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| Les guerres napoléoniennes | |
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Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Les guerres napoléoniennes Mer 3 Mai - 16:32 | |
| Les différentes campagnes de Napoléon
1800 - 1804 Période du Consulat
1800 Campagne d'Italie
1803 Campagne de Boulogne
1804 - 1814 Période de l'Empire
1805 Campagne d'Allemagne
1806 -1807 Campagne de Prusse et de Pologne
1809 Campagne d'Allemagne et d'Autriche
1807 - 1814 Guerre d'Espagne
1812 Campagne de Russie
1814 Campagne de France
1814 - 1815 Période des 100 jours
1815 Campagne de Belgique
Les conquêtes militaires de Napoléon De la rupture de la paix d'Amiens en mai 1803 jusqu'à la chute de l'Empire en 1814 et l'intermède des Cent-Jours en 1815, la guerre fut continuelle. Les historiens sont en désaccord sur les causes de cette guerre permanente. Certains incriminent l'ambition insatiable de l'empereur: nouvel Alexandre, il se croyait destiné à dominer le monde; pour d'autres, son ambition se borna à organiser une Europe nouvelle dominée par la France.
D'autres encore rappellent l'héritage de la Révolution française : Napoléon se devait de défendre les frontières naturelles que ses adversaires et surtout la Grande-Bretagne ne voulaient pas reconnaître à la France. Remarquant que la Grande-Bretagne était présente dans toutes les coalitions successives dirigées contre la France, d'autres mirent en avant le rôle de l'impérialisme britannique, qui ne pouvait accepter les tentatives napoléoniennes pour le concurrencer dans le domaine économique: même quand il désirait la paix, Napoléon se heurtait à l'opposition britannique.
On a pu aussi montrer le lien logique, après 1807, entre le Blocus continental et les interventions en Italie, en Baltique, dans la péninsule Ibérique et, en 1812, en Russie: il fallait, pour que le blocus fût efficace, contrôler tous les rivages par où les marchandises britanniques eussent pu débarquer, obliger le tsar, l'ancien allié, à respecter ses engagements.
Il y a dans toutes ces explications une part de vérité, mais aucune ne peut à elle seule prétendre l'incarner. On pourrait aussi ajouter la haine des aristocraties contre celui qu'elles présentaient comme le parvenu de la Révolution, la haine des peuples qui forgeaient dans la souffrance de l'oppression le sentiment national qui les soulèvera en 1813.
A partir d'un certain niveau de conquêtes, Napoléon était pris dans un engrenage qui le jetait continuellement dans une fuite en avant qu'il ne souhaitait peut-être pas toujours: elle devait forcément trouver son terme.
La stratégie napoléonienne Napoléon était le maître de l'armée; il se préoccupa fort peu de former des officiers généraux qui eussent pu l'aider efficacement; abandonnés à eux-mêmes, les maréchaux se montrèrent médiocres. La préparation des campagnes laissait fort à désirer; jamais Napoléon ne put se passer des fournisseurs, qui, tel le fameux Ouvrard, amassaient des fortunes scandaleuses. Le manque d'argent contraignait à retarder le paiement des soldes, à négliger l'habillement, les vivres, les moyens de transport: la guerre devait nourrir la guerre. De même, l'armement restait sommaire; l'improvisation restait la règle. C'est pourquoi la victoire devait être fulgurante et immédiate: rien à l'arrière n'était prêt pour soutenir une longue campagne.
La stratégie napoléonienne reposait sur des principes simples: attirer l'ennemi sur un terrain choisi, l'amener par une man œuvre feinte à affaiblir un point, rompre la ligne adverse à cet endroit précis puis isoler et fragmenter les divers groupes ennemis; une variante consistait à céder volontairement sur le centre pour le faire envelopper par l'aile marchante; la poursuite parachevait la victoire. Quant à la tactique, elle n'avait guère varié: une nuée de tirailleurs progressaient en ordre lâche en utilisant le terrain, épuisaient l'adversaire rangé en ligne par un feu nourri; l'infanterie pouvait attaquer alors, balayant les rangs ennemis par sa masse. La cavalerie était utilisée pour rompre les lignes adverses, les tronçonner et poursuivre les fuyards. Quant à l'artillerie, concentrée en fortes unités, elle préparait, par sa puissance de feu, l'action de l'infanterie.
