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 Les croisades

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Vidar
Blackeu Viking
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MessageSujet: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:05

Les croisades Crois34

Le mot « croisade » n'apparaît dans les textes occidentaux qu'après 1250; les croisés et leurs contemporains usaient d'expressions aussi diverses que «voyage de Jérusalem», «voyage vers la Terre sainte», «passage» ou «voyage d'outre-mer». Au sens strict, sont qualifiés de croisades les pèlerinages en armes organisés par l'Eglise afin de délivrer le tombeau du Christ à Jérusalem.


L'organisation des croisades

L'origine
Dès les premiers siècles du christianisme, les Lieux saints occupèrent une place importante dans la spiritualité de l'Occident. Le voyage à Jérusalem et le culte des reliques constituaient des pratiques de piété. Ils avaient une valeur expiatrice des péchés et libératrice des maladies.

Au XI e siècle, ces pèlerinages en Terre sainte furent stimulés par l'ouverture d'un itinéraire continental à travers la vallée du Danube (1010 apr. J.-C.) et par le renouveau du commerce méditerranéen; d'individuels, ils devinrent collectifs. Ce climat de vénération pour la Terre sainte «occupée» par les musulmans favorisa les projets de puissance de l'Eglise. Celle-ci, après avoir sanctifié la guerre contre l'infidèle, stimulé et soutenu la Reconquête chrétienne de l'Espagne sur les Maures, qui s'accélère après la chute du califat de Cordoue (1031), décida de porter l'offensive en Orient.

La prédication
La proclamation de la croisade était une initiative pontificale: c'est une bulle papale ou un canon conciliaire qui en annonçait le «passage», en fixait la date, en définissait les objectifs, en expliquait les raisons et octroyait des privilèges temporels et spirituels aux croisés. Après Urbain II, rares furent les papes qui prêchèrent directement la croisade; aussitôt lancés, leurs appels étaient relayés par des prédications confiées à des légats et à des clercs.

Lors de la première et de la deuxième croisade, des moines, des ermites et parfois des illuminés prirent l'initiative de prêcher. Les thèmes développés dans les sermons de ces prédicateurs populaires demeurent peu connus; il semble toutefois que l'ardeur de certains à «exalter la croix» et à rappeler la Passion du Christ raviva l'accusation de déicide à l'encontre des juifs. En Allemagne, les prédications du moine Rodolphe provoquèrent des pogroms contre les communautés juives.

Afin d'éviter de tels excès, la papauté veilla à contrôler la prédication; ainsi, de la deuxième à la quatrième croisade, les légats confièrent cette tâche principalement aux cisterciens et, au XIII e siècle, aux ordres mendiants. La prédication officielle consistait à préparer spirituellement les fidèles; c'est ainsi que saint Bernard présenta la croisade comme une voie de salut, un remède proposé par Dieu à ses créatures. Ces thèmes bernardiens furent repris par le prédicateur de la troisième croisade, le légat Henri d'Albano. A partir du pontificat d'Innocent III, la prédication de la croisade s'accompagna de la vente des indulgences et perdit progressivement de sa spiritualité.

La guerre juste
Rome, après avoir été pillée en 846 par les musulmans - une partie de l'Occident était alors aux prises avec les Slaves et les Scandinaves -, entreprit d'élaborer une théologie de l'action armée. Reprenant, en la déformant, la notion augustinienne de «guerre juste», les premiers papes qui appelèrent à combattre les infidèles et à «défendre la foi» furent Léon IV en 853 et Jean VIII en 878.

Poursuivi par leurs successeurs, l'effort de légitimation de la guerre s'accompagna à partir de la fin du Xe siècle d'une véritable entreprise de christianisation des mœurs de la chevalerie occidentale. Commencé sous l'égide de Cluny, et mobilisant bientôt l'ensemble de l'Eglise, ce mouvement appelait les chrétiens à suspendre toute violence entre eux et à retourner leurs armes contre les infidèles.

Au XI e siècle, alors même que le danger musulman s'estompait, l'Eglise poursuivit sa double action auprès de la classe militaire. Assortis d'indulgences plénières (remise totale des peines de purgatoire pour les combattants), les appels à la «guerre juste» trouvèrent de plus en plus d'écho auprès d'une chevalerie dûment endoctrinée.

