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 La conquête arabe

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Blackeu Viking
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MessageSujet: La conquête arabe   La conquête arabe EmptyDim 9 Avr - 2:31

Après avoir reçu la révélation, Mahomet donne aux Arabes une religion commune, l'islam, et leur impose l'unité politique en même temps que l'unité religieuse. Aussitôt après la mort du Prophète, les Arabes se font conquérants. En moins de dix ans (634-643), ils conquièrent la Syrie sur l'Empire byzantin, la Chaldée et de l' Assyrie sur l'Empire perse, l' Egypte, autre province byzantine, et enfin la Perse elle-même.

Sous les califes omeyyades de Damas, les Arabes enlèvent à l'Empire byzantin toute l'Afrique du Nord (696-708), puis passent en Espagne. Après avoir défait l'armée des Wisigoths près de Jerez de la Frontera (711), ils se rendent maîtres de la quasi-totalité de la péninsule. Leur élan n'est brisé que par la victoire de Charles Martel, près de Poitiers, en 732. A l'est, ils conquièrent l'Afghanistan, le Turkestan et une partie de l'Inde ; mais ils échouent devant Constantinople (717). Au moment où les Omeyyades sont dépossédés du califat en 750, l'Empire arabe s'étend, d'un seul tenant, du sud de la Gaule au nord-ouest de l'Inde.



La dynastie des Omeyyades

La prise du pouvoir
Omayyades , ou Umayyades , en arabe Banou Oumayya. La dynastie des Omeyyades régna à Damas de 661 à 750 et à Cordoue de 756 à 1031. Elle fut fondée par Moawiyya, du clan quraychite, proclamé calife à Damas en 661 à la suite de sévères luttes de clans.

Chef des Omeyyades et gouverneur de la Syrie, Moawiyya veut venger le meurtre de son cousin Othman et refuse de reconnaître la validité de la succession accordée à Ali, cousin et gendre de Mahomet. Un conflit armé éclate à Siffin, sur l'Euphrate. Une trêve proposée par Moawiyya et acceptée par Ali permet au premier de conserver le contrôle de la Syrie. Progressivement, Moawiyya affirme son autorité et, lorsque Ali est assassiné en 661 par un kharidjite, il s'empare du califat (661-680) et fait de Damas la capitale de la nouvelle dynastie.

Dissensions religieuses
Cet affrontement porte en germe la division de la communauté musulmane en trois grands ensembles: ceux qui se réclament d'Ali, revendiquant pour lui seul ou pour un de ses descendants le califat, sont à l'origine du chiisme (de chia, «parti» ); les partisans d'Ali qui refusent le principe de la trêve au nom des principes originels de l'islam font sécession et sont à l'origine du kharidjisme (les kharidjites sont «les sortants»); enfin, tous ceux qui soutiennent Moawiyya, ou qui se rallient progressivement à l'autorité du calife en place, sont à l'origine du sunnisme (de sunna, la tradition , que ces musulmans affirment respecter avant tout).

La tâche urgente pour Moawiyya est de restaurer le pouvoir du calife, ébranlé par des années de luttes intestines. Il désigne, de son vivant, son fils Yazid pour lui succéder, assurant ainsi le pouvoir de la dynastie des Omeyyades. Même si le principe dynastique n'est pas reconnu de droit, le califat se transmet de fait à l'intérieur de la même famille, ce qui n'empêche ni les dissensions dans la communauté ni les rivalités.

Après la mort de Moawiyya, en 680, l'Empire omeyyade connaît une grave crise religieuse et politique: Husayn, le second fils d'Ali, tente de s'emparer du califat. En 680, il est massacré avec soixante-dix des siens à Karbala (en Irak), qui devient l'un des hauts lieux du chiisme; en 685, al-Mukhtar, fervent partisan d'Ali, conduit une autre révolte chiite et tente de renverser le pouvoir omeyyade; l'agitation des kharidjites est également une source constante de déstabilisation.

Une administration efficace
Le grand calife omeyyade Abd al-Malik (685-705) s'emploie à rétablir l'autorité. Il devient urgent de développer et de renforcer l'administration restée jusque-là très rudimentaire. Pour ce faire, il impose l'arabe comme langue administrative et crée une monnaie proprement arabe: le dinar d'or et le dirham d'argent.

Les provinces sont gouvernées par un wali - gouverneur civil et militaire -, nommé par le calife; il est secondé par un cadi, chargé de la justice et gardien de la Loi, et par un amil, chargé des ressources financières. Le système fiscal progressivement mis en place par les Arabes est complexe, car il tient compte à la fois des pratiques antéislamiques et des principes de la loi musulmane.

Le dernier calife omeyyade
Le successeur d'Abd al-Malik, Walid Ier, construisit la grande mosquée de Damas (705). L'expansion continua sous les deux califes suivants, qui conquirent l'Espagne (711-712), la Transoxiane et les confins de l'Inde (vers 720). Omar, fils d'Abd al-Aziz, contribua par sa piété et ses conquêtes à l'éclat de cette civilisation.

