| Misanthropic World Metal, Occultisme, Histoire... |
|
| Les 14e et 15e siècles | |
| | Auteur | Message |
---|
Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Les 14e et 15e siècles Dim 9 Avr - 3:40 | |
| Au Moyen Age tardif au 14 e -15 e siècles, le développement du commerce européen se développe. Indice de vitalité économique, la monnaie pénètre toutes les activités économiques, les techniques commerciales se répandent et se complexifient. Le grand commerce international s'organise d'abord à partir de deux pôles: les Pays-Bas et les villes italiennes. La guerre de Cent ans (1328-1453) a lieu entre l'Angleterre et la France. L'Italie favorise un renouveau artistique, l'art se transforme il est moins marqué par la religion. Après deux siècles d'expansion vont succéder aux 14 e et 15 e siècles de crise profonde : famines, la peste, des guerres et le pillage des campagnes. C'est également la naissance des Etats moderne en France, au Royaume-Uni, en Espagne, au Portugal en Germanie et en Suisse. Le développement du commerceLe grand commerce au XIIIe siècle L'urbanisation est très liée à la dynamique des échanges commerciaux. En fait, ceux-ci n'avaient jamais été réellement interrompus. Mais il est certain qu'une sécurité accrue, les protections accordées par les seigneurs, l'amélioration des transports, l'augmentation des surplus et une demande plus diversifiée, tout concourt à la relance de l'activité commerciale. Si l'église catholique condamne le bénéfice, interdit l'usure, elle reconnaît les services que le marchand rend à la société, l'indispensable rôle d'intermédiaire qu'il remplit et les risques financiers qu'il court. La monnaie et la circulation de l'argent Indice de vitalité économique, la monnaie pénètre toutes les activités économiques, qu'elles soient urbaines ou rurales. La quasi-disparition de la monnaie d'or, de trop forte valeur, et la frappe du denier d'argent, dès 670, avaient déjà stimulé l'augmentation du volume des échanges et ouvert l'économie monétaire à un plus grand nombre d'usagers. L'augmentation du stock métallique, due essentiellement aux mines du Harz, de la Saxe et de la Bohême, permet d'alimenter les ateliers monétaires. Nombre de seigneurs et de villes disposent du droit de battre monnaie. Si les ateliers monétaires sont encore environ 300 en France au XII e siècle, ils ne sont plus que 100 en 1270, puis 30 en 1315. Cette centralisation progressive s'accompagne d'une unification sous l'égide royale. Louis IX impose en 1262, dans tous ses Etats, le cours légal de la monnaie royale: le tournaisis, hérité du vieux système carolingien du denier. Le sou et la livre restent des monnaies de compte (1 livre vaut 20 sous, soit 240 deniers). Sur le même modèle, Henri II Plantagenêt crée, en Angleterre, la livre sterling, équivalant à 20 shillings ou à 240 pences. Dans l'ensemble, l'Occident reste fidèle à la monnaie d'argent. L'abondance de la monnaie favorise l'accélération de sa circulation et la vitalité du commerce. Si les transactions villageoises restent modestes, en revanche il n'est pas de ville qui n'ait un droit de marché que beaucoup hissent à celui de foire. Les techniques commerciales Souvent venues d'Italie, les techniques commerciales se répandent et se complexifient. Dans le domaine du prêt, surtout privé, les Juifs, jusqu'à leur expulsion de France en 1306, les Lombards et les Cahorsins prêtent sur gages. La banque naît des pratiques de change. En effet, la multiplicité des monnaies a nécessité la mise en place de changeurs qui fixent le cours des espèces en fonction du poids de métal pur qu'elles contiennent. Au cours du XII e siècle à Gênes, ces changeurs étendent leurs activités à la gestion des dépôts et des virements; ceux-ci sont effectués par des contrats de change à partir de 1300. Si la simple lettre de change ne se répand qu'au XIV e siècle, le rechange est déjà pratiqué dès la fin du XII e siècle. Par ces procédés, banquiers et marchands pratiquent une triple opération: un paiement, un change et un crédit, puisque le règlement se fait à terme. On pourrait ajouter l'opération d'investissement que réalise le banquier avec une partie des sommes déposées chez lui. Longtemps «pieds poudreux» itinérants, les marchands se sédentarisent, expédiant leurs commis sur les routes et les mers pour rester gérer leurs affaires en ville. Ils se regroupent de plus en plus