Dès 1063, à l'initiative de l'Eglise, Italiens, Provençaux, Languedociens, Bourguignons et Aquitains marchèrent en Espagne contre la place forte de Barbastro et s'en emparèrent. Assurée du concours des hommes de guerre, la papauté n'eut aucune peine à faire admettre la légitimité d'interventions contre les ennemis de la religion.

Le financement
Le financement des croisades fut d'abord assuré par les participants eux-mêmes. Lors de la première croisade, l'enthousiasme fut si grand que beaucoup aliénèrent leurs biens ou les mirent en gage auprès d'établissements ecclésiastiques. Ainsi, parmi tant d'autres, Godefroi, seigneur de Bouillon, vendit ses propriétés de Stenau et de Moussay à l'évêque de Verdun et donna en gage à l'évêque de Liège le «pays de Bouillon».
Arbre généalogique simplifié de la famille de Godefroi de Bouillon

Régulation du financement
Mais à ces moyens exceptionnels s'ajouta au début du XII e siècle un moyen plus régulier: les barons exigèrent la contribution en argent de leurs vassaux. Les souverains firent de même en 1147: Louis VII, qui ne pouvait financer l'expédition par ses revenus habituels, sollicita la contribution de ses vassaux et pressura singulièrement les églises de son domaine. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, les expéditions étant devenues maritimes, donc plus coûteuses, les rois recoururent à la taxation.

Création d'un impôt: la dîme saladine
En 1166 et en 1183 en France, en 1185 en France et en Angleterre, furent prélevés pour la défense de Jérusalem 1 ou 2 deniers par livre de biens (selon un système, d'origine carolingienne, dont l'unité de base est la livre d'argent divisée en 20 sous, eux-mêmes divisés en 12 deniers, et qui resta jusqu'à une date récente le système de base de la monnaie anglaise). Le premier impôt de croisade fut la dîme saladine, destinée à financer la guerre contre Saladin. Autorisée par le pape Grégoire VIII en 1187, levée un an plus tard en France et en Angleterre, elle consista en un prélèvement de 10 % sur les revenus et biens meubles de ceux qui ne partaient pas en croisade, clergé compris.

Autres taxes
En Angleterre, Richard Cœur de Lion taxa les revenus de ses sujets juifs à 25%, tandis qu'en France Philippe Auguste obligeait les siens à verser en sus de leur contribution 5000 marcs d'argent. L'Eglise, quant à elle, chercha à se constituer un trésor de croisade. L'insuffisance des aumônes de croisade décida le pape Innocent III à recourir à l'impôt: en 1200, il créa la décime, frappant les revenus des cardinaux au dixième et ceux du clergé séculier et régulier au quarantième.

Bien que maintenu tout au long du XIII e siècle à des taux et durées variables, cet impôt s'avéra lui aussi insuffisant. Aussi l'Eglise recourut-elle à d'autres ressources, telles que legs, rachats des vœux et dons assortis d'une indulgence proportionnelle. L'argent ainsi recueilli était le plus souvent remis directement au chef de croisade, mais certains papes comme Grégoire IX n'hésitèrent pas à en faire usage à des fins autres que l'expédition en Terre sainte.
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MessageSujet: Re: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:06

Les croisades des XIe et XIIe siècles

En 1074, le pape Grégoire VII, prenant prétexte de la poussée des Turcs Seldjoukides en Asie Mineure (ils avaient écrasé les Byzantins à la bataille de Mantzikert en 1071) et du devoir de solidarité avec les chrétiens d'Orient, prépara une expédition qui n'aboutit pas. Le projet fut repris par Urbain II en 1095, au concile de Clermont.

La première croisade
Le premier appel à la croisade fut d'autant mieux entendu que le pape donna à l'entreprise un caractère méritoire: il promit l'indulgence plénière aux futurs croisés; pour susciter davantage la piété occidentale, les milieux romains rappelèrent la destruction de l'église du Saint-Sépulcre, commise au tout début du siècle par le calife fatimide al-Hakim. Reprise et répandue par des prédicateurs populaires, dont le principal fut Pierre l'Ermite, l'invitation pontificale à la guerre «juste» reçut un accueil profond. Ainsi embrigadés, de nombreux pèlerins partirent dès le printemps de 1096; en Allemagne et en Europe centrale. Le passage de ces premiers croisés donna lieu à l'un des plus grands pogroms de l'histoire dont les juifs, considérés comme déicides, furent les victimes. Cependant, parvenues quelques mois plus tard en Asie, ces bandes de pèlerins, conduites par Gautier Sans Avoir, furent massacrées par les Turcs.

