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 Les civilisations amérindiennes

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Blackeu Viking
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MessageSujet: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:21

Le continent américain s'est peuplé plus tardivement que le reste du monde. On appelle civilisations précolombiennes, en référence à Christophe Colomb, les civilisations qui se sont développées en Amérique centrale et en Amérique du Sud avant la conquête espagnole. Les plus brillantes d'entre elles furent celles des Mayas (IV e -X e siècle), des Aztèques (X e -XVI e siècle) et des Incas (XV e -XVI e siècle), et la religion y tenait une place fondamentale.


Les principales civilisations précolombiennes :









Nom Début période Fin période

Olmèques de 1200 avant J.-C. à 600 après J.-C.
Mayas de 1000 avant J.-C. à 1697 après J.-C.
Mixtèques de 800 avant J.-C. à 1520 après J.-C.
Zapotèques de 650 avant J.-C. à 1520 après J.-C.
Totonaques de 400 avant J.-C. à 1520 après J.-C.
Teotihuacán de 300 avant J.-C. à 1000 après J.-C.
Mochicas de 400 après J.-C. à 1000 après J.-C.
Toltèques dès IX e siècle ap. J.-C. vers 1160 après J.-C.
Inca de vers 1000 après J.-C. à 1532 après J.-C.
Aztèques de 1325 après J.-C. à 1520 après J.-C.





Olmèques

La première des grandes civilisations précolombiennes
Peuple de l'ancien Mexique qui développa, au I er millénaire avant notre ère, la première des grandes civilisations précolombiennes. La civilisation olmèque s'est épanouie sur la côte du golfe du Mexique, dans les riches et chaudes plaines alluviales délimitées par les rivières Papaloapan et Grijalva, au Préclassique moyen, c'est-à-dire d'environ 1'000 à 300 av. J.-C.. On ignore le nom réel de ce peuple car celui d'Olmèque, qui signifie «du pays du caoutchouc» (hule), était porté par tous ceux qui habitaient cette même région à l'arrivée des conquérants espagnols et s'applique donc à toutes les cultures ayant occupé les Etats actuels de Vera Cruz et de Tabasco.

De leur foyer initial, les Olmèques rayonnèrent vers l'intérieur des terres pour établir de fructueux échanges commerciaux. Ils influèrent profondément sur les civilisations postérieures de l'Amérique centrale.

Par l'apport de traits culturels essentiels, tels que les cultes du jaguar et du dieu de la pluie, encore en vigueur au XV e siècle, l'orientation des constructions selon les points cardinaux, l'invention d'une écriture hiéroglyphique, d'une arithmétique et d'un calendrier, la création d'une sculpture et d'une statuaire portées à un haut degré de perfectionnement, la culture olmèque se place en effet à l'origine des grandes cultures américaines, auxquelles elle a donné une remarquable impulsion, en leur permettant d'accéder au stade classique. La culture olmèque, qu'il s'agisse de sa chronologie ou de ses caractéristiques essentielles, pose une série d'énigmes non résolues à ce jour.

Architecture et statuaire
On donne aussi à la civilisation olmèque le nom de «culture de La Venta», du nom d'un des principaux sites archéologiques - dont la célèbre pyramide est probablement l'un des plus anciens exemples de l'aire méso-américaine -, avec ceux de San Lorenzo, Cerro de las Mesas et Tres Zapotes. Ces sites comportent des édifices de briques recouvertes de pierre, technique inventée par les Olmèques en raison de la rareté de la pierre, des tombes, des autels ornés de bas-reliefs où se répète le thème du jaguar tenant dans sa gueule un homme, mais surtout une statuaire monumentale sous la forme de stèles de un à cinq mètres de hauteur, de masques, et surtout de spectaculaires représentations de têtes humaines, monolithes de basalte pouvant atteindre vingt tonnes, et transportés sans doute par radeau d'une région située à une centaine de kilomètres; elles figurent un crâne déformé, intentionnellement élargi vers le haut, des yeux obliques, un nez épaté, de grosses lèvres aux coins tombants qui rappellent la gueule d'un félin; on trouve en effet de nombreuses représentations mythologiques aux traits mi-humains, mi-félins.

Les représentations de nouveau-nés et d'enfants pleurant, obèses, aux yeux bouffis, sont fréquentes, sans doute en relation avec le culte de la pluie, ainsi que d'êtres difformes, nains, bossus. Le type physique des Olmèques nous est inconnu car, en raison de la forte pluviosité des régions où leur civilisation s'est développée, aucun squelette n'a subsisté. Les Olmèques se sont aussi illustrés dans la taille des pierres dures: le jade, le quartz, la serpentine, l'obsidienne et l'améthyste, dans lesquelles ils ont sculpté des figurines semblables aux énormes têtes; des bijoux, des haches cérémonielles, objets qui constituent parfois des offrandes enterrées.

Une écriture hiéroglyphique
Les centres cérémoniels font leur apparition à l'époque olmèque; les monuments y sont construits de part et d'autre d'une allée centrale, et orientés selon les points cardinaux, obéissant ainsi à des impératifs religieux. Dans un premier temps, ils étaient le centre de la vie des paysans olmèques répartis dans des villages voisins; ensuite, ils n'ont dû être utilisés que lors des cérémonies. On soupçonne une organisation sociale communautaire structurée en clans totémiques, liés au culte du jaguar; les stèles attestent l'usage d'une écriture hiéroglyphique, d'une numération et d'un calendrier. La présence de techniques inconnues jusqu'alors, de nouveaux produits provenant parfois de régions éloignées implique une dimension sociale et économique supérieure à celle des cultures antérieures, et en particulier des échanges utilisant les voies fluviales et maritimes. Ces échanges commerciaux supposent une puissance militaire suffisante assurant la protection lors de contacts avec d'autres peuples. Les produits d'origine lointaine pouvaient provenir aussi de tributs de guerre imposés par les Olmèques.

Déclin et survie
La culture olmèque déclina à la fin du Préclassique moyen (vers 600) mais survécut dans des groupes nomades, après une migration vers les hauts plateaux de l'Amérique centrale, jusqu'au XII e siècle ap. J.-C.; elle a exercé de très fortes influences sur les quatre-vingts cultures du Préclassique du haut plateau mexicain (Tlatilco), sur la côte du Pacifique (Izapa) jusqu'au Salvador, dans la région d'Oaxaca (Zapotèque) et sur la culture maya en formation (Chiapas et Guatemala) ainsi que sur les cultures de la région de Vera Cruz.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:22

Mayas

Les civilisations amérindiennes THE_TEC_006
Les premières écritures


Peuple indien d'Amérique centrale fondateur d'une brillante civilisation précolombienne qui s'étendit sur les territoires actuels des Etats mexicains des Chiapas et du Yucatán, et sur ceux du Belize, du Guatemala et du Honduras. Aujourd'hui, les Mayas sont quelque 2 millions qui appartiennent au groupe linguistique maya. Dans les forêts tropicales du Petén et sur les terres arides du Yucatán, les Mayas ont, durant plus de deux millénaires, développé une civilisation prestigieuse. Au IX e siècle de notre ère, leurs cités furent peu à peu abandonnées, pour n'être redécouvertes par les explorateurs qu'à partir du XIX e siècle. Mais les peuples mayas ont su jusqu'à nos jours préserver leur identité, en dépit des invasions et des conquêtes.

Un peuple stable
Venus d'Asie par le détroit de Béring, comme tous les peuples américains, les Mayas s'installèrent à une date qui reste encore inconnue sur le territoire actuellement occupé par leurs descendants. On peut cependant affirmer que ce peuple, ou plutôt ces peuples - car il faut distinguer, d'après leur langue, les Chols, les Chortis, les Yucatèques et de nombreux autres (le maya lui-même regroupant 24 langues indiennes) - ont connu une stabilité exceptionnelle: en dépit des vicissitudes de l'histoire, les Mayas ne se sont pas déplacés depuis le IIe millénaire avant J.-C.

L'aire maya
Leur territoire couvre le sud-est du Mexique, le Belize et le Guatemala, l'ouest du Salvador et du Honduras, entre 14 degrés et 22 degrés de latitude nord: tout le pays est donc tropical, mais cette uniformité n'est qu'apparente. L'aire maya est traditionnellement divisée en trois ensembles géomorphologiques: les hautes terres volcaniques méridionales, fertiles et tempérées; les basses terres centrales, bien drainées par de grands fleuves, comme le Motagua ou l'Usumacinta; le plateau calcaire aride du Yucatán, au nord, au drainage souterrain. Cette distinction doit être nuancée en raison de la diversité du relief, des sols et du climat. Les basses terres centrales sont entrecoupées de grandes vallées mais butent au sud-est sur les monts Maya. Le vaste plateau calcaire du Yucatán est interrompu par la chaîne de collines du Puuc. A cette variété de paysages correspond la multiplicité des manifestations culturelles locales: s'il existe effectivement une civilisation maya, on ne saurait sous-estimer la richesse de sa diversité intérieure.


Implantation
Des traces d'occupation antérieures au IIe millénaire ont été identifiées dans les hautes terres (Los Tapiales), au Belize et au Yucatán (grottes de Loltún). Mais les plus anciennes maisons - avec, à proximité, des édifices publics - que les archéologues aient découvertes, à Cuello, ne datent que de 1000 avant J.-C. Ils ont reconnu aussi un motif en natte, généralement associé à l'idée de pouvoir et qui est donc l'indice d'une hiérarchisation sociale. Des objets en jade ou en obsidienne, minéraux importés de gisements lointains, prouvent l'existence d'échanges à longue distance. A cette époque, de nombreux sites sont occupés, comme Tikal, et les Mayas colonisent progressivement toutes les basses terres. Il est cependant difficile de définir la nature de leurs relations avec les civilisations voisines, les Olmèques par exemple: il semble que les centres des hautes terres du Sud, Izapa, Abaj Takalik ou Kaminaljuyú, aient hérité de certains traits olmèques, pour élaborer à leur tour leurs traditions (écriture, calendrier), mais les modalités de leur adoption dans les basses terres restent inexpliquées.

Des cités autonomes
Vers 300 avant J.-C. se produit un phénomène d'accélération: à la multiplication des sites s'ajoute une activité architecturale intense, signe d'un fort accroissement de la population. A Komchén ou à El Mirador, les habitants édifient de vastes plates-formes ou pyramides; à Cerros apparaissent les premiers terrains de jeu de balle. La voûte à encorbellement est utilisée à Tikal pour des tombes décorées de peintures. De grands masques en stuc ornent les façades, à Cerros ou à Uaxactún. Chaque site se développe de façon autonome, néanmoins on utilise partout la même céramique rouge, marque indéniable d'unité culturelle.

L'époque protoclassique
Des tensions se manifestent, peut-être dues à cette rapide croissance, entre 50 et 250 de notre ère, période traditionnellement dénommée «protoclassique». On ne sait si c'est à cause de difficultés internes ou s'il s'agit de conséquences d'une invasion, mais certains sites, comme El Mirador, Komchén ou Cerros, disparaissent définitivement, tandis que d'autres, Tikal ou Dzibilchaltún, s'imposent. Des cités déclinent provisoirement (Seibal) ou se fortifient (Becan). L'instabilité règne et bénéficie à certaines villes, par exemple Tikal, qui va désormais compter durant la période suivante, dite du «classique ancien».

Vers un pouvoir dynastique
En 292, Tikal érige la première stèle datée connue, revendiquant ainsi un pouvoir politique dominant pour sa dynastie, laquelle va imposer sa marque à une grande partie du monde maya. Le rôle de Tikal semble avoir été renforcé par les liens qui l'unissent à la grande métropole du Mexique central, Teotihuacán. Cette dernière cité, peuplée de 200'000 habitants environ, exerce alors son influence sur toute la Méso-Amérique, et on en trouve les témoignages tant dans les hautes que dans les basses terres, à Kaminaljuyú, Becan, Yaxhá ou Altun Ha. Mais Tikal jouit de rapports privilégiés: certains de ses dirigeants seraient alliés à des groupes mexicains, et l'appui de la métropole, qui se manifeste dans l'architecture, la céramique et la sculpture, n'est pas étranger au jeu politique de Tikal: alliances (avec Uaxactún) ou conquêtes (la dynastie de Río Azul est chassée et remplacée).

L'apogée culturel
Vers le milieu du VI e siècle, on note toutefois en territoire maya un ralentissement des activités, qui se traduit par l'interruption de l'érection de monuments datés. Cet arrêt marque la fin du classique ancien. Bientôt s'opère un renouveau d'activité architecturale et artistique, accompagné d'un fort accroissement de population: les grands sites se développent encore, d'autres sortent de leur léthargie, comme Seibal, et de nouvelles cités sont fondées. Autour de centres où abondent pyramides et monuments sculptés s'organisent des cités-Etats qui rivalisent de prestige. La culture maya atteint son apogée: il durera jusqu'au X e siècle.

L'écriture maya
Les glyphes
L'écriture des Mayas est un système combiné de signes idéographiques et syllabiques. Chaque glyphe est composé d'un signe principal et d'affixes qui en complètent le sens. Ces glyphes peuvent être des noms, des verbes, et forment des phrases. Si beaucoup se rapportent à des actes ou désignent des chefs dynastiques, une part importante correspond au découpage du temps.

Le calendrier
En mathématiques, les Mayas utilisent trois signes: le point équivaut à un, la barre à cinq, et un coquillage symbolise le zéro. Ils comptent de 20 en 20, et, avec le zéro, utilisent une numérotation de position. C'est sur ces bases que fut élaboré un système de division du temps, par cycles et depuis un jour origine. Lorsque nous donnons une date, par exemple le lundi 1er janvier 1993, nous combinons plusieurs cycles, l'un de 7 jours, le deuxième de 28 à 31 jours, le troisième de 12 mois; et nous complétons par un nombre d'années écoulées à partir d'une année origine. Le calendrier maya est similaire: un premier calendrier rituel combine 13 chiffres et 20 noms de jours, soit 260 possibilités; un second calendrier, solaire, compte 18 mois de 20 jours, plus 5 jours néfastes, soit 365 jours. Avant que le même jour ne revienne dans les deux systèmes simultanément, il doit s'écouler 18'980 jours (approximativement 52 ans). Le dernier élément repose sur le nombre de jours passés depuis une date initiale, soit le jour 4 Ahau (calendrier rituel) 8 Cumku (calendrier solaire) de l'an 3113 avant J.-C. Comme pour nos unités, dizaines et centaines, les Mayas utilisent des subdivisions: le kin, ou jour, est l'unité de base; le uinal équivaut à 20 jours, le tun à 360, le katun à 7'200 et le baktun à 144 000. Les Mayas érigeaient régulièrement des monuments datés et inscrivaient des dates sur des stèles et des vases, signe de leur hantise du temps.