souvent en associations, notamment en Italie. Dans la commende, née à Venise au XI e siècle, un ou plusieurs négociants fournissent l'argent, la marchandise, ou les deux, à un ou à plusieurs marchands voyageurs. Ces derniers, à leur retour, touchent une part des bénéfices convenue par avance. Souvent liées entre elles, de grandes compagnies commerciales profitent des bénéfices réalisés, mais s'effondrent ensemble lors des faillites qui marquent le début du XIV e siècle. Les échanges internationaux Si les Italiens innovent en matière commerciale, les marchands de l'Europe du Nord, de la Flandre à la Baltique, s'adaptent plus lentement aux nouvelles méthodes: les changeurs brugeois ne deviennent banquiers qu'au XIV e siècle. Le grand commerce international s'organise d'abord à partir de deux pôles: les Pays-Bas, d'une part, avec leur draperie, en provenance de Flandre, du Hainaut puis du Brabant, que Flamands et Italiens exportent en Europe méridionale - Bruges, grand fournisseur de laine importée d'Angleterre est la place marchande la plus importante de l'univers nordique; les villes italiennes, d'autre part, qui ont puisé leur fortune dans le commerce avec l'Orient en assurant, entre autres, le trafic des épices. Au XIII e siècle deux pôles nouveaux exercent leur attraction: la Hanse teutonique et la région rhénane. Cette dernière reprend, à partir de la Flandre et des villes de la Hanse, la dynamique nord-sud vers l'Allemagne méridionale et l'Italie. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les 14e et 15e siècles Dim 9 Avr - 3:40 | |
| Le déchirement religieux
L'Europe entre, après 1315, dans une étape très périlleuse de son histoire. Elle sombre dans les crises, les contradictions, les drames. Un conflit domine les autres, le long affrontement franco-anglais, qui laisse peu de royaumes hors de cause, qui ruine l'économie rurale française, le commerce continental et détruit politiquement l'unité de l'Eglise. La papauté, les clercs et les moines sont étroitement impliqués dans le conflit qui oppose les familles régnantes.
La papauté à Avignon En 1309, fuyant Rome et les pressions qu'exerçaient les grandes familles sur l'élection pontificale, la papauté s'était installée en Avignon, où elle va rester jusqu'en 1377. Des papes français succèdent aux papes italiens. La fiscalité avignonnaise est lourde: elle va fournir de nouvelles raisons de dénoncer l'avidité des financiers pontificaux. Comme, au même moment, la guerre coûte cher à chaque roi, donc au peuple qu'il gouverne, la lutte pour trouver de l'argent, rare dans un contexte où l'appauvrissement populaire s'aggrave vite, crée des tensions énormes.
Des papes rivaux La mort frappe, aveuglément et très massivement, riches, puissants et pauvres: pendant la seconde moitié du XIV e siècle, les vagues de peste font perdre à l'Europe au moins un tiers de sa population. Les croyances chrétiennes sont remises en cause; chacun recherche la protection contre la mort; formules magiques et confréries placées sous la protection d'un saint réapparaissent comme dix siècles plus tôt.
Sur ce fond de catastrophe et de pessimisme, les rois et les empereurs accordent ou n'accordent pas leur reconnaissance au pape régnant. La «soustraction d'obédience» divise l'Europe. Le roi de France est en général fidèle aux papes avignonnais; de ce fait, le roi d'Angleterre et l'empereur leur refusent leur confiance. Le retour à Rome de la papauté en 1377 ne change rien. Les critiques sont si fortes contre l'omnipotence pontificale qu'après 1378 s'ouvre une période de quarante ans durant laquelle l'incohérence est totale. Deux papes, parfois trois, élus par des factions rivales, ne parviennent pas à se faire reconnaître. Les juristes de chaque pays tentent de trouver des solutions à cette cassure entre chrétiens. Un accord se dégage au début du XV e siècle: confier à un concile général un pouvoir supérieur à celui du pape, mettre fin au schisme et réformer l'Eglise de fond en comble.
Une papauté sans influence Un premier grand concile, à Constance en 1414, aboutit en 1417 à l'élection d'un pape unique: Martin V. Jusqu'en 1431, ce dernier ne fera qu'aggraver les défauts de la gestion pontificale. Le résultat le plus spectaculaire du concile est la mise à mort par le feu du Tchèque Jean Hus, accusé d'hérésie: un peuple entier s'est reconnu dans un religieux qui ose affronter Rome.
