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 La Réforme (1517 - 1560)

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Blackeu Viking
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MessageSujet: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:49

La Réforme (1517 - 1560) Luther
Martin Luther



La motivation profonde de la Réforme est le retour de la chrétienté à sa pureté primitive. Le plus grand nom qui lui reste attaché est celui de l'Allemand Martin Luther (1483-1546). Le cœur de sa doctrine est le salut par la foi tel que saint Paul l'énonce dans l'Epître aux Romains. Les œuvres et la morale ne sont pour lui que les produits de la foi. Elles sont sans aucun mérite car tout est un don de Dieu. L'affaire des indulgences est l'occasion pour lui de publier un manifeste, les 95 thèses, dans lequel il développe cette doctrine évangélique. Excommunié et mis au ban de l'empire, Luther peut malgré tout poursuivre son action grâce à la protection de Frédéric le Sage, Electeur de Saxe.

Jean Calvin (1509-1564) est le second grand nom de la Réforme. Dans son Institution de la religion chrétienne (1536), il s'intéresse, contrairement à Luther, à la diffusion de la Réforme dans le monde séculier. A Genève, il s'efforce d'établir politiquement et socialement une véritable théocratie, pleine d'originalité, créatrice d'un certain type de civilisation, mais aussi très juridique et très autoritaire.
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:50

Le contexte de la Réforme


La Réforme (1517 - 1560) Bible
La Bible de Genève en Français
Elle date de 1669 et a été créée à Amsterdam par les frères Elzévier.



L'unité de la chrétienté est brisée
Enraciné dans les hérésies médiévales et dans l'humanisme chrétien, le mouvement réformateur fondé au XVI e siècle par le moine allemand Martin Luther s'étend rapidement en Europe: il est implanté à Zurich par Ulrich Zwingli, à Strasbourg par Martin Bucer, puis à Genève par Jean Calvin, un réformateur de la deuxième génération, qui va contribuer à son extension dans plusieurs pays de l'Ouest et du Centre européens. Les Eglises issues de la Réforme divergent de l'Eglise catholique autant par leur organisation que par leurs positions doctrinales.

L'imprimerie favorisant la diffusion des principaux écrits de ses animateurs, la Réforme, née dans l'espace germanophone, ne s'arrête pas aux frontières linguistiques.

Au début de la seconde moitié du XVI e siècle, l'unité de la chrétienté occidentale est durablement brisée: la paix d'Augsbourg (1555) marque l'acceptation de la division confessionnelle de l'Empire germanique. L'anglicanisme triomphe outre-Manche à partir de 1558, et le presbytérianisme en Ecosse en 1560. En France, la présence d'une minorité active de protestants conduit aux guerres de Religion (1562-1598). Ce pluralisme conflictuel des religions va constituer un élément déterminant de la modernité occidentale.

Dès les premiers siècles du christianisme, une ligne de partage se forme entre une orthodoxie doctrinale, affirmant être seule apte à définir les vérités scripturaires, et diverses hérésies.

L'importance de la Bible
Naturellement, chaque courant qualifié d'hérétique estimait que ses croyances étaient conformes au message de la Bible. Très vite, il ne fut pas seulement reproché aux «hérétiques» de se tromper dans l'interprétation des textes bibliques: c'est le fait même d'avoir recours à la Bible pour défendre des doctrines autres que l'enseignement dominant de l'Eglise qui était contesté. Ainsi, pour certains Pères de l'Eglise, la seule instance qui puisse légitimement interpréter les Ecritures est l'Eglise, qui possède des caractéristiques surnaturelles (succession des ministres depuis les Apôtres, unanimité, dépôt légitime de la Tradition) qu'elle a reçues du Saint-Esprit. La plupart des hérésies furent alors vaincues par cet argument.

La contestation au Moyen Age
Mille ans plus tard, vers la fin du Moyen Age, le problème resurgit d'une nouvelle façon. L'Eglise, désormais triomphante, se voit accusée de s'être éloignée dans sa forme, dans ses structures et, plus fondamentalement, dans sa doctrine et dans sa vie, de l'Eglise primitive. Plusieurs mouvements l'attaquent alors au nom de l'Ecriture: certains d'entre eux restent au sein de l'institution ecclésiastique, comme les Franciscains, qui critiquent sa richesse et sa puissance, tandis que d'autres, comme John Wyclif et les lollards en Angleterre, Jean Hus et ses partisans en Bohême, provoquent la rupture par une mise en cause plus radicale. L'action de ces derniers est réprimée (Jean Hus est brûlé en 1415), mais leurs idées ne sont pas éradiquées: loin d'être perçue comme la propriété de l'Eglise, l'Ecriture sainte tend à devenir la norme critique selon laquelle on juge si l'institution romaine est restée la communauté des disciples de Jésus-Christ. La tradition ecclésiastique, qui se voulait transmission vivante des Ecritures enrichies par la lecture de l'Eglise, continue souvent à apparaître comme une instance autonome qui trahit les enseignements essentiels de la Bible.

