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 Les guerres de religion (1562/1598)

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Blackeu Viking
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MessageSujet: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:46

Les guerres de religion (1562/1598) MOD_GRE_000_A
Les divisions religieuses de l'Europe au XVIe siécle



L'expansion du calvinisme en France trouve devant elle une royauté hostile (édits d'Henri II) et un catholicisme armé pour la combattre (formation et action de l'ordre des Jésuites). Les partis de religion (calvinistes et catholiques) s'organisent en partis politiques et militaires, dirigés par les nobles. C'est l'occasion pour les grandes familles princières (Guise, Bourbons et Montmorency) de dominer le pouvoir royal, affaibli après 1560 (sous François II, Charles IX et Henri III). La royauté est tout d'abord soucieuse de maintenir la paix et est donc conduite à la tolérance. Après le déclenchement du conflit des guerres de religion (1562) et surtout après la Saint-Barthélemy (1572), elle subit la tutelle des Guise et se montre de plus en plus intransigeante.

En faisant assassiner Henri de Guise et en désignant Henri de Navarre comme son successeur, Henri III rétablit les conditions de l'indépendance du trône. Converti au catholicisme, le nouveau souverain, Henri IV, peut mettre fin aux guerres de religion par l'édit de Nantes (1598).
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:46

Les origines du conflit


Les protestants en France
A la mort du roi Henri II, les réformés en France représentaient sans doute entre dix et quinze pour cent de la population, soit près de deux millions de personnes, mais le recrutement était très fort chez les nobles, jusqu'aux plus hauts lignages, Bourbon et Coligny-Châtillon notamment. Or, ceux-ci furent tenus à l'écart du pouvoir par la puissante famille catholique des Guise, cousins par alliance du nouveau roi, François II.

Les Valois
Les factions ne représentaient pas que des intérêts religieux. Les Guise avaient leur propre intérêt familial et s'appuyaient sur un clientélisme qui déboucha peu à peu sur un véritable parti, la Ligue. Les protestants, eux, représentaient une partie de la France qui, à certains moments, échappa quasiment aux Valois, et qui dessinait un arc de cercle partant de La Rochelle, descendant jusqu'au Béarn, et remontant vers Lyon.

Les Valois, enfin, minés par leur faiblesse dynastique - un roi enfant, un roi tuberculeux, enfin un roi dont le couple était stérile -, tentèrent, sous l'inspiration de Catherine de Médicis, de ne privilégier aucune faction, ce qui d'abord favorisa les extrêmes ; ils ne finirent par se constituer qu'à grand-peine un parti médian, plus soucieux de l'ordre civil que des questions religieuses, et qui, seul, parviendra au compromis que représente l'avènement du Bourbon Henri de Navarre, protestant abjurant sa foi pour embrasser le catholicisme.

La lutte des factions
La lutte des factions s'intensifia durant toute la période ; protestants et catholiques usèrent tous de procédés extrêmes : complots ; exécutions légales ou assassinats collectifs et individuels ; enlèvements ou tentatives d'enlèvements de la famille royale ; recours à l'étranger - les princes protestants allemands, l'Angleterre et les Gueux des Pays-Bas pour les huguenots, l'Espagne pour les guisards.

Les événements suscitèrent également la publication de nombreux ouvrages, certains simples libelles de circonstances - Epistre envoiée au Tigre de la France , du protestant François Hotman, dirigé contre le cardinal de Lorraine -, d'autres traités politiques majeurs, cherchant à dessiner une solution au conflit, comme le Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi , de Ronsard (1562), Conseil à la France désolée, de Sébastien Castellion (1562), ou les Six livres de la République , de Jean Bodin (1576).
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:47

La première prise d'armes
(1562-1563)



La conjuration d'Amboise
Les nobles réformés inspirèrent un premier coup de force, connu sous le nom de tumulte ou conjuration d'Amboise (mars 1560), qui échoua ; Condé n'échappa à la peine capitale que grâce à la mort de François II. Mais on a coutume de faire débuter les troubles au massacre de Wassy, le 1 er mars 1562, perpétré par les hommes du duc François de Guise. Quelques jours plus tard, le 27 mars, les Guise conduisirent la famille royale de Fontainebleau à Paris, ce que le prince de Condé interpréta comme un enlèvement de la famille royale, qu'il affirma dès lors vouloir libérer.