Une évolution se produisit au cours des années: petit à petit, les Français en vinrent à négliger la préparation de l'attaque par les tirailleurs alors même que les adversaires s'initiaient aux pratiques nouvelles, augmentaient la puissance de feu de leurs formations; de là les mécomptes français en Espagne et à Waterloo. De plus, conçue pour une victoire rapide et foudroyante dans des pays riches et d'étendue moyenne, sans moyens techniques ni communications sûres, l'armée napoléonienne allait affronter des difficultés insurmontables dès qu'elle rencontrerait les vastes étendues de l'Allemagne du Nord, de la Pologne et de la Russie, les déserts brûlants ou glacés de l'Espagne.
La période ascendante: la troisième coalition La peur britannique devant l'extension de l'influence française sur le continent et le réveil de ses ambitions coloniales fut à l'origine de la rupture de la paix d'Amiens (mai 1803). Pendant deux ans, les adversaires se préparèrent: les Britanniques en ralliant contre la France Russes, Autrichiens et Napolitains, les Français en rassemblant à Boulogne 150'000 hommes et des bateaux à fond plat pour les transporter en Grande-Bretagne. Mais il fallait obtenir la maîtrise de la Manche pendant six jours: tentant d'attirer les Britanniques loin de la Manche, l'amiral Villeneuve fut défait à Trafalgar par Nelson (21 octobre 1805); il n'était plus question d'envahir la Grande-Bretagne, celle-ci possédant désormais et pour longtemps la maîtrise des mers.
Napoléon n'avait d'ailleurs plus à cette date aucune illusion sur ses projets de débarquement: il s'était retourné contre l'Autriche et, le 20 octobre, le général autrichien Mack avait dû capituler dans Ulm. Vienne, évacuée par François II, fut prise sans résistance; mais il fallait faire vite pour éviter l'entrée en guerre de la Prusse. Ce fut, le 2 décembre 1805, l'éclatante victoire d'Austerlitz. La défaite rompit la coalition: les Russes se retirèrent en Pologne et, le 26 décembre, Napoléon imposa aux Autrichiens le traité de Presbourg. L'Autriche perdait ses possessions italiennes et quelques villes du Danube au profit de la France.
Au cours de l'année 1806, le royaume de Naples fut enlevé aux Bourbons et donné à Joseph, le Saint Empire romain germanique disparut au profit de la Confédération du Rhin, dont Napoléon était le protecteur.
L'apogée de l'Empire: la quatrième coalition La Prusse, encouragée par l'échec des négociations franco-britanniques, voyait d'un mauvais œil la nouvelle situation. Frédéric Guillaume III, avec l'appui des Russes, envoya le 26 septembre 1806 un ultimatum sommant Napoléon d'évacuer l'Allemagne. Le 14 octobre, les armées de Hohenlohe à Iéna et de Brunswick à Auerstaedt étaient écrasées avant d'avoir pu faire leur jonction. Berlin était occupée le 27: le pays était réorganisé et devait payer un tribut de 160 millions.
Il restait la Russie; Napoléon entra en Pologne, mais l'armée française n'était pas préparée aux conditions climatiques et aux immensités: la bataille d'Eylau (8 février 1807) resta indécise. Il fallait souffler; un plan grandiose fut préparé avec les Turcs et le shah de Perse, qui devaient prendre les Russes à revers. Le 14 juin 1807, le général russe Bennigsen était écrasé à Friedland et le tsar Alexandre demandait l'armistice; la paix était signée le 8 juillet 1807 à Tilsit.
La Prusse, amputée des pays à l'ouest de l'Elbe qui formaient le royaume de Westphalie et des pays polonais à l'est qui devenaient le grand-duché de Varsovie, était réduite à quatre provinces. Le tsar abandonnait Cattaro et les îles ioniennes à la France et s'alliait avec elle contre la Grande-Bretagne, moyennant de vagues promesses sur Constantinople. En fait, Tilsit fut un marché de dupes: Napoléon voulait vassaliser le tsar et le faire entrer dans le système continental; le tsar cherchait à gagner du temps et n'était pas sincère dans ses promesses. Néanmoins, Tilsit marque l'apogée de l'Empire.