Pour n'avoir pas su apporter de réponse satisfaisante aux questions religieuses et à celles relatives à la place dans la société que doivent occuper les mawalis -musulmans d'origine non arabe dont le nombre croît rapidement du fait des conquêtes et des conversions -, les Omeyyades se heurtent à une vaste coalition. Celle-ci regroupe les chiites mécontents, les mawalis déçus et les Abbassides, qui revendiquent le califat pour un descendant d'Abbas, un autre oncle de Mahomet. L'insurrection, dirigée par un affranchi iranien converti, Abou Mouslim, part du Khorasan, gagne rapidement le reste de l'Iran et l'Irak.

En 749, à Koufa, la citadelle chiite, les révoltés proclament calife Abou al-Abbas Abd-Allah (779-754), et remportent en 750 une grande victoire sur les troupes omeyyades au Grand Zab, un affluent du Tigre, puis massacrent Marwan II, dernier calife omeyyade, et sa famille. La révolution abbasside ouvre le règne d'une dynastie qui va durer de 750 à 1258.

Les califes de Cordoue
Cependant, un seul membre de la famille réchappa au massacre et fonda l'émirat de Cordoue. Un de ses successeurs, Abd ar-Rahman III (912-961), acheva la pacification de l'Andalousie (Al-Andalous), soumit les chefs arabes et berbères, et prit le titre de calife. Il fit de Cordoue le centre d'un riche royaume.

Le X e siècle vit la conquête de Saint-Jacques-de-Compostelle (997) et l'apogée de cette brillante civilisation. Cordoue rivalisait alors en richesses et en éclat intellectuel avec Bagdad et Constantinople. L'anarchie s'installa cependant là aussi, et plusieurs principautés se disputèrent l'héritage des califes de Cordoue (1031).
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MessageSujet: Re: La conquête arabe   La conquête arabe EmptyDim 9 Avr - 2:32

L'expansion de l'islam

La conquête arabe MOY_ARA_004_A
L'expansion de l'islam


Des raids aux conquêtes
Au VIe siècle, à la veille de l'Islam, la cohésion de la communauté arabe est encore mal assurée. C'est à Abou Bakr, le premier calife (632-634), que revient la tâche de guider les croyants: l'adhésion à l'islam implique l'appartenance à l'umma, à la communauté des croyants, et la reconnaissance de l'autorité du calife.

Mais de nombreuses tribus d'Arabie refusent de se soumettre, et il faut toute la détermination du calife pour endiguer les révoltes et prendre le contrôle de l'Arabie. Il faut aussi fournir un exutoire à l'effervescence des Arabes, assurer la reprise des activités commerciales et donner à tous les croyants un but commun. Et si les premières expéditions organisées au temps d'Abou Bakr vers l' Irak et la Syrie se situent dans la tradition des opérations de pillage, elles vont très vite faire place, devant la faiblesse de l'adversaire, à de véritables conquêtes.

Le règne d'Omar I
Sous le règne d'Omar I er (634-644), désigné par Abou Bakr pour lui succéder, la majeure partie du Proche-Orient passe sous domination arabe. La Syrie- Palestine est conquise de 634 à 639: occupation de Damas en 635, grande victoire contre les forces byzantines en 636 sur la rivière Yarmouk, reddition de Jérusalem en 638. La Mésopotamie est conquise dans les mêmes années: en Irak, victoire de Qadisiyya sur les Perses sassanides en 637 et chute de leur capitale Ctésiphon-Séleucie.

Puis les Arabes continuent leur avancée vers l'est: en 642, victoire de Nehavend en Iran; prise de Rey en 644; occupation du Khorasan en 651. Ces conquêtes marquent la chute définitive des Sassanides, déjà affaiblis au cours des siècles précédents par leurs luttes contre les Romains et les Huns. L' Egypte est conquise à partir de la Syrie: Alexandrie est occupée en 642 (reprise un temps par les Byzantins, la ville passe définitivement aux mains des Arabes en 646). La haute Mésopotamie est conquise dans les années 639-641, l'Arménie est soumise en 645-646.

De l'Arménie à l'Asie centrale
Sous les califes qui succèdent à Omar, Othman (644-656) et Ali (656-661), les conquêtes marquent un temps d'arrêt; la nécessité d'organiser les territoires nouvellement gagnés à l'islam, mais surtout des dissensions internes, obligent pour un temps les Arabes à mettre fin à leurs expéditions.

Il faut attendre l'arrivée au pouvoir de Moawiyya, le premier des califes omeyyades (661-750), pour que reprenne la politique d'expansion qui porte les frontières de leur empire de l'Atlantique aux confins de l'Inde. Vers l'est, la Transoxiane, avec Boukhara et Samarkand, est conquise entre 705 et 714.

Si l'Indus est atteint en 710, les troupes omeyyades doivent toutefois se replier légèrement. En revanche, les Arabes maintiennent leur hégémonie jusqu'aux confins de l'Asie centrale grâce à leur victoire sur des princes du Turkestan et leurs alliés chinois, à Talas, en 751.

L'échec de la prise de Constantinople
Leur objectif majeur reste cependant la prise de Constantinople: entre 680 et 716, plusieurs expéditions maritimes précèdent le grand siège de 716-717. Vaincus par les Byzantins, les Arabes doivent renoncer à cette conquête, qui reste néanmoins un rêve, réalisé en 1453 par les Ottomans.

