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 La formation des Etats européens

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Blackeu Viking
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MessageSujet: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:10

La formation des Etats européens MOY_CEN_000
L'Europe au XIIIe siècle



La formation des Etats européens

La notion de pouvoir public
L'une des caractéristiques de la période centrale du Moyen Age, entre le XI e et le XIII e siècle, est la structuration des Etats occidentaux. Certes, la notion d'Etat n'est encore qu'en gestation, mais l'idée que le roi doit gouverner pour le bien commun s'affirme de plus en plus. La notion de pouvoir public progresse au long du XIII e siècle; ainsi s'explique le rôle croissant des assemblées de contrôle, Etats, parlements, Cortes, qui, selon les pays, équilibrent un pouvoir monarchique consolidé par le principe dynastique, légitimé par le sacre et appuyé sur l'Eglise.

En Angleterre
En Angleterre, l'équilibre des pouvoirs s'instaure au milieu de violents conflits. La victoire de Guillaume à Hastings en 1066 ouvre l'Ile saxonne à la colonisation et à la féodalité normandes. En 1154, la prise du pouvoir par les Plantagenêts jette les bases d'un scénario de trois siècles de guerre entre la France et l'Angleterre.

En France
Les succès de la monarchie capétienne se confirment tardivement, en France. Hugues Capet, encore aux prises avec les féodaux, n'a pour lui que l'aura de son sacre. Ses successeurs, de Robert le Pieux à Philippe I er , ont pour seul souci d'assurer la dynastie. Il faut attendre Philippe Auguste (1180-1223) et ses victoires sur l'Angleterre et l'Empire (Bouvines en 1214) pour voir s'affirmer l'indépendance du royaume de France et le contrôle des pouvoirs locaux grâce à l'institution des baillis royaux.

Le rayonnement et la piété personnels de Louis IX, canonisé au XIII e siècle, portent le prestige royal à son comble. Le roi s'attache à moraliser les mœurs féodales et tente de rendre à la justice une équité détachée de toute pression. Les enquêteurs chargés d'inventorier les abus dans le royaume jouent un rôle important dans la formation de la mystique monarchique.

En Hongrie
Christianisée au XI e s, la Hongrie féodale parvient à maintenir son indépendance nationale. Malgré la Bulle d'or, concédée par le roi André II en 1222, qui renforce le pouvoir des magnats, la tradition monarchique conserve toute sa vigueur.

En Espagne
Les petits royaumes chrétiens du Nord de l'Espagne - Asturies, Castille, Aragon et Navarre - poursuivent depuis le VIIIe siècle la lutte contre les musulmans, maItres du califat de Cordoue et du royaume de Grenade. La Reconquista, croisade colonisatrice, marque des progrès décisifs au début du XIII e siècle. Mais Grenade résiste encore, et l'Espagne, divisée en royaumes, ne parvient pas à réaliser son unité. Cependant, des rois comme Ferdinand III en Castille (1217-1252) et Jaime I er en Aragon (1213-1276) structurent fermement les institutions monarchiques et publiques, certes contrebalancées par l'influence des Cortes.

En Italie
L'explosion urbaine italienne et les forces économiques modèlent réellement les frontières politiques, surtout dans le nord du pays. Quelques villes dominent: Gênes, enrichie par son monopole commercial en mer Noire depuis 1261, Milan, Florence et surtout Venise, grande bénéficiaire de la IV e croisade , véritable «thalassocratie» où le doge contrôle l'aristocratie marchande, dont seules quelques familles constituent le Grand Conseil. Dans de nombreuses communes italiennes, les podestats, d'abord nommés par les empereurs puis élus, au XIII e siècle, jouent le rôle d'arbitres et détiennent la réalité de l'autorité publique. L'exemple des villes italiennes montre, plus que tout autre, l'influence des forces économiques sur la structuration politique des Etats.
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MessageSujet: Re: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:11

L'épanouissement au XIe au XIIIe siècle

Les signes de développement
La hausse nominale des prix et celle des salaires sont sensibles à partir du milieu du XII e siècle; elles témoignent l'une et l'autre de l'expansion. Par ailleurs, l'économie monétaire pénètre les campagnes, le commerce de l'argent se répand. Non moins significative, la pression fiscale des seigneurs s'accroît sur une population plus nombreuse en quête de nouvelles terres à cultiver.