Le début des revers La mise en œuvre du Blocus continental allait entraîner d'autres difficultés: en Orient, où le sultan traitait avec Londres (1809), dans la péninsule Ibérique, où le Portugal refusait d'appliquer le Blocus continental et où Junot intervint (il entrait à Lisbonne le 30 novembre 1807), en Italie, où les Etats du pape furent peu à peu occupés. Mais c'est à propos de l'Espagne que fut prise la décision la plus grave.
A la suite de différends opposant le roi Charles IV à son fils Ferdinand, Napoléon obtint la double abdication du père et du fils en sa faveur; le royaume d'Espagne fut donné à Joseph. Mais le peuple espagnol se souleva et commença dès lors une terrible guérilla. La défaite du général Dupont à Bailen (juillet 1808) et la capitulation de Junot au Portugal devant les Britanniques éclatèrent comme un coup de tonnerre; la Grande Armée n'était plus invincible. Après l'entrevue d'Erfurt (septembre 1808), au cours de laquelle Napoléon avait tenté sans succès de transformer le tsar en gendarme veillant sur l'Autriche, l'Empereur passa en Espagne, où il reprit Madrid, mais ne put anéantir l'armée anglaise.
La cinquième coalition En fait, il était repris par les affaires d'Allemagne où l'idée nationale poussait à la révolte au Tyrol, et où l'Autriche, appuyée par des man œuvres Britanniques, crut le moment venu de prendre sa revanche. Malgré les difficultés qu'il éprouva pour organiser une nouvelle armée, Napoléon fut encore vainqueur à Wagram (6 juillet 1809).
Le traité de Vienne (octobre 1809) consacra l'affaiblissement de l'Autriche, qui perdait l'Istrie, la Carinthie, la Carniole et une partie de la Croatie, le tout formant les Provinces Illyriennes, la Galicie étant partagée entre la Russie et le grand-duché de Varsovie. C'est le moment où l'Empire atteignit sa plus grande étendue, et où, grâce à son mariage avec Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, Napoléon put se croire accepté par l'ancienne aristocratie.
Les défaites Dans la péninsule Ibérique, Wellington, appuyé au Portugal et à sa flotte, entreprit de lancer des offensives plus ou moins couronnées de succès, soutenues par la guérilla populaire; plus de 200'000 Français furent immobilisés en Espagne alors que le destin de l'Empire allait se jouer en Russie.
En effet, l'entente déjà précaire entre Napoléon et Alexandre ne pouvait résister aux ambitions de l'un et de l'autre et aux nécessités du Blocus continental. Napoléon croyait à une victoire rapide obligeant Alexandre à traiter. Il n'y avait pas chez les Russes de tactique bien définie; ce furent les désaccords entre les généraux qui empêchèrent les Russes de livrer combat: la tactique du vide et du harcèlement ne vint que plus tard, ainsi que l'idée d'utiliser le climat.
Vainqueur de Koutousov à Borodino (7 septembre 1812), Napoléon entrait à Moscou le 14 septembre; l'incendie éclatait le soir même mais ne détruisait pas toute la ville. Napoléon attendait la réponse du tsar à ses offres de paix; elle ne vint pas et il se résolut à la retraite le 19 octobre, mais il était bien tard. Il tenta de prendre une route plus au sud mais, repoussé par Koutousov, il dut retraverser le pays dévasté à l'aller. Ce fut un désastre: le froid, la faim, les maladies firent beaucoup plus de victimes que les Cosaques. Après le passage de la Berezina, rendu difficile par un redoux inopiné (26 novembre), la Grande Armée n'était plus que l'ombre d'elle-même; 30'000 hommes sur 700'000 rentrèrent en Prusse avec, encore, quelque organisation.