La conquête du Maghreb
La conquête du Maghreb est conduite à partir de l'Egypte. La fondation de Kairouan, en 670, marque définitivement l'installation des Arabes en Ifriqiya, nom donné à l'ancienne province romaine d'Afrique, qui correspond approximativement à la Tunisie et au Constantinois actuels. Après la conquête définitive de Carthage en 698 et la victoire sur les Berbères en 702, le nouveau gouverneur, Moussa ibn Nossayr, soumet le Maghreb jusqu'à l'Atlantique en 708.

L'Espagne

L'Espagne tombe bientôt sous la domination arabe. Tariq ibn Ziyad, chef berbère devenu lieutenant de Moussa ibn Nossayr, franchit le détroit de Gibraltar en 711, bat le roi wisigoth Rodrigue et occupe Cordoue et Tolède. Vers 714, Moussa ibn Nossayr le rejoint en Espagne et prend Saragosse. Les deux chefs occupent la majeure partie de la péninsule Ibérique. En 716, une nouvelle province musulmane, al-Andalous (l'Andalousie), est constituée.

La Gaule
Ce pays est à son tour soumis aux incursions des Arabes. Pendant plusieurs décennies, ils lancent des raids sur le Languedoc, la Provence et la vallée du Rhône. Une expédition plus audacieuse, dont le but est sans doute l'abbaye Saint-Martin de Tours, est arrêtée par Charles Martel à Poitiers en 732, date célèbre qui marque moins l'arrêt des conquêtes arabes que la victoire de l'ancêtre des Carolingiens. En effet, les Arabes se maintiennent pendant plusieurs décennies dans certaines villes du Sud, dont Narbonne, reprise en 759 par Pépin le Bref.

Les facteurs de l'expansion
Malgré ces coups d'arrêt et ces replis, le résultat des conquêtes est extraordinaire: en l'espace d'un siècle, les Arabes se sont rendus maîtres d'un immense empire; ils ont reconstitué l'œuvre d'Alexandre le Grand en réunissant sous une même bannière les territoires de l'Orient perse, du Proche-Orient gréco-sémitique et du Bassin méditerranéen. Un tel succès s'explique par la conjonction de plusieurs facteurs.

Religion et société
Les conquêtes arabes ont souvent été analysées comme l'expression d'un grand zèle religieux, voire d'un fanatisme, qui aurait animé des hommes nouvellement convertis à une religion: avec l'enthousiasme des néophytes, ils auraient voulu gagner tous les peuples à l'islam. La réalité de ces conquêtes dément cette vision.

D'une part, elles ne furent pas systématiquement suivies de conversions forcées; d'autre part, les conditions climatiques difficiles de l'Arabie ont entraîné, de tout temps, d'importantes migrations vers les régions du Croissant fertile. Mais ces facteurs ne peuvent rendre compte, à eux seuls, de ce vaste mouvement d'expansion. La politique de conquêtes mise en œuvre par les califes permet de canaliser l'agitation chronique des tribus nomades et d'étendre la domination de l'islam. Elle va de pair avec la prédication coranique: appel à la guerre contre les infidèles et promesse de butin.

La cause profonde de l'expansion arabe réside sans doute dans le lien entre le message prophétique et le phénomène social et politique qu'il a suscité. La guerre de conquêtes est bien constitutive de la Révélation que Dieu a transmise aux hommes par l'intermédiaire du prophète Mahomet.
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MessageSujet: Re: La conquête arabe   La conquête arabe EmptyDim 9 Avr - 2:33

L'art des Omeyyades

L'art de l'islam, dans la phase initiale de son développement, emprunte le nom d'omeyyade à la première dynastie musulmane, qui régna de 661 à 750 sur l'immense empire issu de la première vague des conquêtes arabes. Il recueille alors les traditions romaines et iraniennes. Si l'on ne possède pratiquement aucun témoignage pour nous renseigner sur ce que furent, à cette époque, les techniques d'art qui allaient devenir si typiquement islamiques, travail du métal, art du tissage et enluminures, en revanche, un certain nombre d'édifices civils et surtout religieux permettent d'apprécier les premiers développements d'une culture qui allait prendre rang parmi les plus riches du Bassin méditerranéen.

Les édifices religieux

L'examen du plan des mosquées omeyyades autorise une distinction de style entre les variétés régionales. Si ce plan se rapproche d'un carré en Egypte, il adopte plutôt la forme d'un rectangle allongé en Syrie et au Maghreb.

La Coupole du Rocher
La «Coupole du Rocher», à Jérusalem, le plus prestigieux de tous les édifices religieux omeyyades, élevée par le calife Abd el-Malik en 691 (sur le rocher d'où le Prophète aurait effectué son ascension vers le ciel, selon les musulmans) constitue une brillante exception: c'est un bâtiment octogonal à l'extérieur (le Haram) et cylindrique à l'intérieur, dont le plan apparaît comme une variante dérivée de la structure des églises byzantines de l'époque de Justinien (Saint-Serge-et-Saint-Bacchus de Constantinople, 527-536; San Vitale de Ravenne, 526-532). Il porte une haute coupole tapissée intérieurement d'une merveilleuse mosaïque à larges motifs décoratifs vert et or, qui repose sur une enceinte concentrique intérieure de superbes colonnes de marbre vert et porphyre rouge, à chapiteaux dorés. Ce monument, l'un des plus beaux de l'architecture religieuse dans le monde, a conservé l'essentiel de sa physionomie primitive.

