est moins vaste, surtout en Afrique ; il est fait de colonies, de terres dans l'océan Indien, dans la mer des Caraïbes, de protectorats comme le Maroc ou la Tunisie, de points d'appui comme Djibouti ou les Comores, et d'une terre dont on va penser longtemps qu'elle est devenue un morceau du territoire national parce que beaucoup de Français s'y sont installés : l'Algérie. La part des Portugais est maintenant restreinte à quelques îles de l'Atlantique, à l'une des Guinées, à São Tomé, à l'Angola et au Mozambique, et à quelques points en Asie. Dans ces colonies, vestiges d'une gloire passée, les régimes portugais successifs mettront longtemps à admettre la nécessité de changements. La Belgique doit à un don de son roi (1908) de posséder une part importante et riche de l'Afrique centrale, très difficile à encadrer. L'Allemagne, tard venue dans la course, doit se contenter de terres au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, en Afrique orientale, en Nouvelle-Guinée et dans le Pacifique. Après de nombreuses tentatives sans suite, l'Italie n'impose son autorité qu'en Libye, en Érythrée et dans le nord de la Somalie. Entre les deux guerres mondiales Un nouveau partage Leur victoire de 1918 semble, dans un premier temps, consolider encore les positions de la France et de la Grande-Bretagne, très affaiblies cependant en hommes et en richesses. Au Proche-Orient, d'où les Turcs sont évincés, la France reçoit mandat de la Société des Nations (SDN) sur la Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne sur l'Iraq, la Palestine – où très vite va commencer une agitation sioniste qui durera jusqu'à la création de l'État d'Israël (1948) – la Transjordanie ; les côtes méridionales de l'Arabie sont étroitement surveillées, en particulier par la Grande-Bretagne. A l'issue de la guerre, l'Allemagne est dépossédée de ses colonies ; la SDN en remet la gestion, sous mandat, aux pays victorieux. La France reçoit le Togo et le Cameroun oriental ; la Grande-Bretagne, le Cameroun occidental, le Sud-Ouest et le Sud-Est africains allemands ; la Belgique, les territoires du Ruanda-Urundi, qui deviennent une véritable sous-colonie du Congo belge ; les Australiens, les Néo-Zélandais et les Japonais se partagent les terres allemandes du Pacifique. Les revendications italo-allemandes Très vite cependant, des revendications mettent en cause la situation coloniale de 1918. L'Italie fasciste revendique la Tunisie ; ses ambitions vont encore s'accroître après la conclusion d'un pacte politique et militaire avec l'Allemagne (axe Rome-Berlin en 1936). Devenue national-socialiste en 1933, l'Allemagne remet en cause l'ensemble du traité de Versailles, le sort qui lui a été réservé, et tout particulièrement le «vol de ses colonies». La propagande italo-allemande, à partir de 1938, dénonce, d'une part, l'attitude des Britanniques et des Français, qui monopolisent à leur profit les productions de la planète, en privant ainsi les autres peuples européens, et, d'autre part, les méthodes coloniales de ces deux pays «exploiteurs des Arabes et des Noirs», à qui un sort meilleur et une libération après la victoire des pays de l'Axe sont promis. Cette propagande a trouvé un écho, surtout dans les pays du Proche-Orient ; la gestion des mandats par la France et la Grande-Bretagne n'avait pas que des partisans, en particulier parmi certains groupes musulmans, ouvertement proallemands. L'Allemagne, l'Italie et le Japon vont tenter, en vain, pendant la Seconde Guerre mondiale une nouvelle forme d'expansion impérialiste et de colonisation. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:46 | |
| L'Empire colonial françaisArrêt permettant de vendre ses produits à la Compagnie des Indes à Nantes Le mouvement de colonisation française s'inscrit dans le sillage des succès maritimes de l'Espagne et du Portugal. François Ier, irrité par le «partage du monde» effectué, avec l'aval de la papauté, entre ces deux seules nations (traité de Tordesillas, 1494), entend intéresser la France au processus de conquête territoriale. Les compagnies commerciales françaises (1535-1763) Au XVIe siècle, seuls quelques rares navigateurs français participent aux Grandes Découvertes. L'un d'eux, Jacques Cartier, recherche un passage vers les Indes et, ce faisant, découvre et remonte le fleuve et remonte le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Hochelaga, une île habitée par les Amérindiens et sur laquelle les Français fonderont Montréal en 1642. Quelques autres Français, comme Villegagnon, s'aventurent ensuite dans l'hémisphère Sud (tentative de prise de Rio de Janeiro aux Portugais en 1556), mais aucun plan préétabli ne préside à ces expéditions de circonstances. Ainsi, la «France antarctique», un temps envisagée par quelques nobles protestants pour trouver une solution aux guerres de Religion qui déchirent le royaume, demeure au stade du rêve. Les bases de l'expansion du premier empire colonial français sont posées par les pragmatiques marchands et armateurs de Dieppe et de Saint-Malo. Ceux-ci sont à l'origine du commerce des fourrures avec le Canada, par où les pêcheurs de morues prennent l'habitude de faire un détour – le plus souvent fort lucratif – avant de rentrer en France. Le mercantilisme au secours de la colonisation française Mais Richelieu, puis Colbert, impressionnés par les succès commerciaux de la Compagnie hollandaise des Indes orientales tentent de rationaliser cette «colonisation» empirique en créant, sur le papier, diverses compagnies à chartes sur le modèle hollandais. Les gouvernants découvrent à cette époque que les excédents de la balance commerciale jouent un rôle de premier plan dans l'établissement de la puissance d'une nation: le trafic maritime monopolistique avec l'outre-mer est un moyen efficace d'y parvenir (théories de l'économiste Montchrestien, connues sous le nom de «mercantilisme»). C'est ainsi que les comptoirs des Antilles (1640-1650), de Saint-Louis-du-Sénégal (1641) et de Montréal (1642) prennent leur essor. Parallèlement, dans l'océan Indien, des établissements sont créés à Pondichéry ou sur la côte malgache pour drainer vers la France produits tropicaux et de luxe (soieries indiennes, cotonnades, porcelaines). La naissance de la Compagnie des Indes orientales Mais la colonisation proprement dite se heurte à l'absence en France d'une tradition d'entreprise outre-mer et à la relative frilosité des armateurs. Ainsi, malgré l'extraordinaire expansion territoriale due à une poignée d'hommes, de la Nouvelle-France le long du Mississippi (La Nouvelle-Orléans est fondée en 1718), seules les Antilles et l'Inde se révèlent suffisamment rentables aux yeux du Régent, puis du roi Louis XV. La Compagnie des Indes orientales connaît bientôt son âge d'or avec, en Inde, les succès diplomatiques et commerciaux de Dupleix, qui, par les liens étroits et amicaux qu'il entretient avec certains princes indiens, permettent un temps d'envisager une implantation durable – économique, voire politique – en Inde. Mais la monarchie, plus préoccupée d'assurer la sécurité de ses frontières européennes, est mal préparée pour affronter les ambitions maritimes de l'Angleterre. Celle-ci, inquiète de l'expansion française, se met à lui livrer une guerre totale. La première guerre pour le partage colonial du monde se solde pour la France par plusieurs défaites (perte de Montréal, du Québec, des possessions indiennes du Dekkan). Le traité de Paris (1763) entérine la perte de presque toutes les colonies et comptoirs français, sauf aux Antilles, et le déclin de la Compagnie des Indes orientales. Cette période a néanmoins fait la fortune des ports du littoral de l'océan Atlantique et de la Manche (Bordeaux, Nantes, Lorient, Le Havre) qui deviennent parmi les plus florissants foyers d'activité économique de la France du XVIIIe siècle. La deuxième puissance coloniale du monde (1763-1962) Après le traité de Paris, la France ne conserve que quelques possessions éparses en Afrique de l'Ouest et dans les Antilles. Celles-ci sont certes prospères, mais le contraignant «système de l'exclusif» (commerce obligatoire avec la seule métropole) entraîne quelque agitation (révolte des esclaves de Saint-Domingue). La colonisation, de la Révolution française au Second Empire Pendant la Révolution, la suppression de l'esclavage (février 1794) ramène Haïti à la France, qui reconnaîtra l'indépendance de la partie occidentale de l'île en 1815. Quant à la Louisiane, elle est vendue aux États-Unis par Napoléon en 1803 (traité de Paris). À l'exception notable de l'Algérie, il faudra attendre le Second