L'accroissement démographique
Soumise à de violents chocs démographiques (pestes et famines récurrentes) aux V e et VII e siècles, la population occidentale s'accroît de façon notable durant les deux siècles suivants. Ce phénomène est caractérisé par un rééquilibrage de l'occupation des territoires de l'Europe du Nord. Mais l'espérance de vie moyenne ne dépasse guère 30 ans et près de 45 % des enfants n'atteignent pas l'âge de 5 ans. La quasi-totalité de cette population, qu'il faut imaginer groupée en hameaux isolés les uns des autres par de vastes étendues incultes, vit essentiellement des richesses issues de la terre.

Au XI e siècle, on peut dénombrer en France 6'200'000 habitants. Mais un état des feux dressé en 1328 permet d'estimer la population du début du XIV e siècle entre 12 et 16 millions. Dans le même temps, l'Italie gagne près de 5 millions d'âmes (passant de 5 à 10 millions). En Angleterre, le Domesday Book de 1085 donne une population de 1'300'000 personnes. Elles seront 3'700'000 à la fin du XIII e siècle En outre, l'âge moyen serait passé de 22 à 35 ans entre 1100 et 1275, le nombre moyen d'enfants par couple augmentant de 4 à 5. Certes la surmortalité - celle des enfants en bas âge et celle des femmes en couches notamment -, la croissance plus dynamique en Europe du Nord qu'en Europe du Sud prouvent que bien des déséquilibres démographiques demeurent. Mais, dans l'ensemble, la croissance est indubitable, à la fois cause et conséquence de l'expansion économique.

La recherche de terres nouvelles
La poussée vers l'est (Drang nach Osten) en Germanie est un triple mouvement de christianisation, de colonisation et d'urbanisation. Il est largement impulsé par l'Eglise, les féodaux et les Teutoniques. Du Brandebourg à la Poméranie, la progression est remarquable entre 1130 et 1180. Quittant des domaines que trop de partages avaient rendus exigus, attirés par la promesse de terres gratuites, Allemands, mais également Flamands et Hollandais s'en vont fonder, entre autres, Lübeck, Berlin, Francfort-sur-l'Oder, villes qu'ils dotent des droits urbains germaniques.

L'expansion est également œuvre de proximité, dans le cadre de la seigneurie rurale. Depuis l'an mille, en effet, l'Occident défriche fébrilement. Forêts et marais reculent partout entre le XIe et le XIII e siècle, tandis que les polders gagnent sur la mer du Nord. Commencés discrètement par l'élargissement des terroirs anciens, les défrichements favorisent dans un premier temps la multiplication des alleux paysans. Mais les seigneurs, ne pouvant accepter que des hommes et de nouveaux finages échappent à leur contrôle et à leurs impositions, reprennent l'initiative du mouvement; leur aide matérielle et technique est, en outre, parfois indispensable, lorsque la conquête du milieu se révèle difficile. Par ailleurs, les seigneurs cherchent à attirer les paysans en leur promettant des terres, la liberté et autres franchises. A cette fin, ils accordent des chartes de fondation d'agglomérations nouvelles qui établissent les droits et les obligations de chacun. Ainsi naissent de nombreuses villes dont le nom a gardé la trace de cette époque: Villeneuve, Villefranche et autres bastides.

Après avoir atteint sa phase culminante au XII e siècle, en Île-de-France par exemple, le mouvement s'essouffle progressivement. Seules le prolongent quelques initiatives individuelles. Le besoin de terres nouvelles n'est pourtant pas totalement assouvi. La hausse des prix de la terre et du blé en témoigne, tout autant que les procès qui opposent les seigneurs aux communautés rurales.

