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 L'Empire ottoman

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MessageSujet: L'Empire ottoman   L'Empire ottoman EmptyMer 3 Mai - 14:10

L'Empire ottoman MOD_OTT_000_a
Carte de l'Empire ottoman



Né au XIV e siècle, sur les dépouilles de l' Empire byzantin et de l'Etat seldjoukide, l'Empire ottoman s'étend, deux siècles et demi plus tard, de la Méditerranée aux rives de la mer Noire. Sa civilisation, expression d'un équilibre subtil entre différentes religions et cultures, est alors l'une des plus importantes au monde. Cependant, après le brillant règne de Soliman le Magnifique, l'Empire, en butte à des difficultés intérieures, s'affaiblit et pose à la diplomatie européenne la «question d'Orient».
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MessageSujet: Re: L'Empire ottoman   L'Empire ottoman EmptyMer 3 Mai - 14:10

De la Principauté à l'Empire


Naissance
Vers 1230-1240, l'invasion de l'Asie centrale par les Mongols héritiers de Gengis Khan chasse devant elle de nombreuses tribus turkmènes de la branche oghouz, notamment les Kayi, menés par leur chef Erto, qui s'installent en Anatolie occidentale. Entrés au service du sultan seldjoukide Alâeddin, ils reçoivent en récompense, vers 1260, la région de Seuyut (Söüt) avec mission de la défendre contre les Byzantins. De ce petit territoire, coincé entre un Empire grec fantôme et quelques principautés turcomanes dépendant du sultan seldjoukide de Konya, va naître l'Etat ottoman. Osman I er , successeur d'Erto et fondateur de la dynastie ottomane Osmanli, s'attaque aux Grecs et contrôle la partie orientale de la Bithynie byzantine. Son fils Orhan Gazi, plus offensif, prend Brousse (1326), Nicée (1330 ou 1331) et Nicomédie (1337), et triomphe de l'émirat de Karasi, établi sur le rivage méridional de la mer de Marmara et des Dardanelles (1340-1345).

Le règne d'Orhan Gazi (1326-v. 1360)
L'Etat ottoman est alors en gestation; Orhan, habile organisateur, met en place un embryon d'administration, frappe monnaie, et entreprend dans Brousse - sa capitale - la construction de mosquées et d'écoles de théologie. Son armée devient d'autant plus importante que ses premiers succès lui valent le ralliement de nombreux gazis (membres de confréries religieuses prêts à combattre pour l'islam). Enfin, les Ottomans ont créé un corps militaire original, les janissaires; ce corps de mercenaires, constitué d'enfants chrétiens enlevés aux divers points de l'Empire puis élevés dans la religion musulmane, va constituer pendant très longtemps une troupe de choc pour l'armée ottomane.

Les Ottomans finissent par se lancer à l'assaut de la Thrace, prennent le fort de Gallipoli puis la ville d'Andrinople, d'où Murad I er entreprend une série de raids victorieux en Macédoine, en Bulgarie et en Serbie (bataille de Kosovo, juin 1389, au cours de laquelle il est assassiné). Tout comme Orhan, Murad avait poursuivi l'œuvre d'organisation de l'Etat. A son initiative est mise en place une administration centralisée (le divan) composée d'une multitude de bureaux placés sous l'autorité d'un haut dignitaire: le grand vizir. La gestion des provinces (sandjak) était assurée par l'attribution de tenures à des militaires qui, en contrepartie, garantissaient la levée des impôts, mais fournissaient aussi l'armée en soldats. Toutefois, cet empire naissant demeure fragile.

Bayezid I (1389-1402)
Venu au pouvoir en 1389, il entreprend de le consolider en soumettant l'Anatolie occidentale et centrale, à l'exception de l'émirat de Karaman. A l'ouest, en Europe balkanique, la menace qu'il fait peser sur la Hongrie catholique suscite la réaction occidentale. La confrontation, encouragée par le pape Boniface IX, survient le 25 septembre 1396 à Nicopolis. Les croisés (Hongrois, Français, Allemands, Anglais et Italiens) sont écrasés par les troupes ottomanes; confortées par cette retentissante victoire, celles-ci s'aventurent plus profondément dans les Balkans, s'implantent en Albanie et occupent la Morée (1397).