L'économie du monde maya
L'agriculture
Comme les autres peuples du continent, les Mayas ignorent la métallurgie et l'élevage, et n'ont donc pas d'animaux de trait. Leur économie, proche de celle du néolithique, repose donc pour l'essentiel sur l'agriculture et la pierre taillée. L'agriculture sur brûlis est le système le plus courant: le paysan défriche un champ (la milpa) en saison sèche, puis brûle la végétation, la cendre jouant le rôle de fertilisant; le champ est ensemencé au début de la saison des pluies, et la récolte se fait à l'automne. Le même champ, vite épuisé, ne peut être cultivé que deux ou trois ans d'affilée, puis doit être laissé en jachère pendant plus de dix ans. Chaque cité avait donc besoin pour sa subsistance de vastes territoires, sinon elle ne pouvait nourrir qu'une population réduite. Or la dimension de la plupart des cités comme l'ampleur des travaux menés à bien en peu de temps font penser que ce mode de production ne pouvait suffire aux besoins. Les Mayas avaient mis au point des systèmes plus intensifs, comme l'agriculture en terrasses (à Caracol ou à Río Bec) ou en jardins potagers, autour des maisons: un site maya n'est pas une cité comme dans l'Ancien Monde, mais un habitat dispersé, sans rues, autour d'un noyau central fortement concentré. La chasse, la pêche, la cueillette constituaient des ressources d'appoint.

Un fragile équilibre
L'essentiel de l'activité économique se déroulait dans le cadre familial. Mais la fabrication de céramiques de luxe, la production de vêtements pour l'élite, la construction des édifices ou la sculpture suggèrent l'existence de catégories de spécialistes. Mais, surtout, la diversité du territoire s'accompagne d'une variété des ressources. Les zones côtières produisent du sel (et des salaisons), qui fait défaut à d'autres cités: la production doit donc être intensive. A Colha, la présence de gisements de silex permet la fabrication en série d'outils agricoles: de vastes ateliers y ont en effet été identifiés.

En l'absence de roues ou d'animaux de trait, seuls le portage ou la navigation rendaient possibles les échanges, en faibles quantités ou sur de courtes distances. Le commerce à longue distance ne pouvait concerner que les produits de luxe, en faibles quantités également. La situation économique était donc stable, mais fragile, sensible à tout impondérable.

La société maya
L'organisation sociale
A la simplicité de cette économie répondait une structure sociale complexe, fondée sur une organisation familiale patrilinéaire, une division sexuelle du travail et une répartition par secteurs d'activité. Les agriculteurs, c'est-à-dire la majeure partie de la population, se divisaient en paysans, serviteurs et esclaves. L'élite, de son côté, se répartissait en guerriers, prêtres, administrateurs et dirigeants. De plus, l'élite et le peuple ne formaient pas des catégories antagonistes, car des liens de parenté ou d'alliance unissaient dirigeants et serviteurs, chefs et paysans.

L'organisation urbaine traduit assez bien cette unité, depuis les habitats dispersés de la périphérie, construits en matériaux périssables, jusqu'au cœur des sites regorgeant d'édifices prestigieux, où réside l'élite: la plupart des grands édifices, pyramides ou palais, sont associés au lignage dirigeant, et la pyramide principale abrite fréquemment le tombeau d'un chef ou d'un ancêtre.

La cosmogonie maya
Plus qu'un culte à des dieux (les Mayas ont une multiplicité de divinités, qui reçoivent pour symboles cultuels des éléments naturels: sources, nuages, vent, etc.), la vie religieuse et ses manifestations semblent liées au culte des ancêtres. Les stèles ou inscriptions de Copán, par exemple, représentent le roi, entouré de ses ancêtres et de son lignage. Les tombeaux et les pyramides sont les signes architecturaux du pouvoir d'une dynastie, et les peintures murales, telles celles de Bonampak, glorifient ses actions. La cosmogonie maya est le reflet d'une vision du monde pessimiste (à la tête du panthéon maya se trouve Chac, un dieu zoomorphe qui se plaît aux sacrifices humains) - dont témoigne le Popol-Vuh - et d'une conception de l'histoire fondée sur une succession d'ères ponctuées par des déluges ou des incendies, et que l'on découvre dans les chroniques du Chilam-Balam. Le roi, par les rites et par ses actes, assure la pérennité du monde.

Divisions et décadence
Dans un univers instable et jugé tel, en l'absence d'une technologie élaborée et confrontés à une croissance de population permanente, les Mayas n'ont pu faire face au destin qu'ils redoutaient tant. La guerre et les crises internes ont entraîné la décadence puis la chute de leurs cités. Grâce à leurs capacités d'adaptation ou à des apports étrangers (les Toltèques), certaines régions ont, un temps, échappé au sort commun, comme les cités du Puuc, Uxmal, Sayil ou Kabah. Au postclassique, Chichén Itzá a même pu être, pour une brève période, à la tête d'un véritable Etat. Mais les cités du Yucatán furent à leur tour frappées par les conflits. Chichén Itzá fut abandonnée vers 1200, puis Mayapán; ensuite le Yucatán se divisa en provinces rivales autour de centres mineurs, Tulum ou Tayasal.

Quand les Espagnols tentèrent de pénétrer au Yucatán, la division régnait, mais la conquête n'en fut pas facilitée: le Yucatán ne fut soumis qu'en 1540, Tayasal tomba en 1697. Un siècle et demi plus tard, les insurrections de la guerre des castes montreront le caractère superficiel de la conquête.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:23

Incas

Les origines de l'Empire
A la fois nom et adjectif, le mot inca désigne aujourd'hui tout ce qui se rapporte à l'histoire et à la civilisation des divers peuples sur lesquels régna une dynastie de treize souverains qui, de son fondateur semi-légendaire, l'Inca Manco Cápac, à Atahualpa, vaincu en 1532 par le conquistador espagnol Francisco Pizarro, étendit son pouvoir sur une vaste région de l'Amérique andine. L'une des grandes singularités de cet Empire, né dans la région de Cuzco, dans le sud du Pérou, fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.

Constitué en un peu moins d'un siècle, cet Empire - le Tahuantinsuyu, ou empire des Quatre Quartiers - s'étendait au moment de son apogée, à la fin du XV e siècle, des rivages du Pacifique jusqu'à la forêt amazonienne en passant par les hautes vallées des Andes, et incluait non seulement le Pérou, la majeure partie de l'Equateur, l'ouest de la Bolivie, mais aussi le nord-ouest de l'Argentine et la moitié nord du Chili.

La vallée de Cuzco
Les Incas n'étaient à l'origine qu'une des nombreuses tribus qui peuplaient le Pérou. Vers l'an 1000 après J.-C., après la chute des empires de Huari et de Tiahuanaco, ces tribus se regroupèrent en confédérations, parfois structurées en royaumes, et se développèrent comme autant de petites puissances régionales, qui s'affrontaient dans des guerres locales et entretenaient un état de conflit quasi permanent dans les Andes centrales. Les Incas s'associèrent à trois peuples voisins pour former la confédération de Cuzco, dont ils prirent le contrôle pour devenir l'une des principales puissances du sud du Pérou.

Les Incas légendaires
L'époque qui précède l'expansion de l'Empire est relatée dans les mythes d'origine, qui content la pérégrination des quatre frères Ayar, depuis la «grotte du devenir», Pacari-tampu (Paqarina), jusqu'à Cuzco. Issus du Soleil, Inti, qui va occuper une place prépondérante dans la religion officielle du futur Empire, les quatre frères, chacun à la tête de son clan, se seraient dirigés dans la vallée de Cuzco, fondant un village à chacune de leurs haltes jusqu'au jour où Ayar Manco, après s'être débarrassé de ses frères, resta seul chef de la migration. Au terme de ce voyage, il s'établit dans la vallée de Cuzco, où il fonda l'Etat inca, dont il devint le premier souverain sous le nom de Manco Cápac. Considéré comme le premier des douze ou treize souverains de la dynastie inca, Manco Cápac, dont le pouvoir se limitait au bassin de Cuzco et aux régions proches, aurait régné au XII e siècle après J.-C. Après lui se succédèrent sept Incas également légendaires - Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Cápac, Cápac Yupanqui, Inca Roca, Yáhuar Huácac et Viracocha - dont les premiers se contentèrent, pour affirmer leur domination, du pillage résultant d'escarmouches avec les peuples voisins; aucun d'entre eux ne paraît avoir été animé de l'esprit de conquête qui se manifesta, au XIV e siècle, sous le règne du septième Inca, Yáhuar Huácac : à cette époque, les Incas imposèrent par les armes leur pouvoir à tous les autres peuples de la vallée de Cuzco.

La politique expansionniste inca
Cette situation se trouva encore renforcée dès l'accession au pouvoir, au début du XVe siècle, de Viracocha, successeur de Yáhuar Huácac, et dernier des souverains légendaires. Toutefois, sur ses vieux jours, Viracocha ne parvint pas à contenir l'expansion d'un autre peuple de la Cordillère centrale du Pérou, les Chancas; en 1438, ces derniers, après avoir établi leur domination sur les Quechuas, groupe établi entre les territoires chanca et inca, tentèrent d'envahir la région de Cuzco. Devant cette menace, Viracocha dut abandonner Cuzco et s'enfuir avec son fils Urco.

Les Incas historiques
Mais un autre de ses fils, Cusi Yupanqui, rassembla les troupes incas et parvint à défaire les envahisseurs sous les murs mêmes de la capitale. Cusi Yupanqui s'empara alors du pouvoir, se fit proclamer Inca sous le nom de Pachacútec («le Réformateur du monde»), envahit le territoire des Chancas avec l'aide de son fils, Túpac Yupanqui, puis, après avoir écrasé les Collas du bassin du Titicaca, transforma l'Etat inca en l'une des plus grandes puissances andines. Dès lors, de 1438 à 1471, l'Empire n'allait cesser de s'étendre en développant une politique souvent présentée comme l'accomplissement du destin civilisateur des Incas. Certaines conquêtes furent effectuées au prix de guerres sanglantes, d'autres se firent par des alliances obtenues sous la menace ou par la séduction. Les chefs des autres peuples préféraient entrer de leur plein gré dans l'Empire avant d'être vaincus, capturés, tués ou dépossédés du pouvoir par les troupes incas, réputées quasi invincibles.

Vers 1471, après avoir organisé l'Etat, bâti sa capitale et mené de grandes guerres, Pachacútec céda le pouvoir à son fils Túpac Yupanqui. Le nouvel Inca demeura fidèle à la volonté d'expansion qui avait caractérisé le règne de son père. Au nord, il soumit les Cañars pour étendre sa domination sur la presque totalité de l'actuel Equateur; le royaume des Chimus tomba entre ses mains et, avec lui, toute la côte jusqu'à Lima; au sud, malgré la vaillante résistance des guerriers Araucans, Túpac Yupanqui recula les frontières de l'Empire jusqu'au río Maule, en plein territoire chilien.

Huayna Cápac, qui lui succéda en 1493, ne fit que consolider ce vaste empire en réprimant les révoltes qui éclatèrent çà et là. Il mourut en 1527, l'année même où Francisco Pizarro, débarquant pour la première fois à Tumbes, découvrait le royaume des Incas. A sa troisième expédition, quatre ans après, Pizarro trouva le Pérou en proie à une grave crise intérieure : à la mort de Huayna Cápac, une lutte de succession s'était ouverte entre deux de ses fils, Huáscar et Atahualpa. Ce dernier, après avoir vaincu les troupes de Huáscar, venait de prendre le pouvoir. Le 15 novembre 1532, Pizarro et la poignée d'hommes qu'il avait sous ses ordres parvenaient sans encombre à Cajamarca; dès le lendemain, ils préparèrent la capture d'Atahualpa. L'Inca fut pris dans un guet-apens et fait prisonnier. La défaite de ses armées, sa mise à mort moins d'un an plus tard, le 29 août 1533, en dépit du versement d'une immense rançon, marquèrent l'écroulement définitif de l'Empire inca. Le Pérou devint la vice-royauté de Nouvelle-Castille, et Lima la nouvelle capitale en 1535. Malgré plusieurs tentatives désespérées pour secouer la domination espagnole, la puissance inca ne se relèvera plus : en 1572, le vice-roi, Francisco de Toledo, ordonna la capture et l'exécution de Túpac Amaru, fils du dernier souverain inca.

Une société hiérarchisée
Les diverses classes sociales
Les nobles
La plupart des estimations faites sur la population de l'Empire, au moment de la conquête espagnole, s'accordent sur un chiffre voisin de 6 millions. Bien peu d'individus appartenaient à l'ethnie inca : ils faisaient partie, pour la plupart, de groupes de cultures et d'origines diverses, qui avaient été intégrés à l'Empire au cours du XVe siècle. Au sommet de la pyramide sociopolitique se trouvait le souverain, le Sapa Inca, c'est-à-dire «seul Inca», le fils du Soleil, qui régnait en maître absolu: le pouvoir était centralisé et d'origine divine. Toute une élite dirigeante, formée principalement des lignages des souverains antérieurs, les panaqas impériaux, gravitait autour de l'empereur. Cette noblesse de naissance occupait les plus hautes fonctions administratives, militaires et religieuses. Toutefois, le pouvoir n'était pas réservé à ces seuls dignitaires. En effet, les chefs locaux (curacas) continuaient d'exercer leur autorité, tant qu'ils restaient fidèles au souverain et se soumettaient à la tutelle impériale; ils n'étaient destitués que s'ils étaient défaits militairement ou s'ils résistaient à la conquête inca.