Le paysage occidental se transforme. Dans les zones bocagères de Normandie, l'habitat est dispersé, souvent le long d'une route; un enclos bien délimité jouxte la maison. Dans la Brie ou dans le Sud-Ouest, le village est groupé, ceinturé de champs ouverts. Et partout le peuplement intercalaire, issu des derniers défrichements, lance ses tentacules.

Les nouvelles techniques agricoles
Sans la vulgarisation des techniques nouvelles qui les accompagnent, les défrichements n'auraient pu suffire à dynamiser l'économie rurale.

Les outils en fer
Les outils en fer servant à l'essartage (haches, faux, etc.), se perfectionnent grâce aux progrès de la métallurgie. Si dans les sols secs des régions méditerranéennes le paysan reste fidèle à l'araire, la charrue se répand dès le XI e siècle sur les terres lourdes de l'Île-de-France et de l'Ouest. Munie d'un coutre à l'avant, elle ouvre le sol en profondeur, le soc retourne ensuite la terre. Le versoir rejette les mottes d'un seul côté; dissymétrique, le travail de la charrue est désormais plus efficace. La technique du hersage se généralise vers 1250 et vient compléter l'ensemble des perfectionnements.

La traction de la charrue
Elle est améliorée par les progrès de l'attelage. Là où l'on recourt encore à la force des bœufs, le joug frontal remplace progressivement le joug de garrot, qui étranglait l'animal et diminuait d'autant ses capacités. Les chevaux, ferrés, attelés en file par le collier d'épaule, se substituent aux bovins là seulement où l'exploitant est assez riche pour s'offrir ces coûteux animaux.

L'amendement des sols
L'amendement des sols s'ajoute à l'amélioration des techniques. A partir de 1200, les paysans multiplient les labours (jusqu'à quatre en Ile-de-France) pour ameublir la terre. Mais les engrais manquent: on n'utilise la plupart du temps que du chaume ou des feuilles pourries. Le cheptel est rare, sa stabulation est trop courte - les animaux sont en partie élevés dans les forêts (porcs et chèvres principalement) et ne demeurent pas assez longtemps à l'étable - pour produire des fumures en quantité suffisante (elles sont la plupart du temps réservées aux jardins). Le chaulage reste rare, on recourt périodiquement au marnage là où abondent les marnes. De fait, c'est la généralisation de la jachère qui assure à la terre le repos propice à une meilleure régénération.

La rotation des cultures
Elle est pratiquée dès le XI e siècle, mais parce qu'il suppose de fortes contraintes communautaires l'assolement triennal ne s'impose qu'au XII e siècle. Sur la zone à cultiver, divisée en trois soles, alternent récoltes de printemps (orge, avoine), récoltes d'hiver (seigle, froment) et terre en jachère. Ainsi les paysans font-ils deux récoltes dans l'année. L'accroissement de la production est également lié à celui des rendements, qui atteignent en moyenne 8 pour 1 en Île-de-France (mais auraient atteint 15 pour 1 dans le nord de la France). En fait, ils varient selon les céréales, qui constituent, avec le porc, l'essentiel de l'alimentation. Seigle et épeautre demeurent les céréales populaires, alors que le pain de froment devient fréquent sur les tables plus riches. L'avoine, de plus faible rendement (4 pour 1), recule devant l'orge (8 pour 1).

Les conditions climatiques autorisent la viticulture jusqu'en France septentrionale, et même en Angleterre. Clercs, princes et bourgeois s'enorgueillissent de leurs vignes. La technique de culture, sinon de conservation, est déjà parfaitement maîtrisée. Jadis liée à l'eucharistie, la production des vins doit son succès à l'évolution du goût, et elle est stimulée par l'exportation vers l'Angleterre ou les pays de la Baltique comme par les baux avantageux proposés aux vignerons par les seigneurs.
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MessageSujet: Re: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:11

Les mutations sociales

Alors que les variations de fortune au sein de chaque groupe introduisent une stratification nouvelle entre riches et pauvres, la vieille division tripartite de la société perdure, et nul ne peut y échapper: on reste orator, bellator ou laborator, et tous ne profitent pas également des périodes d'expansion économique.