Les opérations militaires
Fondant leur stratégie sur la prise des villes, Condé et les troupes protestantes conquirent Tours dès le 30 mars, puis, durant le printemps 1562, Rouen, Blois, Sens, Angers. A l'été, le mouvement s'inversa et l'armée royale catholique reprit la plupart des places. Rouen fut reconquise au terme d'un siège qui se termina par des atrocités commises contre les habitants.

Enfin, lors de la bataille de Dreux, le 19 décembre 1562, Condé fut fait prisonnier par les catholiques, tandis que le connétable de Montmorency l'était par les protestants, et que le maréchal de Saint-André trouvait la mort. Le duc de Guise se retrouva alors en position de force, mais il fut à son tour assassiné en février 1563, lors du siège d'Orléans. Ainsi, les principaux chefs des deux partis furent éliminés.

L'édit de pacification d'Amboise
Le 19 mars 1563, Catherine de Médicis put imposer l'édit de pacification d'Amboise, qui garantissait aux huguenots la liberté de conscience et une autorisation du culte, soigneusement limitée toutefois ; l'édit faisait des conditions plus favorables aux nobles réformés qu'aux roturiers. Cet édit, accepté par Condé, contribua à donner du protestantisme l'image d'une religion de l'élite. Enfin, le 30 juillet 1563, le connétable de Montmorency et Condé reprirent Le Havre aux Anglais ; les protestants parvenaient ainsi à gommer l'ignominie du traité de Hampton Court qu'ils avaient passé avec Elisabeth I.



La Deuxième guerre
1567


Charles IX
Le voyage de Charles IX en son royaume n'avait pas calmé la lutte des partis. En août 1566, le passage du duc d'Albe le long du nord-est de la France, alors qu'il faisait route vers les Pays-Bas pour y mener la répression des Gueux, inquiéta les protestants, qui crurent que l'armée mobilisée pour protéger le royaume - avec les milliers de Suisses recrutés à cette occasion - allait finalement être tournée contre eux. L'événement qui rouvrit le conflit fut la «surprise de Meaux» : Condé tenta d'enlever Charles IX, qui se trouvait avec la cour au château de Monceaux-en-Brie, mais le roi, averti de la concentration des troupes protestantes, gagna Meaux puis, le 28 septembre 1567, sous une puissante escorte, Paris.

L'armée du prince de Condé assiégea la capitale ; le connétable de Montmorency tenta une sortie à Saint-Denis, le 10 novembre, combat au cours duquel il fut mortellement blessé - le duc d'Anjou, le futur Henri III, lui succéda à la tête de l'armée royale. Les protestants se replièrent alors et se portèrent vers Chartres, tandis que, dans le Midi, ils s'emparaient de plusieurs villes, notamment Nîmes, où une vingtaine de catholiques furent tués le 30 septembre 1567, lors de la Saint-Michel - d'où le nom de «Michelade» donné à ce massacre.

La paix de Longjumeau
Epuisés financièrement, les deux partis engagèrent des négociations, qui aboutirent à la paix de Longjumeau (23 mars 1568), simple trêve qui rétablissait l'édit d'Amboise dans toutes ses clauses. Cette paix ne satisfaisait ni les catholiques ni les protestants ; elle entraîna la disgrâce du chancelier Michel de L'Hospital, et marqua la fin des tentatives de tolérance religieuse.


La Troisième guerre
1569 - 1570


Fracture entre catholiques et réformés
La guerre allait reprendre bientôt, d'autant que les tensions aux frontières dessinaient nettement des lignes de fracture entre catholiques et réformés. Aux Pays-Bas, le duc d'Albe s'illustrait par la cruauté de sa politique répressive, ce qui inquiétait les protestants français, mais aussi les catholiques modérés - le comte de Hornes, décapité en juin 1568, était un Montmorency. Coligny et Condé s'accordèrent avec Guillaume d'Orange et Louis de Nassau pour s'aider réciproquement (août 1568)

En Angleterre, Marie Stuart, reine catholique d'Ecosse et cousine des Guise, se retrouvait prisonnière de fait d'Elisabeth I. Enfin, l'Espagne comme la papauté poussaient le roi de France à agir contre les huguenots.