Par la suite s'ébranlèrent - par la voie du Danube ou celle de l'Adriatique et de la Grèce - quatre armées de chevaliers: la première, venue de la France du Nord et de la Basse-Lorraine, sous les ordres de Godefroi de Bouillon; la deuxième, de la France centrale, sous ceux du comte Etienne de Blois et de Robert I er, duc de Normandie; la troisième, de la France du Midi, sous le commandement de Raimond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et sous l'autorité formelle du légat du pape, Adhémar de Monteil; la quatrième, de l'Italie méridionale, conduite par Bohémond Ier, prince normand de Sicile. Les armées se rejoignirent devant Constantinople. Là apparut une équivoque quant aux buts de l'expédition: les Byzantins en attendaient un renfort contre leurs ennemis turcs; les chefs croisés plaçaient leur mission dans la conquête de la Syrie-Palestine. On aboutit à un compromis: Alexis I er Comnène s'engagea à ravitailler et à aider les croisés, contre la restitution aux Byzantins des villes prises par les Turcs.

En Asie Mineure, les armées franques défirent les Turcs, s'emparèrent de Nicée et de quelques autres places, qui furent rendues aux Byzantins. Cependant, parvenus en Syrie, les chefs de la croisade, en l'absence d'un commandement unique, agirent pour leur propre compte. En 1097, ils prirent Edesse, où Baudouin Ier de Boulogne, frère de Godefroi de Bouillon, forma un comté, et en 1098 Antioche, qui devint une principauté au bénéfice de Bohémond. Puis en 1099, ils assiégèrent Jérusalem, qu'ils saccagèrent et dont ils massacrèrent les habitants; les barons en firent un royaume, qu'ils confièrent à Godefroi de Bouillon, auquel succéda, à sa mort, son frère Baudouin. Le comté de Tripoli échut à Raimond de Saint-Gilles. Dans ces quatre Etats latins d'Orient, les Français du Nord, les Provençaux et les Normands d'Italie implantèrent leurs institutions propres.

La deuxième croisade
Au début du XII e siècle, grâce au concours intéressé et efficace des Génois et des Pisans arrivés en renfort, l'expansion franque s'étendit à de nombreuses autres villes côtières de Syrie-Palestine. Raimond de Saint-Gilles prit Tortose, au nord de Tripoli, et fit édifier la citadelle du Mont-Pèlerin. Le royaume franc de Jérusalem s'enrichit d'Arsouf, de Césarée, d'Acre, de Beyrouth et de Sidon, dont la défense fut confiée à l'ordre militaire des Templiers. Ces succès initiaux, facilités par l'état de division politique de l'Islam, se révélèrent vite précaires. Dès 1128, le gouverneur turc Zangi unifia sous son autorité les provinces de Mossoul et d'Alep: en 1144 il reprit Edesse.

La chute du premier Etat franc décida le pape Eugène III à appeler à une deuxième croisade; convaincu par saint Bernard, l'empereur Conrad III y répondit. Il prit la croix à Spire en 1147. Le roi de France, Louis VII, voulant expier l'incendie de l'église de Vitry lors d'une guerre qui l'avait opposé au comte de Champagne, prit aussi la croix. Les deux souverains, chacun à la tête d'une armée importante, se rendirent à Constantinople. La traversée de l'Asie Mineure fut meurtrière; les Turcs firent subir de grosses pertes à l'armée de Conrad III, et les croisés, au lieu d'aller attaquer Zangi à Alep, décidèrent de gagner Jérusalem et de mettre le siège devant Damas.

Cette entreprise se solda par un échec, d'autant plus préjudiciable aux jeunes Etats latins d'Orient que la mobilisation musulmane antifranque trouva deux ardents artisans: Nur ad-Din, fils de Zangi et prince fatimide de Syrie, et Salah ad-Din (Saladin), sultan ayyubide d'Egypte; le premier s'attaqua à la principauté d'Antioche et la réduisit à une petite frange côtière entre mer et Oronte, puis il fit tomber ce qui restait du comté d'Edesse.