Une nouvelle lecture des Saintes Ecritures
Au début du XVI e siècle, sous l'influence de l'humanisme chrétien, l'élite intellectuelle de l'Europe occidentale prend conscience de la distance qui sépare l'Eglise d'alors de la primitive Eglise. Ouvrant en faveur d'un retour aux sources, un biblisme savant se propage, fort critique à l'égard de la théologie universitaire classique, issue du Moyen Age. Face à la Vulgate - la Bible traduite en latin par Jérôme (331-420) -, des érudits reviennent au texte grec du Nouveau Testament et au texte hébreu de l'Ancien Testament. Aussi le travail des hébraïsants, qui prouve que les auteurs du Nouveau Testament ont réemployé des thèmes issus de l'Ancien, rend-il les théologiens plus attentifs à l'unité de la Bible. Cette approche savante se conjugue avec la volonté de recentrer le christianisme sur la personne de Jésus-Christ, au détriment du culte des saints et d'autres aspects de la piété et de la foi.

Les courants de réformes au sein de l'Eglise
Le premier réformateur, Martin Luther (1483-1546), adopte sans concession cette nouvelle optique: pour lui, «le Christ est le centre du cercle à partir duquel tout le cercle est tracé». L'unité des textes bibliques se fonde sur la personne et l'œuvre de Jésus-Christ. La Bible a une autorité propre, et ni le pape ni même un concile ne sauraient en donner une interprétation infaillible (thèse dirigée contre un courant conciliaire important au sein de l'Eglise au XV e siècle). Mais certains humanistes chrétiens, tout en étant proches des positions du réformateur, n'osent pas rompre avec l'Eglise catholique. Ce fut le cas de Lefèvre d'Etaples - premier traducteur français de l'ensemble de la Bible -, qui se réfugie à la fin de sa vie dans le silence. Un autre réformateur, Jean Calvin (1509-1564), va s'opposer avec force à ces «moyenneurs» (ou «nicodémites», du nom de Nicodème, qui vint trouver Jésus la nuit pour ne pas se compromettre), les traitant de chrétiens inconséquents.

A la fin du Moyen Age et au XVI e siècle, de nombreux mouvements de réforme ont considéré, en fait, la Bible comme une sorte d'instance d'appel face aux «infidélités» ou aux «déviances» de l'Eglise. Mais l'un d'entre eux - désigné classiquement comme la Réforme - constitue un cas particulier, en raison de deux aspects spécifiques: d'une part, ce mouvement assume la rupture au sein de l'Eglise d'Occident et transforme une contestation menée à l'intérieur de l'Eglise catholique en protestation agissant en dehors d'elle; d'autre part, contrairement aux «hérésies» médiévales, la Réforme n'a pas été vaincue et la rupture qu'elle a introduite ne fut pas résorbée. Certes, malgré leurs espérances, les réformateurs n'ont pas réussi à entraîner à leur suite l'ensemble du christianisme occidental. Or, s'ils n'ont pas complètement gagné, ils ont cependant triomphé dans plusieurs régions ou pays. La scission s'est avérée durable, obligeant l'Occident à faire progressivement l'expérience du pluralisme religieux.
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:52

Les idées de Martin Luther


L'émergence de la Réforme
Le premier réformateur, Martin Luther (1483-1546), adopte sans concession cette nouvelle optique: pour lui, «le Christ est le centre du cercle à partir duquel tout le cercle est tracé». L'unité des textes bibliques se fonde sur la personne et l'œuvre de Jésus-Christ. La Bible a une autorité propre, et ni le pape ni même un concile ne sauraient en donner une interprétation infaillible (thèse dirigée contre un courant conciliaire important au sein de l'Eglise au XV e siècle). Mais certains humanistes chrétiens, tout en étant proches des positions du réformateur, n'osent pas rompre avec l'Eglise catholique. Ce fut le cas de Lefèvre d'Etaples - premier traducteur français de l'ensemble de la Bible -, qui se réfugie à la fin de sa vie dans le silence. Un autre réformateur, Jean Calvin (1509-1564), va s'opposer avec force à ces «moyenneurs» (ou «nicodémites», du nom de Nicodème, qui vint trouver Jésus la nuit pour ne pas se compromettre), les traitant de chrétiens inconséquents.

A la fin du Moyen Age et au XVI e siècle, de nombreux mouvements de réforme ont considéré, en fait, la Bible comme une sorte d'instance d'appel face aux «infidélités» ou aux «déviances» de l'Eglise. Mais l'un d'entre eux - désigné classiquement comme la Réforme - constitue un cas particulier, en raison de deux aspects spécifiques: d'une part, ce mouvement assume la rupture au sein de l'Eglise d'Occident et transforme une contestation menée à l'intérieur de l'Eglise catholique en protestation agissant en dehors d'elle; d'autre part, contrairement aux «hérésies» médiévales, la Réforme n'a pas été vaincue et la rupture qu'elle a introduite ne fut pas résorbée. Certes, malgré leurs espérances, les réformateurs n'ont pas réussi à entraîner à leur suite l'ensemble du christianisme occidental. Or, s'ils n'ont pas complètement gagné, ils ont cependant triomphé dans plusieurs régions ou pays. La scission s'est avérée durable, obligeant l'Occident à faire progressivement l'expérience du pluralisme religieux.