Charles IX prit alors la tête des factions catholiques intransigeantes, et voulut faire arrêter Condé et Coligny, alors en Bourgogne (août 1568). Cependant, Gaspard de Saulx-Tavannes, chargé de cette mission, ne put se saisir des chefs protestants, qui, au terme d'une longue fuite, trouvèrent refuge à La Rochelle. Le roi publia alors l'édit de Saint-Maur (23 septembre 1568), qui interdisait le culte réformé

L'édit de Saint-Germain
Face à l'intransigeance royale, les protestants prirent les armes. Il furent vaincus à Jarnac (13 mars 1569), bataille à la suite de laquelle Condé fut assassiné ; en représailles, ils commirent les massacres de La Roche-L'Abeille, en Limousin, et de La Chapelle-Faucher, en Périgord. Les protestants furent de nouveau vaincus à Moncontour en octobre 1569. Coligny et les troupes qu'il avait réunies au début de l'hiver entamèrent alors une marche qui les conduisit vers le midi puis les fit remonter par la vallée du Rhône, jusqu'à atteindre La Charité-sur-Loire.

Malgré l'échec militaire de Condé et de Coligny, le roi publia le 8 août 1570 l'édit de Saint-Germain, particulièrement favorable aux protestants. En particulier, ces derniers obtenaient pour la première fois quatre places de sûreté : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité. Les dispositions de l'édit de Saint-Maur étaient annulées : les protestants recouvraient la liberté de culte dans les lieux où il avait été autorisé jusqu'au 1 er août 1570.

L'intervention de l'Espagne aux Pays-Bas
Cet édit mécontenta les catholiques. La situation extérieure, avec la suite de l'intervention de l'Espagne aux Pays-Bas, tourna cependant les esprits vers d'autres horizons, et les affaires espagnoles ne sont pas étrangères au massacre de la Saint-Barthélemy, qui relancèrent en France les guerres de Religion.
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:50

Le massacre de la Saint-Barthélemy
La nuit du 23 au 24 août 1572


Les guerres de religion (1562/1598) Saint_Barthelemy_massacre
Le massacre de la Saint-Barthélemy
Tableau de François Dubois, peintre protestant ayant réchappé au massacre et réfugié en Suisse



Le massacre de la Saint-Barthélemy est l'un des événements les plus dramatiques de l'histoire de France. Point culminant de la guerre civile et religieuse qui déchirait le royaume, il a inspiré de nombreux historiens et écrivains, qui ont tenté d'en comprendre les causes et d'en découvrir les responsables.

Cependant, la rareté, voire l'absence de documents interdit les affirmations catégoriques, les seules sources étant des témoignages postérieurs ou des mémoires justificatifs des principaux acteurs du drame.

L'attentat contre l'amiral de Coligny
Durant l'été 1572, les princes protestants, qui, à l'image de Coligny, préféraient se tenir éloignés de la cour où ils craignaient d'être assassinés, se réunirent à Paris pour assister au mariage d'Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, soeur de Charles IX. L'union avait été laborieusement négociée entre Catherine de Médicis et Jeanne d'Albret ; retardée un temps par le décès de la reine de Navarre, la cérémonie eut lieu le 18 août 1572.

Le 22 août au matin, un attentat fut perpétré contre l'amiral de Coligny, auquel celui-ci réchappa. L'historiographie a longtemps reconnu en Catherine de Médicis le commanditaire de l'attentat, mais la responsabilité des Guise, et derrière eux de l'Espagne (Philippe II, le duc d'Albe, l'ambassadeur Zúñiga), est plus vraisemblable. Ce qui est certain, c'est qu'ensuite plus personne ne paraît avoir été en mesure de contrôler la situation, et les événements se précipitèrent. L'attentat attisa l'inquiétude légitime des protestants et la crainte de la famille royale, alimenta le bruit d'une conjuration huguenote - renforcé par le précédent de Meaux -, et fit se multiplier les critiques contre le roi, accusé d'avoir commandité l'assassinat de Coligny.

Le massacre

La décision du massacre des chefs protestants a été prise par le roi (et Catherine de Médicis) en son Conseil, avec cette réserve que la responsabilité de cette décision incombe, semble-t-il, plutôt aux Guise. Il est certain que, dès la décision prise de la suppression violente des chefs protestants - mise à exécution dans la nuit du 23 au 24 août -, il y eut dérapage, cycle de violence panique et gestation d'une seconde Saint-Barthélemy, beaucoup plus ample, un événement que les ordonnateurs du massacre «politique», quels qu'ils soient, n'avaient pas prévu.

La première partie du massacre se déroula au Louvre et dans les hôtels des princes protestants. Au Louvre, certains, tels Henri de Navarre et Henri de Condé, princes du sang, furent contraints d'abjurer et ne furent épargnés qu'à cette condition, tandis que d'autres seigneurs périssaient. Quant à Coligny, il fut assassiné par des hommes du duc de Guise.