Empire (1852-1870) pour qu'une nouvelle entreprise coloniale soit lancée. Prétextant le non-paiement d'un emprunt contracté vingt ans plus tôt envers la France par le bey d'Alger, Louis-Philippe lance une expédition contre Alger en 1832, qui aboutit à l'établissement de l'armée en Afrique du Nord. Avec la révolution industrielle, les marchands, financiers et industriels de la France de Napoléon III, très entreprenants, se mettent à investir outre-mer avec succès – percement du canal de Suez, en Égypte, chemins de fer dans le Levant (Liban, Syrie) –, et estiment qu'un empire colonial agrandi pourrait constituer une source de profits considérables pour la France. L'expansion commence alors en Afrique de l'Ouest (Sénégal), en Algérie et surtout en Indochine (1863-1867). La colonisation française, de la IIIe République à la Seconde Guerre mondiale Sous la IIIe République, une impulsion nouvelle est donnée à la colonisation dans laquelle le pouvoir voit un moyen de relever le prestige de la France, vaincue par les Prussiens et amputée de l'Alsace-Lorraine à la suite de la guerre de 1870. C'est l'apogée de l'expansion coloniale, dans laquelle toutes les grandes puissances européennes se jettent avec fièvre. En 1884, le Congrès de Berlin entérine le partage du monde entre elles. Ce partage sera profondément remanié après la Première Guerre mondiale (répartition entre les Alliés des colonies allemandes). Ainsi, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la France dispose d'un empire qui, en 1939, regroupe un ensemble territorial évalué à 12 millions de km2 et fort de 103'000’000 d'habitants sur les cinq continents, principalement en Afrique et en Indochine. Pour la première fois dans l'histoire, une véritable colonie de peuplement français a fait greffe en Algérie, avec la présence de 800’000 Européens (les «pieds-noirs»). La fin de l'Empire colonial français L'Empire colonial français ne survit pas à la montée des mouvements indépendantistes nés à la suite de la Seconde Guerre mondiale, et se disloque entre 1954 (guerre d'Indochine) et 1962 (accords d'Évian sur l'indépendance algérienne). En revanche, en Afrique noire, la transmission des pouvoirs de la métropole aux différents États se fait de manière plus pacifique (début des années 1960). Il en subsiste pourtant des traces importantes sur le plan des relations économico-diplomatiques privilégiées maintenues entre la France et ses anciennes colonies devenues indépendantes, et dans le mouvement de la francophonie dont le dynamisme ne se dément pas. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:48 | |
| L'Empire colonial britanniqueL'Empire britannique (délimité en rose) en 1897 L'Empire britannique fut constitué, comme le premier Empire français, avec quelque retard par rapport à ceux du Portugal et de l'Espagne. Aussi fit-il, en ses débuts, figure moins brillante. Il ne comprit d'abord que quelques établissements d'agriculteurs, de chasseurs et de pêcheurs sur les côtes de l'Amérique du Nord, qui devinrent les «treize colonies»; plusieurs Antilles, dont la Jamaïque ; quelques points de la côte africaine. Comme l'Espagne et le Portugal - et à la différence de la France - la Grande-Bretagne, plus à l'étroit dans son archipel et heureuse de se débarrasser de ses minorités confessionnelles ou délinquantes, sut en peupler fortement ses territoires d'outre-mer. Alors qu'il n'y avait que 70’000 colons dans les colonies françaises d'Amérique du Nord en 1763, les «treize colonies» anglaises en comptaient plus de 1 million, ce qui contribue à expliquer la victoire de Wolfe sur Montcalm. La mer et l'Empire constituaient d'ailleurs pour la Grande-Bretagne le principal théâtre d'opérations. Après 1763, la Grande-Bretagne possédait la plus grande partie de l'Amérique du Nord : le Canada et les «treize colonies». Mais des maladresses gouvernementales provoquèrent la révolte de celles-ci, et, après la guerre de l'Indépendance, la reconnaissance des «États-Unis» par l'ancienne métropole (1783). La Grande-Bretagne trouva des compensations en Inde. Elle enleva aux Hollandais le cap de Bonne-Espérance (1806), Ceylan (1815), puis elle acquit la Malaisie (1824), Aden (1839), la Nouvelle-Zélande (1840), Hongkong (1841) et développa la colonisation de l'Australie. Rendue prudente par le précédent américain, la Grande-Bretagne accorda l'indépendance de fait au Canada, à prédominance anglo-saxonne ; il fut transformé en un dominion (1867), rattaché à la Couronne par un lien d'union personnelle. La même politique fut plus tard poursuivie à l'égard d'autres territoires à fort peuplement européen. Le XIXe siècle fut par ailleurs, pour la Grande-Bretagne, l'époque de la grande expansion africaine. Elle développa ses colonies de la côte occidentale : Gambie, Sierra Leone, Ghana (Gold Coast), Nigeria. Surtout, ayant occupé l'Égypte (1882), puis le Soudan, elle entreprit, à l'appel de Cecil Rhodes, de relier ces territoires à ses établissements du Cap. Cette politique suscita des épisodes dramatiques : une crise grave avec la France, lorsque Kitchener et la mission Marchand se rencontrèrent à Fachoda (1898) ; la guerre des Boers, qui aboutit à l'incorporation des républiques du Transvaal et de l'Orange dans un nouveau dominion, l'Union sud-africaine (1909). Ce ne fut qu'en 1919, avec le mandat sur le Tanganyika, que le rêve de Cecil Rhodes put être, pour un temps, réalisé. La Première Guerre mondiale valut à l'Empire britannique l'acquisition de plusieurs autres territoires (le Sud-Ouest africain, une partie du Togo et du Cameroun, la Palestine, l'Iraq). Mais la Seconde Guerre mondiale démontra l'impossibilité pour la Grande-Bretagne de conserver l'Inde sous sa domination. Elle lui accorda l'indépendance (1947) et pratiqua ensuite, systématiquement, la même politique dans d'autres colonies, ne conservant que certaines bases commerciales ou stratégiques, tandis que d'autres territoires (Afrique du Sud, Rhodésie) quittaient l'Empire (devenu Commonwealth) de leur propre initiative. L'Empire colonial belgeLéopold II, roi des Belges (1835-1906) C'est officiellement pour mettre un terme au scandale de la traite des Noirs, et, plus pragmatiquement, pour exploiter d'éventuelles richesses minières, que le roi des Belges, Léopold II fonde en 1876 l'«Association internationale pour l'exploration et la civilisation de l'Afrique centrale». Il sollicite le concours de l'explorateur anglais Stanley. Celui-là même qui s'est rendu célèbre par ses expéditions effectuées depuis 1874 sur le fleuve Congo dont il a reconnu le cours, et qui possède une grande expérience de l'Afrique équatoriale. Stanley est donc chargé par le roi de différentes missions d'exploration et d'établissement de postes permanents dans l'intérieur de l'immense bassin inexploré du grand fleuve. La naissance de l'Etat indépendant du Congo Pour compenser le peu de poids militaire et économique de son pays, Léopold II joue habilement sur les alliances qu'il tisse au niveau diplomatique. Ses efforts sont finalement récompensés au Congrès de Berlin (1884-1885), où les grandes puissances acceptent d'officialiser l'existence d'un domaine colonial belge, l'Etat indépendant du Congo, dont Léopold II est le souverain à titre personnel et dans lequel il s'engage à interdire le commerce des esclaves et à respecter la liberté du commerce et de la navigation. Peu à peu, le domaine s'agrandit en direction de l'Oubangui, de l'Angola et du Katanga. Ainsi, le Congo, «colonie sans métropole», est pénétré et exploité avec l'aide d'administrateurs internationaux, puis belges. Le régime d'exploitation libéral instauré à Berlin se transforme en un véritable monopole d'État en matière d'ivoire et de caoutchouc. La mise en valeur du Congo belge Pendant que se négocient à Berlin les clauses juridiques de l'existence du Congo belge, sur le terrain, une poignée d'hommes énergiques (quelques centaines à peine) s'active à remplir les objectifs assignés par le roi : l'exploration et la mise en valeur systématique du territoire. Stanley, toujours au service du roi des Belges, comprend très vite la nécessité absolue de la construction d'un chemin de fer s'enfonçant à l'intérieur des terres pour rejoindre l'immense réseau navigable formé par le fleuve et ses affluents et drainer ainsi plus vite les richesses vers la côte atlantique. En 1881, le port de Stanley Pool, qui deviendra Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), est créé sur la rive d'un large lac formé sur le Congo à quelque 300 km de l'océan Atlantique. Léopold consacre une grande partie de sa fortune personnelle