Le début de tous les grands mouvements sociaux qui conduisent au bouleversement d'un ordre ancien est toujours établi plus ou moins arbitrairement par leurs héritiers. De même que la prise de la Bastille a été choisie comme acte fondateur de la Révolution, le début de la Réforme est fixé par les Eglises qui en sont issues au 31 octobre 1517, date de la publication des «95 thèses» sur «la vertu des indulgences» rédigées par Martin Luther.

La polémique de Luther
Vendues pour financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome, les indulgences étaient censées permettre la remise de peine pour certains péchés. Les historiens contemporains ont relativisé le coup d'éclat attribué aux 95 thèses en faisant remarquer que l'usage permettait à tout docteur en théologie de susciter une discussion publique sur une question controversée. De plus, Luther n'avait alors nullement la prétention de révolutionner l'Eglise: il voulait simplement rappeler un enseignement traditionnel, selon lequel Dieu seul peut pardonner aux pécheurs qui se repentent de leur faute.

Un chef religieux populaire
Les 95 thèses et le «sermon sur la grâce et l'indulgence», où Luther explicita sa position l'année suivante, très largement diffusés, firent de leur auteur non plus seulement un théologien savant mais un chef religieux contestataire, et à ce titre, très populaire. En effet, sans l'avoir nécessairement cherché, Luther atteignait un double but. D'une part, il mettait indirectement en cause la papauté: la critique des indulgences concernait implicitement le pape, qui s'était servi de cette campagne (en prétendant détenir le pouvoir d'abréger les souffrances des âmes des défunts) pour réaffirmer une autorité affaiblie depuis cent cinquante ans et pour créer une source non négligeable de revenus. D'autre part, cette critique entamait la piété populaire née de la hantise de la mort et de la peur de l'au-delà, principales responsables du succès de la vente des indulgences. A cette foule de fidèles en quête de sécurité spirituelle, Luther voulait offrir une nouvelle rationalité religieuse, fondée sur la confiance en un Dieu miséricordieux et répondant en même temps aux nouveaux besoins religieux des lettrés, notamment des élites urbaines.

La radicalisation des positions
Le succès rencontré par Luther ne pouvait laisser Rome indifférente. Comme à l'accoutumée, une procédure fut engagée pour obtenir du déviant la rétractation de ses «erreurs» et, si ce but n'était pas atteint, l'excommunier. Après une première audition en avril 1518, Luther fut accusé, en juin, d'hérésie et de crime de lèse-papauté.

Mais l'appui de son prince, Frédéric le Sage, favorisa la poursuite des tractations. Pourtant, la position de Luther se radicalisait de plus en plus: en octobre 1518, il affirmait que non seulement un concile, mais même un simple fidèle pouvait convaincre le pape d'erreur s'il était en mesure de s'appuyer sur le témoignage de la Bible; en juillet 1519, il précisait qu'un concile pouvait également se tromper et que l'Eglise n'avait nullement besoin d'un chef terrestre puisque le Christ se trouvait à sa tête. Un traité (Sur la papauté de Rome) popularisa cette nouvelle position. C'en était trop: le 15 juin 1520, dans la bulle Exsurge Domine, Léon X sommait Luther de se rétracter, sous peine d'être excommunié.

La propagation des idées de Luther
Près de trois ans s'étaient écoulés depuis la parution des 95 thèses, mais ce délai n'avait rien d'inhabituel. C'est l'invention récente de l'imprimerie qui changeait complètement le cours normal des choses: en trois ans, un mouvement d'opinion s'était créé. Plusieurs centaines de milliers d'exemplaires des écrits de Luther avaient été diffusés et avaient obtenu un impact grandissant. Grâce à la fréquente lecture à haute voix des ouvrages du moine augustin, même les illettrés pouvaient y accéder.

L'écho rencontré par Luther était énorme dans l'espace germanophone, et au moment où l'anathème fut définitivement prononcé contre lui et ses partisans (3 janvier 1521, bulle Decet romanum pontificem) des traductions en néerlandais, en tchèque et en français circulaient sous le manteau, permettant à des non-latinisants de prendre connaissance des écrits du novateur.

Contrairement à la situation qui prévalait aux siècles précédents, la papauté ne se trouvait donc pas face à un «hérétique» et à un nombre limité de disciples, mais devant un vaste mouvement religieux qui était en train de gagner des partisans dans toute la chrétienté occidentale.

La convocation à la diète de Worms
Ce mouvement si ample restait encore fragile. S'il est vrai que nombreux furent ceux qui sympathisaient avec l'action de Luther ou qui partageaient certaines de ses idées, ils n'étaient pas tous prêts à le suivre dans sa rupture. En fait, depuis environ un millénaire, chaque être humain faisait partie de l'Eglise, et son existence dans la société en était imprégnée. L'excommunication avait des conséquences sociales redoutables: l'hérétique n'était plus considéré comme une personne.

Convoqué à la diète de Worms par l'empereur Charles Quint, Luther peut, lors de son voyage vers cette ville, constater à quel point il est populaire auprès des foules. Mais sur place, malgré les sympathies dont il dispose, il est mis au ban de l'Empire: l'édit de Worms intime à quiconque, sous peine d'être passible du crime de lèse-majesté, de saisir ou de faire saisir Luther afin de le livrer au bras séculier.