La mosquée d'Al-Aqsa
Tel n'est pas le cas de la mosquée d'Al-Aqsa, l'autre grande mosquée omeyyade de Jérusalem. Bâtie sur l'emplacement d'une église de Justinien dédiée à la Vierge, elle fut également l'œuvre d'Abd el-Malik, mais il ne subsiste que peu de chose de l'édifice originel (702), détruit par un tremblement de terre et successivement reconstruit par les califes Al-Mansour en 745 et Mahdi en 780. Modifié par les croisés, puis remis en état par Saladin, ce sanctuaire, qui dut, à l'origine, affecter la forme d'une grande salle rectangulaire à colonnes, est remarquable par le développement de l'ancien transept, recouvert d'une coupole et, de chaque côté, bordé de sept nefs perpendiculaires au mur de qibla.

La Grande Mosquée de Damas
Un demi-siècle environ après que le calife omeyyade Moawia eut réuni sous son commandement l'ensemble des territoires récemment conquis par les Arabes musulmans et qu'il eut transféré, en 661, le siège du califat de Médine à Damas, apparut la nécessité d'élever, dans la nouvelle capitale, un grand édifice réservé au culte nouveau. Comme la Syrie avait appartenu à l'Empire byzantin, entre-temps les églises chrétiennes avaient été partiellement utilisées pour le rituel musulman.

Sous le califat de Walid I er (705-715), l'ancien temple consacré à Jupiter Damascénien, sur les ruines duquel les chrétiens, au IVe siècle, avaient bâti la basilique Saint-Jean, connaît encore une transformation. Il va devenir cette grande mosquée de Damas, contemporaine de la «Coupole du Rocher» et dont l'histoire, déterminante pour le monde musulman, fut d'abord celle de la métamorphose d'une basilique chrétienne.

Bien d'autres grandes mosquées furent édifiées sous les Omeyyades (celles d'Alep et d'Hama ont été construites sur le plan de celle de Damas), mais aucune ne subsiste en Syrie, hormis la partie de la mosquée de Harran qui remonte à Marwan II (744-750), le dernier calife omeyyade. Quant aux mosquées de Tunis, Kairouan et Cordoue (commencée par Abd ar-Rahman Ier en 785), compte tenu des très profondes transformations qui les affectèrent, elles ne peuvent guère, du point de vue de l'histoire de l'art, être assimilées à l'architecture omeyyade.

Les palais-forteresses
Anciens nomades, les souverains omeyyades voulurent préserver les liens ancestraux qui les attachaient au désert. Ils établirent leurs résidences hors de Damas, dans la steppe syro-palestinienne, où des vestiges importants de leurs «châteaux du désert», sortes de rendez-vous de chasse, furent découverts au XIX e siècle. Cette architecture palatine, protégée par des murs de défense flanqués de tours semi-circulaires, révèle des emprunts directs au répertoire sassanide et aux constructions militaires romaines.

Les châteaux du désert
La résidence de Mchatta (vers 720), qui forme un carré de 144 m de côté, renfermait les ruines d'un palais dont les murs de façade s'ornaient de précieuses broderies de pierre, tandis que Khirbat al-Mafjar (vers 734), bâti sur un plan identique à celui de Mchatta, se distingue par des thermes somptueusement décorés d'un pavage de mosaïque. Le plus impressionnant sans doute de tous les «châteaux du désert», Qasr al-Hayr al-Gharbi, fondé vers 727 par le calife Hicham, se situe dans la steppe palmyréenne. Il était entouré d'une véritable oasis artificielle où une intense activité agricole avait été rendue possible grâce à un très important réseau hydraulique. La structure du réseau défensif de Qasr al-Hayr, avec ses murailles pourvues de mâchicoulis, annonce cette architecture militaire qui n'a cessé de se développer en terre musulmane au cours du XI e siècle; les croisés, après l'avoir adoptée, la transmirent à l'Occident.

Le palais de Qoçaïr Amra
Autre monument omeyyade du plus grand intérêt, le palais de Qoçaïr Amra (724-743) abrite, outre un sol recouvert de marbre et de mosaïque, de fines peintures murales à caractère profane et de style sassanide. La plus étonnante de ces peintures représente quelques-uns des grands personnages que l'on a identifiés comme les souverains vaincus par l'islam: les empereurs byzantin et sassanide, le roi des Wisigoths et le négus d'Abyssinie.
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MessageSujet: Re: La conquête arabe   La conquête arabe EmptyDim 9 Avr - 2:34

Les Abbassides

L'arrivée au pouvoir
Sous le règne des Abbassides, dynastie de 37 califes qui régnèrent à Bagdad de 750 à 1258, l'Empire arabo-musulman traversa une période resplendissante, tant sur le plan politique que sur le plan économique et culturel.

L'avènement des Abbassides, descendants d'Abou al-Abbas, oncle du prophète Mahomet, fut l'aboutissement d'un complot rassemblant, au nom de la famille du Prophète, de nombreux opposants à la dynastie des Omeyyades. Cependant, c'est Abou Mouslim, le chef d'une armée de nouveaux convertis de la région orientale de l'Iran nommée Khorasan, hostiles à l'aristocratie arabe, qui porta Abou 'l-Abbas as-Saffah au pouvoir. La décisive victoire du Grand Zab (nom d'un affluent du Tigre) en 750, suivie du massacre des Omeyyades, laissa aux Abbassides un empire immense, qui allait de l'Atlantique, à l'ouest, à l' Indus, à l'est. Le gouvernement des Abbassides ne s'exerça que durant deux siècles.