à la construction de la voie ferrée (1889-1898) et à des investissements lourds. Il lance deux emprunts auprès des banques de son pays en gageant le Congo. Pour rentabiliser l'investissement, d'immenses territoires sont concédés à des compagnies à charte, dotées de pouvoirs administratifs et dont les bénéfices sont partagés avec l'administration royale. La spéculation effrénée et l'obligation faite aux indigènes de verser un impôt en nature sous forme de journées de travail non rémunérées entraîne les protestations du clergé missionnaire et des associations philanthropiques anglaises. La méthode contribue au développement de grandes sociétés agricoles et minières qui commencent à exploiter le caoutchouc, dont la demande mondiale augmente, et les immenses gisements de cuivre de la région du Katanga. Dès 1896, le budget de la colonie royale devient légèrement excédentaire, puis dégage de substantiels bénéfices. Des mines d'or et de diamant sont ouvertes. Toutefois, les exactions commises par les contremaîtres des compagnies et le système inique de recrutement de la main-d'œuvre par le travail forcé contraignent le Parlement belge, sous la pression conjuguée du gouvernement britannique et d'une large fraction de l'opinion publique, à prendre en 1908 le contrôle de la colonie, qui perd son statut de possession personnelle et passe sous la responsabilité directe de l'Etat belge. L'ère coloniale belge (1908-1960) Lorsque l'administration coloniale belge se substitue à celle du roi et des compagnies à charte, l'infrastructure de base est déjà largement en place. Mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale freine pour un temps le développement de la colonie en la privant de l'essentiel de ses cadres, appelés à combattre sur les champs de bataille d'Europe. De plus, comme la Belgique est occupée par les Allemands de 1914 à 1918, les gouverneurs belges du Congo sont coupés de la métropole. Aussi lancent-ils des offensives militaires contre les colonies allemandes de l'Afrique Orientale allemande avec des troupes indigènes (la «Force publique»). A la suite des traités de paix de 1918-1919, la Belgique récupère deux petits territoires situés à l'est du Congo, le Rwanda et le Burundi, confisqués aux Allemands. Durant les années 1920, la prospérité économique est de retour. La crise des années 1930, malgré les perturbations qu'elle suscite, amène le développement de la culture du coton, encore rentable sur le marché mondial et renforce la centralisation de la colonie. Les années marquées par la Seconde Guerre mondiale sont consacrées essentiellement à fournir des matières premières stratégiques aux forces alliées, au moment où la métropole est de nouveau occupée par les Allemands. La décolonisation du Congo belge (1960-1965) Dans les années 1950, alors qu'environ 100’000 Européens sont installés au Congo belge, l'État ouvre modestement aux Africains l'accès à la scolarité. Lentement, les nouvelles élites noires, influencées par l'attitude de la France envers ses colonies d'Afrique, se mettent à revendiquer l'indépendance. Contrairement à ce qui se passe dans les territoires constituant l'Empire colonial français (l'AEF et l'AOF voisines), la décolonisation du Congo s'effectue dans la violence (guerre civile et sécession de la province minière du Katanga). En 1965, Mobutu Sese Seko, ancien sergent dans l'armée belge, prend le pouvoir : le Congo devient le Zaïre. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:51 | |
| Les principaux traités coloniaux
Année Evénements 1867 Les Russes vendent l'Alaska aux Etats-Unis. 1867 Stabilisation par traités des frontières de l'Inde anglaise. 1872 Cession des comptoirs hollandais de la Gold Coast à l'Angleterre. 1873 Les Japonais acquièrent la totalité des îles Kouriles. 1879 Annexion de l'île de Ryukyu imposée à la Chine par les Japonais. 1884-1885 Conférence de Berlin. 1886 Accord germano-portugais : partage en zones d'influence au sud de l'Angola et au nord du Mozambique. 1887 Accord germano-français sur les territoires contestés entre Togo et Dahomey (complété en 1897). 1889 Traités anglo-franco-allemands sur les délimitations des frontières en Afrique occidentale et orientale. 1889 Conférence antiesclavagiste de Bruxelles. 1890 Traité anglo-allemand : en échange de Helgoland, l'Angleterre obtient le renoncement allemand en Ouganda, au Kenya et à Zanzibar. 1890 La France et l'Angleterre se laissent mutuellement les mains libres à Zanzibar et à Madagascar. 1890 Accord anglo-germanique sur les délimitations frontalières entre la Gold Coast et le Togo (complété en 1899). 1891 Traité imposé par l'Angleterre au Portugal, interdisant la jonction entre Angola et Mozambique. 1893 Alliance franco-russe. 1894 Traités franco-allemand et germano-belge de délimitation territoriale en Afrique centrale et orientale. 1896 Condominium russo-japonais sur la Corée. 1897 Convention franco-éthiopienne sur Djibouti. 1898 Les États-Unis s'emparent des restes de l'Empire espagnol après la défaite de l'Espagne. 1898 La France renonce, au profit de l'Angleterre, à intervenir dans le nord du Nigeria. 1898 Fixation de la frontière entre la Gold Coast et la Côte-d'Ivoire. 1898 Incident de Fachoda. 1899-1902 Guerre entre les Anglais et les Boers. 1899 Condominium anglo-égyptien sur le Soudan. 1900 Traité franco-espagnol : fixation de frontières entre la Guinée espagnole (aujourd'hui Guinée-Équatoriale) et le Gabon. 1904 Entente cordiale franco-anglaise. 1904 Règlement des litiges coloniaux franco-anglais. 1905 Accord franco-allemand sur le Maroc. 1906 Convention anglo-italo-française sur l'Éthiopie. 1907 Triple-Entente : Russie, Angleterre, France. 1907 Règlement des litiges anglo-russes. 1910 Accord franco-allemand sur le Cameroun ; accord franco-anglais sur la frontière entre le Tchad et le Soudan. 1911 Accord franco-allemand sur le Congo et le Maroc. 1911 Accord sur la frontière entre le Liberia et la Guinée française. 1916 Accord Sykes-Picot sur le partage des provinces arabes de l'Empire ottoman entre la Grande-Bretagne et la France. 1917 Indépendance de l'Ukraine, de la Lithuanie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Tchécoslovaquie, Hongrie et de la Croatie. 1919 Á la suite de sa prise de position au côté des Alliers lors de la Première Guerre mondiale, le Japon reçoit les possessions et intérêts allemands en Chine. 1921 Signature du traité de Riga : à la suite du conflit qui l'a opposé à l'Union soviétique, la Pologne recule de 200 km, sa frontière à l'est de la ligne Curzon. 1921 Signature d'un accord entre la Mongolie et la Russie soviétique sur l'indépendance de la Mongolie intérieure. 1921 Accord anglo-irlandais pour la création d'un État libre d'Irlande et de l'Ulster dans le Royaume-Uni. 1922 Fin du protectorat anglais sur l'Égypte. 1925 Traité de Locarno : la Grande-Bretagne, l'Italie, la France, la Belgique et l'Allemagne reconnaissent les frontières des autres signataires. 1929 Accords du Latran : Mussolini reconnaît la souveraineté du pape ; l'État du Vatican est créé. 1935 Signature du «British India Act» : les provinces se voient accorder l'autonomie à l'exception du domaine de la défense et de la diplomatie. 1936 Traité anglo-égyptien : accession de l'Égypte à l'indépendance. 1938 Signature d'un traité de paix entre le Paraguay et la Bolivie qui lui cède une partie de la région du Chaco. 1938 La Pologne annexe la Silésie et Teschen. 1939 La Ruthénie est annexée par la Hongrie. 1939 Traité germano-soviétique de partage de la Pologne. 1939 Les provinces de la Pologne orientale sont partagées entre l'Ukraine et la Biélorussie. 1939 L'Allemagne annexe la Pologne du Nord-Ouest (Poznanie). 1940 La Roumanie cède la Transylvanie septentrionale à la Hongrie et la Dobroudja méridionale à la Bulgarie. 1944 Sous domination danoise, l'indépendance de l'Islande est proclamée. 1944 Le mandat français sur la Syrie prend fin. 1944 Conférence de Brazzaville : le système colonial français s'oriente vers une assimilation et une représentation des populations colonisées au sein d'assemblées locales et de l'Assemblée constituante. 1944 Traité d'alliance franco-soviétique (10 décembre). 1945 La Ruthénie tchécoslovaque est rattachée à l'Ukraine. 1945 L'indépendance de l'Indonésie est proclamée et reconnue par les Pays-Bas en 1949. 1946 Philippines : proclamation de l'indépendance et de la république. 1947 Proclamation de l'indépendance et partition de l'Inde (ancienne colonie britannique). Le Pakistan est créé. 1948 Ceylan (depuis 1972 : Sri Lanka) accède à l'indépendance au sein du Commonwealth. 