Les classes populaires
Les classes populaires représentaient la principale richesse de l'Empire; en effet, tous les sujets adultes valides étaient tenus de fournir à l'Etat des prestations de travail. Ainsi, divers travaux agricoles, domestiques ou artisanaux, comme le tissage, étaient accomplis au bénéfice de l'Etat, qui ne percevait, en revanche, ni impôts ni tributs sous forme de biens. Elles formaient l'essentiel des sujets, les hatun-runas, qui continuaient d'appartenir à leurs groupes ethniques et culturels selon des liens et des rapports sociaux bien établis. Ces classes comprenaient les paysans, les agriculteurs et les pasteurs de la côte et des montagnes. Le long de la côte, il existait d'autres classes, notamment celle des artisans, celle des pêcheurs et celle des marins.

Les mitmaj consistaient en des déplacements de populations. Les personnes étaient déplacées de leur lieu d'origine, mais conservaient des liens avec le groupe dont elles étaient issues. Certains groupes l'étaient pour aller coloniser et mettre en valeur des terres peu habitées, d'autres étaient réimplantés au milieu de populations hostiles à la tutelle impériale. D'autres encore étaient envoyés «par châtiment», par exemple pour briser une résistance trop forte à l'Inca: les rebelles étaient ensuite réinstallés au milieu de populations fidèles au souverain.

Serviteurs et prisonniers
Les yanas faisaient partie d'une caste servile et n'avaient pas une situation déterminée dans la tradition andine: en perdant leur statut d'appartenance à leur groupe d'origine, même si leurs occupations n'étaient ni serviles ni subalternes (ils étaient au service de la noblesse), ils se retrouvaient en marge de l'Empire. Malgré tout, l'empereur les autorisait à conserver quelques biens.

Les pinas, qui ne figurent pas dans l'organisation hiérarchique officielle de la société inca, se trouvent au bas de l'échelle sociale: ce sont les prisonniers de guerre, aux fonctions et au statut imprécis.

Les catégories féminines
Il existait aussi des catégories strictement féminines, qui correspondaient aux mamaconas et aux aqllas, souvent appelées «femmes choisies». Les femmes de la noblesse étaient désignées pour diverses fonctions du culte, les femmes d'une beauté exceptionnelle étaient choisies pour devenir les épouses secondaires de l'Inca ou des principaux chefs militaires, alors que les autres étaient offertes comme épouses par le souverain à des chefs de rang inférieur. Enfin, certaines femmes remplissaient le rôle de servantes pour la cour impériale, les hauts dignitaires, le clergé et le culte.

Une organisation sociale complexe
La domination inca s'appuyait sur la division de l'empire en petites communautés, les ayllu, composées d'un groupe de familles qui se réclamaient d'un ancêtre commun. Les membres des différentes familles d'un ayllu se mariaient généralement entre eux. Ces unions perpétuaient moins un clan qu'un vaste lignage patrilinéaire, dont la cohérence était encore assurée par la possession commune de terres cultivables. S'opposant à l'aspect égalitaire et démocratique de ces communautés, des chefs héréditaires, les curacas, établis dans leur fonction par l'Inca, exerçaient en son nom, au sein des ayllu, une autorité qui s'étendait parfois sur plusieurs d'entre elles.

Enfin, les ayllu regroupés étaient subdivisés en deux moitiés dénommées hanan-saya (moitié d'en haut) et hurin-saya (moitié d'en bas). Cette division bipartite, à la fois sociale et religieuse, s'est perpétuée jusqu'à nos jours sans qu'on puisse élucider clairement les raisons qui ont procédé à sa formation.

La prospérité des ayllu tenait à une intense activité dans les domaines de l'élevage et de l'agriculture. Les travaux agricoles étaient favorisés par une grande variété de microclimats répartis entre les vallées ensoleillées de la côte et les terrasses construites en altitude à flanc de montagnes. Ils se développèrent sur des terres rendues fertiles grâce à un apport massif de guano depuis les côtes et grâce à l'aménagement d'un immense réseau de canaux d'irrigation.

L'extension de l'aire agricole dans un pays comme le Pérou impliqua, de la part des Incas, d'énormes travaux. Or, on sait qu'ils ignoraient aussi bien la roue que l'outillage de fer. On s'interroge sur la disproportion entre le nombre considérable de larges routes, solidement empierrées, et leur utilisation, le lama étant l'unique bête de somme. Si la pomme de terre était la nourriture indigène de base, le maïs constituait l'aliment noble par excellence. Le riz des montagnes (la quinua), très résistant aux gelées, nourrissait également une grande partie de la population qui, au niveau des terres chaudes, trouvait sa subsistance dans le manioc, les haricots, les fèves, les patates douces, les courges, les tomates et les piments. Sur les hauts plateaux, où l'agriculture se révélait très difficile, les habitants menaient une existence exclusivement pastorale, élevant des troupeaux de lamas et d'alpacas pour la viande et la laine.

L'Inca faisait exercer un contrôle rigoureux sur l'élevage et les produits de la terre; ceux-ci étaient distribués après le prélèvement des parts qui revenaient au souverain, aux seigneurs, au dieu-Soleil et aux greniers de l'Etat, ou tampu, qui constituaient à la fois les stocks d'une intendance militaire et des réserves en cas de famine.

L'Inca imposait également sa loi sur le commerce, qui restait toutefois peu développé. L'or et l'argent ne possédaient de valeur qu'en tant que matériaux réservés à la fabrication des ornements et des objets rituels. Dès qu'il s'agissait de compter, les Incas, qui ignoraient l'écriture et la monnaie, utilisaient le quipu, sorte de cordelette à nœuds dont l'usage était basé sur la numérotation décimale. Le quipu servait en outre à une certaine catégorie de fonctionnaires, les quipu kamayoc, chargés par les gouverneurs de recenser la population.

L'artisanat ne jouait pas un grand rôle dans la vie économique. Les artisans représentaient toutefois un groupe social mieux considéré que les agriculteurs, voués au despotisme de la caste dirigeante.

La religion inca
Le culte du Soleil
La religion tenait une place prépondérante dans la culture. Le Soleil, Inti, apparaît comme la divinité tutélaire; le culte qui lui était voué le distinguait des autres puissances divines traditionnellement vénérées dans les Andes en ce qu'il était étendu à tout l'Empire. Pachacámac était l'un des principaux lieux de cérémonie de la côte centrale du Pérou, où des monuments étaient érigés à la gloire du dieu-Soleil. Sa représentation, le punchao, consistait en une statue en or de forme humaine, surmontée d'un disque en or, et conservée à Cuzco dans le Coricancha, le célèbre temple du Soleil, qu'aucun autre édifice religieux inca ne surpassa en force majestueuse. Une importante fête, l'Inti Raymi, fixée au solstice de juin, était dédiée au dieu et constituait l'une des principales dates du calendrier inca.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:24

Incas (Suite)

Le culte rendu à l'Inti, dieu du Soleil et fondateur de la dynastie, tendit bientôt à se confondre avec celui de l'inca lui-même. La construction de temples ériges en l'honneur d'Inti revêtait un caractère politique en même temps que religieux. Par-delà les pratiques naturistes, fétichistes, animistes des peuples sous domination inca, elle permettait de renforcer l'unité du royaume. Les divinités des peuples soumis, loin d'être en butte à l'hostilité des Incas, ont été intégrées là leur panthéon.

Au sein de la hiérarchie cléricale, le prestige qui s'attachait aux prêtres du culte de l'Inti était inégalable. L'influence croissante de ces religieux sur les affaires de l'Etat n'est peut-être pas étrangère à la décision de l'inca Pachacutec d'instaurer, parallèlement au culte du Soleil, un autre culte, celui de Viracocha (le Créateur); la divinité solaire se trouve reléguée au rang de simple créature engendrée par l'Être suprême. Les origines de ce «nouveau» dieu se confondent avec les très nombreux mythes amérindiens d'une divinité supérieure («l'Ancien», le «Vieux du ciel», etc.), génératrice du monde où elle instaure le premier ordre civilisateur.

Viracocha créa d'abord le ciel, et la terre peuplée d'une humanité qui vivait dans les ténèbres. Pour l'expiation d'une faute mystérieuse, il métamorphosa les premiers hommes en statues de pierre. Dans une seconde manifestation, le dieu, sorti du lac Titicaca, inventa le Soleil, la Lumière, la Lune et les Etoiles, sculpta dans le roc les ancêtres du genre humain, assignant à chacun une portion de territoire où il devait se rendre. Son œuvre achevée, l'Être suprême, ayant jeté son manteau à la surface de la mer, s'éloigna en direction du soleil couchant. Les plus graves défectuosités de la nature s'expliquent par la présence d'un personnage maléfique aux côtés du dieu : Taguapica, fils méchant et perpétuel contradicteur de son père, s'est appliqué à détériorer le monde au fur et à mesure que Viracocha le créait.

L'Être suprême relevait d'une théologie qui concernait avant tout le clergé, les seigneurs et l'entourage immédiat de l'inca. Par ailleurs, un culte particulier était rendu à la Lune (Killa), considérée comme sœur et épouse du Soleil, et à des constellations comme les Pléiades, et des phénomènes tels que le tonnerre, l'éclair (Illapa), ou la foudre étaient également des divinités honorées.

La Terre et les éléments naturels
La Terre, Pacha Mama, participait du monde religieux, comme en témoignent les libations et les offrandes à la terre nourricière. Dans de nombreux sites incas, il reste encore les circuits de distribution de l'eau taillés dans la roche, dont la complexité montre le degré d'évolution de la société inca. Enfin, il existait une vénération particulière pour les éléments naturels, étranges ou remarquables. Des rochers ou des grottes, considérés comme sacrés et désignés sous le terme général de huacas, faisaient l'objet d'un culte religieux, de même que certaines montagnes, les apus. De nos jours, ces croyances traditionnelles, mêlées à la religion chrétienne, sont encore vivaces chez les populations andines.

Les sacrifices humains
La piété du peuple inca s'exerçait surtout envers une foule d'objets ou de lieux (les huacacs) qui pouvaient devenir sacrés dès qu'un lien apparaissait entre eux et le chef suprême de l'empire (le fait par exemple, que telle maison ait abrité plusieurs jours la personne de l'inca). Les conopas, fétiches individuels de petite taille, se voyaient attribuer un pouvoir protecteur.

Dans le déroulement de la vie quotidienne inca, une grande place était réservée aux fêtes religieuses. Les plus importantes célébraient le retour d'un événement capital: solstice, moisson, récolte, etc. Quelques-unes, dont celle qui accompagnait l'intronisation d'un nouvel inca, impliquaient des sacrifices humains. S'ils ne revêtaient pas l'ampleur atroce des sacrifices aztèques, ils n'en consistaient pas moins à immoler des enfants en bas âge et des jeunes filles. On prélevait un certain nombre d'entre elles parmi les aclla-cuna (femmes choisies), autrement dit les «Vierges du soleil», qui, enlevées dès l'enfance à leur famille, vivaient enfermées dans des couvents; le plus célèbre, celui de Cuzco, abritait près de quinze cents femmes. Là, sous l'autorité des plus anciennes (les mama-aclla), celles qui ne devenaient pas les concubines de l'inca étaient occupées au tissage des vêtements de cérémonie ou au brassage d'une sorte de bière à base de maïs, la chicha.

Enfin, le pouvoir et la religion étaient étroitement liés. Si l'ethnie se rattachait au dieu-Soleil par son mythe d'origine, les derniers souverains incas finirent par être perçus comme son incarnation sur la Terre, associant ainsi la religion officielle au projet politique de l'Empire. Le respect des morts ainsi que les rites rendus aux souverains défunts étaient très importants. Les momies des empereurs étaient placées dans le Coricancha, auprès de l'image du Soleil. Le lignage de chaque souverain défunt était tenu d'assurer les rites, et, tous les ans en novembre, le jour d'ayarmaca, jour du culte des morts, les momies étaient sorties en procession sur des litières portées à bras dans les rues de la capitale.

Toutefois, les Incas surent ménager les croyances religieuses propres aux groupes culturels intégrés à l'Empire. Ils laissèrent ainsi largement survivre des religions et des cultes aux côtés de la religion officielle impériale.

La culture inca
Tradition orale
Le quechua, ou runa-simi, était la langue la plus courante dans l'Empire et fut largement diffusée. Il y avait trois autres langues principales: le puquina, le yunga et l'aymara, sans compter un grand nombre de langues et de dialectes régionaux. Aucune de ces langues vernaculaires n'était écrite, mais des transcriptions postérieures à la conquête espagnole ont permis de recueillir en partie les littératures orales, riches de plusieurs modes d'expression artistique: des poèmes, des chants, des élégies, ainsi que des légendes et des mythes. La musique et la danse complétaient cet ensemble: elles accompagnaient les fêtes religieuses et officielles, les réjouissances populaires, de même que certains moments de la vie quotidienne.

Des vestiges rares
La rigidité des structures politiques, économiques et sociales de l'Empire inca est sans doute à l'origine d'une production artistique relativement pauvre. Les ruines imposantes des villes témoignent d'un sens exceptionnel de l'urbanisme; mais les Incas semblent s'être interdit tout débordement d'imagination créatrice.

Il ne reste que des vestiges de certains arts, telle l'orfèvrerie: les conquistadores pillèrent les trésors faits d'idoles, de bijoux, d'ornements et d'objets somptuaires, qu'ils fondirent pour récupérer les métaux précieux. La céramique et le tissage, qui présentent un décor géométrique, ont été plus épargnés. La céramique inca montre une certaine diversité formelle et décorative (vases à décor géométrique ou modelés en forme d'animaux). La sculpture sur pierre se caractérise surtout par de petits objets votifs, les conopas, représentant souvent des lamas et des alpagas. De grands récipients de pierre, qui servaient de bassins rituels, comportent aussi des animaux sculptés. Quelques représentations de serpents se trouvent sculptées, en léger relief, sur certains murs incas. De la sculpture en ronde bosse, exceptionnelle, il ne reste que de très rares effigies humaines, sans doute des empereurs, et quelques sculptures animales. La sculpture sur bois concerne surtout des objets cérémoniels: vases gravés ou peints (qeros), récipients spécifiques employés pour les libations (paqchas).