Les Abbassides se confinèrent ensuite dans un rôle religieux honorifique, abandonnant la réalité du pouvoir aux militaires, d'abord aux émirs bouwayhides (945-1055), puis aux sultans seldjoukides (1055-1194), enfin aux Khwarizmiens, avant d'être éliminés par les Mongols.

Les Abbassides transfèrèrent de la Syrie en Iraq le cœur de l'empire; en 762, al-Mansour y fonda Bagdad, éloignée de la Méditerranée, et substitua le modèle architectural perse au modèle byzantin, cher aux Omeyyades. Bagdad, rivale de Byzance, s'imposa au monde par le luxe de sa cour, la richesse de son commerce et le rayonnement de sa culture.

Prospérité économique
Malgré les révoltes que suscitèrent les anciens alliés, frustrés de la victoire, l'Empire abbasside connut très tôt son apogée. Les nouveaux califes, parmi lesquels se distinguent Haroun al-Rachid (786-809), le fastueux calife des Mille et Une Nuits, et surtout al-Mamoun (813-833), le promoteur des études scientifiques, autour de la maison de la Sagesse à Bagdad, se voulaient les chefs des croyants mais ils gouvernèrent en despotes. Ils s'appuyèrent sur l'armée khorasanienne et sur la caste des secrétaires persans, dirigée par le vizir et les docteurs de la Loi (fuqaha). La vie économique semble avoir été brillante.

L'agriculture paraît prospère et de nouvelles plantes, comme le coton, le mûrier, les agrumes, furent cultivées. Pourtant, les campagnes étaient méprisées et dominées foncièrement et fiscalement par les villes, qu'animaient le commerce et l'artisanat. Le Moyen-Orient, au carrefour de trois continents, jouait pleinement son rôle de zone transitaire entre l'Extrême-Orient chinois et indien d'une part, les mondes byzantin et franc de l'autre.

De nombreuses routes caravanières et fluviales ou maritimes sillonnaient l'empire et convergeaient vers Bagdad, apportant les soieries de Chine, les épices et le bois de l'Inde, les fourrures et les esclaves de l'Asie du Nord, les esclaves encore d'Afrique orientale et du monde slave. Ces échanges, souvent aux mains de non-musulmans, reposaient sur un système bancaire très élaboré. L'artisanat, stimulé par la consommation des grandes villes, fournissait à son tour des produits pour l'exportation (tissus, papier).

Un âge d'or
Si le changement de califat avait apporté l'égalité ethnique, l'essor économique favorisa la constitution d'une nouvelle classe dirigeante qui supplanta la noblesse arabe devenue inutile par l'arrêt des conquêtes. Un fossé séparait du peuple cette classe formée de propriétaires fonciers, de marchands, de secrétaires, de lettrés, de chefs militaires, et les mécontentements sociaux s'exprimèrent souvent par des oppositions religieuses: chiisme, zoroastrisme.

Le souverain et la cour vivaient loin du peuple, dans le luxe et selon un cérémonial inspiré de l'étiquette sassanide. Aux côtés du calife, véritable monarque absolu, le vizir assurait la direction de l'administration. Celle-ci était devenue de plus en plus complexe: les directions administratives se multiplièrent, et un grand nombre de secrétaires, souvent d'origine iranienne, s'y affairaient. Ces derniers furent largement à l'origine de l'essor des lettres et des sciences, qu'encourageaient les grands califes Haroun al-Rachid et al-Mamoun.

Dans les villes s'élabora la civilisation arabo-musulmane «classique». Les califes abbassides avaient compris la valeur des civilisations antiques, perse, grecque, hindoue, et ils voulurent les intégrer au fond islamique. Un remarquable effort de recherches (traductions, études), mené à Bagdad aux IX e et X e siècles, conduisit à l'âge d'or de la culture musulmane.

Dans tous les domaines, ce fut l'épanouissement: en poésie avec al-Moutanabbi, en prose avec al-Djahiz (mort en 868), en histoire avec al-Tabari (mort en 923). Des écoles juridiques et théologiques se constituèrent. Les philosophes tentèrent de concilier philosophie antique et foi islamique; les savants transmettaient et firent progresser l'héritage antique en mathématiques et en médecine.

La chute
Cependant, le régime fut très tôt affaibli par des crises de succession (810-813; 861-870), par la grande révolte de Babek, qui secoua tout l'ouest de l'Iran de 816 à 839, et par la volonté d'autonomie des provinces.

Des dynasties autonomes
L'immensité de l'empire, la lenteur des communications et le désir d'autonomie régionale expliquent que les provinces s'émancipèrent progressivement de la tutelle de Bagdad. Des dynasties autonomes se formèrent, conservant le cadre institutionnel et culturel arabo-musulman, mais présentant des traits originaux. Ces mouvements séparatistes affectèrent d'abord les régions les plus éloignées de Bagdad, puis les parties centrales de l'empire:

* l'Espagne, ou al-Andalous, avec les Omeyyades de Cordoue (756-1031); Abd ar-Rahman III prit le titre de calife, en 929;
* le Maghreb central, avec les principautés kharidjites (Tahert, fondée en 776; Tlemcen, Sidjilmasa);
* l'Ifriqiya, avec les Aghlabides (800-909), les Fatimides (909-969), les Zirides (969-1058);
* le Maroc, avec les Idrissides (fondation de Fès en 808);
* le Khorasan, la Transoxiane et l'Iran oriental, avec les Tahirides (821-873), les Saffarides (861-908), les Samanides (874-999), les Ghaznévides (962-1186);
* l'Egypte, avec les Toulounides (868-905), les Ikhchidides (939-969), les Fatimides (969-1071);
* la Syrie et la haute Mésopotamie, avec les Hamdanides (890-1008).