Le monde paysan
Les progrès de l'agriculture contribuent à l'amélioration du sort des populations sur les plans juridique et économique. Au XIII e siècle, le servage, encore symbolisé par le paiement en argent du chevage, du formariage et de la mainmorte, n'est plus que résiduel. La liberté s'obtient soit par rachat individuel, soit au moyen de formalités collectives, soit encore à l'occasion des concessions de chartes de défrichement.

La préférence des tenanciers va aux terres à cens, dont le loyer, payé en argent et fixé une fois pour toutes, se dévalue régulièrement, alors qu'augmentent le prix de la terre et celui des céréales. Les détenteurs des tenures à champart (ou terrage, ou agrière), astreints à verser un pourcentage de la récolte (du huitième au quart), s'enrichissent nettement moins vite.

De nombreux paysans, engagés dans la modernisation de leur exploitation, s'endettent. Le phénomène est notable à la fin du XII e siècle, où les terres sont grevées de rentes. Les prêteurs sont juifs, lombards, paysans riches ou bourgeois. Les seigneurs eux-mêmes n'hésitent pas à jouer le rôle de banquiers. Aussi ne bénéficient de l'expansion que l'alleutier ou le fermier à cens, libres de corvée et de rente: ces paysans aisés ne représentent guère que 2% environ de la masse rurale. Beaucoup n'ont que de petites tenures (moins de 2 ha); d'autres, brassiers ou manœuvriers, n'en possèdent aucune et sont employés comme journaliers.

Le temps des seigneurs
L'univers féodal se transforme lui aussi. Si les biens ecclésiastiques s'arrondissent de dons multiples, de nombreux domaines laïcs souffrent des partages successoraux et se parcellisent, notamment en Île-de-France, où des «seigneuries croupions» résultent de l'absence du droit d'aînesse. Accaparés par leurs activités, les seigneurs préfèrent confier la gestion de leur domaine à des régisseurs professionnels, choisis parmi les ministériaux.

Pour beaucoup, les revenus ont diminué: les terres accensées (c'est-à-dire prises à cens) ne rapportent plus guère et le seigneur s'attache désormais à développer les revenus céréaliers de son propre domaine, sa réserve, à renforcer les droits de mutation et à multiplier les amendes. Mais cela ne suffit pas toujours à préserver l'équilibre des fortunes. En outre, la chevalerie, en fusionnant avec la noblesse de lignage à la fin du XII e siècle, avait apporté à celle-ci son prestige militaire. Les mouvements de paix, le développement de l'armée de métier, l'affermissement du pouvoir public ternissent, dès le XIII e siècle, la réputation de l'aristocratie combattante.

L'anoblissement des bourgeois
A l'appauvrissement économique s'ajoute donc la détérioration de l'image sociale d'une noblesse en pleine rétraction. En effet, démunies, nombre de familles seigneuriales, incapables de continuer à vivre noblement, tombent dans la déchéance. Et le roi, en France notamment, pour régénérer une noblesse qu'en outre il veut plus soumise, n'hésite pas, dès la fin du XIIIe siècle, à anoblir de riches bourgeois à qui la réussite sociale tient lieu d'honneur. Vivre noblement coûte cher. Aussi, bien des manifestations symboliques de la condition chevaleresque sont réduites ou transformées: seul le fils aîné est adoubé et seule la fille aînée est mariée. Les seigneurs n'en continuent pas moins à s'adonner aux tournois, et ils écoutent encore les récits des jongleurs et des troubadours chantant l'amour courtois dans la grande salle du vieux château fort, dont le rôle militaire s'efface progressivement devant la puissance économique et judiciaire du seigneur.