L'influence des peuples asservis
L'origine des plus heureux effets décoratifs auxquels parvinrent les Incas dans les arts mineurs (poterie, tissage, orfèvrerie) est à rechercher du côté de l'habileté et du goût des peuples qu'ils ont asservis. La transplantation des potiers de l'ancien royaume chimu par l'inca Tupac Yupanqui permit le renouvellement de l'art de la céramique à travers l'empire. Ces potiers utilisaient des pâtes très fines, travaillées sans l'aide du tour (le moulage était la technique le plus souvent employée). Ils exécutèrent de remarquables spécimens de vases anthropomorphes, modelés dans un esprit qui s'est attaché à la représentation de scènes réalistes, fantastiques, voire érotiques. Avant de bénéficier de cette influence, les Incas n'avaient fabriqué qu'une céramique grossière, inférieure à la très belle poterie de Tiahuanaco. Les Chimus connaissaient une production quasi industrielle du textile que les Incas n'ont pas améliorée. Les artisans péruviens post-Tiahuanaco excellèrent dans la fabrication d'une longue tunique en étoffe de coton blanc, étroite, sans manches et fendue en haut pour laisser passer la tête. Les deux faces de cette tunique (la cushma) étaient recouvertes de plumes rouges, bleues ou jaunes, suivant une technique qui consistait à attacher celles-ci les unes à côté des autres à une cordelette, au moyen d'un fil passant autour de leur bec replié. Les rangées de plumes ainsi obtenues étaient ensuite fixées en rangées parallèles par des points à l'aiguille. On utilisait pour la confection de cette tunique des plumes d'oiseaux comme l'ara domestique, le perroquet, le colibri. La cushma devint un vêtement traditionnel pour les Incas qui habitaient plus particulièrement les régions forestières du Pérou.

Les unku (mortiers de pierre, sculptés de figures animales), quelques poteaux sommairement taillés dans des troncs d'arbres et incrustés de coquillages, un petit nombre d'effigies monolithiques sont les seuls objets représentant la sculpture inca. Les conquistadores espagnols s'étant livrés à un pillage systématique pu pays, il est difficile d'apprécier à sa juste valeur le talent des orfèvres incas, qui travaillaient l'or, le cuivre, l'argent. Ils pratiquaient couramment la technique du coulage, du martelage, la soudure et le travail en repoussé.

L'architecture
On retrouve dans toutes les villes incas la plupart des caractéristiques essentielles de l'urbanisme chimu; Chan-Chan, la plus grande cité du Nouveau Monde avant sa découverte par Christophe Colomb, en offre le meilleur exemple.

Les vestiges les plus remarquables de la maçonnerie inca proprement dite se trouvent à Cuzco. Les constructions édifiées en pierres colossales - elles présentent des analogies avec l'architecture mycénienne - comptent au nombre des plus remarquables réalisations des Incas. Presque dépourvue d'armements, composée d'appareils divers, comportant des murs généralement inclinés vers l'intérieur, cette architecture est à l'image de ce peuple vigoureux et discipliné.

La sobriété des constructions et des édifices s'allie à la virtuosité technique de la taille de la pierre et de la mise en place de blocs, le plus souvent polygonaux, parfaitement ajustés les uns aux autres. La forteresse de Sacsahuaman constitue le plus bel exemple de la maîtrise des bâtisseurs incas. Un nombre considérable de blocs «cyclopéens», pesant plusieurs tonnes chacun, a été utilisé pour la construction de sa triple enceinte. L'ensemble, où voisinent plusieurs styles, comportait non seulement des tours, mais aussi, à l'intérieur de la forteresse, un temple du Soleil, une résidence pour l'inca entourée de maisons formant une véritable petite ville. Les bâtiments de Cuzco, aussi bien que ceux des cités construites sur les hauts plateaux comme Machu Picchu (découverte en 1912) ou Ollantaytambo, possèdent des portes et des fenêtres dont la forme trapézoïdale est très caractéristique.Tous ces sites impériaux qui servaient, par leur ampleur et leur solidité, la puissance et la stabilité du pouvoir, furent construits par une main-d'œuvre spécialisée aidée par d'innombrables ouvriers temporaires.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:25

Toltèques

Un peuple de nomades
Peuple de l'Amérique précolombienne formé notamment d'éléments nomades venus du nord et implanté dès le IX e siècle de l'ère chrétienne sur le plateau central (dans la zone que recouvrent aujourd'hui les Etats mexicains de Tlaxcala, Hidalgo, Morelos et Puebla), où ils recueillirent l'héritage culturel de Teotihuacán.

Les Toltèques - dont l'histoire nous est en partie révélée par la source indigène des Annales de Quauhtitlan - développèrent sur ces territoires une brillante civilisation dont le centre principal, situé à 80 km environ au nord de Mexico, fut la ville de Tula.

Cette civilisation, à laquelle succédera la culture des Chichimèques, puis celle des Aztèques, connut son plein épanouissement entre l'an 1000 et l'année 1168, date de la chute de Tula, vraisemblablement détruite par les envahisseurs chichimèques (le mot désigne, chez les Aztèques, un peuple barbare, « issu du chien ») qui, tout comme les Toltèques, appartenaient à la grande famille linguistique des peuples parlant le nahuatl.

Le serpent à plumes
S'il est exclu que les Toltèques aient pu, comme on l'a cru longtemps, fonder Teotihuacán, la plus grande cité-Etat précolombienne d'Amérique centrale, ils assurèrent le développement de leur civilisation sur les bases culturelles et artistiques que leur offrait la grande métropole théocratique dont les traditions, au moment de la migration toltèque, survivaient à Azcapotzalco. La narration des mythes et légendes ayant trait à la culture toltèque laisse entendre que le système théocratique pacifique de Teotihuacán a été, dans un premier temps, accepté et respecté par les immigrants qui s'inspirèrent de ce système pour créer, entre autres, le grand mythe du Serpent à plumes, le dieu Quetzalcóatl, symbole de l'union de la terre et du ciel, qui devint la plus importante des divinités de la région toltèque.

Le culte du Serpent à plumes, adopté plus tard par les Aztèques, fut singulièrement renforcé au moment où, vers 968 ou 980, Ce Acatl Topiltzin (Ce Acatl : « Roseau un », nom du jour du calendrier mexicain marquant la date de sa naissance), après s'être débarrassé de l'usurpateur qui avait assassiné son père Mixcóatl, fondateur de la première dynastie toltèque, se fit reconnaître comme roi-prêtre et incarnation du dieu Quetzalcóatl. C'est une vingtaine d'années plus tard, peu avant l'an 1000, que Topiltzin Quetzalcóatl et ses partisans auraient été chassés par une autre faction de Toltèques, adorateurs d'un dieu beaucoup moins pacifique, Tezcatlipoca, dieu du ciel nocturne. On dit qu'avant de disparaître en direction de la mer, Topiltzin prophétisa son retour sous l'aspect d'un homme blanc et barbu, venant de l'Est.

Cette prophétie, répandue à travers tout l'ancien Mexique, semble avoir eu pour conséquence d'induire en erreur le roi aztèque Montezuma qui put croire au retour de Topiltzin lorsque Cortés débarqua en Amérique centrale en 1519, à une époque que le calendrier mexicain, par une étrange coïncidence, signalait comme l'an 1 Ce Acatl. Quoi qu'il en soit, l'exil du Serpent à plumes et l'avènement de Tezcatlipoca entraînèrent chez les peuples précolombiens la disparition définitive de la théocratie pacifique des grandes cités classiques du type de Teotihuacán.

La caste militaire s'impose au détriment de la caste des prêtres. Les Toltèques instaurent désormais un ordre aristocratique qui, en consacrant la valeur sacrificielle pure, inaugure l'ère des sacrifices humains susceptibles de restituer au monde sacré ce que l'usage quotidien est censé dégrader.

Tula et Chichén Itzá
Ce Acatl Topiltzin ne fut pas seulement, au X e siècle, le fondateur de Tula, dont les ruines ont révélé les plus importants vestiges artistiques toltèques, lesquels comprennent bon nombre de monuments (dont la fameuse pyramide de Quetzalcóatl) qui font allusion au culte du Serpent à plumes alors que l'on ne relève pratiquement aucune trace d'adoration de Tezcatlipoca; il a été très vraisemblablement à l'origine de l'expédition toltèque en pays maya, dans le Yucatán. Là, les envahisseurs établirent leur capitale dans une cité de moyenne importance qu'ils appelèrent Chichén Itzá et transformèrent en une très grande ville, qui devint bientôt le principal centre religieux de la région. Avec sa colossale pyramide de 24 m de hauteur (le « Castillo »), son jeu de pelote le plus vaste de tout le Yucatán (30 m de largeur sur 90 m de long), ses admirables temples dits des « Guerriers » et des « Jaguars », Chichén Itzá, sur un fond architectural et décoratif maya d'une grande beauté, n'en est pas moins une réplique yucatèque de Tula, ville qui servit également de modèle à toute l'architecture aztèque. Pourtant, les monuments, la statuaire et l'ornementation de Tula, non agrémentés par la finesse d'exécution maya que l'on trouve presque partout dans l'art de Chichén Itzá, trop nettement marqués en outre par l'idéologie guerrière qui les a produits, présentent un aspect quelque peu rigide quand ils ne reflètent pas une pauvreté d'inspiration que l'on ne saurait confondre avec un véritable dépouillement.

Les «atlantes», sorte de cariatides géantes, vêtues en guerriers et qui supportaient la toiture des temples, sont un élément original de l'architecture toltèque. De même, les « Chac-Mool » («tigre rouge»), figures anthropomorphes mi-assises, mi-allongées, les genoux relevés, la tête tournée sur le côté, susceptibles de porter à plat sur le ventre un récipient à offrandes, représentent ce que la sculpture toltèque de Tula a produit de plus caractéristique et qu'elle a d'ailleurs essaimé dans le Yucatán (statue Chac-Mool en calcaire, IX e -X e siècle, Chichén Itzá, Musée national de Mexico). La décoration des bas-reliefs repose essentiellement sur la figuration animale d'aigles, de tigres et de coyotes.

La civilisation toltèque survit également dans un type bien particulier de céramique, produit de deux grands centres: Mayapán et Matlazinca.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:26

Aztèques


Une histoire fulgurante
Peuple amérindien formant à l'origine une tribu appartenant au groupe des Chichimèques, populations nomades précolombiennes du Mexique septentrional, les Aztèques investirent remarquablement les civilisations qui les avaient précédés et furent, au XV e siècle, les fondateurs d'un empire qui allait dominer tout l'isthme mexicain. Aux Espagnols, qui les découvrirent et qui conquirent leur empire en l'espace de trois années (1519-1521), ils offrirent le spectacle de la grandeur, de l'organisation et du raffinement, mais aussi celui, terrible, des temples-pyramides tachés du sang des sacrifices humains.

Le stade tribal: les «gens d'Aztlán»
A l'origine, les Aztèques ne sont pourtant qu'une tribu de nomades ou de semi-nomades qui se déplacent dans les steppes septentrionales du Mexique, vivant de la chasse et de la cueillette, et peut-être d'une agriculture épisodique. A la suite d'autres Chichimèques (peuples «barbares» venus du Nord), ils se sont introduits, au XII e siècle, sur le plateau central, haut lieu des civilisations mexicaines depuis le début de l'ère chrétienne (ainsi Teotihuacán, dont l'apogée se situe entre 300 et 600 après J.-C.). Des manuscrits aztèques, les codex, décrivent cette errance à partir d'un lieu légendaire, Aztlán, d'où la tribu tire son nom: Azteca signifie en effet, dans la langue nahuatl, «les gens d'Aztlán».

Quand les Aztèques arrivent sur le haut plateau central, la brillante civilisation toltèque, établie autour de Tula depuis le X e siècle, s'est déjà effondrée (chute de Tula en 1168), pour des raisons mal connues. Les Toltèques se sont dispersés sur le plateau et au-delà; les Chichimèques, civilisés à leur contact, également. Ils ont constitué des dizaines de petites seigneuries, dont les capitales ne sont séparées souvent que de quelques kilomètres. Chacune s'enorgueillit d'une ascendance toltèque, laquelle représente - et ce jusqu'au XVI e siècle - noblesse et légitimité. Les Aztèques sont les derniers venus dans la vallée de Mexico, occupée en son centre par un chapelet de lacs et de lagunes; ils trouvent toutes les bonnes terres prises et sont traités partout en parias.

Le stade semi-sédentaire
Leur première tentative de sédentarisation a lieu à Chapultepec, sur la rive occidentale du grand lac de Texcoco. Mais les Aztèques s'attirent l'hostilité des cités voisines, qui se liguent pour les combattre. Décimés, ils doivent se réfugier au sud du lac, près de Colhuacán, vers 1299. Ils obtiennent du souverain local la permission de s'établir à proximité, sous condition de tutelle. Relégués sur des terres rocailleuses, asservis, ils profitent cependant de cette période de répit, qui durera quelques années, pour se «toltéquiser».

Chassés de nouveau, repoussés de toutes parts, ils sont refoulés au milieu des marécages du lac Texcoco, où ils vont s'établir définitivement, en 1325, sur un groupe d'îlots inhospitaliers. En effet, ils y découvrent le signe attendu de la «Terre promise» décrit par leurs prêtres-devins à l'origine de leur migration: un aigle posé sur un cactus, au milieu d'une végétation aquatique. Mexico-Tenochtitlán est fondée.

Formation de l'Empire
Après 1325, l'Empire aztèque se constitue en un peu plus d'un siècle. Par la guerre et la diplomatie, les anciens parias imposent leur hégémonie sur les petites seigneuries du haut plateau. En 1375, Acamapichtli devient le premier souverain aztèque; il est reconnu descendant de Quetzalcóatl, le roi-prêtre de Tula qui se confond dans la légende avec le dieu Quetzalcóatl, le Serpent à plumes.

La Triple Alliance
A cette époque règnent sur la vallée deux autres puissances: Azcapotzalco, cité tépanèque avec pour souverain Tezozómoc, et Texcoco, ville fondée par les Toltèques à l'est du lac homonyme, que l'on surnommera l'«Athènes de l'Amérique» à cause de sa civilisation raffinée. Allié aux Mexicas, Tezozómoc, guerrier et fin stratège, réussit en 1418 à s'imposer à Texcoco. Mais un renversement d'alliance s'opère en 1426, lorsque Tenochtitlán et Texcoco s'unissent contre le nouveau dirigeant d'Azcapotzalco. L'ancienne puissance tombe en 1428, et Texcoco retrouve le tenant légitime de son trône. La Triple Alliance est désormais scellée pour un siècle entre les cités de Tenochtitlán, Texcoco et Tlacopan; elle sera bientôt dominée par Mexico, Tlacopan restant une comparse, alors que Texcoco s'affirmera comme un centre brillant des lettres et des arts.