Ce fut le signal de la révolte. Immédiatement, la Prusse prit les armes, mais les Russo-Prussiens furent battus à Lützen et à Bautzen en mai 1813.
La formation de la sixième coalition (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche, Suède) obligea l'empereur à livrer à Leipzig la «bataille des Nations», qu'il perdit en partie à cause de la trahison des Saxons (octobre 1813). Rejetée d'Allemagne, la France l'était aussi d'Espagne, où Wellington était vainqueur; la Hollande était perdue; Murat, en Italie, trahissait pour sauver son trône.
La lutte se déroulait maintenant en France; malgré des man œuvres géniales, Napoléon ne put exploiter ses victoires à cause du manque d'hommes. Le 30 mars 1814, Paris capitulait.
Sur les instances de ses généraux, Napoléon abdiquait le 6 avril et s'embarquait pour l'île d'Elbe, dont il avait reçu la souveraineté. Louis XVIII montait sur le trône de France. Au premier traité de Paris (mai 1814), la France retrouvait ses limites de 1792. Le Congrès de Vienne devait renouveler la carte de l'Europe. L'épisode des Cent-Jours remit tout en question; l'Europe ne pouvait accepter le retour de «l'Aigle».
Ses offres de paix ayant été repoussées, Napoléon fut contraint à la guerre, dans des conditions difficiles, avec des troupes, certes, enthousiastes, mais accablées sous le nombre. Ce fut Waterloo (18 juin 1815), où, d'ailleurs, Napoléon et ses généraux accumulèrent les erreurs tactiques. De toute façon, la tentative était sans espoir. Le 22 juin, Napoléon abdiquait pour la seconde fois. Le second traité de Paris enlevait à la France la Savoie et des places fortes du Nord et de l'Est, imposait la restitution des œuvres d'art prises par les Français; la France devait payer une forte contribution de guerre et entretenir une troupe d'occupation; elle était placée sous la tutelle collective des Alliés.
Les guerres napoléoniennes, si elles ne furent pas aussi meurtrières que le prétendait Taine, marquèrent profondément l'Europe et la France. Elles introduisirent en Europe des idées nouvelles de liberté et d'égalité, y provoquèrent la naissance du sentiment national et y engendrèrent pour longtemps une grande méfiance envers la France. Les Français, quant à eux, oubliant le caractère tyrannique et policier du régime, exalteront l'épopée napoléonienne; on ne se souviendra plus que du fils de la Révolution libérant les peuples de la tyrannie des aristocrates. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Les guerres napoléoniennes Mer 3 Mai - 16:41 | |
| Napoléon INé à Ajaccio le 15 août 1769 - Mort à Sainte-Hélène le 5 mai 1821 La carrière de Napoléon - Premier consul à trente ans, empereur à trente-cinq, déporté à Sainte-Hélène à quarante-six - est marquée par une relative brièveté qui n'a d'égal que le rythme effréné sur lequel elle a été menée. Son histoire se confond nécessairement avec celle du Consulat et du Premier Empire, mais elle est aussi celle d'une réussite hors du commun née de la Révolution. La légende donnera très vite une seconde vie à celui qui, un temps, domina l'Europe. De l'enfance corse à l'exil toulonnais Napoleone Buonaparte naît à Ajaccio le 15 août 1769, quinze mois après l'acquisition de la Corse par la France. Son père, Charles Buonaparte, et sa mère, Maria Letizia Ramolino, comptent parmi les notables de l'île. Douze enfants naissent dans cette famille de nobliaux, huit survivent. Napoléon est le quatrième dans l'ordre des naissances, le deuxième des survivants. En 1779, après avoir quémandé avec succès les faveurs du roi, Charles Buonaparte emmène sur le continent ses deux fils aînés. Le premier, Joseph, est destiné à l'état ecclésiastique. Le second, Napoleone, se doit d'embrasser le métier des armes. Après un bref séjour au collège d'Autun, il entre à l'école militaire de Brienne le 15 mai 1779. La formation militaire Elève moyen, le jeune Bonaparte reste à Brienne