Tous les émirs locaux tentèrent de faire de leur capitale une concurrente de Bagdad, en soutenant les activités économiques et culturelles. Souvent, ils assurèrent la défense et l'extension du territoire de l'islam face aux infidèles. Ainsi, les Aghlabides d'Ifriqiya firent la conquête de la Sicile (de 826 à 902) et multiplièrent les incursions en Italie du Sud. De même, le grand souverain turc ghaznévide Mahmoud (999-1030) lança une série d'expéditions en Inde, à partir de sa capitale Ghazna, et fit passer sous la domination de l'islam le Pendjab et une partie du Sind. Enfin, au Xe siècle, le hamdanide Sayf al-Dawla dut faire face aux grandes campagnes menées par Byzance en Syrie du Nord.

Le pouvoir turc
L'introduction des Turcs dans l'armée, par al-Moutasim (833-842) qui voulait se créer une garde fidèle, mina le pouvoir central. Dans les premiers temps de l'islam, l'armée, composée de volontaires d'origine arabe, s'enrichit progressivement d'éléments indigènes. Au premier siècle abbasside, les troupes venues du Khorasan étaient les plus nombreuses. Dès le deuxième siècle abbasside, les califes, dont la confiance dans leurs troupes allait en décroissant, recrutèrent des mercenaires, esclaves d'origine turque razziés ou achetés à la frontière orientale de l'empire. Leurs chefs, turcs eux-mêmes, jouèrent un rôle grandissant, au détriment de la vieille aristocratie arabe.

Rapidement les Turcs imposèrent leur loi aux califes; c'est pour eux que fut fondée Samarra, capitale éphémère au nord de Bagdad (836-892). Le régime fut encore ébranlé par la révolte des Zandj, esclaves noirs des salines du bas Iraq (869-883). La prise du titre califal par les Fatimides d'Afrique (909) et les Omeyyades d'Espagne (929) rompit l'unité religieuse. Le califat abbasside fut réduit à l'Iraq et à ses confins. A partir de 936, une lutte s'engagea entre les chefs militaires pour le contrôle du califat, dont sortirent vainqueurs les Bouwayhides, originaires du sud de la mer Caspienne. Leur régime (945-1055) consacra la mainmise de l'armée sur le pouvoir et sur les ressources de l'Etat, tandis que le commerce fut détourné vers l'Egypte. Cependant, l'Orient musulman produisit encore quelques génies, tels Ibn Sina (Avicenne) et al-Birouni.

Les Turcs Seldjoukides intervinrent en 1055 pour protéger le califat. L'empire qu'ils fondèrent connut à son tour un éclat de quelques décennies, suivi d'un long déclin. En 1258, les Mongols d'Hülegü détruisirent Bagdad et mirent fin au califat. Pourtant les Mamelouks d'Egypte recueillirent un survivant abbasside qui maintint fictivement le pouvoir abbasside jusqu'à l'arrivée des Ottomans en 1516.
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MessageSujet: Re: La conquête arabe   La conquête arabe EmptyDim 9 Avr - 2:34

La science arabe

La grande période de la science arabe se situe au Moyen Age, entre la fondation de Bagdad en 762 et la fin du XIV e siècle. Elle naît au milieu du VIII e siècle sous les Abbassides, qui, avec les arts, en favorisent le développement. Astronomes, mathématiciens, médecins et philosophes vivent souvent dans les cours princières, et toute entreprise culturelle ou scientifique bénéficie des subsides du pouvoir: le mécénat sera le mode de fonctionnement institutionnel de la science arabe médiévale. Science qui, au demeurant, est loin d'être exclusivement le fait d'Arabes proprement dits: certains savants sont, suivant les époques et les zones d'influence, turcs, kurdes, persans, andalous, etc. De même, elle n'est pas non plus exclusivement islamique: si la majorité de ces savants étaient musulmans, cependant certains étaient juifs ou chrétiens. En définitive, c'est d'abord la langue qui unifie tout le monde arabe médiéval, de l'Atlantique à l'Iran.

Position dans l'histoire des sciences
Jusqu'au IX e siècle, les savants arabes vont se contenter, comme les moines européens, de traduire les textes des Anciens. Ils traduisent les œuvres majeures de la science grecque, les assimilent, mais les enrichissent assez peu, exception faite d'apports assez notables en mathématiques et en astronomie, lesquels sont cependant redevables à la traduction de certains textes indiens.