Par la suite, les hommes de l'ancien prévôt des marchands, Claude Marcel, un catholique guisard, poursuivirent l' œuvre des tueurs mandatés par le roi, et ils multiplièrent les assassinats non commandités par quelque autorité que ce soit. Tous les contemporains insistent sur le caractère inattendu d'une «fureur incroyable», brusquement surgie du peuple et impossible à contrôler. De nombreux témoignages ont rapporté l'acharnement particulier sur les corps des victimes - dénudés, traînés dans la boue par des enfants, décapités, émasculés. Les massacres ne cessèrent pas avant le 29 août.

Pour comprendre la dimension populaire du massacre, il convient de rappeler l'atmosphère parisienne en cette fin du mois d'août 1572 : la cherté renforcée par l'afflux d'aristocrates venus pour le mariage royal ; des sermons violemment antiprotestants dans les églises, dénonçant en particulier «l'accouplement exécrable» entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre ; des pamphlets annonçant la colère de Dieu pour punir les hommes pécheurs ; des bruits et des rumeurs suivant lesquels le roi lui-même «voulait se faire huguenot» ; enfin de fortes chaleurs et une ville surpeuplée.

Bref, Paris était virtuellement en état d'émeute dès le 23 août. Aussi, dès que la nouvelle se répandit du massacre des chefs protestants, une partie de la population passa à l'action. Partout le pillage accompagna le massacre, et aucun ordre ni aucune force ne semblent avoir été en mesure de pouvoir l'arrêter. Les assassins n'appartenaient pas qu'aux classes populaires : les catholiques, «zélés» et tueurs, se recrutaient également dans les milieux de la boutique et de l'office, c'est-à-dire dans les rangs de la bonne bourgeoisie parisienne.

La culpabilité royale
Le mardi 26 août, devant le parlement de Paris, lors d'un solennel lit de justice, Charles IX déclara que «ce qui est ainsi advenu a été son exprès commandement (...) pour obvier et prévenir l'exécution d'une malheureuse conspiration faite par ledit amiral et sesdits adhérents et complices».

Le lendemain, le roi fit diffuser une déclaration où il expliquait que l'exécution n'avait eu lieu que sur un ordre royal. Ainsi, le souverain décidait de prendre officiellement en charge la responsabilité du massacre.

Réparations et bilan
En province aussi des massacres eurent lieu : à Orléans (le 26 août), à La Charité-sur-Loire, à Meaux, à Bourges, à Saumur, à Angers, à Lyon (le 31 août), à Troyes, à Rouen, à Toulouse (le 4 octobre), à Albi, à Gaillac (le 5 octobre), à Bordeaux (le 3 octobre), à Romans (les 20 et 21 septembre), à Valence, à Orange; dans d'autres villes se manifesta une violence diffuse, difficile à reconstituer, faute de sources.

Peut-on établir un bilan ? Certains contemporains ont avancé le chiffre de 100'000 morts. Les historiens contemporains parlent de 5'000 (chiffre minimal) à 100'000 (chiffre maximal) victimes pour la France, dont sans doute 2'000 à Paris, ce qui représente environ 1 % de la population de la capitale. L'événement fut suivi d'une vague de reconversions, et marqua un reflux quantitatif des protestants, déjà perceptible depuis les années 1560.

Une monarchie fragilisée
Si pour beaucoup de catholiques la Saint-Barthélemy ne fut que l'accomplissement d'un commandement de Dieu au souverain, par cette violence homicide décidée au sommet de l'Etat, et quels qu'en fussent les initiateurs, le pouvoir monarchique s'était désacralisé. Désormais, et pour longtemps, le fondement même de la monarchie - c'est-à-dire la conception d'un roi de justice institué par Dieu pour l'ensemble de ses sujets, bouclier protecteur de tout son peuple contre les ennemis, intouchable parce que résolument situé au-dessus de tous les partis - se trouvait fragilisé. Après le massacre, de nombreux et violents pamphlets huguenots dénoncèrent, par le texte et par la gravure, la barbarie catholique et royale. En même temps, malgré la déclaration royale du 26 août 1572, le peuple catholique prit conscience, lors du massacre, de sa force politique et de son autonomie possible.