L'action de Saladin fut encore plus décisive; il libéra l'Egypte de l'emprise fatimide et l'unifia à la Syrie ainsi qu'à la haute Mésopotamie. Dès lors, unis sur le plan politique mais aussi religieux, les musulmans du Proche-Orient engagèrent une guerre décisive contre les Francs.

Après avoir anéanti l'armée franque à Hattin (1187), Saladin prit Jérusalem, puis presque toutes les possessions latines d'Orient; seules Tyr, Tripoli et Antioche - du reste privées de communications entre elles par voie de terre - échappèrent à sa domination.
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MessageSujet: Re: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:07

Les croisades du XIIIe siècle

Après l'échec de cette troisième expédition, la croisade devint étroitement dépendante des marchands. Plus soucieux de leurs intérêts commerciaux que du sort de Jérusalem, les Vénitiens, les Pisans et les Génois regardaient depuis longtemps du côté de l'Egypte et de Byzance; l'une commandait la voie d'accès aux épices et aux soieries d'Extrême-Orient, l'autre, la route des caravanes qui aboutissait en Russie méridionale et aux comptoirs de Crimée.

La quatrième croisade
Dès 1154, puis en 1172-1173, les Pisans, les Génois, les gens de Salerne et de Palerme ouvrirent des comptoirs en Egypte; Venise négocia une paix de longue durée avec Saladin. Byzance, Venise, Gênes et Pise avaient aussi obtenu d'importantes concessions commerciales. Cependant, les rapports entre Italiens et Byzantins s'étaient progressivement dégradés.

Lassés par les prétentions et la méfiance occidentales, les Grecs commençaient à réagir violemment à la présence des Latins. D'autre part, les Byzantins s'étaient, en 1054, séparés de Rome (schisme d'Orient). En 1171, ils firent arrêter les Vénitiens et, en 1182, massacrèrent la population latine de Constantinople. Quand, en 1198, Innocent III lança un quatrième appel en faveur de l'Orient, la prévention occidentale contre les Grecs était à son comble.

Dans ce climat, les Vénitiens - soucieux de se réserver la voie de l'Asie Mineure et de la mer Noire - n'eurent aucun mal à détourner la IV e croisade vers Byzance. En avril 1204, Constantinople fut prise. Sur les dépouilles de l'empire de Byzance naquit un Empire latin qui devait durer jusqu'en 1270. Les Byzantins purent se replier à Nicée, à Trébizonde et en Epire.

La cinquième croisade
Reprenant l'initiative, Innocent III, persuadé que les clefs de la Ville sainte se trouvaient en Egypte, appela en 1213 à la Ve croisade, proclamée lors du concile du Latran en 1215. Les Italiens étaient défavorables à ce projet, les autres Occidentaux, réticents. Aussi, sous le commandement du cardinal Pélage, le roi de Jérusalem, Jean de Brienne, entreprit une expédition vers le delta du Nil (1217-1220). Désireux de s'en servir comme monnaie d'échange pour recouvrer l'ancien royaume de Jérusalem, il assiégea le port de Damiette, qui tomba en 1219. Puis il marcha sur Le Caire. Encerclé, il restitua, en 1221, le port égyptien en échange de sa liberté.

La sixième croisade
Cet échec appela une sixième croisade, que l'Eglise confia à celui qui allait sous peu devenir son ennemi: l'empereur germanique Frédéric II. Après avoir repoussé plusieurs fois son départ, ce qui lui valut d'être excommunié par Grégoire IX, l'empereur s'embarqua pour l'Orient en 1228; étranger à l'esprit de croisade, il réussit par la voie diplomatique à obtenir la restitution de Jérusalem. Le traité, signé à Jaffa en 1229, accordait également aux croisés les villes de Bethléem et de Nazareth, et une trêve de dix ans.
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La septième croisade
En 1244, à la suite de l'intervention des Francs dans la querelle qui opposait les héritiers du sultan Malik al-Kamil, les musulmans reprirent Jérusalem; l'Occident appela encore à la croisade. Décidée en 1245 par le concile de Lyon et lancée par le pape Innocent IV, elle fut conduite par le roi de France Louis IX. Cherchant à conquérir l'Egypte et espérant en faire un moyen d'échange pour la récupération de la Syrie-Palestine, il prit Damiette (1249), mais fut finalement capturé par les Mamelouks, devenus entre-temps maîtres de l'Egypte.

