Le «Nouveau Monde» de Vespucci
Assez rapidement cependant, on commence à soupçonner que la terre découverte par Colomb n'est pas l'Asie. Dans des lettres publiées en 1504-1505, un Florentin, Amerigo Vespucci, qui a participé à quatre expéditions - dont deux au Brésil pour le compte des Portugais -, parle des territoires explorés comme d'un «nouveau monde».
En 1507, le cartographe allemand Waldseemüller publie une Cosmographie inspirée des relevés effectués par Vespucci au cours de ses voyages, et lui attribue à tort la découverte de ce Nouveau Monde, auquel il donne, en son honneur, le nom d'«Amérique». Le fait qu'il s'agit d'un continent nouveau est confirmé en 1513 quand Balboa, ayant franchi les montagnes qui forment l'isthme de Panamá, découvre un vaste océan: le Pacifique. Aucun doute ne sera plus possible après le voyage de Magellan.
Le tour du monde de Magellan
Portugais, Fernand de Magellan (Fernão de Magalhães) a servi honorablement son souverain dans les Indes orientales et en Afrique du Nord, avant que des accusations de malhonnêteté propagées par ses rivaux ne le poussent à proposer ses services à l'Espagne. Il obtient l'aide financière d'un noble influent, et le soutien enthousiaste du roi espagnol pour son grand projet: trouver un passage au sud du continent américain vers l'océan Pacifique récemment découvert à Panamá.
Magellan fait voile le 20 septembre 1519 avec cinq navires et quelque 260 hommes d'équipage. Il découvre le 21 octobre 1520 le détroit qui portera son nom, entre l'extrémité sud de la Patagonie et la Terre de Feu: le passage vers le sud-ouest est ouvert. L'expédition, véritable épopée, se poursuit; elle aura duré trois ans et coûté la vie non seulement à Magellan, abattu en avril 1521 lors d'une échauffourée aux Philippines (où les souverains de Cebu font allégeance à la couronne d'Espagne), mais aussi à la plupart de ses compagnons. Les dix-huit survivants qui parviennent à Séville en septembre 1522 sous la conduite du Basque El Cano, dont l'Italien Pigafetta, historiographe du voyage, font le récit impressionnant des mutineries de l'équipage, du scorbut qui l'a ravagé, des nombreux naufrages. La cargaison de clous de girofle que rapporte le seul bateau rescapé est maigre, elle ne suffit même pas à payer les quelques marins survivants.
Néanmoins, sur le plan de l'aventure et de la découverte, le voyage de Magellan est d'une valeur inestimable. Le dernier grand océan inconnu a été traversé. Le tour du globe a été accompli. Il ne reste plus à découvrir que le continent australien (ce qui ne sera fait qu'à la fin du XVIII e siècle) pour que l'écoumène s'étende aux dimensions de la Terre.