Ainsi l'événement fit-il resurgir la théorie de la résistance à l'Etat, une résistance qui pouvait aller jusqu'au régicide si le souverain outrepassait certaines limites - ces limites que résumait la formule en usage depuis le début du XVI e siècle : «Le roi doit pouvoir ce qu'il veut, mais il ne doit pas vouloir tout ce qu'il peut.» L'une des principales thèses émises juste après la Saint-Barthélemy pour tenter d'y trouver une explication politique prétendait d'ailleurs que le premier massacre, celui expressément commis sur ordre du roi, visait les grandes lignées nobles plutôt que les protestants. C'est notamment ce qu'affirma Henri de Montmorency-Damville dans sa Déclaration de novembre 1574 justifiant sa prise d'armes contre le roi ; c'est aussi ce que soutenait un célèbre pamphlet, Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de Catherine de Médicis reine mère, publié en 1574 après la mort de Charles IX.

Dès 1589, dans son Delle ragion di Stato («De la raison d'Etat», traduit en français en 1599), l'Italien Giovanni Botero montrait que l'urgence d'un péril entraînait la nécessité pour le détenteur du pouvoir de le réduire sans tarder. Ainsi, Charles IX, en invoquant l'imminence du péril pour justifier le massacre, mit en pratique une notion nouvelle, qui sera théorisée à peine quinze ans plus tard, et dont l'histoire n'est toujours pas close : la «raison d'Etat», par laquelle justifier l'abus de pouvoir peut se faire au nom même de l'exercice du pouvoir. En cela, la Saint-Barthélemy est l'un des événements fondateurs de la modernité en politique.
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:52

La Quatrième guerre
octobre 1572 - juillet 1573



Une conséquence de la Saint-Barthélemy
La quatrième guerre de Religion est une conséquence directe de la Saint-Barthélemy. Le roi, en assumant dès le 26 août, la responsabilité du massacre, contraignit brutalement les protestants à prendre des initiatives pour leur défense. Cependant, la situation du royaume et des forces en présence était totalement bouleversée : la haute noblesse protestante avait été décapitée, et la quatrième prise d'armes des guerres de Religion est essentiellement due à des protestants roturiers, dont un grand nombre s'étaient réfugiés à La Rochelle ; les opérations militaires furent pour l'essentiel concentrées autour de cette ville, d'autres sièges eurent lieu, notamment à Sancerre, qui ne se rendit au maréchal de La Châtre qu'en août 1573.

Le siège de la Rochelle
La Rochelle, aux mains des protestants, refusant de recevoir Armand de Biron comme gouverneur, celui-ci commença en novembre 1572 le siège de la ville, qui se révéla très meurtrier. Les armées commandées par Henri d'Anjou, le futur Henri III, se montrant incapables de prendre la place, Charles IX envoya François de La Noue, un noble protestant rallié aux Valois, afin de parlementer avec les insurgés. Celui-ci, contre toute attente, devint avec l'accord du roi le chef des Rochelais ; le souverain espérait ainsi qu'il favoriserait une solution, mais la situation resta bloquée, et La Noue regagna le camp royal.

La fin du siège fut une conséquence de la nomination du duc d'Anjou comme roi de Pologne ; lorsque celui-ci apprit son élection, en juin, il dut mettre un terme à ses opérations militaires contre les réformés : son envoyé, Jean de Monluc, avait en effet promis aux nobles polonais de maintenir la paix religieuse s'ils élisaient Henri comme roi. Le siège fut levé le 6 juillet 1573.

L'édit de Boulogne
L'édit de Boulogne, promulgué le 11 juillet suivant, octroya la liberté de conscience, mais n'autorisait la liberté de culte qu'à La Rochelle, Nîmes et Montauban - puis Sancerre -, ainsi que dans les demeures des seigneurs hauts-justiciers, à condition que l'assistance ne dépassât pas dix personnes en dehors de leur propre famille. L'édit cherchait également à effacer de la mémoire du royaume les massacres de l'été précédent : «Que la mémoire de toutes choses passées depuis le 24 e jour d'août dernier passé (...) demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue» . Les protestants du Midi dénoncèrent l'édit dès le mois d'août, demandant la liberté de culte et la réhabilitation de Coligny.



La cinquième guerre
1574 - 1576


Au lendemain de la quatrième guerre, les protestants du Midi organisèrent la résistance dans plusieurs villes du royaume. Il s'agit là d'un moment important dans l'histoire du milieu urbain et des élites citadines : la recherche et l'affirmation d'un pouvoir dont l'Etat monarchique et centralisateur ne serait plus le rouage essentiel. Dès la fin des années 1560, les villes protestantes avaient multiplié les contacts entre elles ; en juillet 1574, l'assemblée de Millau plaça le Languedoc sous la protection d 'Henri de Condé et, en son absence, d'Henri de Montmorency-Damville. A Nîmes, en janvier-février 1575, une nouvelle réunion instituait les Provinces de l'Union, qui reconnaissaient cependant l'autorité du roi, tout en constituant une république protestante caractérisée par une structure pyramidale de compétences et d'autorités ; en outre, une alliance était scellée entre «catholiques paisibles» et protestants.