Le moine n'échappe à cette condamnation que grâce à une ruse de Frédéric le Sage, qui organise son enlèvement et le cache au château de la Wartburg. L'effervescence continue cependant.
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:53

L'extension du mouvement

La Réforme (1517 - 1560) Carte_Europe_religieuse
L'Europe religieuse à l'époque moderne



Des innovations sociales et éthiques
La même année que la diète de Worms en 1521, à Zurich, Ulrich Zwingli (1484-1531), prédicateur et curé de la collégiale, renonce à la pension que Rome lui allouait. Deux ans plus tard, le magistrat de Zurich adopte ses «67 thèses», qui constituent le premier programme de changement global proposé par la Réforme, reliant au renouveau théologique des modifications éthiques et sociales. La messe ne tarde pas à être remplacée par un culte centré sur la prédication et doté d'une liturgie plus dépouillée qu'elle ne le sera dans le protestantisme luthérien.

Des institutions charitables se développent, et un idéal de haute moralité est proposé - voire parfois imposé - aux Zurichois. Son influence gagna d'autres cantons, qui affrontèrent les cantons restés catholiques en 1531, à la bataille de Kappel, où Zwingli fut tué.

Des changements parallèles ont lieu à Strasbourg, où collaborent étroitement des théologiens comme Martin Bucer (1491-1551) et des cadres de la cité comme Johannes Sturm. A Wittenberg même, la ville de Luther, ce dernier doit prendre le risque de quitter la Wartburg pour reprendre la direction des innovations et les réaliser progressivement. En effet, une tendance plus radicale, influencée par l'illuminisme, s'était affirmée dès 1522.

L'échec de Thomas Münzer
Les ruptures religieuses ne pouvaient donc être entreprises qu'en lien avec le pouvoir politique, ou du moins leur succès dépendait-il en partie de l'appui des laïcs chrétiens puissants qu'étaient les princes et les représentants des villes.

En témoigne l'échec de Thomas Münzer (1489-1525), qui prônait une théologie spiritualiste fondée sur la participation aux souffrances du Christ (le «Christ amer», qu'il oppose au «doux Christ» - celui qui fait grâce - de Luther). Après avoir vainement tenté d'obtenir, notamment en 1524, l'appui de certains princes, Münzer se lie aux paysans en révolte dont les bandes armées se multiplient et commettent des exactions. Luther, après avoir tenté une sorte d'arbitrage, finit par condamner le mouvement, qui sera écrasé à Frankenhausen - et Münzer décapité - par des armées de princes catholiques et protestants.

Ainsi, si Luther a donné l'impulsion initiale, il reste très peu de temps le seul réformateur: alors qu'il est mis au ban de l'Empire, son action est rapidement reprise par d'autres animateurs du mouvement. En mettant en cause des institutions ecclésiastiques transnationales (tels la papauté, le concile, les ordres religieux), en liant son sort aux aspirations de renouveau manifestées par des autorités temporelles, en traduisant et en diffusant la Bible dans différentes langues vernaculaires, en refusant enfin de reconstituer une hiérarchie unique, la Réforme a conduit à l'édification d'une pluralité d'Eglises liées à des cultures et à des territoires distincts.

Jean Calvin
A partir de 1536, la vieille cité épiscopale de Genève devient protestante et fait appel à Jean Calvin (1509-1564), qui a alors vingt-sept ans, pour organiser la nouvelle Eglise. Ses suggestions étant refusées, il part en 1538, mais de nouvelles autorités élues le rappellent en 1541. Il va transformer la cité genevoise en une sorte de cité-refuge et de capitale spirituelle du protestantisme. De Genève partent,dans différents pays d'Europe, des livres et, grâce à l'académie fondée en 1559, des pasteurs.

Calvin exerce notamment une influence sur le jeune roi d'Angleterre Edouard VI, fils de Henri VIII, le souverain qui provoqua en 1534 un schisme avec Rome. L'anglicanisme va cependant se révéler, à partir d'Elisabeth I re (1558-1603), un protestantisme tempéré, que l'on peut sommairement définir comme une Eglise théologiquement proche d'un calvinisme modéré dans un cadre ecclésiastique resté assez peu éloigné du catholicisme. L'Ecosse, en revanche, sera calviniste après 1560, sous l'influence de John Knox (1513-1572).

Alors qu'en Allemagne la paix d'Augsbourg a officialisé la division confessionnelle de l'Empire, dans le nord de l'Europe, les pays scandinaves ont adopté le protestantisme sous sa forme luthérienne. La Réforme, en quarante ans, a donc réussi à s'implanter dans de nombreux territoires.
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:54

Unité et diversité de la Réforme


La Réforme (1517 - 1560) Zwingli
Ulrich Zwingli



La dialectique unité-diversité marque le protestantisme.
L'absence d'une autorité humaine unique marque la Réforme et la rend diverse: Luther est à la fois le fondateur du mouvement et un réformateur parmi d'autres. C'est pourquoi, si les Eglises issues de la Réforme présentent des caractéristiques communes, elles comportent aussi des différences notables.