Moctezuma I
En 1440, Moctezuma Ier succède à Itzcoatl. Fondateur de la grandeur mexica, Moctezuma, qui a alors quarante ans, entreprend très rapidement une guerre - qui durera jusqu'à l'arrivée des Espagnols - contre les peuples nahuas qui vivent de «l'autre côté des volcans», à l'est, dans la vallée de Puebla, où se trouvent les seigneuries indépendantes de Tlaxcala et Cholula. Ce combat perpétuel, surnommé la «guerre fleurie», n'a pas pour but de vaincre ni de soumettre, mais de capturer le plus de prisonniers possible, afin de les offrir en sacrifice aux dieux. En effet, le sang humain, «eau précieuse» rituellement versée, permet seul, dans la conception religieuse et la cosmogonie aztèques, la survie des dieux et la perpétuation du monde.

D'autres guerres entreprises par Moctezuma I er et ses successeurs ont pour objectif d'étendre la domination aztèque sur les riches contrées tropicales du Sud, de l'Ouest et de l'Est qui regorgent de plumes chatoyantes, de pierres précieuses, de coton, de cacao: autant de denrées fort appréciées de la noblesse aztèque et absentes de la vallée de Mexico. Moctezuma I er soumet peu à peu des villes importantes et des régions entières jusqu'aux confins du Guatemala actuel. Sous les règnes d'Ahuitzotl (1486-1502) et de Moctezuma II (1502-1520), la suprématie aztèque se renforce encore.

L'organisation de l'Empire
La société aztèque a gardé de son passé tribal et semi-nomade une organisation en clans. Ces derniers, qui pratiquent à l'intérieur de leurs quartiers (calpulli) une forme de démocratie directe dirigée par les anciens et délèguent des membres au conseil supérieur de la tribu, ont été refaçonnés par la phase de la conquête dans un sens monarchique, militaire et hiérarchique.

L'empereur
L'empereur - tlatoani, «celui qui a la parole» -, élu parmi les membres du lignage royal par un collège de dignitaires, exprime la volonté des dieux. Il est, au début du XVI e siècle, un personnage quasi divin, entouré d'un halo religieux. Sa principale mission consiste à défendre, à agrandir et à embellir le temple de Huitzilopochtli, le dieu organisateur du monde des Aztèques, auquel il offre, souvent lui-même, des sacrifices.

L'empereur vit dans un palais superbe, entouré de ses femmes, de ses conseillers, de ses devins, de ses nains et de ses bouffons. Nul ne peut le regarder en face, ni le toucher. Il lui est interdit de fouler le sol. Deux ordres majeurs l'entourent: les guerriers et les prêtres, vêtus et parés selon leur rang et leurs mérites. Un système de conventions sociales et une étiquette de cour compliqués règlent jusqu'à la façon correcte de tenir et de respirer un bouquet de fleurs. Les ornements de jade, de turquoise, d'obsidienne ou d'or, les manteaux tissés ou brodés, les grands panaches de plumes venues des terres tropicales, le raffinement de la table de l'empereur, la richesse de ses jardins en plantes exotiques, tout témoigne de sa magnificence.

L'exercice du pouvoir
Le pouvoir séculier de l'empereur est également immense. Comme chef de la guerre, il organise les campagnes, dispense les hauts grades militaires, distribue butin et tribut. Il perçoit directement de nombreux impôts, sous forme de denrées (nourriture, étoffes, pierres précieuses) et de corvées, et possède de vastes domaines, cultivés par des serfs. Il est la juridiction suprême. Mais, en fait, la plupart de ses fonctions sont déléguées à une véritable armée de fonctionnaires.

Quatre officiers, électeurs royaux et membres du tlatocan, le conseil supérieur de la tribu, sont chargés du pouvoir exécutif. Ils dirigent les forces armées, maintiennent l'ordre entre les conseils et arbitrent querelles et rivalités. Deux d'entre eux ont en charge les affaires judiciaires, un troisième exécute les sentences, le dernier est un fonctionnaire mi-civil, mi-militaire. L'administration aztèque compte d'autres personnages très importants tels les collecteurs d'impôts (calpixques), les inspecteurs du travail communal (tequitlatos), les scribes (tlacuilos), les prêtres, les juges et les policiers.

La justice est un modèle d'organisation. Grâce à une remarquable hiérarchie des juridictions, qui comprend des tribunaux d'instance (teccali) et une cour suprême ou cour d'appel (tlacxitlan), la justice est rendue avec rapidité et efficacité. Aucun procès ne dure plus de quatre-vingts jours, y compris le jugement et l'arrêt. Les juges sont nommés par le souverain et par le chef du quartier où se tient le tribunal (quatre calpulli à Tenochtitlán).

La pyramide sociale
La société aztèque, rigoureusement hiérarchisée et codifiée, assigne à chacun une place, à laquelle correspondent vêtements et atours. Cependant, elle autorise aux «hommes du commun» une véritable promotion sociale, pour peu qu'ils se couvrent de gloire au combat.

Au sommet sont les pilli, nobles par la naissance et membres du lignage royal. Au-dessous sont les macehualtin, roturiers qui forment le gros de la population. Le bas de la pyramide est constitué par les mayeques, serfs attachés à des terres, privées ou appartenant à l'Etat.

A l'intérieur de la caste des macehualtin, des classes se différencient par la richesse ou par les fonctions officielles. En récompense de hauts faits militaires, des roturiers peuvent recevoir une charge de calpixque ou de juge. Un «homme du commun» qui a capturé quatre ennemis à la guerre est promu à la dignité de tacuhtli, admis dans l'un des ordres de l'élite militaire, les «chevaliers-tigres» ou les «chevaliers-aigles», et se voit enfin attribuer un domaine avec les serfs qui y sont attachés; il est, en outre, exempté d'impôt à l'égal d'un noble.

La caste des macehualtin se divise en de nombreuses autres catégories sociales, dont les plus prestigieuses sont les pochteca, marchands, également espions à la solde de l'empereur, chargés de parcourir l'empire pour en rapporter les plus précieuses denrées, et les artisans - lapidaires, orfèvres, plumassiers -, qui portent le nom glorieux des ancêtres toltèques: totleca. Toutes les occupations urbaines l'emportent, en termes de distinction, sur celles de la campagne.

Le système éducatif
Les collèges perpétuent les différences sociales. Les filles sont envoyées dans une institution dirigée par des prêtresses, où elles apprennent les arts ménagers et la religion. Les garçons doivent passer par l'un des deux systèmes d'éducation qui coexistent à Mexico. Les fils de commerçants, d'artisans ou de simples citoyens fréquentent les «maisons de jeunes gens» (telpochcalli).

Enfants et adolescents y reçoivent une éducation, essentiellement pratique, de «citoyen moyen» et de guerrier. Les jeunes gens de cette école mènent une vie collective assez brillante et libre. Ils chantent et dansent après le coucher du soleil et ont pour compagnes de jeunes courtisanes. Ils ne quittent l'école que pour se marier et prendre les armes. Les fils de dignitaires suivent un enseignement dispensé par les prêtres dans les collèges supérieurs (calmecac), annexés aux temples.

Là, une vie austère et studieuse prépare les adolescents à la prêtrise ou à l'exercice de hautes charges de l'Etat. Soumis à des jeûnes fréquents et à de durs travaux, ils étudient les livres sacrés, les mythes, le calendrier divinatoire, l'histoire de leur pays, l'art oratoire, et s'initient à la poésie et aux bonnes manières. Maîtrise de soi, abnégation, dévotion aux dieux et dévouement à la chose publique sont les vertus cultivées. A vingt ans, ils choisissent le sacerdoce, et par conséquent le célibat, ou le mariage et le service de l'Etat.
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Aztèques (Suite)

Une grande civilisation
Fondée sur l'héritage toltèque, enrichie par l'apport des diverses cultures des pays soumis ou alliés de l'empire, animée surtout par le formidable dynamisme de son peuple, la civilisation aztèque a produit, dans de nombreux domaines, notamment artistiques, des œuvres remarquables.

Maîtrise du milieu naturel
En 1519, le bassin de Mexico abrite entre 1 million et 1,5 million d'habitants, soit une densité de 200 h./km 2 , pour une superficie de terres cultivées qui ne dépasse guère les 3 000 km 2 . L'espace propice à la culture est en effet très réduit, à cause notamment de la faible épaisseur des sols, de l'érosion, de la présence de nombreux lacs et marécages. Le génie aztèque a su pourtant en tirer un profit maximal grâce à des techniques agricoles originales: fumage des sols avec des excréments humains et animaux, irrigation, dry-farming, élévation de terrasses. Mais le plus remarquable est sans doute la manière dont les Mexicas ont asséché une grande partie des lacs de la vallée et mis en valeur les marais au moyen des chinampas, radeaux de roseaux fixés par des pieux et couverts d'une couche de terre boueuse où sont plantés maïs, haricots, courges et piments.

L'agriculture du bassin de Mexico et celle des régions tropicales sous domination aztèque ont donné au Vieux Monde les ingrédients d'une révolution alimentaire: le maïs, une cinquantaine d'espèces de haricots, dont les haricots verts, les citrouilles, les oignons, les tomates (tomatl), les pommes de terre, les cacahuètes (tlacacahuatl), la vanille. A cette liste non exhaustive, il faut adjoindre une boisson faite avec la graine de l'amaxocoatl, connue sous le nom de «cacao» ou «chocolat», qui connaîtra un tel succès que les Espagnols en boiront même à l'église.

Cosmologie et cosmogonie
A l'instar des Mayas et des Toltèques, les Mexicas ont élaboré un système très complexe de calendriers, mêlant observations astronomiques et métaphysique, instrument de repérage des phénomènes naturels, tels les saisons ou le mouvement des astres, mais aussi moyen de déterminer le destin des hommes et du monde.

Le calendrier solaire est divisé en 18 mois de 20 jours, soit 360 jours, auxquels s'ajoutent 5 jours «creux», qui sont réputés très néfastes et qui, en l'occurrence, n'ont pas de signe. Le calendrier divinatoire (tonalpohualli) comporte 260 jours. Chaque jour est lui-même désigné par un nom, représenté par un signe (parmi une série de 20 signes) et par un nombre (de 1 à 13).

Chaque année solaire est désignée par le nom de son premier jour, pris lui-même dans le calendrier divinatoire. Seuls quatre signes peuvent commencer une année: tecpatl (le silex), acatl (le roseau), calli (la maison), tochtli (le lapin). Combinés chacun avec les treize nombres fondamentaux du calendrier divinatoire, ils offrent 52 débuts d'année possibles. A l'issue de ce cycle de cinquante-deux ans, le temps est réputé suspendu: il peut alors se dissoudre, et c'est la fin du monde tant redoutée, ou se répéter, les anciens signes épuisés redevenant porteurs de vie à la faveur d'une cérémonie sacrificielle. Au-delà de ce cycle clos, les noms des jours et des années se répètent inlassablement.

Des prêtres sont chargés d'interpréter les signes et les nombres du calendrier à l'occasion de multiples événements, tels que naissances, mariages, départs des marchands pour de lointains pays, élections des chefs.

Une religion tourmentée
Le dieu des Aztèques à qui est adressé le culte est guerrier et triomphant. Huitzilopochtli est fils d'une déesse de la Terre, il personnifie le Soleil par sa victoire sur ses frères et sœurs, les Ténèbres et l'Etoile du matin. Soleil et guerre: tels sont les deux principes organisateurs de la religion aztèque. Ainsi, les morts au combat ou les sacrifiés connaissent une survie grandiose, car ils sont chargés d'aider le Soleil dans sa course. Tous les jours pendant quatre ans, ils l'accompagnent du levant au zénith. Passé cette période, ils se métamorphosent en colibris ou en papillons. Celui qui meurt dans sa maison, au contraire, disparaît dans les Ténèbres. Dès son enfance, l'homme aztèque est préparé à l'idée du sacrifice; il ne doit vivre que pour donner son cœur et son sang «à notre Mère et à notre Père, la Terre et le Soleil», et contribuer de la sorte au bel ordonnancement du monde: permettre le lever du Soleil, la tombée de la pluie, la pousse du maïs. La «guerre fleurie», pacte de sang entre tribus sœurs, de même origine et de même culture, a été scellée à cette fin.

Les sacrifices humains
Les chroniques rapportent qu'en 1487, au cours des cérémonies votives qui ont marqué l'inauguration du Grand Temple de Mexico et le début du règne d'Ahuitzotl, 80'000 prisonniers ont été sacrifiés en quatre jours! Si ce nombre paraît exagéré, on peut raisonnablement penser que la réalité se situe entre 16'000 et 20'000 personnes immolées.

Dans un sanctuaire situé au sommet d'une pyramide, les prêtres extirpent avec un couteau sacrificiel en silex taillé le cœur de la victime vivante, et le placent dans un réceptacle. Le corps est dépecé; tandis qu'un prêtre revêt la peau du sacrifié, les restes sont précipités au bas de la pyramide. Le Soleil, alimenté par ce fleuve de sang, peut continuer sa course.

La conquête espagnole
Le 18 février 1519, Hernán Cortés débarque au Yucatán accompagné de quelques dizaines de soldats. Le 13 août 1521, Tenochtitlán tombe sous ses assauts; le dernier empereur est capturé, les Aztèques sont décimés et soumis à jamais.

Les raisons de l'effondrement aztèque
On peut se demander pourquoi un Etat organisé à ce point pour la guerre et une civilisation aussi élaborée se sont effondrés comme châteaux de sable devant une poignée d'Espagnols. L'explication tient sans doute au décalage technologique (les Mexicas n'ont ni épées de fer ni armes à feu). Elle tient aussi au pessimisme de la vision religieuse aztèque. Moctezuma II, scrupuleux et méditatif, très attentif aux présages, croit reconnaître dans les Espagnols qui arrivent sur la côte du Mexique les représentants de Quetzalcóatl, le roi-prêtre des Toltèques, le dieu-serpent à plumes dont le retour est annoncé par d'anciennes prophéties. De plus, l'année 1519 coïncide avec la fin d'un cycle calendaire de cinquante-deux ans, qui marque la suspension du temps. Ces êtres étranges, blancs, barbus et vêtus de fer, qui lancent la foudre et possèdent des chevaux, animaux que personne n'a jamais vus au Mexique, ont tous les caractères des dieux. Les Aztèques, prêts à les accepter comme tels, ne veulent que les honorer.