La place de l'Eglise

D'un monde en mutation surgissent des forces nouvelles, dont la foi est l'une des plus dynamiques. La tâche de l'Eglise est donc d'envergure. Aux plus belliqueux, elle prêche la paix et la trêve de Dieu, tandis qu'elle détourne les énergies vers les croisades contre les infidèles d'Orient et d'Espagne et contre les Slaves païens (XIIe -XIIIe siècle). Aux plus pacifiques, une floraison de nouveaux ordres monastiques offre des havres de méditation ou de travail: ainsi en va-t-il des chartreux de Grandmont, de l'abbaye de Fontevraud et des 650 filiales de l'ordre de Cîteaux, fondé en 1098 par Robert de Molesme. Saint Bernard, le rénovateur de la règle bénédictine, est arrivé à l'abbaye en 1112 ; en 1128 il crée la règle de l'ordre du temple.

Aux plus politiques incombe la tâche de désengager l'Eglise du monde laïc. Le pape Grégoire VII (1073-1085) s'y emploie tout particulièrement. Il rappelle la suprématie du spirituel sur le temporel, condamne la simonie et l'investiture laïque des évêques, dans les vingt-sept propositions de son Dictatus papae, en 1075. Le renouveau culturel que l'Eglise a stimulé dans les scriptoria des monastères et l'édification des premières églises romanes à partir de 1070 sont les manifestations tangibles d'une vive piété.

Les exclus
Les mutations sociales dues à la prospérité n'ont guère facilité l'intégration des non-chrétiens, ni amélioré la condition des exclus. Victimes du regain de piété chrétienne lié aux croisades, les juifs sont stigmatisés par le concile du Latran de 1215. Ils sont repoussés dans leurs ghettos lorsqu'ils ne sont pas expulsés, à plusieurs reprises, de France et d'Angleterre notamment. Leurs biens sont saisis et leurs créances annulées. Fous et lépreux ne vivent que de la générosité, tout comme les mendiants qui, depuis la fin du XII e siècle, se rassemblent dans les maisons-Dieu. Les multiples errants, tels les pastoureaux au XIII e siècle, sont suspectés d'hérésie. Rejetés de tout groupe social, brigands et charbonniers constituent les bandes de coquillards et autres caïmans qui écument les campagnes et enflamment les «effrois» urbains.
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MessageSujet: Re: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:12

La civilisation urbaine

Le peuplement reste inégal
Passé l'an mille, on ne peut plus douter de la vitalité de la civilisation urbaine, encore stimulée par l'immigration rurale. Les villes neuves, nées des défrichements, complètent le réseau urbain hérité de l'Antiquité. Centre de production, la ville est aussi lieu de pouvoir, d'échanges et de culture.

Le peuplement, toutefois, reste inégal. A part quelques grands centres comme Paris, Milan, Bruges, qui comptent 50'000 habitants en 1300, et Londres, qui en compte 40 000, la majorité des villes restent de dimensions modestes: soixante villes seulement auraient, à la fin du XIII e siècle, en Occident, dépassé les 10'000 habitants. Paris, blotti à l'intérieur de son enceinte (les murailles sont élevées en 1190 et 1210), compte encore de nombreuses constructions en bois et les incendies sont fréquents. Les rues sont nauséabondes, et il faut attendre Philippe Auguste pour en voir paver quelques-unes, en 1186. La culture urbaine est d'emblée populaire et conviviale: les lieux et les occasions de rencontre ne manquent pas, de la cathédrale à la taverne, de la rue à l'étuve, des entrées princières aux carnavals, des mystères aux fêtes des fous.

L'émancipation des villes
Dès la fin du XI e siècle, les bourgeois tolèrent de plus en plus difficilement les pressions judiciaires et fiscales qu'exercent sur eux les seigneurs, tant laïcs qu'ecclésiastiques. S'associant en communes jurées, souvent encouragées par le pouvoir royal, n'hésitant pas à recourir à la violence, les notables bourgeois obtiennent des chartes de franchises qui reconnaissent l'autonomie du pouvoir municipal, celui des échevins dans le Nord ou celui des consuls dans le Sud.