1948 Fin du mandat britannique sur la Palestine. 1948 Rattachement de Terre-Neuve au Canada. 1949 Sous mandat britannique depuis 1922, la Transjordanie devient le Royaume hachémite de Jordanie. 1949 La Cisjordanie est annexée par la Jordanie. 1949 Le Laos devient indépendant au sein de l'Union française. 1951 Le Tibet passe sous protectorat chinois. 1951 L'indépendance de la Libye est proclamée : le Fezzan, la Tripolitaine et la Cyrénaïque constituent un seul État. 1952 L'Erythrée est rattachée à l'Ethiopie. 1953 Proclamation de la République en Égypte. 1954 Accords de Genève instaurant l'armistice en Indochine. Le Vietnam est partagé en deux suivant le 17ème parallèle. 1955 Le Cambodge rompt avec l'Union française et devient indépendant. 1956 Sous protectorat français depuis 1912, le Maroc devient indépendant. 1956 Signature de l'accord d'autonomie interne (1954) et proclamation de l'indépendance de la Tunisie. 1956 Proclamation de l'indépendance du Soudan. 1957 La «Gold Coast» prend le nom de «Ghana» et accède à l'indépendance. 1957 Proclamation de l'indépendance de la Malaisie. 1958 L'Espagne cède la partie septentrionale du Sahara espagnol au Maroc. 1958 Conférence d'Accra (15-22 avril) : l'Éthiopie, le Ghana, le Libéria, la Libye, le Maroc et la République Arabe Unie (fédération de l'Égypte et de la Syrie) dénoncent toutes les formes de colonisation. 1958 Indépendance de Singapour. 1958 Indépendance de la Guinée. 1958 Sous domination britannique, Chypre demande l'«Enôsis» (union avec la Grèce) et obtient l'indépendance. 1960 L'ex-Cameroun français est déclaré indépendant. 1960 Le Congo-Brazzaville, puis le Congo-Léopoldville, le Mali, le Togo et Madagascar accèdent à l'indépendance. 1960 Le Dahomey (auj. Bénin), le Niger, la Haute-Volta, la Côte-d'Ivoire, le Tchad, la République centrafricaine, le Nigéria, le Gabon et la Mauritanie sont proclamés indépendants. 1961 L'Union sud-africaine prend le nom d'Afrique du Sud et sort du Commonwealth. 1961 L'Union africaine et malgache (U.A.M.) regroupant les anciennes colonies françaises est fondée en vue d'une coopération. 1962 Accords d'Évian sur la reconnaissance de l'indépendance algérienne et intégration du Sahara à l'Algérie. 1962 Anciennement placés sous protectorat britannique, le Zanzibar et le Kenya obtiennent leur indépendance. 1964 Le Nyassaland (auj. Malawi), Malte et la Rhodésie du Nord (auj. Zambie) deviennent indépendants. 1965 La Rhodésie du Sud prend le nom de Zimbabwe et est proclamé unilatéralement indépendant. 1966 La Guyane anglaise devient indépendante. 1967 Au Nigeria : le Biafra (région sud-est du Nigeria) fait sécession et marque ainsi sa volonté de ne plus faire partie du Commonwealth. 1968 L'île Maurice accède à l'indépendance, mais conserve des liens étroits avec la Grande-Bretagne. 1971 Sous protectorat britannique depuis 1892, les états arabes deviennent indépendants et forment la fédération des Émirats arabes unis. 1971 Le Pakistan oriental fait sécession et devient indépendant sous le nom de Bangladesh. 1972 Rétrocession d'Okinawa au Japon par les États-Unis. 1975 Ancienne colonie portuguaise, le Mozambique accède à l'indépendance. 1975 Accession à l'indépendance des Comores (Mayotte exceptée). 1977 La Somalie devient indépendante après dix ans de tutelle italienne. 1979 Le Maroc annexe le sud du Sahara occidental jusqu'alors mauritanien. 1981 Israël annexe le Golan. 1984 Accord (13 février) entre l'Angola et l'Afrique du Sud garantissant l'évacuation du Sud angolais par les forces sud-africaines (complété par un pacte de non-agression entre l'Afrique du Sud et le Mozambique). 1984 Accord sino-britannique pour la rétrocession de Hong-Kong à la Chine (juillet 1997). 1988 Accord sur le retrait des forces militaires soviétiques hors de l'Afghanistan (Genève). 1988 Accord conclu entre le gouvernement français, le F.L.N.K.S. et le R.P.C.R. sur le statut de la Nouvelle-Calédonie (statut intérimaire pour 10 ans - scrutin d'autodétermination prévu en 1998). 1988 Traité conclu entre l'Afrique du Sud, l'Angola et Cuba, pour le retrait d'Angola des forces militaires cubaines et l'accession à l'indépendance de la Namibie (1990). 1996 Signature d'un accord d'union entre la Biélorussie et la Russie (2 avril). 1997 Signature le 12 mai, d'un accord de paix entre la Tchétchénie et la Russie (l'indépendance de la Tchétchénie n'est cependant pas encore reconnue par la Russie). 1997 Signature (24 avril) d'un accord entre la Russie, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan pour la réduction des troupes le long des frontières communes. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:52 | |
| La décolonisationEmancipation des peuples coloniaux en Afrique Les causes de la décolonisation A partir de 1945 s'engage le processus de décolonisation, qui ne sera achevé qu'en 1975. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : Ø La Seconde Guerre mondiale a démontré que les pays colonisateurs n'étaient pas invincibles. Ø Les pays colonisés bénéficient du soutien des États-Unis et de l'URSS. Ø L'ONU, formée en 1945, proclame l'égalité et la liberté des peuples. Ø Des mouvements nationalistes se constituent chez les peuples colonisés. Ils réclament leur indépendance. Les étapes de la décolonisation La décolonisation débute en Asie. En 1947, la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance de l'Inde. Mais elle ne parvient pas à éviter sa partition en deux États : l'Union indienne à majorité hindouiste et le Pakistan à majorité musulmane. En 1954, aux accords de Genève, la France reconnaît l'indépendance du Laos, du Cambodge et du Viêt-nam, qui est partagé provisoirement de part et d'autre du 17e parallèle. La décolonisation touche ensuite l'Afrique du Nord. Le Maroc et la Tunisie qui sont des protectorats français accèdent à l'indépendance en 1956. En Algérie, française depuis 1830, la rébellion armée est déclenchée le 1er novembre 1954 par le Front de libération nationale (FLN). L'Algérie obtient son indépendance aux accords d'Evian (1962) après sept années de guerre. Les colonies françaises d'Afrique noire sont décolonisées dans les années 1960, sans trop de heurts. Dans les territoires britanniques, les colonies accèdent elles aussi à l'indépendance, mais le processus est entravé par des conflits raciaux. Les deux conflits mondiaux, germes des indépendances La Première et la Seconde Guerre mondiale ont joué un rôle dans l'aspiration des peuples colonisés à l'indépendance. Dès la Première Guerre mondiale, les combattants non européens ont touché du doigt les différences entre leur pays et l'Europe. Ces anciens combattants, auréolés de prestige, ont contribué à leur retour à semer les premières graines de nationalisme. La Seconde Guerre mondiale a produit, en les amplifiant considérablement, des effets comparables. La défaite de la France en 1940 a été ressentie, après celle des Russes confrontés aux Japonais en 1905, comme une preuve de la non-invincibilité du colonisateur; aux actes de révolte, toujours présents, s'est ajoutée une réflexion profonde sur les moyens d'obtenir le retour à l'indépendance des pays colonisés. En 1945, le congrès de Manchester a, pour la première fois, proclamé le droit à l'indépendance. Le choc est brutal pour certains pays colonisateurs qui, en 1945, ne mesurent pas encore qu'ils ont perdu le contrôle économique et politique du monde au profit de deux énormes puissances, qui ont tiré parti de la Seconde Guerre mondiale pour imposer leur domination. L'influence américaine Même s'ils ont annexé sans vergogne, à la fin du XIX e siècle, des restes de l'Empire espagnol, aux Philippines ou à Porto Rico, même si leurs relations avec leurs communautés noire et surtout indienne demeurent tout à fait inégalitaires et ambiguës, les Etats-Unis n'ont cessé, au nom du passé des treize colonies fondatrices, de proclamer leur anticolonialisme doctrinal et d'appuyer plus ou moins concrètement les efforts de libération des pays colonisés. En pleine guerre, en août 1941, ils imposent à leurs alliés la signature d'une Charte de l'Atlantique, dont le chapitre 3 fixe au nombre des buts de guerre le rétablissement des «droits souverains et du gouvernement autonome de ceux qui en ont été dépossédés par la force». Très influencée par l'idéologie de l'époque, la charte de l'ONU, en 1945, proclame l'égalité des peuples; même si à Yalta, quelques mois plus tôt, Américains et Soviétiques, sous le regard de Winston Churchill, ont divisé le monde en zones d'influence, comme jadis à Tordesillas. La sphère soviétique De son côté, bien qu'ayant absorbé, sous des formes