Dès 1529, un désaccord théologique interne à la Réforme se produisit entre Luther et Zwingli à propos de l'eucharistie. Pour Zwingli, il faut interpréter les paroles d'institution de la cène prononcées par Jésus: «Ceci est mon corps» par «Ceci signifie mon corps». Luther, au contraire, se montre très attaché à la présence réelle. Une tentative de conciliation, entreprise notamment par Bucer, eut lieu au colloque de Marburg (1529). Mais, si l'accord fut réalisé sur d'autres points, une divergence subsista sur celui-là.

L'autorité de la Bible
Le fondement de la Réforme protestante consiste à proclamer «l'autorité souveraine de l'Ecriture». La mission de chaque Eglise est donc avant tout de prêcher la Parole de Dieu, contenue dans la Bible, et d'administrer les sacrements dont il est explicitement question dans le Nouveau Testament.

Mais la Bible est un recueil de livres écrits à différentes époques et dans des contextes divergents. Proclamer l'autorité de la Bible signifie donc que l'on estime que ses différents auteurs ont été inspirés par Dieu et que celui-ci, grâce à l'action du Saint-Esprit, peut également éclairer les lecteurs. Sur ces principes, la plupart des protestants sont d'accord. Cependant, la manière dont ils les appliquent concrètement dans la vie chrétienne est très diverse.

La mouvance évangélique
Le terme est né au XVIII e siècle (dans son sens moderne). Cette mouvance est aussi appelée fondamentaliste (terme né au début du XX e siècle); elle insiste sur la nécessité d'une «conformité doctrinale»: la Bible enseigne clairement des doctrines immuables (comme la naissance virginale ou la résurrection corporelle de Jésus-Christ) auxquelles il faut adhérer pour pouvoir être un vrai chrétien.

L'inspiration est dite «plénière»: elle a tendance à être comprise dans un sens strict. On insistera d'autant plus sur la nécessité d'une lecture croyante qu'elle semble, dans cette perspective, menacée par l'agnosticisme ambiant de la vie moderne.

La mouvance libérale
Dite aussi néolibérale, elle s'est développée depuis le XIX e siècle et privilégie des méthodes qui permettent une approche «moderne» des textes bibliques. La grande nouveauté du libéralisme théologique a d'abord consisté en la formation, notamment dans les universités allemandes, de l'«école historico-critique», qui retrouve, en deçà de la formation du texte biblique, les divers éléments de sa constitution.

Aujourd'hui, on utilise également la sémiotique et d'autres méthodes qui appréhendent chaque texte comme un récit en soi. Certains, dans le cadre d'une «théologie contextuelle», veulent adapter le message biblique à divers «contextes» contemporains, notamment aux luttes des femmes ou du tiers-monde.

Sacralité et désacralisation des Ecritures
Le théologien protestant le plus important de ce siècle, Karl Barth (1886-1968), déclarait que la Bible est, de façon dialectique, indissolublement Parole de Dieu et parole humaine. A ce dernier titre, elle peut être analysée, comme n'importe quel autre texte, par toutes les démarches critiques et scientifiques possibles.

Cependant, en tant que Parole de Dieu, elle dépasse toute lecture humaine et comporte à la fois un jugement et une action de grâce sur l'humanité. Oscillant entre sacralisation et banalisation, l'approche de la Bible est l'objet d'une tension permanente.

La valeur de l'image
L'importance de la Bible dans les Eglises issues de la Réforme correspond aussi au privilège accordé à l'écoute, l'image étant parfois suspectée d'être l'objet d'une vénération qui peut devenir une «adoration idolâtre». Certaines tendances protestantes, comme la tradition réformée, marquent cette méfiance par le dépouillement des temples et le refus du crucifix (la croix doit être nue pour que l'image du Christ ne devienne pas objet de culte). Selon d'autres tendances, comme l'anglicanisme et le luthéranisme, l'image peut revêtir un rôle pédagogique dans le cheminement de la foi. A ce titre, elle n'a pas à être négligée, mais elle doit renvoyer seulement au Dieu trinitaire.

La réserve face à l'image ne constitue pas un refus de toute sensibilité. La piété biblique protestante se manifeste par des chants, qui permettent aux fidèles de participer activement au déroulement du culte. Luther lui-même a œuvré dans ce sens. Le chant des psaumes, la musique de Jean-Sébastien Bach - les cantiques constituent le fondement principal de ses cantates - et les negro spirituals coexistent dans l'univers musical protestant moderne.

La foi, le sacerdoce et le culte
Au «principe formel» de la Réforme (l'autorité de l'Ecriture) correspond un «principe matériel», celui de la justification par la foi, fruit de la seule grâce divine. Selon le comité mixte catholique-protestant français, une «différence fondamentale» demeure entre catholicisme et protestantisme. Pour ce dernier, en effet, «l'Evangile de la justification par la foi», sola fide, reste à la place centrale. Toute idée de «coopération» de l'Eglise au «mystère du salut», qui ne ferait plus de Dieu l'unique auteur de la grâce, apparaît inacceptable aux yeux des protestants: «L'Eglise est toujours objet de la grâce, jamais son sujet.» Elle est, comme chaque individu chrétien, «sanctifiée et non sanctifiante».