En France comme en Italie, toutefois, leur pouvoir demeure plus largement contrôlé par les comtes ou même les podestats, parfois librement choisis comme à Gênes, à Milan ou à Pise au XIII e siècle. De même, dans l'Empire, les villes, à l'exception de celles de la Baltique, restent liées par serment à l'empereur, auquel elles doivent le service de guerre et l'impôt de gîte. L'empreinte féodale conserve de sa vigueur.

L'activité artisanale
L'impulsion agricole se communique à l'activité artisanale. Au sein des domaines ruraux, les paysans se sont très tôt livrés à un artisanat de nécessité. Pour répondre aux besoins quotidiens, ils achètent parfois la matière première aux marchands de passage. Mais, à partir du XII e siècle, en France et en Flandre notamment, la ville devient le foyer privilégié de l'artisanat, car c'est là qu'arrivent les produits du grand commerce, indispensables à l'activité des métiers (laine, cuir, peaux, métaux); là aussi que se regroupe la main-d'œuvre et que se perfectionnent les techniques. Ainsi le monde des artisans, lié à celui des marchands, s'impose-t-il peu à peu comme un élément constitutif du tissu urbain.

Les foires et marchés
Pendant une ou plusieurs semaines, sous la protection d'un représentant du pouvoir seigneurial, les marchands traitent leurs affaires, commerciales aussi bien que financières. Certaines foires sont spécialisées, comme celles de la laine en Angleterre ou celles des draps en Flandre. Toutes sont surveillées par les gardes des foires, dont la juridiction s'étend à tout l'Occident au XIII e siècle. Les plus célèbres sont les foires de Champagne (Provins, Lagny, Bar-sur-Aube), qui ont la particularité d'offrir un marché quasi permanent, de draps et d'épices en particulier, entre la Flandre et l'Italie. Mises en place vers 1150, ces foires sont protégées successivement par le comte de Champagne, puis par le roi de France lui-même, à partir de 1209. Italiens et Flamands ne les fréquentent assidûment que dans le dernier quart du XII e siècle. Leur déclin, vers 1250, semble lié à plusieurs facteurs, parmi lesquels le développement du marché parisien et celui de l'industrie textile italienne sont les plus décisifs.

Les métiers
L'organisation des métiers, souvent regroupés par quartiers, derrière leur bannière, n'est d'abord au XII e siècle que conviviale et charitable, à l'image de confréries. Les réglementations protectrices et le refus de la concurrence incitent à une organisation minutieuse de la production qui, en principe, prohibe toute innovation spontanée. Ainsi, la qualité est fixée et dûment contrôlée. L'organisation du travail exclut la surproduction d'un atelier aux dépens des autres et les prix n'échappent pas à la surveillance des maîtres.

On trouve, dans chaque ville, tous les métiers. Qu'ils soient liés à la consommation, telles la boucherie et la boulangerie, ou qu'ils dépendent du grand commerce, tels le tissage, le foulage et la teinturerie, tous sont strictement contrôlés par le pouvoir communal, car la «loyauté» de la production et la régularité de l'approvisionnement garantissent la paix sociale. Celle-ci est quelquefois troublée par la corporation turbulente des étudiants.
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MessageSujet: Re: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:12

L'enseignement

La situation en France
Sans être, comme la légende l'a laissé croire, le créateur de l'école en France, Charlemagne établit un véritable programme élémentaire d'alphabétisation chrétienne. Sous l'autorité des évêques, à partir de 1079 s'ouvrent les écoles-cathédrales. L'enseignement s'y donne en latin et les élèves ont le statut de clercs.

Les universités sont issues des centres scolaires les plus importants, dès la fin du XII e siècle. Soutenues par le pape, elles n'obtiennent souvent leurs privilèges (droit de grève, sceau, liberté de recrutement) qu'à l'issue de conflits avec les autorités communales ou royales. Placée sous l'autorité du recteur et de ses doyens, l'université est souvent divisée en facultés qui lui donnent une identité particulière. Ainsi, en France Montpellier est plus orientée vers le droit et la médecine, Paris vers la théologie.