Après le temps des grandes traductions arrive, au IX e siècle, celui d'une science proprement arabe représentée par al-Kharezmi, mathématicien et astronome, et al-Kindi, philosophe et géomètre. D'abord limitée à la Mésopotamie, elle s'étend progressivement, à partir du Xe siècle, au pourtour méridional du Bassin méditerranéen et en Espagne. A partir du XIe siècle, et jusqu'au XIVe siècle, une activité scientifique notable se développe dans des villes comme Bagdad, Le Caire et Kairouan ou, pour l'Espagne, Cordoue, Séville et Tolède. En Espagne, peu à peu reconquise par les chrétiens, de nombreux contacts vont se nouer entre la culture arabe et la culture chrétienne.

Une bonne partie de ce que les savants avaient acquis de la science et de la philosophie grecque, et une partie non moins importante de ce qu'ils bâtirent à partir de cet héritage, ont été transmises à l'Europe, au XII e siècle, par des traductions faites en latin à partir de l'arabe. La science arabe assura ainsi le relais et la «continuité» de la science occidentale, au début comme à la fin de la période médiévale. Les noms de Djaber ibn Hayyan (chimie et alchimie), Mohammad ibn Moussa al-Khowarezmi (algèbre), Fakhr al-Din al-Razi dit Rhazès (médecine), Abou 'Abd Allah Mohammad ben Djaber ben Sinan al-Battani (astronomie), Avicenne (physique et médecine), al-Zarqali (astronomie et géographie) et Ibn al-Hattham dit «Alhazen» (optique et mathématiques) s'intègrent à la tradition intellectuelle occidentale tout autant qu'à la culture arabo-iranienne. Leurs œuvres ont joui d'un grand prestige en Europe, jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

L'influence grecque et indienne
Pour l'essentiel, la science arabe est toujours restée grecque de caractère. Mais la science hellénistique, parente directe de la science arabe, avait incorporé des éléments orientaux. Plusieurs de ces éléments ont trouvé leur place directement dans la science arabe, comme le zéro et son utilisation dans le calcul, les chiffres dits «arabes» et certaines techniques trigonométriques et astronomiques - tous éléments venant de l'Inde. Cet enrichissement mutuel des idées grecques et indiennes explique les progrès importants accomplis dans les domaines de l'arithmétique, de l'algèbre et de l'astronomie, mais aussi certains résultats obtenus par les Arabes et qui n'ont pas leur origine dans la science antique des Grecs.

Reste que, pour les savants médiévaux qui écrivaient en arabe, les Grecs représentaient l'autorité suprême: Euclide, Archimède et Apollonios de Pergé pour les mathématiques; Ptolémée pour l'astronomie; Gallien et Hippocrate pour la médecine. Cela ne signifie pas que les savants de l'islam médiéval furent de simples suiveurs. La civilisation islamique produisit un bon nombre de savants originaux - souvent d'origine iranienne - indépendants et doués d'un grand esprit critique, tels que al-Razi, al-Massoudi, al-Birouni et Alhazen. Mais leurs innovations dans les domaines de l'observation astronomique, de l'expérience médicale clinique et même de l'optique - science à laquelle Alhazen imprima un tournant décisif - ont été introduites dans le cadre général d'anciennes disciplines grecques ou d'après des modèles grecs; les critiques ont également été formulées selon les termes forgés par les fondateurs grecs.

La science arabe n'a pas engendré de révolution scientifique comparable à celle que connut l'Europe aux XVI e et XVII e siècles. Mais l'idée selon laquelle la contribution islamique se serait bornée à préserver puis à transmettre l'héritage scientifique de l'Antiquité à l'Europe n'est que très partiellement exacte. A côté de ce passage de relais, pour un héritage qu'ils avaient maintenu vivant par leur enthousiasme et par leur participation active, les savants arabes ont également apporté des résultats substantiels entièrement de leur cru.

Position dans le monde islamique
Le rôle de la science arabe dans la civilisation islamique n'est pas aisé à définir. On ne saurait maintenir que «les sciences rationnelles des Anciens» - par opposition aux «sciences islamiques» de l'exégèse coranique, des traditions, de la jurisprudence, etc. - ne sont jamais devenues parties intégrantes de la civilisation islamique: les sciences rationnelles ont vigoureusement prospéré en islam pendant presque quatre siècles. Bien qu'elles n'aient jamais fait partie des cursus officiels de l'éducation officielle, nous savons qu'elles étaient résolument encouragées - et pas simplement tolérées - par les souverains musulmans, qu'ils fussent sunnites ou chiites.

Le problème du degré de pénétration des idées dérivées de la science et de la philosophie grecques dans les différentes classes et catégories de la société islamique ne saurait avoir de réponse uniforme pour toutes les périodes de son histoire. L'élite cultivée de Bagdad, au X e siècle, par exemple, avait une bonne connaissance de la philosophie grecque; elle utilisait les méthodes grecques d'argumentation. Certains de ceux qui faisaient leurs humanités en grammaire et en rhétorique étaient marqués, dans leurs recherches, par leur dépendance vis-à-vis de la logique aristotélicienne. La théologie islamique adopta la dialectique et la terminologie grecques dès son origine ou presque. Même le théologien orthodoxe al-Ghazali, qui soupçonnait que les sciences astronomiques et mathématiques avaient une influence pernicieuse, épargnait la logique grecque dans ses attaques, car il la considérait comme une étude propédeutique essentielle pour maîtriser la jurisprudence et le droit canon islamiques. Avant comme après le temps d'al-Ghazali, l'astronomie fut même proclamée au service de l'islam - parfois par des fonctionnaires chargés du calendrier musulman, dans les grandes mosquées - parce qu'elle fournissait la preuve de l'unicité de Dieu (article fondamental de la religion musulmane), de sa perfection et de sa sagesse.