La chute de Tenochtitlán
L'explication réside enfin dans la complicité active des peuples voisins, soumis depuis trop longtemps à la puissance mexica, fatigués de donner leur fortune à son empereur, et leurs enfants à ses dieux. Les Totonaques et les seigneurs de Tlaxcala rejoignent Cortés, qui se présente devant Tenochtitlán-Mexico avec une armée de plus de 30'000 indigènes. Moctezuma hésite: il cherche la preuve qu'il se trouve devant des dieux. Il reçoit les Espagnols et prépare pour eux des fêtes, en l'honneur, notamment, de Huitzilopochtli. Mais Cortés doit regagner la côte à la hâte pour combattre des émissaires de l'Espagne venus lui demander des comptes sur son épopée. Pendant ce temps, Alvarado, son lieutenant resté sur place, organise, sous on ne sait quel prétexte, le massacre de la foule venue assister à une cérémonie religieuse. A son retour, Cortés trouve la capitale aztèque en révolte; Moctezuma, tenu responsable de la situation, est tué par le peuple. L'insurrection progresse. Assiégés, Cortés et ses compagnons doivent se frayer un chemin hors de la ville; ils sont décimés par les guerriers aztèques enragés: c'est la Noche Triste (la Nuit Triste) du 30 juin au 1 er juillet 1520. Cortés en réchappe pourtant. Il va reconstituer ses forces et réinvestir méthodiquement Tenochtitlán à partir de la fin de 1520. Le 13 août 1521, au milieu des ruines de sa ville dévastée par les canons, le dernier empereur aztèque se rend aux Espagnols. Il s'appelle Cuauhtémoc, l'«Aigle-qui-tombe», c'est-à-dire le Soleil couchant; le soleil aztèque s'éteint pour toujours.
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Les autres civilisations amérindiennes

Mixtèques
Indiens du Mexique ancien (Mixteca) qui occupèrent, au commencement du X e s., le bassin d'Oaxaca et refoulèrent, vers l'est, les Zapotèques. Vaincus par les Aztèques au XV e s., ils opposèrent, au siècle suivant, une résistance acharnée aux Espagnols avant d'être soumis par eux. Leur civilisation a influencé fortement celle des autres peuples du Mexique précolombien.

Les Mixtèques ne semblent pas avoir été des architectes originaux; ils occupèrent des édifices zapotèques et édifièrent des temples et des pyramides, constructions typiques de l'Amérique précolombienne. La singularité de cet art réside surtout dans la céramique, l'orfèvrerie et les manuscrits enluminés, les célèbres codex. Ces derniers sont les plus beaux de la Méso-Amérique; la vivacité du dessin et des couleurs en fait de véritables œuvres d'art en même temps que d'importantes sources de renseignements (Codex Nuttall, Codex Vindobonensis)

Zapotèques
La civilisation des Zapotèques se développe au Mexique à partir de la cité de Monte Albán, dans l'actuel Etat d'Oaxaca. Leur culture s'apparente à celles des Mayas (hiéroglyphes, calendrier) et de Teotihuacán. Ils seront détruits par l'invasion des Mixtèques au XIII e siècle.

Ethnie amérindienne du Mexique (Etats d'Oaxaca, de Veracruz et de Chiapas) vivant dans les régions de montagnes (sierra Madre del Sur) et estimée à 230'000 personnes. Les Zapotèques se subdivisent en deux sous-groupes linguistiques de la famille otomanguéenne et sont aujourd'hui fortement métissés. Leur économie repose sur la culture du maïs.

Les Zapotèques s'établirent dans la vallée d'Oaxaca au début de l'époque classique (v. 300). Ils y développèrent une civilisation très avancée, qui essaima en de nombreux sites (plus de 200 ont été reconnus), dont le principal et le plus fameux est la monumentale cité de Monte Albán. Leurs tombes ont livré des urnes anthropomorphes en céramique très caractéristiques, représentant des divinités dans un style ornemental très chargé. La civilisation zapotèque, influencée par les Olmèques, les Mayas et Teotihuacán, fut détruite par l'invasion des Mixtèques.

Totonaques
Ethnie amérindienne du Mexique estimée à 170'000 personnes et établie sur la frontière des Etats de Puebla et de Vera Cruz (sierra Madre orientale). Du point de vue linguistique, les Totonaques sont apparentés aux Tepehua. Sur le plan culturel, ils sont proches des Toltèques et des Aztèques.

Teotihuacán
Site précolombien du Mexique, à environ 40 km au nord-est de Mexico, qui a donné son nom à la première grande civilisation classique de l'aire méso-américaine (III e -VIII e s. apr. J.-C.).

Le vaste centre cérémoniel, qui ne représente qu'une petite partie de la ville, était traversé par un axe N.-S., la «Voie des Morts» (long. 4 km, larg. 45 m), le long duquel s'ordonnait toute l'architecture, selon une orientation rigoureuse. Celle-ci, bien qu'ornée de sculptures et de stucs peints, était austère et grandiose.

Les principaux édifices étaient la Citadelle, vaste esplanade (400 m de côté) sur laquelle s'élevaient le temple de Quetzalcóatl; la pyramide du Soleil, la plus grande construction de ce type sur le continent américain (225 m de côté); et, sur la place monumentale qui fermait la perspective, la pyramide de la Lune, entourée de petites constructions pyramidales, le palais des Jaguars et le palais du Quetzal-Papillon. Vases, figurines en terre cuite, statuettes, masques incrustés de mosaïques, sculptures monumentales et peintures murales permettent de comprendre l'évolution de cette brillante culture (généralement divisée en quatre phases, Teotihuacán I à IV).

Mochicas
Peuple indien du nord du Pérou, dont la culture précolombienne dura de 200 av. J.-C. jusqu'à 600 apr. J.-C. Les fouilles entreprises à partir de 1925 dans les vallées de Chicama, de Chao, de Virú, de Santa Catalina, etc, ont mis au jour de nombreuses objets (céramiques, bijoux) de ce peuple. Au Mochica I - cette classification fut proposée par Larco Hole -, les formes sont encore massives; le Mochica II marque la transition vers les formes affinées du Mochica III, où les goulots des vases sont en corolle et les couleurs inversées.

L'apogée se situe aux périodes IV et V; les vases gagnent en hauteur; la décoration peinte, très naturaliste, représente des motifs végétaux, animaux, des scènes religieuses, guerrières ou quotidiennes: le félin domine, comme chez les Nazcas. Le travail de l'or, rehaussé de turquoises, dénote des techniques poussées, surtout à partir du Mochica III. L'architecture est caractérisée par des constructions pyramidales (Huaca del Sol, Huaca de la Luna).
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:29

Les mythologies précolombiennes

Les civilisations précolombiennes
On appelle civilisations précolombiennes, en référence à Christophe Colomb, les civilisations qui se sont développées en Amérique centrale et en Amérique du Sud avant la conquête espagnole. Les plus brillantes d'entre elles furent celles des Mayas (IV e -X e siècle), des Aztèques (X e -XVI e siècle) et des Incas (XV e -XVI e siècle), et la religion y tenait une place fondamentale. L'instabilité physique qui caractérisait cette région du monde (pluies irrégulières, gelées précoces, tremblements de terre) et qui menaçait constamment la fertilité des terres a conduit les différents peuples à diviniser les éléments de la nature et du cosmos. Comme ce furent des civilisations guerrières, les dieux de la guerre y avaient naturellement une grande place, tout comme les sacrifices humains, fréquemment pratiqués par les Incas et plus encore par les Aztèques. Présidant à la première ère de la création, Tezcatlipoca, qui signifie «Seigneur du Miroir fumant», était la divinité suprême de la mythologie précolombienne. Tout-puissant, omniscient, il pouvait adopter de multiples apparences, mais en tant que dieu des Ténèbres, il demeurait souvent invisible.

Les dieux mayas
Si la connaissance des dieux aztèques et incas est assez précise, celle des dieux mayas est beaucoup moins claire, car leurs noms, leurs signes et leurs attributs varient selon les périodes. Néanmoins, quelques-uns sont reconnaissables.

Itzamna est la divinité suprême du panthéon maya: dieu du ciel, du jour et de la nuit, il était aussi considéré comme l'inventeur de l'écriture et comme un grand guérisseur.

Chac présidait à la pluie, au vent, au tonnerre et aux éclairs, tandis que Yum Rax passait pour favoriser la culture du maïs.

Kukulkan , le dieu du Vent, symbolisait aussi la lumière et la vie.

Al Puch , le dieu de la Mort, associé aux guerres et aux sacrifices humains.

Le panthéon aztèque
Huitzilipochtli ,
Le «Colibri du Sud», dieu tribal de la Guerre et du Soleil, occupe une place de premier plan dans le panthéon aztèque, et n'est pas connu dans les mythologies d'autres peuples de Méso-Amérique. Il passe pour avoir guidé le peuple aztèque dans toutes les étapes de leurs migrations et de l'expansion de l'empire. Comme il devait être nourri de cœurs et de sang humain, les Aztèques pratiquaient des sacrifices en masse. Huitzilopochtli a pour mère Coatlicue (Jupe Serpent), une divinité terrestre.

Tlaloc
«Celui qui fait pousser les choses», est le plus important des dieux de la Fertilité. Ce très ancien dieu de l'Eau et de la Pluie pouvait également dispenser la grêle et la foudre. Chez les Mayas, il a pour nom Chac et chez les Zapotèques, Cocijo. Chez les Aztèques, deux dieux du Maïs lui étaient associés: Chicomecoatl (aspect féminin) et Centeotl (aspect masculin).

Quetzalcóatl
(Serpent à Plumes), qui était chez les Aztèques chef des prêtres, inventeur du calendrier et protecteur des artisans, avait des origines archaïques, durant lesquelles il avait été lié au dieu de la Pluie, Tlaloc.

Les lieux de culte aztèques
Tenochtitlan était le centre du culte de Huitzilopochtli, dont l'inauguration du temple donna lieu à des milliers de sacrifices. Situé au cœur de l'Empire aztèque, détruit par les Espagnols en 1521, c'est sur ses ruines que fut construite Mexico. Quant à Teotihuacan, ou «cité des dieux», elle abritait le temple de Quetzalcóatl, bien conservé, où l'on peut voir des têtes de ce dieu alternant avec celles de Tlaloc.

Le panthéon inca
Viracocha
Chez les Incas, le créateur de l'univers est Viracocha, qui a façonné les hommes, les animaux et les plantes. Sorte d'être inaccesible, il avait le pouvoir de déléguer les tâches quotidiennes à des divinités plus «terre à terre».

Inti
Inti, le dieu du Soleil, passait pour être le fondateur de la dynastie impériale. Il était représenté à ce titre sous la forme d'un disque solaire à visage humain, et célébré dans le temple du Soleil, le Coricancha de Cuzco.

Mama Killa
Tout aussi important était le culte rendu à la lune, par l'intermédiaire de Mama Killa, épouse et sœur d'Inti, qui était considérée comme la mère de la race inca. Elle présidait à l'écoulement du temps et décidait des fêtes religieuses du calendrier lunaire sidéral.

Illapa
Le dieu du Tonnerre et des autres phénomènes météorologiques, il faisait l'objet de prières destinées à obtenir de lui une pluie dispensatrice de fertilité. En outre, les Incas avaient intégré à leur panthéon de nombreuses divinités mineures.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:30

L'art précolombien

Les chefs-d'œuvre de l'art et de l'architecture
Lorsque, au XVI e siècle, Cortés et Pizarro découvrirent les cités respectivement des Aztèques et des Incas, ils furent éblouis par les chefs-d'œuvre de l'art et de l'architecture qu'elles renfermaient. La Conquête n'allait malheureusement pas tarder à mettre fin à ces civilisations brillantes, aboutissement d'une succession de cultures qui pratiquaient le tissage et la poterie, sculptaient l'obsidienne, le jade et le cristal de roche, ignoraient le fer mais savaient travailler l'argent et l'or ou fondre le bronze, méconnaissaient l'usage de la roue mais possédaient un système d'écriture et élevaient de somptueux palais et d'orgueilleuses pyramides de pierre.

Si, pendant trois millénaires, la création artistique et architecturale n'a cessé de donner naissance à des œuvres aussi abouties que d'une grande variété stylistique en de nombreuses régions de ce qui ne s'appelait pas encore le Nouveau Monde, ses plus beaux fleurons se trouvent rassemblés sur une bande de terre de 6'400 km s'étendant de l'actuel Mexique au Pérou, et délimitée par la côte du Pacifique et la chaîne montagneuse qui lui est parallèle. Une profusion de cultures distinctes s'y est développée avant l'arrivée de Christophe Colomb dans les Caraïbes en 1492. La venue des Européens bouleversa si profondément ces civilisations que l'on a depuis divisé l'histoire de la région en période précolombienne et période postérieure à la Conquête.

Les civilisations de l'Amérique précolombienne proprement dite ont eu pour berceaux ce qu'il est convenu d'appeler la Méso-Amérique - qui s'étend de la vallée de Mexico jusqu'à l'actuel Honduras et à certaines régions du Nicaragua au sud - et la région centrale des Andes; ces deux foyers, tout aussi éloignés l'un de l'autre que l'Europe l'est de l'Inde, sont séparés par une zone intermédiaire, comprise entre le Nicaragua au nord et l'Equateur au sud, où se sont également épanouies des civilisations avancées. Bien que des contacts se fussent établis, de 1600 av. J.-C. à 1500 apr. J.-C., entre ces deux grandes aires culturelles, aucune n'imposa à l'autre un schéma de développement. C'est avec l'arrivée des Européens que l'ensemble de la région est tombé sous la domination d'une culture unique, celle de l'Espagne.

Les civilisations amérindiennes MOY_AME_008_a
Urne en jade Zapotèque vers 300 Avant J.-C.

La méso-Amérique
La civilisation méso-américaine se divise en quatre périodes:

La période préclassique (1600 - 100 av. J.-C.)
En Méso-Amérique, les ruines de villages du préclassique ancien, entre Ocós, au Guatemala, et Tlatilco, au nord de l'actuelle Mexico, ont livré quantité de figurines de céramique. Des boulettes d'argile, des baguettes et des poinçons ont été utilisés pour la réalisation de figurines pleines, de taille relativement réduite. Les grandes figurines creuses ont un orifice ménagé à une extrémité, destiné à empêcher l'argile de se fissurer au cours de la cuisson. Des figures recouvertes d'une glaçure blanche, que l'on attribue aux Olmèques (1200-600 av. J.-C.), se distinguent de l'archaïsme de cette production par leur réalisme, rendu par un modelé asymétrique et des lignes galbées.