Les principales divergences du protestantisme avec l'Eglise catholique résident dans le refus d'une différence d'«essence» entre clercs et laïcs (au profit d'une simple distinction de fonction), dans le refus du sacrifice de la messe et dans l'affirmation que, ne pouvant montrer la voie du ciel, aucune créature ne peut être priée (ni Marie, ni les saints). Ces caractéristiques de la Réforme sont intimement liées à l'affirmation que le salut est accordé par la «grâce seule», laquelle doit être reçue par la seule foi en Christ. Les œuvres sont des manifestations de reconnaissance envers le Dieu d'amour: en aucune manière elles ne procurent le salut.

Les sacrements: le baptême et la cène
Il en est de même de la vision protestante des sacrements: la Réforme s'est opposée à une conception objectiviste qui tend à faire de leur administration un moyen de grâce. Pour elle, les sacrements sont seulement des signes de la grâce divine. Ils ne peuvent donc revêtir de valeur que s'ils sont reçus dans la foi. Cependant, il se manifeste une tendance au sein de l'anglicanisme et du luthéranisme qui voudrait obtenir de l'Eglise catholique la possibilité d'une «intercommunion», qui développe en conséquence une conception plus sacramentelle; mais l'Eglise catholique refuse toujours la communicatio in sacris.

Les protestants reconnaissent en général seulement deux sacrements: le baptême, qui n'est pas un moyen de salut (c'est pourquoi, dès le XVI e siècle, il n'était pas forcément administré juste après la naissance), mais le signe par lequel on entre dans l'alliance de Dieu; la Cène, qui n'est pas un sacrifice offert par l'Eglise (qui pourrait ainsi coopérer à l'agir salutaire de Dieu), mais une cérémonie à laquelle le Christ invite les fidèles («Faites ceci en mémoire de moi»), se donnant lui-même aux croyants. Cependant, la pénitence et l'absolution sont également incluses dans les sacrements par certains luthériens et anglicans.

Certaines Eglises protestantes réservent le baptême aux adultes capables de «professer» leur foi. D'autres ont tendance à l'administrer dès l'enfance, dès lors que les parents en font la demande. D'autres Eglises, enfin, comme l'Eglise réformée de France, admettent les deux pratiques. Quant à la Cène, il existe un commun refus de la transsubstantiation catholique, mais il subsiste entre luthériens et réformés un relatif désaccord, qui est cependant atténué depuis 1974, date à laquelle sont intervenus des accords entre les deux groupes d'Eglises (concorde de Leuenberg).
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:54

La Contre-Réforme


La Réforme
L'expression Contre-Réforme, inventée par des historiens protestants au XIXe siècle, désigne l'ensemble des mesures prises par l'Eglise catholique pour réformer les abus dénoncés par la Réforme protestante. On se souvient, à cet égard, qu'au début du XVIe siècle, le bouleversement des esprits et des mœurs, né de la Renaissance et de l'humanisme, se traduisait par la décadence du clergé, le désarroi des fidèles devant la dissonance entre la structure de l'Eglise et le message évangélique, la diffusion des idées nouvelles grâce à l'imprimerie, et la part de plus en plus importante prise par la papauté dans les affaires temporelles et politiques.

Un besoin profond de rénovation se faisait alors sentir, ce qui explique l'impact de la pensée du moine Martin Luther, à l'origine directe de la Réforme, qui protesta en particulier contre le trafic des indulgences supposées racheter les péchés. Il fut excommunié en 1521. D'autre part, en Suisse, les thèses réformatrices d'Ulrich Zwingli, curé de la cathédrale de Zürich, furent adoptées et leur influence gagna rapidement d'autres cantons, qui s'opposèrent aux cantons restés catholiques.

A Genève enfin, Jean Calvin affirma le rôle de l'Eglise réformée dans la cité et sa pensée rayonna dans toute l'Europe. Théodore de Bèze lui succéda et, en Angleterre, Henri VIII fut excommunié en 1534 pour s'être soustrait à l'autorité du pape lors de ses problèmes conjugaux. L'Eglise catholique dénonça ce qu'elle considérait comme des excès et des abus visant à saper sa suprématie. Le terme de Contre-Réforme est parfois réservé aux réactions politiques ou militaires du pouvoir civil ou ecclésiastique contre la Réforme protestante, tel le trop célèbre massacre de la Saint-Barthélemy en 1572.

Mais de fait, le terme vise plus largement l'ensemble d'un mouvement inauguré par le Concile de Trente en 1545. Convoqué par le pape Paul III, il se perpétua jusqu'en 1563. Il n'avait d'autre but que de museler le protestantisme naissant, l'entreprise des communautés chrétiennes protestantes étant considérée comme hérétique par l'autorité pontificale, et se heurtant de front aux chrétiens orthodoxes, appelés «catholiques romains».


Un concile de riposte


L'esprit «contre-réformateur» a, incontestablement, été vigoureux. Le Concile de Trente entreprit de redéfinir l'ensemble du dogme et de la discipline catholiques. En fait, il entérina officiellement la plupart des dogmes dénoncés par la Réforme protestante: autorité du magistère dans l'interprétation de l'Ecriture, autorité de la tradition comme source de la Révélation, transsubstantiation des espèces dans l'eucharistie, culte de la Vierge et des saints.