jusqu'en octobre 1784. Chétif, solitaire, s'exprimant mal en français, il gardera de son séjour dans cet établissement un souvenir mitigé. A l'Ecole royale militaire de Paris, où ses connaissances en mathématiques lui ont permis d'entrer, il obtient son brevet de lieutenant d'artillerie, après seulement une année d'études, en septembre 1785. Il a alors seize ans. Féru d'histoire et de géographie, passionné par les théories politiques et les doctrines économiques, il lit beaucoup: Rousseau, Voltaire, Mably, les stratèges et les techniciens militaires, de Guibert à Gribeauval. Mais sa culture reste fort lacunaire. Dans le sillage de Paoli Une seule chose lui importe vraiment: le destin de son île natale. Ses séjours en Corse sont d'ailleurs fréquents. Il est vrai que, depuis la mort de son père (février 1785), il s'affirme de plus en plus comme le chef du clan familial. La Révolution le surprend à Auxonne, où il est témoin des premiers désordres, qui éclatent en avril 1789. Fermement opposé aux agissements de la «canaille», il prend aussi ses distances avec la monarchie et les privilégiés, persuadé que la faillite de celle-ci fera le jeu de la Corse, lasse d'être traitée en pays conquis. En septembre, Bonaparte est à Ajaccio. Nommé lieutenant-colonel en second de la Garde nationale de la ville, il entend arrimer la nation corse à la France révolutionnaire au moyen d'un lien fédéral. Alors proche de l'homme fort de l'île, Pascal Paoli, Bonaparte prend part aux luttes intestines qui déchirent le pays. Retourné sur le continent, il doit, après le 10 août 1792, rejoindre une fois encore la Corse: le roi de Sardaigne ayant déclaré la guerre à la France, il reçoit mission d'occuper les îlots sardes de la Maddalena. C'est un échec, mais les événements s'accélèrent. Bonaparte prend ses distances avec Paoli, dont les visées séparatistes l'inquiètent. En butte à l'opinion publique, qui soutient massivement le vieux patriote, Bonaparte s'enfuit d'Ajaccio, se réfugie à Calvi, puis s'exile à Toulon. La rupture avec la Corse est consommée. Le Général Le siège de Toulon (1793) Tandis que la cause de Paoli se confond peu à peu avec celle des Girondins, récemment éliminés, Bonaparte verse du côté des Montagnards. Le 16 septembre 1793, il part commander l'artillerie de l'armée qui assiège Toulon, livrée aux Anglais par les fédéralistes. Il va y acquérir la notoriété: face à l'impéritie de ses chefs, il force la victoire; les Anglais battent en retraite en décembre. Nommé sur le champ de bataille général de brigade, sur la proposition du représentant en mission Augustin Robespierre, frère de Maximilien, il apparaît très vite aux yeux de la Convention comme l'«homme de l'Incorruptible». Mais Bonaparte reste prudent. Après Thermidor, les charges qui seront retenues contre lui (il sera un temps emprisonné) n'auront pas de suites irrémédiables. Il sera cependant mis en disponibilité pour avoir refusé un commandement en Vendée. Contre l'insurrection royaliste (5 octobre 1795) Très vite cependant, la fortune lui sourit à nouveau. Après avoir maté la sans-culotterie parisienne, la Convention thermidorienne doit faire face aux agissements des royalistes. Pour parer à l'insurrection en vue, un civil, Barras, se voit confier le commandement de l'armée de l'intérieur. Il s'entoure de généraux alors sans emploi. Bonaparte est de ceux-là. C'est lui qui sauve la Convention le 13 vendémiaire an V (5 octobre 1795) en écrasant l'insurrection royaliste. Le 26 octobre, il devient commandant en chef de l'armée de l'intérieur à la place de Barras. Le «général Vendémiaire» vient d'obtenir son brevet de républicanisme. Il est désormais proche des sphères du pouvoir. La campagne d'Italie (1797) En épousant, le 9 mars 1796, Joséphine de Beauharnais, il concrétise ce que lui dictent ses sentiments tout en confortant sa position auprès de Barras. Maintenant pleinement français - c'est à cette époque qu'il se fait appeler Bonaparte -, il est un homme en vue, à qui l'on prête un avenir certain. L'ennemi principal de la Révolution reste l'Angleterre. Comme celle-ci est inaccessible, il faut, déclare Bonaparte, frapper sa principale alliée, l'Autriche, en portant l'effort sur l'Italie, son point le plus vulnérable. Il parvient à décider Carnot, qui le fait nommer le 2 mars 1796, à moins de vingt-sept ans, commandant de l'armée d'Italie. Lors d'une campagne où sa rapidité de manœuvre compense son infériorité numérique, Bonaparte vole de victoire en victoire. Après Rivoli (14 janvier 1797), les Autrichiens sont sur la défensive. Le 18 octobre 1797, le traité de Campoformio consacre le jeune général, qui apporte la paix à un continent en guerre depuis cinq ans. En Italie, Bonaparte concentre dans ses mains tous les pouvoirs: militaire, politique, diplomatique, financier même. Il se constitue, au moyen d'exactions diverses, une solide fortune, acquiert des goûts de luxe et tient une cour brillante. Populaire de surcroît, il sait qu'il est désormais une pièce indispensable du jeu politique. Il avoue: «Je ne sais plus obéir.» La gravure populaire, la chanson et la poésie s'emparent du héros victorieux. La campagne d'Egypte (1798) Mais Bonaparte sent qu'un nouveau coup d'Etat serait prématuré. Sa loyauté à la république est pour l'heure son seul viatique. Aussi, faute de pouvoir débarquer en Angleterre, il se tourne vers l' Egypte afin de satisfaire un triple objectif: laisser pourrir la situation politique en France, couper aux Anglais la route des Indes, mêler aux projets politiques, militaires et économiques des préoccupations scientifiques. Victorieux des Mamelouks à la bataille des Pyramides (21 juillet 1798), mais bloqué dans sa conquête par Nelson, qui détruit sa flotte à Aboukir (1 er août), Bonaparte réussit à préserver son auréole de général victorieux. Le consul Rentré en Europe, Bonaparte sera le bras armé du coup d'Etat fomenté par Sieyès contre le Directoire et réalisé dans la nuit du 8 au 9 novembre 1799 (17-18 brumaire an VIII). Selon la Constitution proclamée le 15 décembre 1799 - et qu'il a personnellement retouchée -, Bonaparte devient le premier des consuls au sein du nouveau régime. En 1802, le Premier consul - qui vient de signer avec l'Angleterre la paix d'Amiens - est nommé à vie et devient un «roi sans couronne». Le comte de Provence, en exil, avait espéré que Bonaparte serait le restaurateur de la monarchie: l'échec du complot de Cadoudal et l'exécution du duc d'Enghien (enlevé à l'étranger et fusillé de nuit dans les fossés de Vincennes) dissipent les dernières illusions. Le 2 décembre 1804, Bonaparte est sacré par le pape empereur des Français. L'empereur Un personnage caricatural Bonaparte avait le visage maigre, le teint olivâtre, les cheveux longs. Napoléon, petit, bedonnant, a le teint cireux. Seul le regard, tour à tour charmeur et impérieux, constitue un trait d'union entre le jeune général de l'armée d'Italie et l'empereur des Français songeant à dominer le monde. Orgueilleux, méprisant, colérique, l'homme est anxieux, parfois indécis. Le goût du pouvoir et l'exercice de l'autorité emportent tout, même les femmes, qui, en définitive, comptent peu dans sa vie. Tout a été dit sur son énorme capacité de travail. Dormant peu, traitant plusieurs affaires en même temps, voyageur infatigable, l'empereur semble avoir le don d'ubiquité. Toutefois, à la fin du règne, le surmenage - les témoignages sont concordants sur ce point - fait baisser son énergie et sa clairvoyance. Reste le personnage: peu de grands hommes pousseront aussi loin le souci de se composer une silhouette, que les images d'Epinal reproduiront à satiété. La dynastie napoléonienne Rarement aussi l'entourage familial aura joué un aussi grand rôle dans la vie d'un souverain. La couronne étant héréditaire, frères et sœurs