Dans la région la plus occidentale de la Méso-Amérique, dans l'aire correspondant aux actuels Etats mexicains de Nayarit, Jalisco et Colima, la tradition des figurines modelées à la main restera fermement implantée après la période préclassique. Ces figurines d'une grande expressivité étaient ensevelies dans les sépultures pour protéger et servir les morts, dont le corps était descendu, par des puits creusés dans la roche, dans des chambres souterraines. Se représentant, à bien des égards, la vie après la mort comme une continuation de la vie sur terre, les artistes intègrent à leur art les activités domestiques, l'habillement et l'habitat.

Les scènes de village représentent fêtes et jeux de balle. La peinture décorative devient un élément clé dans le rendu des détails, tandis que le modelé et l'incision, naguère essentiels, tombent pratiquement en désuétude. La créativité artistique de la culture du Mexique occidental sera déjà tarie lorsque du Mexique central lui seront insufflées idées et formes nouvelles, pendant la période d'expansion toltèque, au X e siècle apr. J.-C.

Mère des cultures méso-américaines, la civilisation olmèque fait son apparition vers le XII e siècle av. J.-C. Considérée par certains spécialistes comme une civilisation à part entière, connaissant le pouvoir monarchique, la spécialisation par métier et l'écriture, elle tire les civilisations méso-américaines du cadre des villages individuels pour les intégrer dans un monde dominé par les foyers de San Lorenzo et de La Venta. Dans ces centres, la création artistique met en œuvre une organisation reposant sur un grand nombre d'hommes: ceux-ci doivent repérer les qualités rares de pierres exigées par les souverains olmèques, acheminer ensuite le matériau vers les capitales, où des milliers d'heures de travail seront nécessaires pour donner forme à l'œuvre et la parachever avant de l'installer sur le site préalablement choisi par les souverains et leurs conseillers sacerdotaux.

De la pierre sont tirés deux types d'objets caractéristiques: les petites sculptures en jade et les colossaux monuments en basalte. Or les cités olmèques sont implantées dans la plaine côtière du golfe du Mexique, où ne se trouve aucun de ces minéraux. Le jade bleu-vert, très prisé des Olmèques, ne peut être extrait que dans l'extrême Nord-Ouest, dans l'actuel Etat de Guerrero, et dans l'extrême Sud-Est, au Guatemala et au Costa Rica, où il est alors partiellement travaillé; même après le déclin de la civilisation olmèque, une tradition de sculpture sur jade stylisée et idéalisée se perpétuera à Mexcala (Guerrero) et à Línea Vieja (Costa Rica). De là, ces objets seront exportés sur des milliers de kilomètres par les soins de marchands ambulants. De nombreuses pièces, la plupart en forme de fer de hache rituelle, constituent des offrandes destinées à être entassées dans des puits creusés sous le centre cérémoniel de La Venta, puits dont l'accès est alors fermé et placé sous la surveillance d'un masque de jaguar stylisé, et lui-même constitué d'une mosaïque de fers de hache.

Les blocs de basalte, pesant chacun plusieurs tonnes, proviennent, quant à eux, de la chaîne volcanique de Tuxtla, tout au nord des sites olmèques. Si certains d'entre eux sont acheminés par radeau, ils sont le plus souvent transportés par voie terrestre, halés sur de longues distances par des bataillons de main-d'œuvre esclave. Avec grand soin, des sculpteurs confirmés font naître de cette pierre dure et dense des têtes colossales, représentations réalistes de leurs chefs, ou des personnages monumentaux, assis, dotés d'une puissante musculature.

Motif omniprésent dans l'art olmèque, le jaguar apparaît de façon réaliste comme un animal fondant sur sa proie, ou sous la forme d'un masque stylisé jusqu'à l'abstraction. Sa patte ira même jusqu'à prendre la forme de la terrasse de terre battue sur laquelle sera érigé le premier centre olmèque connu, San Lorenzo. A La Venta est élevé un autre tertre, prototype de pyramide en forme de cône volcanique strié.

Les Olmèques s'implantent probablement dans l'ensemble de la Méso-Amérique pour contrôler leur réseau commercial, très développé; les bas-reliefs sculptés sur des affleurements rocheux dans les Etats de Morelos, de Chiapas et d'El Salvador attestent leur présence, tout comme les peintures rupestres des grottes du Guerrero. Sur des stèles monolithiques, des reliefs rappellent les liens vassaliques unissant les Olmèques aux autres peuples.

La période protoclassique (100 av. J.-C. -250 apr. J.-C.)
Au cours de la période protoclassique, l'art et l'architecture prennent des orientations nettement différentes selon les régions méso-américaines. Au Mexique central, les Nahuas s'intéressent plus particulièrement à l'architecture. Habillé de pierre et arrangé en terrasses, le tertre de terre battue sera élevé selon un plan circulaire à Cuicuilco, quadrangulaire à Totimehuacán, où il est en outre creusé d'une grotte abritant un nymphée, représentation symbolique des entrailles aquatiques de la terre.

Dans le Sud-Est (Chiapas et Guatemala), de culture orale maya, la civilisation Izapa protoclassique accorde une place de choix aux stèles. Les sculptures en bas-relief que l'on y trouve représentent non seulement des personnages debout en costume d'apparat, mais encore de somptueuses scènes mythologiques, agrémentées d'arbres sacrés et de divinités animales, et bordées, en frise, de gueules de monstres.

Vers le I er siècle apr. J.-C., les souverains de Teotihuacán font bâtir une pyramide qui ne sera pas surpassée en hauteur pendant plus d'un millénaire; placée au-dessus d'une grotte, elle est très probablement consacrée à Tlaloc, le dieu des Eaux célestes. Son alignement précis et ses quatre côtés rappellent la division du cosmos selon les quatre points cardinaux, la pyramide étant probablement coiffée en son centre par un temple.

La période classique (250-950)
Au cours de la période classique, tous les arts de Teotihuacán présentent des formes géométriques rigoureuses. La sculpture est massive et cubique, tout en faisant montre de subtilité dans l'expression. Intégrées à l'architecture, les peintures pariétales des temples et des palais représentent, outre le serpent à plumes, des idoles divines, des prêtres accomplissant des offrandes, des soldats en armes entourés de leurs animaux emblématiques: aigles, jaguars, coyotes. D'autres peintures murales dépeignent une nature féconde ainsi qu'un paradis aquatique. Les motifs de Teotihuacán se diffuseront dans l'ensemble de l'aire méso-américaine au cours de la période classique récente, ce qui explique l'architecture et les céramiques du Veracruz, de l'aire maya - en particulier de Kaminaljuyú - et d'Oaxaca - notamment dans la métropole zapotèque de Monte Albán. Dans les sites de Copán, Piedras Negras, Quiriguá, Tikal et Uaxactún, des artistes ont sculpté des reliefs d'une saisissante délicatesse, comme les stèles de pierre campant des personnages revêtus de costumes d'apparat. Il s'agit là de représentations de souverains, comme l'indiquent des glyphes qui précisent leur ascendance et leurs hauts faits. La première épouse et le premier fils du chef figurent également tant dans les inscriptions que sur les bas-reliefs. Dans le site de Bonampak, un grand cycle mural allie la représentation du souverain et de sa famille à celle de danses sacrées; des têtes de divinités, et les emblèmes correspondants, ornent le registre supérieur; des peintures représentent des scènes de combat et de captivité. Leur découverte, en 1946, fit voler en éclats l'image pacifique que l'on avait jusqu'alors des théocraties de l'ère maya classique.

Egalement quadrangulaires et à degrés, les pyramides mayas sont de deux types spécifiques, qui attestent le culte des souverains chez les Mayas: le complexe à pyramide double et la pyramide funéraire. Le site de Tikal fournit un exemple du premier type: deux pyramides à degrés et à toit plat se font face, séparées par une grande place bordée de stèles vierges de tout décor et d'autels de faible élévation. Sur un côté, une enceinte à ciel ouvert, à laquelle on accède par une voûte en encorbellement - invention maya -, entoure une stèle sculptée en l'honneur du souverain. Le second type est également représenté à Tikal, mais aussi à Palenque: les pyramides funéraires que l'on a découvertes à ce jour sont à neuf degrés, lesquels symbolisent les neuf niveaux des Enfers. Sous la pyramide, un tombeau royal recèle les offrandes funéraires, céramiques, silex et jades. Après sa mort, le souverain en personne est vénéré comme un dieu dans le temple construit sur sa tombe.

Dans l'aire maya et dans le Veracruz voisin, les statuettes en céramique moulée qui accompagnent souvent le défunt sont tantôt hiératiques, revêtues de la riche parure divine, tantôt animées d'un souci réaliste dans le modelé et le rendu de la parure. Dans l'art classique de Veracruz, des enfants au visage creusé de fossettes, à la bouche bien fendue, sont représentés en train de pouffer de rire. Des personnages solennels d'argile grandeur nature évoquent des divinités et des prêtresses accomplissant des rites effroyables, tels que ceux pratiqués sur le site d'El Zapotal, où l'on a retrouvé, dans une chambre, une statue, modelée en plâtre, représentant un dieu de la Mort décharné qui esquisse un sourire grimaçant.

Concept clé de la philosophie méso-américaine, la nécessité de lutter contre des forces supérieures, jusqu'au sacrifice personnel s'il le faut, apparaît clairement dans le jeu de pelote classique. Les joueurs s'efforcent de maintenir en mouvement la balle de caoutchouc pleine, symbolisant le Soleil, en la faisant rebondir sur leurs hanches. De lourdes ceintures avec des pierres en guise d'empiècement protègent les joueurs et accroissent la vitesse acquise de la balle; les sculptures de ces ceintures représentent souvent cette mort et ce monde souterrain dont les joueurs tentent de préserver le symbole du Soleil. Des pierres palmilobées et de petits éclats de pierre servent aussi bien à identifier les équipes qu'à délimiter des zones sur les jeux de pelote. Ces repères de forme circulaire, fichés dans le sol, sont répandus sur les jeux de pelote mayas. Un bas-relief provenant du jeu de pelote sud d'El Tajín figure le supplice ultime du perdant de ce jeu: le joueur étendu sur une pierre, les membres écartés, voit son cœur arraché, cette offrande étant destinée à ramener le Soleil du monde souterrain. Dans l'art maya du classique récent (600 - 950 apr. J.-C.), les scènes mythologiques de ce style constituent les thèmes des peintures polychromes qui ornent vases funéraires et pierres tombales. Si la finesse des coups de pinceau atteste le savoir-faire des peintres de vase, leur connaissance de l'écriture transparaît dans les frises d'écriture hiéroglyphique (pictographique), ce qui donne à penser qu'ils comptaient parmi l'élite intellectuelle de la société maya.
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L'art précolombien (Suite)

La période postclassique (950-1520)
Au début de l'ère postclassique, des migrations massives modifient considérablement le paysage culturel méso-américain. Les Toltèques, nomades qui n'ont jusqu'alors guère témoigné d'intérêt pour les arts, s'établissent à Tula, au nord-ouest de Teotihuacán, avant d'étendre rapidement leur domination à des peuples sédentarisés depuis longtemps, tels ceux du Veracruz, voire aux Mayas. Ces derniers venaient eux-mêmes de quitter leurs anciennes cités des jungles de l'intérieur des terres pour aller grossir la population des cités du nord du Yucatán, comme Uxmal. Avec autant de maîtrise que leurs contemporains du Sud, les Toltèques se mettent à tailler des pierres, qu'ils insèrent dans des façades des temples ou des palais. A Chichén Itzá, ce style, dit Puuc, sera supplanté par un art spécifiquement toltèque dans ses formes: colonnes, portiques, plates-formes basses sur lesquels étaient sculptées des processions, atlantes soutenant toits et plateaux de table, représentations de flèches et de propulseurs mexicains, sans oublier l'aigle, le jaguar et le coyote, iconographie déjà rencontrée dans les représentations de guerriers de Teotihuacán. L'agressivité des lignes et la prédominance du motif de la mort annoncent le recul des arts religieux au profit des arts guerriers.

Ces migrations rapprochent les peuples de Méso-Amérique les uns des autres, intensification des contacts qui se traduira à terme par une similarité accrue de leurs formes artistiques. Les manuscrits pliés en accordéon, ornés d'enluminures, constituent sans doute le meilleur véhicule du style angulaire toltèque. Ces codex sont de deux ordres: les livres rituels, qui figurent le contrôle des divinités sur les différents jours et périodes de l'année, et les livres généalogiques - les seuls conservés par les Mixtèques, peuple de l'Oaxaca occidental -, qui retracent l'évolution des dynasties. La poterie polychrome inspirée du style des codex est attestée non seulement dans l'aire mixtèque, mais encore dans la vallée de Puebla-Tlaxcala et dans la région côtière du Veracruz habitée par les Totonacs.

Les peintures murales ornant l'intérieur d'édifices de l'aire maya orientale sont empreintes de ce style mixtèque-puebla. L'or, dont le travail est emprunté depuis peu à la basse Amérique centrale, fournit un matériau raffiné pour l'exécution de sujets mixtèques-pueblas. De splendides céramiques, réalisées parfois en cloisonné, témoignent d'une certaine affinité entre les motifs et les styles dans tout le Mexique occidental, du Michoacán au Sinaloa, en passant par le Colima.

Les Aztèques, puissance politique dominante en Méso-Amérique à l'arrivée des Espagnols (1519), sont à l'origine des populations nomades du Nord, tout comme les Toltèques, dont ils adoptent la culture en se sédentarisant. Ils coifferont leurs plus grandes pyramides jumelées, dans la capitale insulaire de Tenochtitlán (l'actuelle Mexico), de deux temples, l'un dédié au dieu de la Pluie, Tlaloc, et l'autre au dieu tribal Huitzilopochtli, réunissant ainsi l'ancienne et la nouvelle divinité.