subtiles de colonisation, les pays baltes, des morceaux du territoire finlandais à l'occasion de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi les «démocraties populaires» - Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Bulgarie - où jusqu'après 1980 les interventions militaires soviétiques ont été particulièrement violentes -, l'URSS n'a cessé d'associer, après le congrès de Bakou en 1917, les prolétaires du monde industrialisé et les populations tombées sous le «joug colonial». L'action idéologique soviétique a été particulièrement profonde et a conduit à quelques formes spectaculaires de «libération» dans le monde: celle de la Chine en 1949, par exemple. Pour Nikita Khrouchtchev, toute forme de lutte pour l'indépendance est révolutionnaire et l'URSS l'appuie, même s'il faut courir le risque, comme à Cuba, d'un affrontement direct avec les Etats-Unis; elle doit mobiliser, dans le monde entier, les «forces progressistes» qui vont répéter pendant des décennies que l'impérialisme est, selon la formule de Lénine, le stade suprême du capitalisme, et, plus tard, que le néocolonialisme est le dernier stade, le dernier soubresaut de l'impérialisme. Ainsi va-t-on penser qu'il suffit de «vaincre le capitalisme» pour que le développement des «pays exploités» s'ensuive. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:53 | |
| La fin des empires coloniaux européensLes accords de Genève (1954) La conférence de Genève aboutit à l'indépendance provisoire des pays de l'ex-Indochine et à la partition du Viêt-nam. Le Commonwealth britannique Sortie affaiblie de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne tire la première les conclusions du nouveau rapport de forces international: dès 1947, elle reconnaît l'indépendance de l'Inde, entraînant la perte, non sans drames, de l' Indonésie pour les Néerlandais (en août 1945, l'indépendance est proclamée; en 1949, les accords de La Haye reconnaissent cette indépendance). Le rôle de l'Asie libérée s'accroît rapidement dans les relations internationales. Dès 1957, la Gold Coast, à son tour, est indépendante et prend le nom de Ghana; là aussi, l'exemple ébranle l'édifice colonial en Afrique, d'autant plus que la popularité du leader ghanéen Nkrumah est immense. La France La France connaît beaucoup plus de difficultés que la Grande-Bretagne; elle doit abandonner, en 1945, ses mandats sur la Syrie et le Liban; elle s'engage, contre la République du Viêt-nam (1945), dans une guerre de reconquête de l'Indochine après avoir raté l'occasion d'un accord avec le Front de l'indépendance du Viêt-nam (Viêt-minh), créé en 1941 par Hô Chi Minh. Près de dix ans plus tard, la conférence de Genève, où l'entrée en scène de la Chine communiste marque le profond changement des rapports de forces, aboutit à l'indépendance provisoire des pays de l'ex-Indochine et à la partition du Viêt-nam. En Afrique, la conférence de Brazzaville de 1944, tenue à l'initiative du général de Gaulle, promet une large autonomie aux colonies mais leur refuse l'indépendance. En 1946, la IVe République croit trouver une réponse en créant l'Union française, formée par la République française et les territoires et Etats associés d'outre-mer. Profondément rénovée par la loi Defferre de 1956, l'Union française devient en 1958 la Communauté, mais la Guinée refuse de s'y associer et l'Algérie est en pleine guerre de libération, revendiquant l'indépendance, obtenue par le Maroc et la Tunisie en 1956. L'indépendance algérienne, en 1962, consacre l'effondrement de l'empire colonial français. Le Portugal En 1974, après de dures guerres en Angola, en Guinée et au Mozambique, le Portugal cède à son tour; en 1976, L'Espagne L'Espagne abandonne, par consentement, à l'exception de quelques points d'appui (Ceuta, Melilla) les fragments d'empire qui lui restent. Si la décolonisation, presque achevée aujourd'hui, a été rapide - une trentaine d'années - elle aura profondément marqué la vie politique intérieure aussi bien des pays colonisateurs que des pays colonisés et y aura introduit de nombreuses contradictions. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:55 | |
| Le mouvement anticolonialisteZhou Enlai à la Conférence de Bandung. Un mouvement de gauche Dans les anciens pays colonisateurs, l'opinion a été très divisée. Les anticolonialistes, très actifs en France notamment, regroupaient, malgré de fortes tensions internes, des syndicalistes, des hommes politiques, des écrivains; tous se réclamaient plus ou moins d'une gauche gênée par la pesanteur de l'URSS et de l'idéologie qu'elle répandait. Beaucoup étaient partisans, dans l'opinion publique, d'un abandon pur et simple de colonies coûteuses, auxquelles il était question d'accorder un statut de pleine égalité. Guerres intestines Les dissensions ne sont pas moins évidentes chez les colonisés luttant pour la libération. Dans certains cas, des leaders charismatiques - tels Gandhi, assassiné en 1948, puis Nehru en Inde, Kenyatta, grand vainqueur des élections de 1963 au Kenya, après les terribles soubresauts des années 1950, Nyerere au Tanganyika, Senghor au Sénégal, Houphouët-Boigny en Côte-d'Ivoire - ont, au moins pour un temps, dissimulé la gravité des situations internes. Il n'en fut pas toujours ainsi. A peine indépendant, l'Angola vit s'affronter (1975) dans une longue guerre civile trois coalitions d'intérêts et d'options politiques opposés, maîtresses de trois territoires. La libération du Zimbabwe ne s'est pas faite sans remous entre partisans avoués des Etats-Unis ou de l'URSS et colons blancs désireux de maintenir l'ancien état des choses. Au Zaïre, au Nigeria, en Indochine, les réalités religieuses ou politiques ont abouti à des sécessions spectaculaires ou à des conflits internes. Le néocolonialisme L'une des caractéristiques de la période postérieure à 1950 est que les anciens colonisateurs ont plus ou moins «lâché du lest» sur le plan politique pour conserver d'importants avantages économiques. Un exemple spécialement frappant est celui de l'Iran, où la nationalisation de l'Anglo-Iranian Company en mars 1951 a provoqué, trois ans plus tard, la chute de Mossadegh, leader intransigeant. D'autres exemples peuvent aisément être donnés à propos du contrôle de la production du caoutchouc, du cuivre, du coton, du café, du cacao, du thé. Les formes les plus durablement persistantes du néocolonialisme sont d'ordre économique et financier. Les pays décolonisés ont tenu, en avril 1955, une conférence à Bandung, en Indonésie: l'acte final affirmait l'égalité de toutes les races et l'égalité de toutes les nations, petites ou grandes. On est loin aujourd'hui encore d'avoir vu se réaliser le rêve de Bandung. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:55 | |
| La conférence de Bandung (1955)
Du 18 au 24 avril 1955, s'est réunie à Bandung, en Indonésie, une conférence des nations afro-asiatiques, convoquée par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, de l'Indonésie et du Pakistan.
Ont participé à la conférence : l'Afghanistan, le Cambodge, la République populaire de Chine, l'Égypte, l'Éthiopie, la Côte de l'Or (aujourd'hui Ghana), l'Iran, l'Iraq, le Japon, la Jordanie, le Laos, le Liban, le Liberia, la Libye, le Népal, les Philippines, l'Arabie Saoudite, le Soudan, la Syrie, la Thaïlande, la Turquie, le Nord et le Sud-Vietnam et le Yémen.
Au total, le président Sukarno et son Premier ministre Ali Sastroamidjojo reçurent 600 délégués, parmi lesquels il faut relever les noms de l'Egyptien Nasser, de l'Indien Nehru, du Cambodgien Sihanouk, du Sud-Vietnamien Ngo Dinh Diem et du Chinois Zhou Enlai.
Au cours de cette conférence, surnommée le «Yalta afro-asiatique», plusieurs questions furent évoquées et notamment celles concernant la politique colonialiste de la France en Afrique du Nord et de l'Union soviétique en Turquie et en Iraq, les problèmes de Taïwan, du Proche-Orient et de la Nouvelle-Guinée occidentale.
Les Occidentaux suivirent avec attention cette conférence et jouèrent, en coulisses, un grand rôle en inspirant leurs pays amis ou clients. Ainsi, les Etats-Unis avaient fourni une assistance économique et militaire à 20 pays représentés à Bandung.
Le communiqué final énonça les principes d'une politique commune. S'appuyant, dans un souci de légalité, sur les déclarations de l'ONU, la conférence affirma le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, condamna les pratiques colonialistes et déplora toute politique de ségrégation raciale. Elle proclama aussi l'égalité des races et des nations, et la nécessité d'une coopération économique et culturelle.