En 1434, aucun des problèmes n'ayant été résolu, Bâle reçoit un autre concile, qui va s'effilocher de session en session, puis se déplacer en 1449 à Florence, où une illusoire union des Eglises semble pendant un bref moment rendre à la papauté la direction de l'Occident. En fait, les problèmes subsistent: les rois continuent à favoriser la naissance de clergés «nationaux» qui leur obéissent, et Rome est aux mains de familles riches et avides de pouvoir et de richesses, à l'exception de quelques grandes figures pontificales comme l'érudit Pie II, intègre et mécène. L'Occident chrétien se transforme en une mosaïque de royaumes chrétiens rivaux qui n'accordent plus aucun pouvoir d'arbitrage au chef de l'Eglise.
Un avenir incertain A l'extérieur, les espérances du XIII e siècle ont disparu: ni les Mongols, ni les Turcs, ni les Ethiopiens, ni les musulmans, ni l'ensemble des Slaves ne sont entrés dans l'obédience romaine. Après 1453, un péril majeur surgit au cœur de l'Europe centrale, celui de l'expansion ottomane. Même contre ce péril, Rome n'arrivera pas à mobiliser l'Occident, qui est entré dans une nouvelle période de son histoire. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les 14e et 15e siècles Dim 9 Avr - 3:41 | |
| La fin du Moyen Age
A deux siècles d'expansion vont succéder deux siècles de crise profonde. Au milieu du XV e siècle, les mutations, dans tous les domaines, sont d'une telle ampleur que, pour les historiens, c'en est fini du Moyen Age. Les causes de la dépression sont multiples. Aucune d'elles ne peut seule l'expliquer.
Le temps des calamités Famines, pestes et guerres se sont conjuguées pour faire de ce qu'on appelle le "Moyen Age tardif" le « temps de l'homme rare »: l'Occident est alors moins peuplé qu'au début du XIII e siècle.
Les famines La crise est d'abord frumentaire: dès 1309 en Allemagne, les récoltes ne suffisent plus à alimenter les hommes, et en 1315-1316 toute l'Europe occidentale est affamée. Attesté par le recul des feuillus en Allemagne, par celui de la vigne en Angleterre, et par la disparition des céréales en Islande, le refroidissement climatique explique en partie les mauvaises récoltes. Les fortes pluies de 1315 aggravent sans aucun doute ce phénomène. Mais la catastrophe est amplifiée par la surpopulation qui touche les terroirs et les villes manufacturières, où affluent les immigrés ruraux. Ainsi, Ypres perd en six mois 10 % de sa population. Bruges, comme les villes côtières, bénéficie un temps de l'importation maritime des céréales, en provenance de Prusse notamment. La cité flamande n'en perd pas moins 5 % de ses habitants dans le même temps.
La peste Dans les villes insalubres, les populations sous-alimentées résistent mal aux épidémies de peste, qu'une médecine balbutiante se révèle incapable d'enrayer. De 1347 à 1349, suivant les grands axes commerciaux, la maladie se propage jusqu'en Île-de-France, où elle ravage Paris de juin 1348 à juin 1349. Présente en Europe centrale dès 1347, elle gagne les Pays-Bas et l'Angleterre, puis l'Ecosse et les pays scandinaves en 1350. Paris doit encore subir ses attaques récurrentes en 1361-1362, alors que la peste des enfants s'abat, particulièrement sévère, sur le Languedoc en 1363.
Certains préfèrent fuir, comme les personnages du Décaméron de Boccace. D'autres se murent chez eux. Prince ou serf, riche ou pauvre, nul n'est épargné par le fléau. Ni la duchesse de Normandie ni la reine Jeanne de Bourgogne n'en réchappent, pas plus que le tiers de la population occidentale. Le chroniqueur parisien Jean de Venette en a relaté les ravages terrifiants. Arras, Florence, l'Angleterre tout entière perdent 50 % de leurs habitants, Zurich 60 %. On estime à 25 millions - soit le tiers de la population - les victimes de la Grande Peste en Europe occidentale.
Les effets varient cependant d'une région à l'autre, voire d'un village à l'autre. Le Béarn, tout comme l'Allemagne méridionale, semble avoir bénéficié d'une grâce particulière. En raison de la promiscuité qui règne dans les grandes villes, celles-ci sont plus ravagées que les hameaux isolés.