Comme ceux de Teotihuacán un millénaire auparavant, les temples des Aztèques s'ornent de statues colossales représentant leurs divinités, devant lesquelles des prêtres peints en noir placent des offrandes, qui vont des cailles sacrifiées à des cœurs humains. Exception faite des Olmèques, le peuple aztèque a poussé bien plus loin la technique de la ronde-bosse dans la statuaire que ne l'avaient fait les civilisations précédentes: le complexe central dont fait partie la pyramide est ceint d'une muraille défensive, tout comme celle de nombreuses cités postclassiques.

Toutes les autres formes artistiques aztèques se perpétueront pour se fondre dans la tradition mixtèque-puebla: sculpture de pierres précieuses, orfèvrerie, illustration de manuscrits, peintures murales, sculptures en bas-relief, ornements en plumes. Ces objets, dont les conquistadores feront parvenir quelques exemplaires en Europe, y étonneront les artistes par l'habileté et l'ingéniosité dont ils font montre.

L'aire intermédiaire et les Andes centrales
Au sud de la Méso-Amérique, l'art de l'aire dite intermédiaire est spécialisé dans les objets de petite taille en or ou en tumbaga (un alliage d'or et de cuivre) et dans les céramiques, l'usage des pierres nobles et des os n'étant que sporadique. La division de cette aire entre des chefferies de petite taille empêchera à jamais l'art d'atteindre au niveau d'intégration des civilisations qui la bordent au nord ou au sud. A quelques exceptions près, les seigneurs n'entreprennent jamais de constructions monumentales: les sculptures colossales en pierre restent circonscrites à la région du lac Nicaragua, à la culture de Barriles, au Panamá et, surtout, à San Agustín, en Colombie. Au sud de l'aire intermédiaire, la civilisation andine centrale produit un éventail d'œuvres d'art aussi large que celui des hautes civilisations de Méso-Amérique. Pour la région centrale des Andes, on a adopté des divisions particulières correspondant aux trois cultures qui se diffuseront dans la région tout entière: celle de Chavín (1200 - 300 av. J.-C.), celle de Huari (600 - 1000 apr. J.-C.) et l'incasique (1450 - 1540).

L'art andin primitif
C'est sur le littoral ou au pied des Andes septentrionales que la première tradition artistique voit le jour. Dans des villages situés à proximité de la mer ou de cours d'eau, des Indiens mettent en forme des récipients en argile qu'ils cuisent à des températures élevées. Bien que la poterie ait eu vraisemblablement pour berceau Puerto Hormiga, en Colombie, à une date antérieure à 3000 av. J.-C., les céramiques et les figurines les plus expressives et les plus élaborées proviennent de villages tels que Valdivia, en Equateur. Les premiers artistes de cette culture donnent libre cours à leur imagination à travers la grande variété des proportions qu'ils donnent à leurs vases et dans les petites figures dont ils en agrémentent les anses, les bords et la panse. Ils façonnent également des figurines en argile bien plus expressives et plus réalistes que les représentations humaines plus anciennes, rectangulaires, faites à partir de pierre tendre.

Dans les villages qui jalonnent la côte septentrionale du Pérou apparaît avant 2000 av. J.-C. un art primitif qui évoque l'art de la culture voisine de Valdivia, même s'il ignore la technique de la céramique. En revanche, à Huaca Prieta, l'essentiel de l'activité artistique consiste à pyrograver des motifs rectilignes sur des calebasses. Déjà à cette époque, des fragments d'étoffe de coton, la forme artistique péruvienne la plus caractéristique, arborent des frises de personnages aux silhouettes géométriques, de rapaces vus de face, de têtes d'oiseaux aquatiques à long cou se partageant un même corps; presque tous ces motifs demeureront des thèmes iconographiques tout au long de l'histoire de l'art des Andes centrales, comme en témoignent les étoffes de la culture Chancay récente. Certains de ces villages côtiers sont dotés d'une impressionnante architecture publique en adobe (brique mêlée de paille et séchée au soleil), organisée en une succession de grandes places comprenant des constructions semi-souterraines en leur centre et des plates-formes surélevées. L'ancienneté de ces centres - antérieurs à 1600 av. J.-C., et pour certains remontant probablement à 2800 av. J.-C. - indique que la construction à grande échelle y fut pratiquée depuis bien plus longtemps qu'en Méso-Amérique.

Le style Chavín
Peu après l'introduction de la céramique - empruntée à l'Equateur - dans les Andes centrales, apparaît en 1200 av. J.-C. un premier style largement diffusé, dont le foyer est vraisemblablement le temple en pierre de taille de Chavín de Huantar, sur les hauts plateaux du Nord. Un dédale de passages ménagés dans sa masse en forme de U conduit à une pierre taillée, incisée et sculptée en bas-relief, représentant le corps d'un monstre privé de sa mâchoire inférieure, et dont l'unique rangée de dents esquisse un rictus; d'appendices situés sur le corps du monstre jaillissent de petites têtes de serpents, symbolisant sans doute la fécondité. Les créatures incisées sur les linteaux, les corniches et les montants de porte situés à l'extérieur du temple sont plus aisément reconnaissables: aigles, jaguars et crocodiles, ainsi que des guerriers, de profil, brandissant des têtes-trophées.

Sur la côte septentrionale sont élevés en adobe recouvert de stuc plusieurs temples ornés de masques de jaguars en bas-reliefs. Quant au temple de Cerro Sechín, dans la vallée de Casma, sur la côte nord-centrale du Pérou, il est ceint d'un mur de monolithes ornés de reliefs gravés représentant des figures de guerriers, sur de grandes dalles, alternant avec des membres humains tranchés, sur des pierres de dimensions plus réduites. Les céramiques monochromes représentent des jaguars, modelés de façon réaliste, aussi bien que des humains et des habitations. Si l'on n'a découvert aucune architecture du style Chavín sur la côte péruvienne méridionale, des céramiques tirant leur appellation de la péninsule de Paracas reproduisent le motif Chavín du dieu souriant et celui du masque abstrait de félin dans des dessins plats, aux lignes géométriques et richement colorés après cuisson. Par ailleurs, des étoffes de coton peintes dans de multiples tons de brun présentent des formes géométriques anguleuses, caractéristiques des motifs textiles du style Chavín.

Immédiatement après le déclin de Chavín, un style de tissus à motifs superbes, appelé «nécropole» - car des textiles furent découverts dans un cimetière -, se fait jour, entre 300 et 100 av. J.-C., à Paracas. Sur de grandes capes enveloppant les corps momifiés de notables sont représentés des personnages mythologiques et humains, brodés, selon des tracés curvilignes, sur l'étoffe de laine et de coton au moyen de fils de douze couleurs différentes. Certaines représentations figurent des «démons-chats» moustachus, toutes griffes dehors, dotés de coiffures représentant des oiseaux plongeurs (parfois recouverts d'or martelé) et de longues queues se terminant souvent par des têtes humaines; ils brandissent des têtes-trophées au bout de ficelles, ce qui n'est pas sans rappeler les têtes réduites des Indiens Jivaros d'Amazonie. Des personnages humains, aux côtes saillant parfois telles celles de squelettes, semblent tomber à la renverse ou basculer en avant, motif alterné qui est également visible sur l'autre côté de la cape; le jeu des couleurs permet de ne jamais rencontrer deux motifs rigoureusement identiques.

Le style Nazca et la culture des Mochicas
La culture de Nazca fut marquée par la transposition de ces mêmes motifs à de brillantes céramiques polychromes, peintes après cuisson de l'argile afin de les rendre plus lumineuses et de fixer la couleur sous une couche satinée simulant une glaçure (bien qu'aucun potier précolombien n'utilise de glaçure proprement dite). Des versions démesurément agrandies de ces motifs, mêlés à des lignes enchevêtrées et rayonnantes, sont alors gravées sur les flancs des hautes montagnes désertiques qui surplombent les vallées de la côte méridionale.

Parallèlement, sur la côte septentrionale, dans la vallée de la Moche, se développe la culture dite mochica, qui créera les œuvres les plus réalistes de l'art du sud de la Méso-Amérique. D'une manière générale, l'art des Andes centrales témoigne d'un intérêt plus prononcé pour les motifs et les dessins que pour la transposition de l'expérience humaine, d'où son caractère répétitif et géométrique. Chez les Mochicas, en revanche, puisant leur inspiration dans les motifs du style Chavín, les potiers modèlent des animaux auxquels une tête tournée, des yeux vifs et des corps massifs confèrent un réalisme saisissant. Des figures humaines, placées dans différentes postures, plus ou moins vêtues, sont empreintes de ce même réalisme, qui transparaît également dans les effigies de nobles qui ornent certains vases. L'iconographie des céramiques peintes accorde une place de choix au tumulte du combat, au sort désespéré du vaincu et à des figurations mythologiques à plusieurs personnages, au sein desquelles les dieux lunaires et solaires jouent un rôle capital. Les vases à bec en étrier sont souvent ornés de hauts-reliefs du dieu solaire, reconnaissable à sa coiffure rayonnée et à sa bouche garnie de crocs félins; il est représenté assis dans une niche rupestre au cœur de la montagne et flanqué de suivantes et d'animaux. Le même faciès permet de reconnaître son fils, qui porte une ceinture ornée d'un serpent à deux têtes (ce type de serpent symbolise la voûte céleste); il livre un combat divin aux démons terrestres et marins déchaînés. L'or et le cuivre sont incrustés par martèlement dans des plaques circulaires à l'effigie de la même figure aux traits félins, qui fait saillie au milieu du disque.

Les deux grandes pyramides en brique d'adobe du site côtier de Moche seraient, selon la tradition, dédiées aux dieux du Soleil et de la Lune. L'échelonnement irrégulier des terrasses de ces pyramides résulte de la configuration naturelle des Andes, qui s'élèvent derrière elles. Les murs enduits de terre séchée des édifices voisins se prêtent alors souvent, comme la céramique, à la peinture de scènes tirées de la mythologie.

La floraison des styles régionaux Mochica et Nazca, qui correspond en quelque sorte à la période classique méso-américaine, est contemporaine de la construction du majestueux centre cérémoniel de Tiahuanaco, dans les hautes terres méridionales de Bolivie, près du lac Titicaca. De grands espaces ouverts sont délimités par des murs de pierre verticaux, taillés pour certains d'une seule pièce et présentant des angles droits nets. Un tertre pyramidal fait face à un temple à demi souterrain, les immenses espaces étant ponctués par des représentations d'hommes debout, taillées en monolithes à section carrée, incisées de motifs délicats. On circule entre les espaces par des portails dressés; le plus beau, la porte du Soleil, est orné d'une représentation probable du calendrier lunaire andin. Sculpté en relief au centre du linteau, un personnage vu de face se dresse sur une montagne en terrasses, brandissant des bâtons à têtes de serpents; surmonté d'une coiffure rayonnée, à l'instar du dieu solaire mochica, il est entouré de personnages ailés, à tête d'oiseau, et d'hommes, un genou fléchi; il est surmonté de douze têtes symboliques, portant la même coiffure rayonnée, liées les unes aux autres par un serpent céleste à têtes multiples.
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MessageSujet: Re: Les civilisations amérindiennes   Les civilisations amérindiennes EmptyDim 9 Avr - 3:32

L'art précolombien (Suite 2)

Les styles Huari et Chimú
Les représentations de la porte du Soleil à Tiahuanaco se retrouvent sur les poteries, les tissus et l'orfèvrerie dans toutes les Andes centrales au cours de la période Huari, déterminant ainsi la seconde aire culturelle du Pérou. Les chefs de la cité de Huari, sur les hauts plateaux du centre, se convertissent avec enthousiasme à la religion célébrée par les représentations de Tiahuanaco. Les artistes de la côte méridionale transposent les couleurs vives et les lignes stylisantes des céramiques et textiles du style Nazca ancien aux représentations du Tiahuanaco, avant de céder leur technique à la côte centrale, où le sanctuaire et l'oracle de Pachacamac finiront par éclipser Tiahuanaco elle-même.

Les plans réguliers des cités huaris, qui sont souvent des entrepôts impériaux, offrent parfois des tracés zoomorphes, représentant sans doute l'image des esprits tutélaires de ces villes. Cette architecture impériale sera par la suite imitée par d'autres empires, en particulier celui des Incas.

Avec le déclin de l'influence huari, les lignées royales de Lambayeque et, plus tard, de Chimú apparaissent sur la côte septentrionale du Pérou. Les rois de Chimú, que l'on connaît par des récits recueillis peu après la conquête espagnole, se font bâtir d'impressionnantes citadelles à Chanchán, dans la vallée de la Moche. Chaque citadelle comprend des esplanades cérémonielles, des résidences royales, des ateliers, une citerne, ainsi qu'une vaste nécropole ceinte d'épaisses et hautes murailles en terre. Les sépultures recèlent des trésors de style Chimú, des objets en or et en argent, des vêtements et des tentures en plumes, des couches en bois, des figurines et des masques, ainsi que de chatoyantes céramiques noires, ornées de figures modelées et de scènes en relief qui ne sont pas sans rappeler la céramique mochica. Des frises de profils d'oiseaux ou de poissons identiques, d'hommes vus de face et de motifs disposés en zigzag se répètent inlassablement, ce qui semble indiquer une préférence des ateliers impériaux de Chimú pour la reproduction en grand nombre plutôt que pour la recherche de motifs nouveaux.

La civilisation inca
Il règne une certaine sobriété sur les objets décoratifs incas, tels que les étoffes et la céramique, dans lesquels prédominent les formes géométriques pures. Les formes de prédilection répandues dans les hautes terres andines, de l'Equateur au Chili, sont notamment l'aryballe en céramique, vase à panse renflée, à long col, et le kero de bois, gobelet cylindrique ou légèrement évasé. En revanche, en matière d'architecture et d'ouvrages d'art, les Incas surpassèrent nettement leurs prédécesseurs: des routes pavées desservent tout l'Empire; d'importants systèmes de terrassement et d'irrigation sont mis au point; et d'épais murs sont construits selon un appareillage cyclopéen parfaitement ajusté, comme ceux de la célèbre cité de Machu Picchu, découverte en 1912. A 3 km au nord de la capitale inca de Cuzco sont bâtis la citadelle et le centre cérémoniel de Sacsahuamán. Des gradins y sont aménagés, où prennent place le monarque et sa cour lors de fastueuses cérémonies, véritables feux d'artifices d'or, d'argent, de costumes aux couleurs vives et de plumages éclatants ravis aux oiseaux peuplant les abords de la forêt amazonienne.
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