Des tentatives furent conduites pour concilier la philosophie rationnelle - dont les mathématiques et l'astronomie faisaient partie - et la religion islamique. Parmi les plus notables de ces tentatives, spécialement influentes dans les cercles chiites, il convient de mentionner les Epîtres des frères de pureté (ou «de Sincérité»), composées au X e siècle. Bien que ces tentatives aient généralement échoué, il serait erroné de conclure de cet échec à une condamnation des modes helléniques de pensée. A l'instar du philosophe Abou Ya'qoub Ishaq ibn Ahmad al-Sidjzi, dit Al-Sedjestani (X e siècle), certains de ceux qui n'avaient aucun intérêt pour ces conciliations étaient des amis sincères de la science hellénique tout autant que des musulmans convaincus et pratiquants. Au cours de la période finale de stagnation, seules les notions élémentaires d'astronomie et d'arithmétique restèrent enseignées pour des usages religieux limités: traitement des problèmes d'héritage, établissement du calendrier musulman, détermination de la direction de La Mecque.

Les mathématiques
Ibn Musa al-Kharezmi inaugura, au début du IX e siècle, un renouveau de l'algèbre. La manière est toujours rhétorique; l'algèbre arabe ne comporte pas de symboles, mais, par rapport à celle des Grecs, les algorithmes de calcul - du nom même du savant - se multiplient, notamment pour les extractions de racines carrées et cubiques ainsi que pour les calculs approchés. Cette algèbre s'inspire certes beaucoup de l'algèbre géométrique de Diophante, traduite dès le X e siècle, mais, chez la plupart des mathématiciens arabes, elle se dégage peu à peu de la géométrie et devient une pratique autonome.

D'autres questions sont également développées. Ainsi les frères Banû Musa, bien connus pour leurs recherches en mécanique, s'attachent à l'étude de la mesure des figures planes et sphériques. La construction des figures coniques ainsi que le problème des parallèles, en rapport avec le postulat d' Euclide, ont suscité également de multiples travaux.

L'astronomie
Hormis quelques dissidents, les Arabes demeurent fidèles au paradigme ptoléméen: Terre immobile; système de sphères; combinaisons de cercles pour expliquer les mouvements des planètes, de la Lune et du Soleil. Toutefois, grâce au bénéfice non d'une meilleure précision mais du temps qui s'est écoulé depuis Ptolémée, ils corrigent certains paramètres de son système, notamment la constante de précession des équinoxes. Ils sont aussi des calculateurs avisés de tables astronomiques et d'habiles constructeurs d'instruments de précision, tel l'astrolabe.

Les sciences physiques
Le terme physique ne doit pas être compris dans son sens moderne. Il correspond ici à un ensemble de disciplines encore assez mal différenciées et portant essentiellement sur des questions de mécanique (statique et hydrostatique) et sur l'optique.

Les études de mécanique portent principalement sur la détermination des centres de gravité, et des conditions d'équilibre, ainsi que sur l'usage de la balance. Ces travaux prolongent en particulier les recherches d'Archimède sur le centre de gravité et d'une façon générale sur les questions de statique. Sont également envisagés dans ce même champ de la mécanique ce qui concerne l'élévation des poids au moyen de machines ainsi que la transformation des mouvements. Les Mécaniques de Héron d'Alexandrie sont traduites par Qusta ibn-Luqûa, et les Banû Musa apportent d'intéressantes contributions à l'élaboration des machines simples ainsi qu'à l'étude des machines hydrauliques.

L'importance et la richesse des travaux dans le domaine de l'optique est tout à fait remarquable. Si le nom d'Alhazen est bien connu par son œuvre principale, le Kitab al-Manazir, qui a exercé une influence déterminante sur le développement de l'optique jusqu'au XVII e siècle - une traduction latine de l'ouvrage est donnée en 1672 en l'associant aux écrits de Witelo, qui seront repris plus tard par Kepler -, il importe également de rappeler le nom d'Ibn Sahl (X e siècle), qui énonce sous la forme d'un rapport géométrique la loi de la réfraction, et celui de Kamal al-din al-Farisi qui, prolongeant les travaux d'Alhazen, donne une très belle théorie de l'arc-en-ciel et des réflexions dans une sphère cristalline.

Les sciences naturelles et médicales
En géologie, science demeurée au stade embryonnaire pendant tout le Moyen Age, les Frères de la pureté (Akhwan el-Safa), auteurs, au X e siècle, d'une Encyclopédie, ou Avicenne, au XI e siècle, proposent des hypothèses concernant l'orogenèse, c'est-à-dire la formation des montagnes. D'autre part, seuls les Arabes s'intéressent aux minéraux d'un point de vue scientifique.

En botanique également, ils continuent à étudier les plantes, mais à des fins uniquement pratiques. Même démarche en agronomie: la valeur agricole de certaines régions, surtout d'Espagne, est accrue par des travaux d'irrigation.

Enfin, alors que la médecine occidentale est empreinte de magie et d'astrologie, la médecine arabe garde un caractère expérimental proche de la médecine grecque par les méthodes et les principes (importance de l'observation) ou de la médecine indienne par l'utilisation qu'elle fait de sa pharmacopée.
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