Les guerres La permanence des conflits aggrave le déficit humain. Enlisée dans la guerre de Cent Ans (1337-1475), à laquelle s'ajoute de 1407 à 1413 le conflit entre Armagnacs et Bourguignons, la France, théâtre des opérations, est sans doute le pays le plus touché.
Dans toute l'Europe, ou presque, on s'affronte. L'Italie frémit sous le choc des impérialismes commerciaux nés avec les empires coloniaux. Ainsi, Pise lutte vainement contre Florence (1399-1406), et Milan contre Venise (1426-1429); Angevins et Aragonais se disputent la Sicile et le sud de la péninsule italienne (1435-1443). La fratricide querelle entre Pierre II et Henri de Trastamare ensanglante la Castille (1350-1369). L'Angleterre, ébranlée par la résistance écossaise (1295-1328) et déjà mobilisée contre la France, doit également faire face à la guerre des Deux-Roses (1455-1485), qui oppose les maisons d'York et de Lancastre. L'Europe du Nord n'est pas épargnée: en 1360, la Hanse sort victorieuse d'un premier conflit avec le Danemark, mais Teutoniques et Polonais s'affrontent durant un demi-siècle, de 1411 à 1466.
Le pillage des campagnes Les conflits mobilisent davantage d'hommes qu'auparavant. Sur terre, où des volontaires contractuels viennent grossir les rangs des armées, mais aussi sur mer, où sévissent pirates et gardes-côtes mercenaires. De la puissante artillerie française aux long bows anglais, les armes se perfectionnent et se multiplient. Les trêves n'apportent aucun soulagement aux campagnes pillées et dévastées en permanence par des troupes privées de tout autre ravitaillement. La tactique de la terre brûlée, adoptée par du Guesclin pour repousser ces bandes désœuvrées vers l'Espagne en 1367, est tout aussi redoutable pour les populations locales que les grandes chevauchées du Prince Noir en Languedoc (1355).
Ecorcheurs et routiers sévissent jusqu'à l'application de l'ordonnance sur les abus des gens de guerre, en 1439. Les paysans quittent des campagnes exsangues, abandonnent leurs tenures aux friches et cherchent refuge à la ville. Le poids de la guerre se fait sentir là aussi, la fiscalité s'alourdit. Inaccessibles, les marchés se ferment, et, de la mer livrée aux pirates, il ne faut rien attendre. La crise agricole et la hausse des prix Les mauvaises récoltes provoquent une hausse du prix des produits céréaliers jusqu'en 1310. Pour le froment, l'augmentation est par exemple de 300 % à Toulouse entre novembre 1314 et avril 1315. En Angleterre, les prix sont multipliés par quatre en 1315, par huit en 1316. Le Parlement tente vainement d'imposer un prix maximal des blés. Les excellentes récoltes de 1317 provoquent le phénomène inverse, et le prix des céréales chute alors que continue d'augmenter durablement celui des autres produits, agricoles et artisanaux. Les salaires augmentent, et leur hausse est précipitée par la peste noire. L'homme est devenu rare et cher, tant à la campagne, où les seigneurs cherchent la main-d'œuvre qui relancerait l'exploitation de leurs réserves, que dans les ateliers urbains.
En Angleterre, par exemple, l'indice des salaires passe de la base 100 en 1300-1319 à 188 dans les deux dernières décennies du XIVe siècle Une fois encore, l'autorité publique tente de réagir. En 1351, le Parlement anglais vote le statut des travailleurs, qui ramène les salaires à leur niveau d'avant l'épidémie; la même année Jean le Bon limite les gages au tiers de leur valeur de 1347 dans le vicomté de Paris. Le roi de Castille tente de prendre de semblables mesures, qui, dans l'ensemble, restent lettre morte.