Dès 1542, des mesures répressives contre les protestants furent adoptées: reconstitution du tribunal de l'Inquisition, création de l'Index, qui publia, dès 1559, la première liste d'ouvrages prohibés, en sont l'expression. Le concile lui-même manqua son objectif essentiel, celui de réunir les chrétiens divisés, et se déroula dans un climat polémique, comme le confirment certaines prises de position et mesures directement opposées à celles des communautés protestantes.

En outre, l'Eglise renforça ses structures grâce aux congrégations de la Curie romaine, comme le Saint-Office, la Propagande, la Congrégation des rites, la Consistoriale. L'accès direct aux textes originaux de la Bible restant prohibé, une nouvelle édition de sa Vulgate latine fut publiée (1592). Des ouvrages comme le Catéchisme, le Bréviaire et le Missel romains fixèrent et diffusèrent l'unicité tant du dogme que de la liturgie (obligation de célébrer la messe en latin, par exemple). De multiples collèges, universités et séminaires furent ouverts pour la formation du clergé. Ce mouvement de réorganisation et l'élan qui s'ensuivit permirent de regagner des territoires acquis au protestantisme, et d'étendre les missions étrangères jusqu'en Extrême-Orient. La Réforme catholique s'est aussi manifestée par la mise en œuvre d'une nouvelle culture (définition d'une éloquence sacrée redécouvrant la rhétorique des Pères de l'Eglise, création d'épopées, de poèmes cosmogoniques, de traités mystiques) et d'un art monumental et baroque dont le dynamisme veut incarner l'envol de l'homme vers la divinité.

L'expression de «Contre-Réforme» a, cependant, un double défaut : celui, d'une part, d'assigner pour origine à ce mouvement le concile de Trente et de surcroît d'en réduire la portée. Ce concile, en effet, aurait été impossible sans la vitalité religieuse observée dans la chrétienté depuis la fin du XIV e siècle. En ce sens, il est peut-être plus exact de dire que la Réforme protestante et la réforme catholique ont bénéficié d'un passé commun qui rend compte de la possibilité de ces transformations décisives qu'elles ont toutes deux mises en œuvre. Bien plus, le concile lui-même a mobilisé l'Eglise romaine dans un effort impressionnant de rajeunissement et d'expansion.


Un courant de rajeunissement
Si l'Eglise d'avant 1545 connaissait de très graves insuffisances et des abus, déjà dénoncés bien avant Luther par Jan Hus et Savonarole, la vie religieuse de la chrétienté donnait, cependant, des signes incontestables de vitalité. Ce renouvellement de la spiritualité fut notamment caractérisé par la fameuse «dévotion moderne», méditation intérieure essentiellement centrée sur le Christ, dévotion dont Luther, Erasme, saint Ignace de Loyola furent, chacun à leur manière, tributaires. Les réformes partielles de grands ordres, tel celui des dominicains de la congrégation dite «de Hollande», la création des capucins, issus des franciscains, et surtout de la Compagnie de Jésus, la multiplication de confréries menant une vie évangélique en furent d'autres indices.

Autre symbole de cette vitalité: la vocation de saint Ignace. Elle s'épanouit sur la terre espagnole. Sous l'impulsion du cardinal Cisneros, ce pays avait déjà entrepris sa propre réforme, la théologie y était vivante, les souverains veillaient à la résidence effective des évêques dans leurs diocèses. En France même, quelques évêques, comme Poncher à Paris ou Briçonnet à Meaux, avaient le souci de revivifier l'évangélisation. On constate en Allemagne l'existence de chrétiens plus exigeants qu'ailleurs, ce qui expliquerait partiellement le succès de Luther. Bref, il y avait des ressources de rajeunissement dans cette Eglise du début du XVI e siècle. La tête en était, cependant, malade. Tant qu'elle ne se réformerait pas, toutes les énergies nouvelles resteraient dispersées. Malheureusement pour tous les chrétiens, il a fallu que leurs différends les conduisent à une séparation tumultueuse et dramatique pour que la réforme de ce gouvernement vicié soit entreprise. Le concile s'y employa.

Une réforme de l'Eglise catholique
Tant par la constitution d'un corpus doctrinal que par des mesures pastorales et disciplinaires, le concile répondit en tous cas aux exigences de la foi des chrétiens demeurés dans la confession catholique et pour d'autres à la nécessité d'un renouveau du clergé, appelé à mener effectivement sa tâche d'évangélisation. Ces mesures importantes n'eurent cependant pas d'effets immédiats. Rome, certes, veilla aussitôt à l'application des décrets conciliaires, les papes redevinrent plus dignes, deux d'entre eux furent même canonisés. Mais le népotisme pontifical, le cumul des bénéfices ne disparurent pas, cependant. Le rythme des synodes régionaux et diocésains ne fut pas respecté, les visites pastorales restèrent longtemps irrégulières. Les séminaires, créés en Italie dans la seconde moitié du XVIe siècle, ne formèrent initialement qu'un clergé médiocre. Ces établissements n'apparurent en France qu'au XVII e siècle. Bien plus, les guerres de Religion et le césaropapisme des souverains freinèrent cette renaissance.