Exprimant son inquiétude devant l'état de tension mondiale, elle proposa l'interdiction de la fabrication et de l'expérimentation des armes nucléaires, la nécessité d'un contrôle international, et souhaita le règlement des conflits par des moyens pacifiques.
Cette conférence, placée sous le signe de l'unité, marque une prise de conscience de la part des peuples asiatiques et africains qui affirmèrent leur volonté commune d'indépendance et de lutte contre le colonialisme ou le néo-colonialisme. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:57 | |
| Le tiers-mondeDes réfugiés qui ont perdu leur maison dans le tsunami à Banda Aceh, Indonésie. Entré dans le vocabulaire courant, le terme «tiers-monde», désignant l'ensemble des pays pauvres, à l'exclusion de tout élément de l'ancien bloc soviétique, s'est banalisé sous forme d'une image aux contours flous. Il s'accompagne de diverses notions – pays «sous-développés» ou «en voie de développement», «pays du Sud» –, souvent considérées comme synonymes. Un débat sur le «tiers-mondisme», très vif en France à la fin des années 1980, portait sur l'existence même du tiers-monde, alors que nul ne niait qu'il existât des inégalités de développement. Une vision politique du sous-développement Face au problème que pose la définition du tiers-monde, parler de «pays du Sud», par un «géographisme» que dénonce Yves Lacoste, permet apparemment de ne pas prendre parti, mais est dénué de fondement : c'est oublier que la Nouvelle-Zélande, pays méridional s'il en est, est riche ; c'est suggérer que la latitude, donc le climat, est un élément déterminant de la richesse ou de la pauvreté des nations. Il n'y a jamais de synonymie parfaite, et ces équivalences, approximatives, gênent la réflexion et enveniment des débats souvent passionnés. L'usage du singulier ou du pluriel n'est pas non plus indifférent : y a-t-il un tiers-monde ou des tiers-mondes, comme il y a des pays en voie de développement? L'origine du terme L'expression «tiers-monde» est née d'une heureuse formule du démographe Alfred Sauvy dans un article publié le 14 août 1952 par l'hebdomadaire l'Observateur, ancêtre du Nouvel Observateur, à la dernière phrase d'une chronique intitulée «Trois mondes, une planète». L'auteur évoquait l'existence de deux mondes, pays «occidentaux» et pays du «bloc communiste», entre lesquels sévissait une «guerre froide» pouvant se muer en conflit ouvert. Cette opposition tendait, selon lui, à nier l'existence d'un troisième monde, l'ensemble des pays sous-développés, d'ailleurs convoités par les deux blocs. Selon Sauvy, ce troisième monde avait des caractères spécifiques ; sa croissance démographique galopante en faisait notamment une chaudière humaine prête à exploser. Et l'auteur de conclure : «Car enfin, ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, être quelque chose.» Sauvy établissait donc une comparaison explicite entre le tiers-monde dont il parlait et le tiers état de la France d'Ancien Régime, autre ensemble aux contours flous, sans unité sociale, comprenant les misérables ouvriers agricoles comme les bourgeois cossus, unis seulement par l'absence de participation aux privilèges dont bénéficiaient noblesse et clergé. À la veille du 15 août 1952, dans une France déjà vacancière, cet article passa presque inaperçu. Le terme qu'il créait devait cependant faire carrière, explicité notamment dans un ouvrage paru en 1956 sous la direction d'Alfred Sauvy et Georges Balandier. Le rapprochement du titre et du sous-titre aurait pu officialiser un glissement d'interprétation et suggérer une équivalence entre tiers-monde et sous-développement. Dans l'esprit des auteurs, il s'agissait en fait de préciser, voire d'infléchir sensiblement le concept de sous-développement, né quelques années plus tôt aux États-Unis. Le climat politique Le thème du «sous-développement» était apparu dans un discours du président américain Harry Truman, prononcé en 1948, au début de la guerre froide. Parmi les quatre points de la politique nord-américaine à l'égard du communisme que l'hôte de la Maison-Blanche énumérait, le dernier précisait que les États-Unis apporteraient leur aide financière, économique et militaire à tout État menacé par la subversion communiste. Pour le leader du «monde libre», la pauvreté qui régnait dans le monde favorisait la pénétration soviétique : tenter de la juguler revenait à lutter contre le communisme. Le terme de «sous-développement», lourd de sens, postulait l'existence d'un développement et d'un seul, ce que l'économiste américain Walt Whitman Rostow devait théoriser dans les Étapes de la croissance économique (1960). Le nombre important des pays pauvres s'expliquait par leur retard dans un processus mondial de développement dont les Etats-Unis ouvraient la voie, l'aboutissement étant une société d'abondance, politiquement et économiquement libérale. Il convenait donc, au moyen d'une aide économique et financière, d'accélérer un processus trop lent, ou parfois à peine amorcé. Les Nord-Américains ne négligeaient pas les causes politiques du sous-développement. Pour eux, la colonisation, qui avait nui à l'investissement et à l'évolution sociale, constituait le principal facteur du retard en matière de développement ; ils pensaient que le protectionnisme des métropoles avait exclu les colonies de l'évolution économique mondiale. Anticommunistes, les Américains étaient aussi anticolonialistes, au risque de provoquer le mécontentement de leurs alliés européens, alors trop dépendants pour regimber fortement. Somme toute, leur position était comparable à celle des Anglais à la fin du XIXe siècle : Londres était défavorable à une colonisation politique de l'Afrique et ne s'y risqua que contrainte et forcée par l'impérialisme de puissances comme l'Allemagne et la France. Dans les deux cas, la puissance économique dominante de l'époque estimait avoir tout à gagner au libre jeu du marché. Le troisième monde La notion de tiers-monde, venant perturber cette logique simpliste, signifiait que le problème du sous-développement recouvrait des dimensions politiques plus complexes : le tiers-monde, comme en 1789 le tiers état, n'était pas seulement pauvre mais différent. Il ne pouvait se contenter de plus de richesse (ou de moins de pauvreté), allait réclamer la fin des privilèges, l'établissement d'un monde politiquement et socialement plus équitable. Cette analyse, juste, a pâti de nombreuses manipulations politiques, initiées par l'opposition entre les deux blocs, puis, compliquant les données, par la rupture entre l'URSS et la Chine. L'approche de Sauvy, politique, économique, sociale et culturelle, a été souvent détournée dans un sens plus strictement politique et idéologique, avec notamment une assimilation entre «pays du tiers-monde» et «pays non alignés», puis par la déviance progressive de cette dernière notion. À l'origine, le vocable «pays non alignés», qui avait un sens politique, devait s'appliquer à tous les pays qui ne se rattachaient ni au bloc atlantique ni au bloc soviétique, à l'image de la Yougoslavie (qui avait rompu en 1948 avec l'URSS), voire, quelques années plus tard, de la Chine. Mais il pouvait prendre aussi un sens culturel. En effet, seule la différence culturelle peut expliquer que le Japon ait siégé à la conférence afro-asiatique de Bandung (1955) : il n'était déjà plus un pays pauvre et se trouvait politiquement lié aux États-Unis. Le bloc des non-alignés, dont le premier «sommet» se tint en 1961, réunissait des pays dont les options économiques et sociales étaient très différentes, mais qui tous, à des degrés divers, misaient sur un jeu de bascule entre les deux blocs, tâchant d'en retirer le plus grand profit. Son origine afro-asiatique excluait les pays latino-américains, encore chasse gardée de l'«oncle Sam». Une remise en cause des hégémonies La victoire de Fidel Castro à Cuba et son alliance avec l'URSS modifièrent les données en introduisant l'Amérique latine, ensemble sous-développé, dans le concert des nations non alignées. Cuba était pourtant un pays éminemment «aligné» sur l'URSS. La Conférence tricontinentale de La Havane (1966) exprimait l'unité du tiers-monde, marquant au passage une déviance manifeste du non-alignement. On ne saurait pour autant parler d'«alignement» général : beaucoup de pays non alignés sont restés résolument anticommunistes, d'autres hésitant souvent entre les versions soviétique et chinoise du communisme. La voie chinoise L'entrée officielle de la Chine dans le débat est tardive. C'est en 1973 seulement que Mao Zedong affirma que la Chine appartenait au tiers-monde. En 1977, après sa mort, les Chinois ont élaboré la doctrine des «trois mondes»: le premier constitué par les deux puissances hégémoniques (États-Unis et URSS), le deuxième groupant les pays riches soumis à l'hégémonie américaine mais à même de l'ébranler (Europe de l'Ouest, Canada, Australie...), le troisième rassemblant les autres