Des taxes pour financer la guerre Pour financer les guerres et payer les mercenaires, les Etats (assemblée représentant les trois ordres: noblesse, clergé, tiers état), en France, le Parlement en Angleterre autorisent, non sans difficultés, l'alourdissement de la fiscalité royale. La pénurie de numéraire, certes liée à celle du métal blanc mais également due à la thésaurisation, est un phénomène classique en période de troubles. Aussi les souverains français procèdent-ils à de fréquents réajustements monétaires, dont les conséquences sont avantageuses pour les débiteurs, mais catastrophiques pour ceux qui perçoivent des revenus fixes. Les incertitudes monétaires pèsent sur le grand négoce, que ralentissent en outre l'insécurité grandissante des mers et le mauvais état des routes livrées aux «écorcheurs» et aux pillards. La production et la consommation sont en recul dans une société perturbée, où les pouvoirs, publics comme seigneuriaux, sont plus que jamais contestés. La remise en cause des pouvoirs Les péripéties de la guerre de Cent Ans dévalorisent le pouvoir royal au profit des aristocraties française et anglaise. Le triomphe monarchique n'est pas encore confirmé, et bien des insuffisances et des contestations fragilisent l'institution. Les états généraux entendent jouer leur rôle. Ils sont réunis dix-sept fois en France au cours du XIV e siècle, pour le vote de subsides, le règlement des successions ou l'approbation des traités. Mais, malgré le contrôle qu'ils prétendent exercer sur les finances publiques, ils ne menacent guère le pouvoir du roi, pas plus que ne le font les assemblées locales, que le souverain sait finalement utiliser à son avantage.
La petite noblesse s'agite périodiquement et constitue çà et là de véritables ligues. Elle contraint Louis X à concéder quelques chartes dans lesquelles est définie la part d'autonomie des provinces. Les princes organisent leur domaine à l'image du royaume, créent des principautés toujours prêtes à défier l'autorité souveraine, en Bourgogne notamment.
Les grands du royaume cherchent, au moins en France, plus à contrôler l'autorité du souverain qu'à la détruire. De leurs menées, les conseillers les plus proches du roi sont les principales victimes. Le «gouvernement des oncles» pendant la minorité de Charles VI (1380-1388) porte témoignage de leurs ambitions.
Les conflits dynastiques Dans certaines circonstances, la transmission du pouvoir donne lieu à d'inextinguibles conflits. En France, la succession de Louis X (1314-1316) et celle de Philippe V (1316-1322) inaugurent un nouveau principe dynastique qui écarte délibérément les femmes et leurs fils du pouvoir (décision des états généraux de 1317 et 1328). Au mépris de toute tradition, la succession en ligne collatérale est autorisée. Cette disposition doit rendre impossible l'installation d'un Anglais sur le trône de France. L'application de cette règle est l'une des causes de la guerre de Cent Ans.
Lorsque de jeunes souverains accèdent au trône avant d'être majeurs, le pouvoir est livré aux coteries princières. Ainsi, la minorité de Charles VI laisse le champ libre aux intérêts divergents de ses oncles, en particulier de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. En Angleterre, ces questions se règlent par de sanglantes révolutions de palais: Edouard II fait exécuter les Mortimer, jadis régents de son royaume, et Thomas de Gloucester paie de sa vie, en 1397, sa révolte contre son ancien pupille Richard II.
La prise du pouvoir par la violence La longue minorité de Henri VI, devenu roi en 1422 à l'âge d'un an, profite certes aux Gloucester et aux Lancaster mais se révèle catastrophique pour l'Angleterre. Le meurtre d'Edouard V, assassiné avec son jeune frère en 1483 sur l'ordre du prétendant Richard III, donne le ton des mœurs politiques de l'époque.
L'enchevêtrement des liens familiaux et des obédiences vassaliques a depuis longtemps brouillé les points de repère politiques et sociaux. Il nourrit des conflits d'autorité dont l'arbitrage incombe à la force plus qu'au droit. Ainsi, par le jeu des alliances, les rois d'Angleterre Edouard II et Edouard III, petits-fils par leur mère des rois de France, peuvent se croire quelque droit à la couronne de France, tout comme Henri VI, petit-fils de Charles V. Le roi d'Angleterre, égal en puissance au roi de France, mais néanmoins son vassal, pouvait-il accepter de s'abaisser à lui prêter hommage ? Pouvait-il tolérer la «saisie du fief» de Guyenne opérée par son suzerain en 1337? Instrument du pouvoir, la vassalité devenait inévitablement source de guerre féodale, avant de proposer un affrontement national. Les bouleversements sociaux Ses premiers échecs dans la guerre de Cent Ans ternissent profondément le prestige de la monarchie française, en même temps que celui de la chevalerie. Les défaites préparent certes une remise en cause de la stratégie et des armées, mais aussi de toute une organisation sociale fondée sur l'aristocratie militaire.