En dépit de ces durables obstacles, il apparaît cependant que, un siècle plus tard, le concile porte ses fruits. Rome recouvre son prestige, l'autorité des papes s'est accrue, la réorganisation du gouvernement de l'Eglise est effective. Le renouveau artistique témoignait d'une transformation de la célébration cultuelle. Un grand courant mystique, culminant avec Jean de la Croix et Thérèse d'Avila, la renaissance théologique, la création de nombreux collèges jésuites et de nouvelles universités, l'envoi de missionnaires en Asie et en Amérique, rendu possible par l'essor considérable des capucins et de la Compagnie de Jésus, le succès de nombreuses congrégations féminines, le redressement, enfin, de la vie paroissiale manifestent ces transformations profondes.

Le fait que le catholicisme devint à partir de cette époque, non sans certaines contradictions et insuccès (la coexistence de l'esclavage et de la mission, la querelle des rites en Chine ou l'expulsion des chrétiens du Japon), une religion mondiale avec ses nombreux «convertis» et martyrs signifie que cette contre-réforme catholique fut, en fait, une vaste réforme qui anima la vie de l'Eglise romaine pendant deux siècles et demi.
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MessageSujet: Re: La Réforme (1517 - 1560)   La Réforme (1517 - 1560) EmptyMer 3 Mai - 2:55

Le concile de Trente


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Le concile de Trente



Concile œcuménique, convoqué par le pape Paul III en 1542 pour entreprendre la réforme de l'Eglise catholique face à la Réforme protestante.



Ce concile, dont l'œuvre devait être considérable, dont les décisions allaient se traduire par une réorganisation profonde de l'Eglise et dont l'influence allait se faire sentir longtemps dans de nombreux domaines artistiques, culturels et scientifiques, se déroula en vingt-cinq sessions, sous trois pontificats successifs : dix sessions (1545-1549) sous le pontificat de Paul III, six sessions (1551-1552) sous le pontificat de Jules III, et neuf sessions (1562-1563) sous le pontificat de Pie IV.



Longtemps retardé à cause des diverses péripéties de la lutte entre la France et l'Empire, le concile s'ouvrit en 1545 (soit un an avant la mort de Luther) à Trente, en Italie du Nord (alors territoire impérial), où se tinrent les huit premières sessions. En 1547, officiellement pour fuir une épidémie de peste mais en fait pour échapper aux pressions impériales, le concile fut transféré à Bologne où se tinrent les deux sessions suivantes ; mais, «boycottées» par les évêques de l'Empire, elles ne débouchèrent sur aucun résultat et les travaux s'achevèrent en septembre 1549 par une suspension du concile par le pape, qui mourut peu après.



Après une interruption de 1549 à 1551, le concile reprit sous le pontificat de Jules III, mais sans représentants français (11e à 16e session). Il fut suspendu pendant dix ans (1552-1562) à la suite de l'invasion de l'Allemagne méridionale par les troupes protestantes. Il s'acheva enfin sous le pontificat de Pie V, en 1562-1563 (de la 17e à la 25e et dernière session).



Le concile, dans la préparation, l'organisation et les prolongements duquel les jésuites jouèrent un rôle décisif, s'était vu fixer trois objectifs par le pape : la restauration de l'unité des chrétiens à travers la réforme de l'Eglise et le combat contre la Réforme protestante, et l'organisation de la lutte contre les Turcs. Si le concile n'eut guère l'occasion de s'attarder sur le dernier point, et s'il échoua à faire revenir les protestants au sein d'une communauté de la foi sous l'égide de Rome, sa réussite fut grande dans son entreprise de rénovation de l'Eglise romaine, tant sur le plan de la clarification théologique que par l'élan nouveau qu'il sut insuffler aux catholiques.



Le concile désigna pour authentique le texte de la Vulgate parmi les éditions latines. Il défendit la tradition comme complément des Ecritures, maintint les sept sacrements, le dogme de la présence réelle, arrêta la liste des livres canoniques, et clarifia la doctrine sur de nombreux points fondamentaux : la présence réelle (et non pas seulement virtuelle ou symbolique) du Christ dans l'eucharistie, le péché originel (en rappelant l'existence du démon), la foi (définie comme un don de la grâce) et la « justification » (qui n'exclut pas la nécessité des sacrements), le libre-arbitre, les œuvres, la messe, la communion (sous une seule espèce), le purgatoire, le culte des saints, les indulgences, etc.



En matière de discipline, le concile réforma les abus les plus patents (interdiction de perception d'argent pour l'octroi des indulgences), réaffirma l'Église en tant que société hiérarchisée sous l'autorité supérieure du pape, maintint le célibat des prêtres, décida la création des séminaires et la publication du catéchisme (Pierre Canisius, 1555), rendit obligatoires la résidence des évêques dans leurs diocèses et leur visite épiscopale régulière. Enfin, fut solennellement proclamée l'indépendance de l'Église vis-à-vis des pouvoirs civils, et l'anathème fut lancé contre la Réforme et ses défenseurs.



L'influence du concile se prolongea, notamment à travers les arts (peinture, musique, architecture) pendant les siècles qui suivirent.
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