Cependant, depuis la lointaine Transoxiane, les Mongols guettent le flanc oriental des territoires ottomans. Tamerlan (Timour Lang), déjà maître de l'Iran et de l' Irak, poursuit son épopée en direction de l'Anatolie. L'affrontement survient à Ankara; le 20 juillet 1402, Bayezid, vaincu, est fait prisonnier. Cette défaite déstabilise l'Etat ottoman. Tamerlan annexe l'Anatolie, où, pour parer à tout risque de renaissance ottomane, il reconstitue de nombreux émirats turcomans.

Dix années de discorde
La débâcle entraîne aussi la mésentente entre les fils de Bayezid, qui, dix ans durant, se disputent le pouvoir. L'ordre rétabli en 1412, Mehmed Ier rétablit l'unité de l'Empire morcelé. Murad II (1421-1451) relance l'expansion, ce qui suscite encore une vaine riposte catholique. Les croisés, après avoir massacré des milliers de prisonniers ottomans et détruit des églises sous prétexte qu'elles étaient schismatiques, finissent par s'incliner à Varna le 10 novembre 1444.

Mehmed II (1451-1481)
Le 29 mai 1453, Mehmed II réalise enfin le rêve que caressait déjà Bayezid I er : se donner pour capitale la prestigieuse ville de Constantinople. L'Etat ottoman, devenu empire à vocation universelle, étend sa domination sur le Péloponnèse, l'Albanie, la Bosnie et la Moldavie. A l'est, en Anatolie, les turbulents Karamanides sont assujettis (1474). En mer Noire, le khanat de Crimée tombe sous la suzeraineté ottomane.

La République de Gênes perd Caffa, Azov et Lesbos; Venise peut poursuivre ses activités orientales mais doit se résigner à payer un fort tribut annuel. Mehmed II, étant lui-même poète, bon connaisseur de l'arabe, du persan, du grec et grand amateur de théologie et de sciences, s'emploie à faire de sa capitale un véritable foyer culturel. Ainsi, il réforme les medreses, où l'enseignement de l'arabe, du persan, du droit et de la théologie islamiques, de l'arithmétique, de la médecine et de l'astronomie devient courant; puis une université, où des savants de toutes confessions sont invités, est fondée.

Mehmed II invite à sa cour de nombreux intellectuels et artistes chrétiens, dont le peintre Gentile Bellini. Cependant, son goût pour la culture ne lui fait pas perdre de vue la nécessité de parfaire l'organisation de l'Empire. Sous son égide, Istanbul s'enrichit de 4'000 familles venues des Balkans et d'Anatolie, ainsi que d'artisans et de marchands chrétiens; ceux-ci bénéficient de sa protection et, à partir de 1461, disposent de leur propre patriarcat. L'administration, assainie, se voit imposer des normes définies par des lois séculières réunies en recueils. Une réforme foncière consistant à confisquer au profit des militaires des terres privées (molk) et des biens religieux (wakf) permet d'augmenter les ressources de l'Etat en revenus et en hommes.

Bayezid II (1481-1512)
L'ascension de l'Empire ottoman se poursuit sous le règne de Bayezid II. Avec la construction de nouveaux bateaux et le recrutement de corsaires expérimentés, le souverain se dote d'une force navale qu'il oppose avec succès aux Vénitiens, leur ravissant Coron, Lépante, Modon et Durazzo. Toutefois, face à l'Etat mamelouk d' Egypte, les campagnes militaires restent infructueuses, et les Ottomans doivent se résigner à la conclusion d'une paix en mai 1491; il en est de même avec les Hongrois (1503). Ces trêves sont d'autant plus nécessaires que dans l'émirat de Karaman les tribus turcomanes tourgout et varsak sont entrées en rébellion. Incapable de parer à la lente décomposition de l'Anatolie ottomane, Bayezid II, contesté par son fils Selim (aidé des janissaires), abdique en 1512.
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MessageSujet: Re: L'Empire ottoman   L'Empire ottoman EmptyMer 3 Mai - 14:11