Dans un royaume humilié, désorienté, privé de souverain (Jean II le Bon est prisonnier en Angleterre), soumis aux ambitions de Charles de Navarre et en proie aux révoltes populaires, le drapier Etienne Marcel, devenu prévôt des marchands en 1355, se fait le porte-parole convaincu d'idées réformatrices. Le mouvement du prévôt faillit bien réussir quand les états généraux, réunis à Paris en 1357, cherchèrent à établir une monarchie parlementaire. Mais la bourgeoisie loyaliste fit assassiner Etienne Marcel le 31 juillet 1358.
Curieusement pourrait-on dire, dans les campagnes européennes, la condition paysanne s'améliore plutôt au début du XIV e siècle. Certes, le servage sévit encore, plus fortement en Angleterre et en Europe centrale. Mais beaucoup de ruraux tirent profit de la hausse des produits céréaliers de 1317-1318. Ceux qui ont survécu à la peste profitent du bas prix de la terre désertée; nombre de paysans élargissent leurs terroirs et louent cher leur force de travail à une noblesse souvent ruinée. En effet, les dévaluations aggravent la baisse du revenu tiré des rentes féodales, et, faute de main-d'œuvre, les réserves ne produisent guère. La guerre, qui représente de lourdes charges, contraint à l'abandon prolongé du domaine. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les 14e et 15e siècles Dim 9 Avr - 3:42 | |
| La fin du Moyen Age (Suite)
Les mouvements de révolte Partout en Europe, campagnes et villes sont gagnées par des flambées de violence. Expression d'une rageuse lassitude, ces mouvements sont dépourvus de programme social et politique, bien qu'ils soient, de fait, antifiscaux et antiseigneuriaux. Dans les campagnes, les défaites militaires, l'incurie des seigneurs absents, les pillages et les destructions, l'accroissement de la fiscalité royale et seigneuriale provoquent de brusques protestations, non pas tant des plus pauvres, mais surtout des nouveaux enrichis, qui craignent de voir fondre leur acquis. Les meilleurs terroirs agricoles sont touchés (Beauvaisis, Île-de-France, bassin de Londres). Ces révoltes prennent généralement l'aspect d'«effrois» spontanés, violents, et cruellement réprimés. A ce type de révolte correspond, sans doute, celle de la Flandre maritime menée par Zannequin (1323-1327). Partiellement aidée par les tisserands, elle est écrasée par Philippe VI de France.
La misère ouvrière La «révolte des travailleurs» en Angleterre (1381) est l'expression des masses rurales criant leur misère autant que leur refus de la poll tax imposée par le gouvernement en 1380. Les révoltés, dirigés par Wat Tyler, parviennent à entrer dans Londres à l'été 1381. Mais l'assassinat de Tyler donne le signal de la répression, et les concessions accordées un peu auparavant par Richard II sont immédiatement oubliées. Les aristocraties scandinaves font face à de semblables spasmes révolutionnaires, tant en Suède (1434) qu'en Norvège (1438) et qu'au Danemark (1441). Les fureurs paysannes agitent aussi l'Aragon à partir de 1409 et la Catalogne en 1462. En ville, la jacquerie parisienne de 1358 est essentiellement antinobiliaire. Pour tenter de s'emparer du pouvoir, Etienne Marcel n'aurait, semble-t-il, pas dédaigné le soutien des insurgés. La dégradation des rapports maîtres-ouvriers est à l'origine de révoltes appelées «émotions». Elles ne sont pas nouvelles: les XIIe et XIIIe siècle en avaient déjà connu de nombreuses, de la révolte des tisserands de Troyes en 1175 aux émeutes de Pontoise (1267) et de Provins (1279), avant celles de Douai et d'Ypres (1294-1305).
La domination patronale L'élite patronale veut assurer son monopole et sa suprématie sur les apprentis comme sur les valets et les compagnons plus spécialisés. Elle soumet l'accès à la maîtrise à des conditions plus astreignantes: le droit d'entrée est augmenté et la difficulté du chef-d'œuvre accrue. Ces mesures bloquent les métiers, car bon nombre d'employés sont dès lors maintenus dans des conditions précaires, sans grand espoir de promotion. Le paroxysme du mouvement de protestation se situe à la fin du XIV e siècle; il prend l'aspect de grèves, quelquefois accompagnées de bris de machines comme à Rouen en 1381-1382. Le tumulte des Ciompi à Florence en 1378 est l'expression d'un malaise autant politique que social, tout comme le mouvement parisien des maillotins, qui met ouvertement en cause le parti du roi et de ses régents (1382). Il faut l'armée royale pour écraser à Rozebeke, en 1382, les tisserands flamands pro-anglais révoltés contre la France.