États de la planète. Mais le modèle chinois avait déjà influencé des pays du tiers-monde. Des experts pensaient pouvoir s'en inspirer pour organiser le travail humain et mobiliser des savoir-faire nationaux au service du développement. Même s'ils n'épousaient pas les positions idéologiques du régime, ils considéraient avec sympathie les idéaux d'égalité et de bien-être qui paraissaient l'animer. La prise de position chinoise devait cependant contribuer à donner, en France surtout, un tour bien plus idéologique au débat et favoriser la cristallisation d'un tiers-mondisme parfois caricatural. Une réaction aux modèles extérieurs A la conception nord-américaine d'une évolution linéaire que venaient entraver l'idéologie communiste et le passéisme des anciens colonisateurs se sont opposées des critiques souvent radicales, n'émanant pas, pour l'essentiel, de l'Union soviétique et de ses partisans. Pour l'URSS, l'impérialisme, instrument politique du capitalisme, était la seule cause du sous-développement. Dès lors, les Soviétiques ne se donneraient pas pour mission d'apporter une aide économique mais un appui politique et militaire. Considérant que leur modèle pouvait seul résorber les problèmes de développement, ils ne jugeaient pas nécessaire d'analyser la spécificité des pays dits sous-développés. Le tiers-mondisme a été le fait d'opposants communistes à l'URSS, trotskistes ou maoïstes, et de courants d'obédience chrétienne sensibles à la pauvreté, aux atteintes aux libertés, tant dans les dictatures proaméricaines que dans le monde communiste. Leur point commun était la recherche d'une troisième voie. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:57 | |
| Le capitalisme en question
A des degrés divers, ces courants ont fait porter la responsabilité du sous-développement aux effets pernicieux du système capitaliste : celui-ci aurait fondé sa prospérité sur l'exploitation des pays du tiers-monde et le rapport d'échange inégal matières premières contre produits industriels. De surcroît, l'introduction de rapports de production marchands déstructurait les sociétés et les économies du tiers-monde, provoquant un accroissement des inégalités qui ne pouvait qu'exacerber le sous-développement. Il était donc possible d'envisager un «développement du sous-développement» et un appauvrissement d'une «périphérie» exploitée par un «centre», le capitalisme. Dans sa forme extrême, sentimentale plus encore qu'idéologique, le tiers-mondisme est devenu carrément manichéen, tendant à opposer aux riches, incarnation du mal, les pauvres, justes parce que pauvres. Au-delà des divergences de vocabulaire, fonction des idéologies, une unité du tiers-mondisme dans sa critique du monde développé est donc concevable. Il n'en va pas de même pour ce qui est des solutions au problème de la pauvreté : si tous ont récusé la voie capitaliste libérale, certains ont prôné des modèles extérieurs – la «voie chinoise», le marxisme épuré des «hérésies» léninistes et staliniennes –, d'autres ont fondé leurs espoirs sur les idéaux de solidarité qui auraient existé dans les sociétés «traditionnelles».
Des évolutions économiques divergentes
Les récents bouleversements politiques et économiques ont profondément modifié la réflexion sur le tiers-monde. Les retrouvailles de la Chine avec le capitalisme, l'effondrement du bloc soviétique, comme l'échec des socialismes utopiques «nationaux», ont créé un vide, ou plutôt un monopole, idéologique. Les États-Unis peuvent penser avoir triomphé économiquement comme politiquement. Il n'y a plus d'alternative : le modèle du libéralisme économique paraît réaliser sa vocation universelle et contrôler le «système mondial». Les grands organismes internationaux, Banque mondiale et Fonds monétaire international, appelés au secours par des pays catastrophiquement endettés à partir des années 1970, s'efforcent de faire appliquer partout les mêmes recettes fondées sur une stricte orthodoxie financière et sur l'ouverture au marché mondial, dans le cadre duquel chaque pays concerné devrait se spécialiser en fonction de ses «avantages comparatifs». À considérer la cartographie de la répartition des indices quantifiables de développement, on serait conduit à parler de plusieurs tiers-mondes, comme peut le montrer l'opposition entre eux des trois continents concernés.
Les pays qui ont «décollé»
Cette position se justifie par les profondes évolutions qui se sont produites au sein du tiers-monde. Certains pays, principalement asiatiques, notamment les «dragons», paraissent avoir «décollé» en se tournant résolument vers le développement industriel destiné à l'exportation sur le marché mondial. D'autres s'enfonçant, à l'inverse, dans la misère et le désordre, il apparaît que l'unité du tiers-monde ne se situe plus dans la pauvreté et que la concurrence économique ne peut qu'y exacerber les divisions. Cela frappe quand on examine les indicateurs de sous-développement qu'a utilisés le géographe Yves Lacoste. Dans les années 1960, cet auteur dressait une liste de quatorze critères qui avaient plus pour objectif de repérer que de définir les pays sous-développés. S'il était déjà alors peu aisé de les retrouver dans l'ensemble des pays du tiers-monde, cette tentative serait aujourd'hui vaine : les différences de PNB par habitant se sont creusées par l'enrichissement des pays pétroliers, peu peuplés, et l'émergence des «nouveaux pays industriels» (NPI). L'exode rural a sévi partout, à des degrés divers : plus tôt et de manière plus importante en Amérique latine, plus tardivement en Afrique et à un moindre degré en Asie. Le niveau sanitaire a souvent progressé, du moins jusqu'à une date récente, et la situation alimentaire, grâce à l'intensification de l'agriculture, s'est améliorée dans certains pays.
Faut-il croire les indicateurs de richesse?
L'Amérique latine se distingue par un très fort taux d'urbanisation, des PNB par habitant et des niveaux de consommation d'énergie relativement élevés, une croissance démographique encore forte mais dont la décrue est amorcée. À l'inverse, l'Afrique se situe aux niveaux les plus bas pour tous les indices de bien-être et de développement économique ; sa croissance démographique se maintient, voire s'accentue, en dépit de l'exode rural. L'Asie offre un tableau plus composite : certains pays sont très attardés (Népal, Birmanie) et appartiennent au groupe des «pays les moins avancés» (PMA) – au même titre que la quasi-totalité des pays africains –, d'autres ont été ravagés par les guerres (ancienne Indochine) alors qu'émergeaient de nouvelles puissances industrielles et financières (Corée du Sud, Taiwan) ; ces deux «géants» en nombre d'habitants, qui se sont montrés capables de construire une industrie fondée sur leur marché intérieur, peuvent prendre place, comme le fait aujourd'hui la Chine, dans le système du commerce mondial.
On peut alors s'interroger sur la pertinence de certains indicateurs. L'état de sous-développement a pour corollaires le sous-développement «statistique» et, plus fondamentalement, l'inadéquation des indicateurs, conçus pour des économies industrielles monétarisées de longue date et prônant le libre-échange.
Le calcul du PNB et du PIB néglige, ou sous-estime, l'autoconsommation rurale. Établir une corrélation entre la croissance de l'urbanisation et la croissance du PNB par tête – qui n'est pas forcément synonyme de mieux-être –, c'est omettre le fait que le miséreux des villes achète sa nourriture, augmentant le PNB, alors que, paysan, il consommait une production qui n'était pratiquement pas comptabilisée. Cela revient également à poser la question de comment tenir compte de l'activité du secteur informel, qui, par définition, fonctionne en marge des règlements. La prise en considération des activités irrégulières au Congo (ex-Zaïre) ferait plus que doubler le PNB de ce pays. Ajoutons que cet indice, établi pour rendre possibles des comparaisons à l'échelle mondiale, rend mal compte de la réalité des niveaux de vie dans des pays où beaucoup de biens et services sont payés aux prix, généralement très bas, de marchés intérieurs peu ouverts : cette réalité est particulièrement frappante en Inde et, encore largement, en Chine. Les indices sociaux ne sont pas forcément plus pertinents. Ainsi, le taux de scolarisation ne dit rien de l'efficacité de l'enseignement ; le nombre d'habitants par médecin masque le manque de médicaments de base. La disparité des indices témoigne, entre autres, des disparités dans la répartition et l'ampleur du peuplement, dans les types de structures économiques et sociales. Elle différencie le style de sous-développement davantage parfois que les inégalités de niveau de développement.
Faut-il alors, comme nombre d'opposants au tiers-mondisme, considérer qu'il n'existe pas d'unité du tiers-monde et que chaque pays est un cas spécifique qu'il faut traiter empiriquement, au risque de renoncer à une analyse du sous-développement?