L'apogée


Selim I (1512-1520)
Sous les deux sultans suivants, l'Empire ottoman connaît sa période la plus faste. Selim I er (1512-1520) met fin à la crise anatolienne et prend l'Azerbaïdjan, la Cilicie et le Kurdistan. De même, il s'attaque aux Mamelouks, alors à la tête d'un véritable empire s'étendant de la haute Egypte à l'Anatolie en passant par la Syrie et la Palestine, dont l'autorité est reconnue jusqu'au Hedjaz, où ils comptent comme vassal le chérif de La Mecque. Leur prestige est d'autant plus grand que leur capitale, Le Caire, accueille le calife, chef spirituel de l'islam sunnite. En 1516-1517, les troupes ottomanes prennent la Syrie, la Palestine et l'Egypte.

Ayant reçu l'allégeance du chérif de La Mecque, Selim I er , devenu officiellement le «protecteur et serviteur des deux villes saintes», transfère le calife abbasside à Istanbul. Ainsi, les Ottomans deviennent les chefs politiques et religieux de l'islam. La conquête se poursuit avec l'arrivée au pouvoir du fils de Selim I er , connu, en Orient, sous le nom de Kanuni Süleyman (Soliman le Législateur) et, en Occident, sous celui de Soliman le Magnifique (1520-1566).

Soliman le Magnifique (1520-1566)
Ce souverain compte parmi les figures les plus célèbres de l'histoire universelle. Sous son règne, l'Empire, à son apogée, est la puissance majeure du Vieux Monde. Tous les pays arabes, à l'exception du Maroc - avec qui il entretient cependant d'intenses relations diplomatiques -, reconnaissent directement ou indirectement sa suzeraineté.

L'Occident lui concède encore Belgrade, Rhodes - prise à l'ordre des chevaliers de Saint-Jean -, de nouveaux territoires en Hongrie et la Transylvanie. Son espace maritime couvre le bassin oriental de la Méditerranée, le sud du bassin occidental jusqu'aux abords du Maroc, la mer Noire, la mer Rouge et le sud-ouest du golfe Arabo-Persique. Grâce à une diplomatie active, son rayonnement parvient jusqu'en Afrique subsaharienne, où il établit des relations soutenues avec l'Empire songhaï et le royaume de Bornou.

Dans l'Aïr (Niger), à la fin du XVI e siècle, l'ascendant ottoman est si fort que la légitimité politique s'obtient par envoi d'ambassade à Istanbul.
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MessageSujet: Re: L'Empire ottoman   L'Empire ottoman EmptyMer 3 Mai - 14:11

La structure de l'Etat


Diversité ethnique
Sur le plan ethnique, l'Empire se compose notamment de Turcs, d'Arabes, de Persans, de Tatars, de Kurdes, de Grecs, de Coptes, de Tsiganes, de Berbères, d'Arméniens, de Slaves, d'Albanais, de Hongrois. Mais sa diversité est aussi religieuse, il regroupe aussi bien des musulmans (sunnites, chiites) que des chrétiens (orthodoxes, catholiques, arméniens, monophysites) et des juifs (romaniotes, karaïtes, séfarades et ashkénazes). Aux antipodes d'un Etat-nation, l'Empire assure la cohabitation de ces éléments hétérogènes sans chercher à les uniformiser, à les turquifier ou à les islamiser. Sur le plan linguistique, le respect de la diversité est tel que, pendant très longtemps, il n'y a pas une seule langue, officielle et codifiée; l'«ottoman» - mélange d'arabe, de turc et de persan - ne devient exclusif qu'à partir de 1839. Tout en reposant sur la charia, la construction politique ottomane fait bonne place aux droits coutumiers des différentes populations.