Les étudiants, regroupés en nations, sont souvent pauvres. C'est à leur intention que sont ouverts les collèges, comme celui de Robert de Sorbon, fondé à Paris en 1257. Ils constituent un groupe social avec lequel il faut compter, car ils sont proportionnellement très nombreux. A la fin du XIII e siècle, à Paris, vivent 5 000 étudiants pour une population estimée à 200 000 habitants. Les goliards, sortes de «clochards intellectuels», affichent parfois une grande liberté de pensée et de mœurs, et provoquent volontiers des désordres.

Le modèle antique de la culture littéraire a fortement imprégné l'enseignement, fondé sur les sept arts libéraux. Le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) l'emporte généralement sur le quadrivium, qui regroupe les disciplines scientifiques (arithmétique, géométrie, astronomie et musique). Les écoles laïques, où l'enseignement est dispensé en langue vulgaire, c'est-à-dire en français, forment notaires et marchands.
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MessageSujet: Re: La formation des Etats européens   La formation des Etats européens EmptyDim 9 Avr - 3:13

Rayonnements et contradictions religieuses

La chrétienté est apparemment en ordre, fermement contrôlée par la papauté qu'aident les conciles qu'elle convoque: celui du Latran, en 1215, est un des plus importants. Elle est contrôlée aussi par des rois tout imprégnés de morale chrétienne et respectueux du droit ecclésiastique. A aucun autre moment de son histoire le christianisme n'a été aussi triomphant.

Le dialogue avec les musulmans
Cependant l'obstacle musulman n'a pu être éradiqué. Il vaut donc mieux apprendre la langue et la culture de ces hommes apparemment décidés à ne pas changer de religion, établir chez eux des missionnaires, initiés à l'arabe et capables de discuter de problèmes théologiques, que poursuivre la politique de l'affrontement. L'esprit de croisade va disparaître. Louis IX, mort en 1270 devant Tunis, est l'un des derniers princes d'Occident à s'être réellement consacré à la croisade.

Dans ce même siècle, un autre souverain, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, filleul du pape Innocent III, qui l'a couronné de sa propre initiative, ose montrer l'intérêt qu'il porte à l'islam, voire son amitié pour les musulmans. Il négocie avec eux et obtient leur autorisation pour rétablir le pèlerinage à Jérusalem. Cette attitude est jugée intolérable par Rome: Frédéric II est excommunié et déposé. Après les rois normands de Sicile au XII e siècle, avant Charles IV de Bohême au XIV e siècle, Frédéric II est cependant le souverain occidental qui a le plus fait pour la compréhension mutuelle des sociétés méditerranéennes. Les commerçants italiens, du reste, n'ont pas attendu le XII e ou le XIII e siècle pour entretenir des relations régulières avec l'Afrique du Nord et l'Orient musulman.

Les Mongols et les Ethiopiens
Puisqu'il est impossible de vaincre les musulmans, on projette de les contourner pour gagner l'Orient fabuleux. Or l'horizon semble s'ouvrir avec l'expansion foudroyante des Mongols: ils ne pratiquent officiellement aucune des grandes religions. Le rêve prend forme de les convertir au christianisme romain. On leur envoie missionnaires après missionnaires. Les Mongols, en majorité, choisissent l'islam. La percée espérée n'est pas accomplie. L'expansion ottomane, aux XIV e et XV e siècles, referme la lucarne occidentale ouverte sur l'Asie.

Dès le XIII e siècle, mais surtout au XIV e siècle, la papauté et bon nombre de clercs occidentaux ont commencé à entrevoir l'espoir de réaliser avec des peuples africains, notamment avec les Ethiopiens, longtemps ignorés, voire méprisés, l'idéale alliance de revers contre les musulmans. La papauté, au concile de Florence, au début du XV e siècle, a même cru que les Ethiopiens rejoindraient l'Eglise romaine.