L'importance de la démographie
Poursuivant sa réflexion sur l'unité et la diversité du tiers-monde, Yves Lacoste en est venu, vers la fin des années 1970, à considérer qu'un critère commun et presque unique unissait ses constituants : l'ampleur de la croissance démographique (toujours supérieure à 2 % par an, alors qu'elle reste sensiblement inférieure à ce seuil dans le reste du monde). Dans le tiers-monde, ce phénomène, qui n'a jamais eu d'équivalent (la croissance démographique annuelle n'a pas dépassé 1 % l'an dans l'Europe du XIXe siècle), est à la fois signe et cause de sous-développement : il est signe car il traduit des attitudes à l'égard de la vie quotidienne, des relations personnelles et sociales – qui ne paraissent plus de mise dans des sociétés marquées par l'allongement de l'espérance de vie –, de l'investissement dans l'éducation ou encore de la sécurité sociale (où l'enfant est coûteux plus qu'utile) ; il est cause dans la mesure où il provoque des tensions supplémentaires dans des économies peu productives où la proportion d'inactifs s'est brutalement accrue, tant par l'accroissement du nombre des personnes âgées que par le fourmillement des enfants, deux conséquences des progrès «importés» de la médecine de masse. La croissance démographique du monde européen au XIXe siècle résultait, en revanche, d'une évolution endogène de la société dans sa production, ses techniques médicales et sa pratique de l'hygiène. Or cette charge supplémentaire affecte des sociétés qui ont brutalement découvert, avec la mondialisation des échanges et de l'information, l'importance de besoins matériels que seule une minorité de privilégiés parvient à satisfaire. Ainsi, la croissance des grandes métropoles africaines, qui a par moments atteint 10 % par an, serait difficilement supportable avec des normes d'équipement de l'Europe d'avant-guerre ; elle est, bien évidemment, inconcevable selon les références de l'Europe d'aujourd'hui.
Le besoin d'affiner les critères
La pertinence de l'indicateur et du facteur démographiques paraît aujourd'hui de plus en plus incertaine. Certes, une carte du taux de croissance démographique dans le monde montre une extrême différence entre les pays industriels, y compris les pays de l'Est (où la reproduction est parfois à peine assurée), et les pays du tiers-monde, auxquels la décomposition de l'Union soviétique permet d'adjoindre les États d'Asie centrale que, par «précaution» diplomatique, on feignait d'ignorer jusqu'alors. En effet, on pensait, abusivement peut-être, que les inégalités économiques et sociales y étaient moins marquées. Mais une telle carte montre aussi que nombre d'États du tiers-monde sont passés en dessous de la barre des 2 % de croissance annuelle, en Amérique latine (Brésil, Mexique, Colombie, Chili, Argentine), en moins grand nombre mais à un plus fort degré en Asie méridionale et orientale (Chine, Thaïlande, voire Indonésie), cependant que l'Afrique et le Moyen-Orient continuent de connaître une croissance très élevée, souvent supérieure à 3 %.
Un indice beaucoup plus fin, le taux de mortalité infantile, traduit le même type de disparité entre les trois continents. Il existe cependant une exception d'importance : nombre de pays du Moyen-Orient, particulièrement dans la péninsule Arabique, combinent une très forte croissance démographique à des taux déjà faibles de mortalité infantile et à des PNB par habitant très élevés qui, en dépit des inégalités sociales, assurent au plus grand nombre des conditions de vie honorables. La relation entre sous-développement et croissance démographique, entre prospérité, limitation des naissances et vieillissement serait-elle beaucoup moins générale qu'on a bien voulu le penser? Ne s'agirait-il pas d'une vue de l'esprit des Européens et des Nord-Américains, confirmée par des exemples asiatiques, voire latino-américains, mais dont la valeur universelle n'est pas prouvée?
Les tiers-mondes : d'autres mondes ?
On est aujourd'hui conduit à s'interroger sur d'autres dimensions de la notion de tiers-monde. Les pays tiers sont aussi des pays différents à de multiples points de vue, et l'aspect écologique n'est pas négligeable.
La dimension écologique
On ne peut, par crainte du déterminisme physique, passer totalement sous silence le fait que les pays du tiers-monde se situent pratiquement tous dans la zone intertropicale ou dans des zones arides, tandis que les pays industriels développés sont localisés dans des zones de climats océaniques ou continentaux, à moyenne ou haute latitude. Si cela ne signifie pas que leur milieu écologique confère irrémédiablement la pauvreté aux pays tropicaux, il est plus que probable que leur développement agricole suppose des techniques spécifiques que les pays industriels n'avaient pas de motif pressant de rechercher. Les agricultures pluviales des pays tropicaux font appel à des techniques particulières que la prééminence économique et technique des pays tempérés a fait négliger. Néanmoins, les plus grands progrès des agricultures du tiers-monde sont liés à l'utilisation de plantes également cultivées dans les pays développés (maïs, riz, blé) et de techniques qui y sont fort bien connues, à commencer par l'irrigation. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Colonisation - Indépendance - Tiers-monde Mer 3 Mai - 17:58 | |
| Les facteurs culturels
L'évolution de maints pays asiatiques, en premier lieu le Japon, montre que la croissance économique et le développement ne sont pas réservés aux pays «blancs» de tradition judéo-chrétienne. Toutefois, il n'est pas certain que leur prospérité matérielle débouche sur la constitution de sociétés construites sur le modèle nord-américain. L'Amérique latine, la plus métissée des grandes régions du tiers-monde, la plus proche des pays riches quant à l'origine du peuplement (langues, usages sociaux, religions...), recherche aujourd'hui au moins autant sa voie dans le retour à ses spécificités, dans son passé précolombien, que dans l'utopie révolutionnaire importée qui lui permettait de se dresser contre le Yankee. Cela paraît plus évident encore dans le monde islamique : celui-ci ne refuse pas le progrès technique et entend même parfois l'utiliser comme une arme. Nombre d'islamistes combinent le fondamentalisme religieux et la maîtrise des sciences et des techniques, qu'ils veulent mettre au service d'une civilisation radicalement différente de celle de l'Occident, voire opposée à elle. De jeunes intellectuels africains se posent aujourd'hui la question de l'utilité même du développement, tant ce continent semble avoir de difficultés à mettre en place des encadrements qui correspondent aux capacités techniques de ses habitants, tant il vit difficilement le passage de sociétés fondées sur la parenté et l'alliance à des entités nationales s'appuyant sur un contrat social. On est en droit de se demander si les progrès des techniques de production et de l'organisation des rapports sociaux sont liés de telle façon que le développement suppose une réduction des civilisations à un dénominateur commun. Pourrait-on, au contraire, penser que le retour général de la dimension culturelle ouvrirait une époque de pluralisme?
L'Afrique à la traîne
C'est peut-être sous cet angle particulier qu'il faut envisager le retard de l'Afrique, qui semble s'accentuer d'année en année. Le continent noir ne souffre d'aucune «malédiction écologique»: ni les sols ni les climats n'y sont plus hostiles qu'ailleurs, et il existe d'autres Sahels, le Nordeste brésilien notamment, même si on ne recense pas, hors d'Afrique, d'Etats purement sahéliens comme le Niger. A ceux qui pensent que la colonisation doit être mise en cause, on peut rétorquer que l'Éthiopie, qui l'a pratiquement ignorée, est le pays le plus pauvre du continent noir. La proximité de l'Europe, qui devrait être un atout, s'affirme, au contraire, comme un handicap. Entre la copie des modèles européens et leur manipulation au profit de la grande famille, de l'ethnie, de la clientèle traditionnelle, entre l'attente de solutions extérieures et leur détournement au nom de l'authenticité africaine, la juste mesure reste pour l'heure introuvable. Pour reprendre un concept élaboré par un auteur fort éloigné de la problématique du développement, Pierre Gourou, ce sont les «encadrements» qui paraissent en cause.
Les risques de l'économie mondiale
On ne peut esquiver ce type de débat, mais il faut en mesurer les risques. Il peut conduire à occulter la réalité de la domination des puissances financières dans le monde contemporain. Si «le lit du pauvre est fécond» et si la croissance démographique aggrave la pauvreté, elle n'en est pas la cause unique : celle-ci est bien aujourd'hui dans la recherche du profit à l'échelle mondiale, dont, fût-ce à un moindre degré, pâtissent même les pays industrialisés, victimes des délocalisations vers des pays où la main-d'œuvre est moins chère. L'affirmation de la pluralité des cultures, d'autre part, qui peut être extraordinairement féconde, est aussi des plus périlleuses si elle débouche sur des oppositions de civilisations dans un univers où de nouveaux pays riches pourraient manipuler, au nom d'idéologies exacerbées, des masses enfoncées dans la pauvreté. La notion de tiers-monde, devenue plurielle, retrouverait alors une redoutable actualité. | |
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