Dans l'ensemble, les ouvriers n'ont guère tiré profit de ces révoltes. Mais bien plus encore que chez les paysans, elles ont favorisé une solidarité dont les conséquences s'inscriront dans un lointain avenir, face aux négociants et aux patrons qui conservent le pouvoir économique et politique des villes. Le malaise moral au XVe siècle La fragilité de la vie, les tentations funestes et l'horreur de la mort trouvent leur chantre en François Villon (1431-apr. 1463). L'art, la littérature, la pensée philosophique et théologique n'échappent pas plus que les mentalités aux bouleversements de l'époque. La peste a tant tué que l'on s'étonne de vivre encore. Et du sursis il faut profiter. Au milieu d'un irrespectueux foisonnement de couleurs, la mode se pare de toutes les audaces. Pour les plus riches, l'habillement, avec ses soieries et ses fourrures, devient de plus en plus luxueux. Hennins et poulaines sont très en vogue. Tentant d'agir contre ces extravagances, les nombreuses lois somptuaires n'ont guère d'effets. Tableaux vivants et bals masqués animent, parfois tragiquement, les cours princières (en 1393, sous Charles VI, le bal des Ardents coûte la vie à cinq jeunes seigneurs, brûlés vifs par des torches). La «courtoisie» renaît néanmoins dans les poèmes de Charles d'Orléans en France, ou dans les écrits de Chaucer (1340-1400) en Angleterre. On hésite entre la fureur des plaisirs et la chasse aux boucs émissaires. Deux mille juifs sont ainsi massacrés à Strasbourg en 1349.
Doute religieux Déchirée par le grand schisme d'Occident (1378-1417), la papauté n'offre plus de modèle, ni moral ni religieux. La chrétienté tout entière est divisée entre le pape de Rome, celui d'Avignon, et un troisième issu du concile de Pise en 1409. L'unité ne devait être retrouvée qu'avec l'élection de Martin V. Les désordres créés par le grand schisme ne sont pas étrangers à la propagation des hérésies. Les prêtres sont rares, des églises sont détruites, des couvents désertés. Voyant dans ces catastrophes un châtiment divin, les flagellants allemands et flamands appellent au repentir, ainsi qu'à la révision des dogmes et des pratiques. Les nouveaux prédicateurs populaires savent exploiter le sens profond des mécontentements. Ils en structurent les idées, établissent un lien entre la contestation sociale et la remise en cause de l'Eglise et du clergé. Ainsi, John Ball appuie ouvertement les travailleurs anglais, déjà influencés par les discours de Wycliffe. Plus à l'est, les hussites de Bohême et les taborites de Bavière critiquent tout autant le servage et la fiscalité qu'une papauté oublieuse de sa vocation. C'est le mouvement des lollards en Angleterre, intellectuel avant de devenir populaire, qui réalise le mieux cette synthèse contestataire. Mais l'hérésie, dont toutes ces révoltes étaient empreintes, facilite leur marginalisation et justifie leur écrasement. | |
| | | Vidar Blackeu Viking
Nombre de messages : 2711 Localisation : Dans la forêt d'Asgard Date d'inscription : 13/02/2006
| Sujet: Re: Les 14e et 15e siècles Dim 9 Avr - 3:42 | |
| Vers l'Europe moderne
Un renouveau perceptible à travers les premiers signes d'une relance démographique et économique est sensible dans toute l'Europe à partir de 1450.
Le triomphe des hommes d'argent L'Europe de la fin du Moyen Age devient surtout celle des «hommes d'affaires». Les Médicis à Florence, les Fugger et les Welser à Augsbourg sont à la tête d'un réseau d'affaires international et discutent à égalité avec les grands princes, dont ils sont les banquiers et les prêteurs.
L'instauration des concurrences, la prise de conscience du rôle de l'économie ont favorisé l'émergence de particularismes aux mesures protectionnistes parfois outrancières. Les souverains utilisent encore l'économie à des fins politiques: ils n'hésitent pas à accorder des licences de faveur à leurs précieux créanciers. Ils se muent eux-mêmes en hommes d'affaires lorsqu'ils ont une conception claire et objective des intérêts de leur royaume. C'est le cas de Louis XI, qui s'attache à promouvoir les foires de Lyon (1463), rivales de celles de Genève, sa voisine.