Parvenue en France, la nouvelle de l'échec du roi et de son emprisonnement provoqua des manifestations violentes; des paysans - les «pastoureaux», - menés par un cistercien, un certain Jacques de Hongrie, s'en prirent aux nobles, aux clercs et aux juifs. Libéré en échange de la rétrocession de Damiette, Louis IX gagna Acre, et se consacra durant quatre ans à la fortification des places côtières franques (Acre, Césarée, Jaffa, Sidon).

Cependant, les Mongols avaient déferlé en Asie occidentale et établi leur protectorat sur l'Anatolie; en 1258, ils mirent fin au califat de Bagdad, puis, deux ans plus tard, envahirent la Syrie et menacèrent l'Egypte. La réaction vint aussitôt; en 1260, le sultan mamelouk Qutuz arrêta les envahisseurs; peu après, son successeur, Baybars, reconquit toute la Syrie. L'une après l'autre tombèrent Nazareth, Bethléem, Safed, à l'intérieur, Césarée, Arsouf, Jaffa et Antioche (1268), sur la côte.

La huitième croisade
Louis IX reprit la croix. Pour des raisons qui demeurent discutées, sa deuxième croisade ne dépassa guère Tunis, où il mourut de la peste. Une expédition aragonaise, une autre anglaise - parties l'une en 1269, l'autre en 1270 - parvinrent jusqu'à Acre, mais n'obtinrent guère de résultat. Les Mamelouks poursuivirent la guerre; après Tripoli en 1289, Acre et le reste des possessions franques tombèrent définitivement en 1291.
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MessageSujet: Re: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:07

Une vue critique de la croisade

Si forte que fût en Occident la ferveur religieuse, l'idéal de croisade ne fit pas l'unanimité; beaucoup s'y refusèrent et, au sein même de l'Eglise, certains, comme Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, s'y montrèrent peu favorables.

Ce fut incontestablement au XIII e siècle que la croisade suscita le plus la critique. Ses échecs répétés firent naître le scepticisme jusque dans les esprits les mieux disposés; certains doutèrent qu'elle fût voulue par Dieu, d'autres - des chevaliers - rechignèrent à entreprendre le voyage d'outre-mer. Des clercs gagnés par l'idéal missionnaire soutinrent que le christianisme se devait de convaincre et non de combattre. Ainsi, le dominicain Guillaume Adam prôna la conversion des musulmans et jugea la croisade inutile; de même, Raymond Lulle préconisa l'envoi de franciscains auprès des sarrasins.

Mais, plus encore que l'échec, l'usage temporel qu'en fit l'Eglise desservit la croisade; en qualifiant de croisades ses propres guerres contre les cathares (croisade dite «albigeoise», déclenchée en 1207-1208 par le pape Innocent III) ou contre Frédéric II et ses successeurs, en encourageant les entreprises des chevaliers Teutoniques contre les Slaves et les Prussiens, la papauté s'éloigna du but proposé en 1095 par Urbain II.

De même la politique pontificale de financement des expéditions contribua indirectement au discrédit de la croisade. Le clergé réprouva l'affectation du produit des décimes aux «croisades politiques» tandis que la pratique du rachat des vœux de croisade accrédita dans l'opinion l'idée d'un détournement de fonds. Toutes ces critiques affaiblirent l'idée de croisade, mais aussi l'Eglise.
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MessageSujet: Re: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:08

Les arrière-croisades

Bien qu'altérée et affaiblie, la croisade survécut à la chute de l'Orient latin. Dès la fin du XIII e siècle et tout au long du XIV e siècle, d'habiles propagandistes se mirent à son service; à l'usage des souverains et des papes; légistes et théologiens multiplièrent projets et plans de croisades. Ainsi, Fidence de Padoue suggéra le blocus commercial de l'Egypte et le débarquement d'une armée en Syrie du Nord, qui ferait jonction avec les Mongols et prendrait l'Islam à revers. Marino Sanudo, dans son Liber secretorum fidelium crucis, suggéra aussi le blocus maritime de l'Egypte par une flotte vénitienne. D'autres, tels Pierre Dubois ou Guillaume de Nogaret, insistèrent sur l'indispensable fusion des ordres militaires - Templiers, Hospitaliers et Teutoniques -, dont les rivalités avaient jusque-là nui à la croisade.