Tolérance religieuse
Le christianisme orthodoxe, qui eut tant à combattre l'«absolutisme» papal, rencontre auprès des musulmans ottomans une volonté de dialogue et de coexistence. La tolérance turque - maintenue même pendant la période de décadence - profite aussi aux juifs. Ceux-ci, expulsés de la péninsule Ibérique, d'Italie du Sud, des pays germaniques et de Provence, émigrent en grand nombre dans les pays de la Porte. Les hommes politiques recrutent parmi les Turcs musulmans et parmi les Grecs chrétiens.

Organisation de l'Etat
Des quarante-sept grands vizirs qui se succèdent entre 1453 et 1623, cinq seulement sont d'origine turque. Les sujets du sultan - monarque absolu - se distinguent principalement par leurs fonctions: d'une part, les asker, soldats et serviteurs de l'Etat, exempts de l'impôt, de l'autre, les re'aya - en quelque sorte le tiers état -, producteurs imposables. La direction du gouvernement est confiée à un grand vizir nommé par le sultan. Les provinces, selon leur importance, sont gouvernées soit par des chefs militaires, soit par des pachas (gouverneurs).

Les revenus de l'Etat sont assurés par des impôts qui frappent les biens des re'aya: une dîme et un impôt foncier, dont s'acquittent les paysans; une capitation payée par les sujets non musulmans; une dîme aumônière réservée aux musulmans. A ces revenus s'ajoutent ceux des douanes, des taxes extraordinaires, des contributions locales, des droits de succession, ainsi que des tributs payés par les riches provinces d'Egypte et d' Irak et par les Etats «protégés» de Moldavie, de Valachie et de Raguse.

L'armée constitue le principal instrument du pouvoir. On y distingue des troupes appointées par l'Etat - fantassins, janissaires, armuriers, canonniers et cavaliers -, des troupes provinciales mobilisées de façon saisonnière et rétribuées par les titulaires de «fiefs» (timariotes) et des troupes irrégulières.

Une économie prospère
La force de l'Empire repose aussi sur une économie prospère et étroitement supervisée par l'Etat. Les corps de métiers, groupés en corporations ou guildes, sont soumis à l'autorité d'inspecteurs et de juges, qui surveillent la production, régulent la concurrence, contrôlent les prix et surtout qui assurent l'approvisionnement d'une capitale de près de 700'000 habitants. Le surplus de production fait l'objet d'un grand commerce qui parcourt l'espace impérial mais aussi le déborde en direction de l'Europe occidentale.

L'Empire, voie de passage entre les pays de l'Extrême et du Moyen-Orient et ceux de l'Occident, centre d'appel et de redistribution des marchandises, attire les commerçants du monde entier. Vénitiens, Génois, Ragusains, Moldaves, Polonais, Valaques, Moscovites, anciennement présents, sont peu à peu rejoints puis concurrencés par de nouveaux venus d'Europe occidentale. En 1569, les Français établissent des consulats dans plusieurs villes: Istanbul, Alexandrie, Tripoli ( Syrie), Alep et Alger. Les Anglais reçoivent des capitulations, en 1579, et les Hollandais en 1612.

La richesse de l'Empire stimule la vie intellectuelle et artistique. De tout l'espace ottoman, artistes, poètes, architectes et savants affluent à Istanbul et contribuent par leur talent à l'éclat d'une civilisation née de la rencontre de plusieurs traditions.
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MessageSujet: Re: L'Empire ottoman   L'Empire ottoman EmptyMer 3 Mai - 14:12

L'effritement de l'Empire



L'Empire ottoman MOD_OTT_004
L'Empire Ottoman en 1925



Corruption et «intégrisme»
Aux XVII e -XVIII e siècles, l'apogée fait progressivement place au déclin. Autant les dix premiers sultans avaient fait preuve de compétence, autant leurs successeurs se désintéressent de la conduite des affaires pour s'enfermer dans le sérail. L'appareil gouvernemental est peu à peu paralysé par la corruption grandissante de ses membres et miné par les complots répétés de reines mères (valide). L'administration et la hiérarchie religieuse et judiciaire sont touchées à leur tour. La pratique grandissante du népotisme favorise la formation de «féodalités» agissantes et jalouses de leurs prérogatives. Les provinces, peu ou mal gouvernées, se désolidarisent progressivement de l'Empire, à un moment où l'armée, liguée avec les ulémas, cesse d'être un appui sûr. En outre, un «intégrisme» musulman, né sous l'influence de l'école sunnite des hanbalites, divise peu à peu les différents sujets de l'Empire et ajoute à ses difficultés.