Le nouveau paysage politique Le redressement, c'est aussi une configuration de l'Europe qui annonce celle des Temps modernes et se caractérise par des Etats forts, de structure monarchique. La fin de la guerre de Cent Ans et de ses ravages assure aux couronnes de France et d'Angleterre un prestige qui devait leur permettre de triompher des aristocraties.
Au Royaume-Uni Le rétablissement du pouvoir royal intervient avec la nouvelle dynastie des Tudor. Le mariage de Henri VII avec Elisabeth d'York éteint la guerre des Deux-Roses, tandis que le traité d'Etaples avec la France, en 1492, complète avantageusement l'œuvre de pacification. Les confiscations et une habile politique commerciale, de la laine notamment, ont contribué à l'enrichissement du trésor royal. Le roi, qui n'a plus besoin de faire appel au Parlement, s'appuie désormais sur la gentry des Communes et sur les hommes de son Conseil.
En France L'Etat étend désormais son pouvoir sur un territoire dont toutes les provinces participent au domaine royal et où plus aucune principauté ne vient défier l'autorité monarchique: depuis 1481, le roi est comte de Provence, et le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne, en 1491, fait enfin entrer le duché dans les possessions de la Couronne. Si cette monarchie n'a plus rien de féodal, elle ignore encore cependant la centralisation administrative, ainsi que le prouve l'éclatement du parlement dans les provinces, à partir de 1443. Chaque région reste fidèle à ses coutumes, l'unification n'est pas encore à l'ordre du jour.
L'évolution favorise la montée de la bourgeoisie au sein du tiers état, comme le prouve la carrière d'un Jacques Cœur. Elle constitue cette nouvelle noblesse de robe où se recrutent juristes et financiers. Le clergé ne perd rien de ses privilèges financiers et judiciaires, et les nobles qui se pressent jalousement à la cour demeurent un danger potentiel pour le pouvoir.
En Espagne et au Portugal Le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1469), dans la péninsule Ibérique, préfigure l'unification du royaume espagnol. Mais l'unité nationale ne se fait qu'au prix de bien des intolérances: au nom de la foi, les rois Catholiques laissent l'Inquisition de Torquemada persécuter les «mauvais chrétiens» (1480). Ils décident l'expulsion de tous les juifs du royaume de Castille (31 mars 1492), provoquant une nouvelle diaspora vers les rivages d'Afrique du Nord et surtout vers Salonique. La prise de Grenade (2 janvier 1492) met fin à la longue Reconquista.
Quant au Portugal, l'échec des Castillans à Aljubarrota (14 août 1385) garantit définitivement son indépendance.
En Germanie L'autorité impériale n'est pas parvenue à arbitrer les perpétuels conflits qui opposaient les princes et les villes et le vieil Empire germanique s'est disloqué. Déjà se dégagent de nouveaux centres de pouvoir. Au nord, la Hanse décline quelque peu. Dominatrice au XV e siècle, elle doit affronter la concurrence de ses rivaux. Les velléités d'indépendance des royaumes nordiques, réunis depuis 1397 dans l'Union de Kalmar, représentent pour elle une menace; à un moindre degré, il est vrai, que la montée en puissance de Moscou. Les véritables forces germaniques sont maintenant ancrées dans le Brandebourg des Hohenzollern et dans l'Autriche unifiée (avec la Styrie, la Carinthie, le Tyrol et la Carniole) des Habsbourgs. En 1493, l'empire de Maximilien, première puissance d'Occident, couvre toute l'Europe centrale, de Trieste à Amsterdam.
Dans une Europe aux Etats consolidés, l'horizon territorial des grands marchands est cependant menacé par l'irrésistible avancée turque, qui atteint Constantinople en 1453 et ferme la route des épices et des soieries de l'Orient. La recherche d'une nouvelle voie guide les intrépides Portugais vers la découverte du monde. Siècle de guerre, le XV e siècle est déjà celui des grandes explorations qui mènent Christophe Colomb aux Antilles, en 1492. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Les 14e et 15e siècles | |
| |
| | | | Les 14e et 15e siècles | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|