Cette propagande active finit par porter quelques fruits. En 1310, une expédition financée par l'Eglise parvint à s'emparer de Rhodes, confiée aussitôt à la garde des hospitaliers; en 1344, Clément VI organisa la «croisade de l'Archipel», qui, regroupant Venise, Rhodes et Chypre, s'empara de Smyrne.

Souverains et princes prirent aussi la croix, mais ce ne fut souvent que le prétexte de nouvelles levées fiscales: les rois de France, de Philippe IV le Bel à Philippe VI, reportèrent indéfiniment leur départ. Tout au plus montèrent-ils une coalition provisoire pour défendre des intérêts en Méditerranée. Après un échec à Nicopolis (1396), un autre à Varna (1444), les Occidentaux cédèrent encore du terrain devant les Turcs qui, en 1453, prirent Constantinople. Désormais, les appels du pape à un «passage général» restèrent sans retentissement.
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MessageSujet: Re: Les croisades   Les croisades EmptyDim 9 Avr - 3:08

Bilan des croisades

Initialement voulue pour secourir les chrétiens d'Orient, la croisade manqua cet objectif. En 1204, la prise et le sac de Constantinople par les croisés creusèrent et aggravèrent le fossé entre chrétiens romains et grecs. A long terme, la croisade a aussi nui aux minorités chrétiennes non orthodoxes d'Orient (jacobites, nestoriens et Arméniens).

Bilan religieux
En s'activant auprès des chrétiens des Etats musulmans, en sollicitant et en obtenant des autres collaboration et parfois subordination, les Francs rendirent suspecte à l'islam - auparavant tolérant - la chrétienté orientale. Les Mamelouks - dont l'avènement même peut être attribué en partie aux croisades -, intransigeants et méfiants, persécutèrent les maronites puis liquidèrent les Arméniens de Cilicie. Ce durcissement fut également favorisé par l'attitude discriminatoire des croisés à l'égard de leurs sujets musulmans, même s'ils n'entreprirent jamais de les convertir par la force; sauf dans quelques localités, telles que Tyr, ces derniers avaient été soumis à d'incessantes vexations.

Bilan culturel
Aussi le constat paraît négatif dans le domaine profane; malgré quelques tentatives, ponctuelles, de rapprochement entre Francs et musulmans, les croisades ne favorisèrent pas l'intercompréhension des cultures. La connaissance du monde musulman par l'Occident se fit plus par l'Espagne et la Sicile que par les Etats francs. Les rares emprunts effectués à l'Orient - dans le domaine du vêtement, de la nourriture, ou du comportement - ne passèrent guère en Europe. Dans l'autre sens, le résultat fut aussi piètre; en dehors du domaine militaire, où la nécessité de la guerre entraîna des emprunts - d'ailleurs mutuels -, l'influence occidentale sur l'Orient fut insignifiante.

Bilan économique
L'importance économique des croisades pour l'Occident, longtemps surestimée par certains historiens, doit être aujourd'hui nuancée. L'influence de ces expéditions sur le commerce occidental avec l'Orient fut secondaire. Les ports francs de la côte syro-palestinienne n'eurent pas l'exclusivité des échanges avec l'Europe, antérieurs aux croisades, et qui se poursuivirent après elles. Dès le X e siècle, les marchands amalfitains entretenaient d'étroites relations de commerce avec l' Egypte; Vénitiens, Pisans, Génois et d'autres les maintinrent et les préservèrent tout au long des croisades.

Après la chute de l'Orient latin et la fin des croisades, les produits de l'Inde, de la Perse et même de la Chine continuèrent - avec des interruptions momentanées - à arriver en Occident. De même doit être relativisé le rôle des croisades dans le domaine financier; si elles contribuèrent à l'essor des techniques bancaires en Occident, elles ne furent pas la seule cause de leurs progrès.
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