de l'empereur constituent l'ossature d'une dynastie qui devient l'auxiliaire de sa politique. Joseph I er , I'aîné, reçoit le royaume de Naples (1806), puis le trône d'Espagne. Louis obtient le royaume de Hollande (1806), Jérôme celui de Westphalie (1807). Seul Lucien, un temps ministre de l'Intérieur, ne sera pas placé à la tête d'un Etat satellite. Les sœurs de l'empereur, Elisa, Pauline et Caroline, sont toutes mariées et possessionnées. Caroline, notamment, est unie à Murat. Elle devient dès lors grande-duchesse de Berg, puis reine de Naples. Aussi, même si ses frères et sœurs ont progressivement tendance à épouser les aspirations de leurs peuples et à menacer ainsi l'unité de l'Empire, tous donnent aux Français l'image d'un clan qui exploite l'Europe à des fins personnelles. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
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| Sujet: Re: Les guerres napoléoniennes Mer 3 Mai - 16:41 | |
| Une volonté dictatoriale Toutefois, le vide se fait progressivement autour de Napoléon. Le contrepoids des assemblées (Corps législatif et Sénat) disparaît très vite. La qualité de ses collaborateurs diminue: Talleyrand est remplacé en 1807 par le consciencieux mais terne Champagny; Fouché est renvoyé en 1810. Bref, les fortes personnalités sont peu à peu écartées et les ministres deviennent de simples exécutants. L'empereur tranche seul, même les affaires de second ordre. Le caractère dictatorial du régime ne fait alors plus de doute. Tandis que la censure bâillonne toute forme d'opposition, la plupart des moyens d'expression sont mis au service de la glorification de l'empereur. La presse, qui publie et commente les bulletins de la Grande Armée, devient une formidable caisse de résonance qui magnifie toutes les victoires militaires. L'effet sur l'opinion publique est considérable. Cette propagande se révèle toutefois impuissante lorsqu'il s'agit d'étouffer le doute qui s'empare des esprits quand les revers se multiplient. Là comme ailleurs, la guerre d'Espagne constitue un tournant dans l'histoire du régime. Dès 1808, l'homme providentiel a vécu. En France, dans les campagnes, on se met à comparer l'empereur à un ogre. A l'étranger, Goya peint le Dos de mayo tandis que Beethoven raie le nom de l'empereur de la dédicace de la symphonie dite «Héroïque».
Le chef de guerre L'épopée militaire a fait plus pour la gloire de Napoléon I er que la réorganisation administrative de la France et le Code civil. La campagne d'Italie, Austerlitz et Iéna ont fasciné les contemporains et laissé bien des historiens militaires admiratifs. Pourtant, le génie de l'empereur en la matière n'est pas exempt d'erreurs d'appréciation. Ignorant la plupart des innovations techniques de son temps, il continue d'équiper ses troupes avec des armes héritées de l'Ancien Régime: le fusil modèle 1777 et les canons de Gribeauval. Plus curieusement, il lui arrive de méconnaître gravement la nature du terrain où il avance: c'est le cas en Egypte, mais aussi en Russie, où les effets de la neige, de la boue et du froid sont sous-évalués.
Son génie militaire est cependant indéniable. Le jeune officier en garnison à Auxonne a eu tout le loisir de méditer sur l'Essai général de tactique de Guibert, paru en 1773. Celui-ci prône l'articulation de l'armée en corps autonomes, l'allégement des troupes et des services, la distinction entre l'ordre de marche dispersé et le dispositif de bataille concentré. Général puis chef de l'armée impériale, Napoléon applique ces grands principes et les met au service d'une tactique qui se veut rapide et foudroyante. Tout repose sur la mobilité des troupes et la promptitude à exploiter les erreurs de l'adversaire avant et pendant la bataille. En janvier 1797, lors de la campagne d'Italie, la division Masséna fait plus de 100 km et prend part à trois batailles en quatre jours, dont celle de Rivoli.