La papauté contre l'Empire
Cette papauté a pris des dimensions nouvelles. En 1059, un décret réserve aux seuls clercs l'élection pontificale. La papauté se lance dans une politique de réforme de l'Eglise, largement soutenue par les moines et certains laïcs. Mais elle rencontre l'hostilité des empereurs, peu soucieux d'abandonner les prérogatives que leur assure le contrôle des nominations épiscopales. Le conflit avec l'Empire prend par moments un tour très violent; c'est une véritable guerre où s'affrontent, en Italie, partisans de l'empereur et partisans du pape.

A la fin du XII e siècle, l'élection d'un pape très actif, Innocent III (1198-1216), apaise pour un temps ce conflit. Innocent III donne au pouvoir pontifical un droit de regard sur le clergé dans tous les royaumes occidentaux. Ses successeurs tentent de suivre son exemple. La papauté est sereine: jusqu'en 1293, il n'y a plus d'empereur. Mais un nouveau danger surgit devant les prétentions pontificales: le roi de France, Philippe IV le Bel, n'hésite pas, avec l'aide de ses légistes, à s'en prendre aux excès de pouvoir pontificaux et à faire insulter le pape Boniface VIII par ses envoyés. Lorsque s'ouvre le XIV e siècle, la situation pontificale est beaucoup moins brillante.

L'art gothique
Dans ce climat s'épanouit en Europe un art dont le style rompt avec la sobriété de l'art roman: le gothique. Loin des techniques romanes savamment improvisées, le gothique est avant tout un art de la prouesse architecturale. La richesse de l'Italie et celle de la Flandre favorisent la naissance d'un art également religieux, et cependant plus largement sculptural et pictural qu'architectural: le gothique y est déjà dépassé par des formes artistiques superbes, inspirées de principes esthétiques que le reste de l'Europe ne découvrira que plus tard.

L'enseignement théologique
Le foisonnement des richesses, la mobilité des jeunes Européens, la multiplication des hérésies, le désir de mieux contrôler le clergé et la chrétienté conduisent à supprimer les échelons les plus élevés de la formation intellectuelle, donc religieuse, dans les écoles épiscopales. Les universités sont créées aux XII e et XIII e siècles. Les étudiants disposent d'une certaine liberté pour choisir leurs maîtres et se déplacer d'un pays à un autre, mais l'observance de l'orthodoxie est mieux assurée dans les universités qu'ailleurs. La théologie demeure la science supérieure à toute autre.

A Paris, des textes d' Aristote, inconnus auparavant et rendus accessibles grâce à des traductions de l'arabe au latin effectuées en Espagne, suscitent des discussions théologiques approfondies. L'audace de certains théologiens inquiète Rome, qui décide de sanctionner leur enseignement; cependant, ces discussions sont à l'origine d'un corpus théologique que l'Eglise catholique reconnaîtra comme fondement de la théologie: la Somme contre les gentils et la Somme théologique, de saint Thomas d'Aquin.

Franciscains et Dominicains
Le débat sur la richesse a atteint presque toutes les couches de la société. La monétisation croissante fait que les pouvoirs laïcs ou religieux ne peuvent plus se contenter des revenus de leurs domaines ruraux pour faire face à de fortes dépenses annuelles. L'Eglise ne peut rester en dehors de ce courant général, qui remplace l'ancienne richesse foncière par celle des monnaies et du capital. Après la floraison des hérésies, condamnées mais qui ont reflété la persistance d'un idéal de vie pauvre, la papauté cherche un compromis.

Deux nouveaux ordres naissent, urbains et non plus ruraux, voués à mendier pour vivre, à qui la possession de terres à titre individuel demeure interdite. Saint François d'Assise restera fidèle à cette ligne de conduite, et ses disciples, les Franciscains, font vœu de se consacrer à la prière et à la prédication. Saint Dominique, un Espagnol, oriente très tôt son ordre vers la mission, l'étude et l'observance de l'orthodoxie. Les Dominicains jouent un rôle majeur dans les universités, mais aussi dans l'Inquisition réorganisée. L'idéal de pauvreté va disparaître, comme l'esprit de croisade, au XIV e siècle, enseveli par l'évolution rapide de l'Occident vers le capitalisme.
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