Des frontières menacées
Cet état de crise se double de difficultés financières - apparues à la fin du règne de Soliman -, dont l'évolution va précipiter la mainmise de l'Occident sur l'économie ottomane. Militairement, l'Empire commence à décliner au moment où ses ennemis redoublent d'agressivité; l'Occident, psychologiquement libéré par sa récente victoire de Lépante, devient plus entreprenant. C'est ainsi que don Juan d'Autriche attaque et occupe pendant dix mois la ville de Tunis et que les impériaux remportent quelques succès en Hongrie.

En 1603-1604, profitant de ces premières faiblesses, les Séfévides attaquent à leur tour et reprennent la Géorgie et l'Azerbaïdjan. Ces revers, bien que sans graves conséquences, ébranlent la confiance ottomane, et l'Empire va multiplier les concessions; la première consiste en la rétrocession de la Hongrie, de la Transylvanie, de la Podolie et de l'Ukraine (traité de 1699).

Au XVIII e siècle, d'autres traités, tout aussi défavorables (1718, 1768-1774, 1792), profitent à nouveau aux Autrichiens et aux Russes, ces derniers obtenant de surcroît l'accès à la mer Noire et le franchissement des détroits par leur flotte de commerce. Les puissances européennes occidentales - France, Angleterre, Hollande - agissent quant à elles par le biais de l'économie; elles inondent l'Empire de leurs produits manufacturés et le vident de ses matières premières.

Montée des nationalismes
La désintégration se poursuit avec d'autant plus d'acuité que de nombreuses insurrections éclatent en divers points de l'espace ottoman. Les allogènes, gagnés à l'idéologie de la Révolution française, trouvent un soutien auprès des puissances occidentales. L'Empire, «homme malade de l'Europe», attaqué de toutes parts, tente vainement de se donner une «peau neuve» en se restructurant et en adoptant le modèle politique qui avait tant réussi à ses ennemis occidentaux, mais c'est sans compter avec la volonté d'hégémonie de l'Occident. Les réformateurs, s'ils parviennent à bouleverser le paysage institutionnel, économique et social de l'Empire, ne peuvent endiguer les mouvements séparatistes, soutenus par les grandes puissances, lesquelles sont préoccupées par la «question d'Orient», un des enjeux majeurs des relations internationales au XIX e siècle.

Très rapidement, la Grèce (en 1828, puis en totalité en 1913) et l' Algérie (1830) sont perdues. Les rivalités entre grandes puissances se concentrent alors dans les Balkans, où les intérêts contradictoires de l'Angleterre, de la Russie, de l'Autriche et, à un degré moindre, de la France puis de l'Allemagne sont en jeu. Ainsi, en 1853, après l'invasion de la Moldavie par le tsar Nicolas I er, Napoléon III, soutenu par l'Angleterre et le Piémont, intervient (guerre de Crimée, 1854-1855).

L'intégrité de l'Empire ottoman est maintenue, mais la Valachie et la Moldavie deviennent autonomes (leur réunion, en 1859, forme la Roumanie, qui acquiert son indépendance en 1878). Les Russes ne renoncent pas à leurs ambitions et appuient les Serbes dans leur lutte contre l'Empire (1876), mais aussi les peuples slaves encore soumis aux Turcs. La répression féroce menée par les bachi-bouzouks en Bulgarie entraîne l'intervention du tsar Alexandre II. Très vite, l'armée russe est à Istanbul (guerre russo-turque de 1877); le tsar impose au sultan le traité de San Stefano (3 mars 1878), avantageux pour lui et pour tous les Slaves des Balkans.