A Austerlitz, l'empereur affaiblit volontairement sa droite; l'ennemi dégarnit alors son centre pour renforcer sa gauche: dès que la faute est commise, Napoléon escalade le plateau de Pratzen, enfonce le centre du dispositif austro-russe ainsi dégarni et coupe l'armée ennemie en deux. Mais l'Europe apprendra bien vite les règles de ce nouveau jeu. Dès 1808, l'effet de surprise, qui favorisait la guerre éclair en rase campagne, a cessé de jouer.
Le mythe L'abdication (juin 1815) et l'exil Défait à Waterloo, l'empereur abdique le 22 juin 1815. Il gagne Rochefort et se rend aux Anglais, qui le déportent à Sainte-Hélène. Mais la légende napoléonienne n'attendra pas sa mort, survenue le 5 mai 1821, pour prendre corps. Dès les premiers temps de la Restauration, tandis que la France vit des heures d'humiliation nationale et de difficultés économiques, le mythe se nourrit du souvenir des grandes victoires militaires et de l'âge d'or des hauts salaires et du bas prix du pain en vigueur sous le Premier Empire. Très vite, on se réfère au Mémorial de Sainte-Hélène, de Las Cases, paru en 1823, qui est un énorme succès de librairie. Las Cases y rapporte les propos de Napoléon à Sainte-Hélène. Habilement, celui-ci s'y pose en défenseur des conquêtes révolutionnaires et en libérateur de l'Europe. Il se fait ainsi le promoteur des deux idées maîtresses du XIX e siècle: le libéralisme et le nationalisme. Prisonnier de la Sainte-Alliance, il réussit le tour de force de devenir le champion des peuples opprimés. Républicains et libéraux, mais aussi vétérans de la Grande Armée et gens du peuple cultivent alors avec ferveur le mythe du «Petit Caporal».
L'empereur dans l'art Images d'Epinal, lithographies de Charlet et de Raffet donnent vie à la légende et permettent à celui qui portait «petit chapeau avec redingote grise» de pénétrer dans chaque foyer. La littérature s'en empare. Dans le Médecin de campagne, de Balzac (sept éditions entre 1833 et 1846), Benassis, le médecin, et Genestas, le capitaine en demi-solde, vouent à l'empereur un culte éperdu - dont témoigne le célèbre épisode de la veillée qui campe le «Napoléon du peuple». De Hugo à Vigny en passant par Lamartine, le romantisme verse dans l'hommage napoléonien, tandis que les chansons de Béranger se font l'écho de cette admiration pour le «grand homme» et le «bon empereur».
Un mythe récupéré La monarchie de Juillet va tenter de récupérer à son profit le mythe napoléonien, d'autant plus que la mort du fils de Napoléon et de Marie-Louise d'Autriche, le duc de Reichstadt, la délivre dès 1832 du souci d'une restauration dynastique. En 1836, l'Arc de triomphe, où la Marseillaise de Rude veille sur les noms des généraux et des victoires de la Révolution et de l'Empire, est inauguré. En 1840, les cendres du héros sont ramenées en France et déposées aux Invalides dans un grand concours de souvenirs émus et d'admiration partagée. Mais le Napoléon populaire, celui de Louis-Philippe ou celui encore des républicains et des libéraux, va vite laisser place à un Napoléon botté, Louis Napoléon Bonaparte, qui usera grandement du mythe impérial pour accéder au pouvoir et édifier le Second Empire.
Au soir de sa vie, Napoléon feint de s'interroger sur son œuvre: «Sur quoi pourrait-on m'attaquer qu'un historien ne puisse me défendre?» Pourtant, l'homme d'exception qui a marqué l'histoire tout en prenant soin de construire sa propre légende suscite toujours des débats passionnés. Comment dissocier le sauveur de la Révolution du despote? Comment faire la part entre le stratège militaire et l'«Ogre» méprisant les souffrances endurées par son armée et par son peuple? Comment distinguer, derrière le rêve prémonitoire d'une Europe affranchie de l'ordre ancien, la mise en coupe réglée des nations opprimées? Si la perplexité est de mise, elle ne diminue en rien le caractère épique d'une aventure dont le héros fascine jusqu'à en perpétuer le mythe dans la mémoire collective contemporaine. | |
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