Mais les autres puissances interviennent: la Russie doit accepter la réunion du congrès de Berlin (juin-juillet 1878). L'Autriche et l'Angleterre en sortent particulièrement avantagées, au détriment de la Russie et de la Bulgarie. L'Empire ottoman, s'il conserve (théoriquement) la Bulgarie, perd toutes ses provinces slaves de l'Adriatique, l'Albanie et Chypre, puis la Tunisie (1881) et définitivement l' Egypte (1882).

L'écroulement financier
La perte de tous ces territoires entraîne la diminution des ressources financières ottomanes. Pour assurer ses services publics, pour s'acquitter de l'indemnité de guerre due aux Russes (environ 800 millions de francs), l'Empire doit recourir à l'aide occidentale. Les banques françaises et anglaises, qui acceptent de pourvoir à ses déficiences, exigent en retour la perception de ses principaux revenus.

Cette perte de souveraineté est le seul moyen de ne pas connaître le sort de la Tunisie et de l'Egypte, tombées toutes deux sous le contrôle politique de l'Europe pour cause d'insolvabilité. Mais les puissances occidentales continuent d'attiser le feu des nationalismes crétois, arménien et macédonien, ce qui déstabilise davantage l'Empire.

La révolution des Jeunes-Turcs
Les Ottomans, isolés et lâchés par les minorités, ne peuvent plus que compter sur leurs propres forces. Gagnés à leur tour par le nationalisme, ils finissent par s'identifier avec le groupe religieux des musulmans, puis avec le groupe ethnique des Turcs. Du reste, l'Empire, après les amputations successives qu'il a subies, n'est plus le même; des millions de musulmans - expulsés des Balkans, du Caucase et de Crimée - ont afflué en Anatolie.

Entre 1878 et 1914, 300'000 chrétiens (Arméniens, Grecs et Arabes) émigrent en Russie, en Europe occidentale et aux Etats-Unis, tandis que les juifs, encouragés par les puissances occidentales, vont s'installer en Palestine. C'est dans ce contexte difficile qu'éclate la révolution des Jeunes-Turcs, des intellectuels et des officiers ottomans qui animent le comité Union et progrès. Leur mouvement, d'abord libéral, suscite l'enthousiasme des Arabes et des Arméniens, mais, après les pertes des îles du Dodécanèse, de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque (1911-1912) au profit des Italiens, puis la défaite contre la Grèce, la Bulgarie et la Serbie dans la Ire guerre balkanique (octobre 1912-mars 1913), leur combat tourne rapidement au panturquisme.

La République turque
A Istanbul, le gouvernement accentue sa politique autoritariste et fait de plus en plus appel au soutien germanique, ce qui le conduit à s'engager aux côtés de l'Allemagne dans la Première Guerre mondiale. La défaite, consacrée par l'armistice de Moudros (30 octobre 1918), puis par le traité de Sèvres (10 août 1920), se solde par un nouveau démembrement.

Amputé du Kurdistan, de la Thrace, de la région de Smyrne, de l'Arménie, de la Syrie et de l'Arabie, l'Empire est ravalé au rang d'un petit Etat anatolien. L'humiliation suscite une réaction nationaliste menée, dès le 19 mai 1919, par Mustafa Kemal. Après plus de deux ans d'une rude guerre d'indépendance, les kémalistes évincent les Grecs de l'Anatolie, recouvrent la Thrace ainsi que les îles d'Imbros et de Ténédos.

Le traité de Lausanne (24 juillet 1923) efface l'humiliation du traité de Sèvres. Les Turcs conservent le contrôle des détroits; les capitulations sont abrogées et le principe de la liquidation de la dette publique ottomane est admis. En contrepartie, les kémalistes reconnaissent l'indépendance des anciennes provinces arabes, qui vont aussitôt grossir les rangs des colonies occidentales. En novembre 1922, l'Assemblée vote l'abolition du sultanat. Le 29 octobre 1923, la République turque est proclamée.
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