La guerre des Malcontents
La nouvelle prise d'armes présente ainsi des aspects plus politiques que religieux. Elle apparaît en effet comme la guerre d'une partie de la noblesse - ceux que l'on appela les «malcontents» - contre l'Etat royal.

Dès le printemps 1574, des nobles avaient conspiré contre Charles IX. L'agitation parmi les seigneurs catholiques trouvait sa source dans leur crainte de voir la noblesse rabaissée par le pouvoir royal - en cela, la guerre des Malcontents s'inscrit dans la lignée de révoltes nobiliaires, qui va de la ligue du Bien public, sous Louis XI, jusqu'à la Fronde, en passant par la Guerre folle. Ses principales figures en sont les catholiques François d'Alençon, frère cadet du roi Henri III, et Henri de Montmorency-Damville, et les protestants Henri de Condé et François de La Noue, ce dernier dirigeant les opérations militaires dans l'ouest du royaume, à la tête des «Publicains» - qui avaient choisi ce nom en souvenir de la ligue du Bien public.

Les troubles se déroulèrent dans toutes les parties du royaume, et furent aggravés par le recours aux mercenaires allemands - reîtres et lansquenets recrutés par Henri de Condé et emmenés par les deux cadets des Montmorency, Thoré et Méru. En Normandie, les protestants étaient placés sous les ordres de Montgomery ; en Languedoc, Montmorency-Damville enleva Montpellier, mais finit par accepter de négocier ; en Guyenne, c'est Turenne qui dirigea les opérations des insurgés. Les armées royales empêchèrent le mouvement de s'étendre à Dormans, où Henri de Guise vainquit les reîtres le 10 octobre 1575 ; blessé, il y gagna son surnom de «Balafré», mais il ne put empêcher le gros des mercenaires allemands d'Henri de Condé de pénétrer dans le royaume.

Une paix provisoire
La paix fut signée le 6 mai 1576, à Etigny, entre Catherine de Médicis et son fils François, et fut confirmée le lendemain par l'édit royal de Beaulieu (près de Loches), qui mettait fin à la cinquième guerre de Religion. Le principal bénéficiaire en fut le propre frère du roi, François, qui obtenait en apanage l'Anjou, la Touraine et le Berry, ainsi que la place de La Charité-sur-Loire, d'où le nom de «paix de Monsieur» souvent donné à la paix de Beaulieu. Les autres clauses étaient favorables aux protestants, qui obtenaient huit places de sûretés, une liberté de culte totale, sauf à Paris ; des chambres mi-parties, composées à égalité de conseillers protestants et catholiques, furent instituées ; les victimes de la Saint-Barthélemy furent réhabilités, ainsi que les nobles insurgés La Molle et Coconat, qui avaient été exécutés. Enfin, l'on convint de convoquer les états généraux avant la fin de l'année ; ceux-ci s'ouvrirent à Blois en novembre 1576.

Nombre de catholiques décidèrent alors de se constituer en parti afin de contrer les protestants, toujours vaincus dans la guerre mais toujours vainqueurs grâce aux traités de paix. Dès 1576, la première Ligue picarde fut formée sous l'autorité de Jacques d'Humières, qui s'opposa à l'une des clauses de l'édit de Beaulieu, qui prévoyait la livraison de Péronne, place dont il était le gouverneur, à Henri de Condé.
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:53

La Sixième guerre
1576 - 1577



Les états généraux de Blois
Les états généraux de Blois (décembre 1576-mars 1577), pourtant réclamés par les malcontents et les protestants, tournèrent à l'avantage des catholiques intransigeants et contribuèrent en partie au renforcement du pouvoir royal. C'est ce qui explique que, de nouveau, les protestants prirent les armes. Cette fois, cependant, ils ne pouvaient compter ni sur l'appui de Monsieur, duc d'Anjou, rallié à Henri III grâce à l'édit de Beaulieu, ni sur celui d'Henri de Montmorency-Damville, lui aussi rallié au roi. Le roi, quant à lui, qui voulut un temps la guerre, cherchait ainsi à annuler les dispositions de l'édit de Beaulieu.

Le siège de Montpellier
Les opérations militaires furent marquées par le siège de Montpellier, que dirigea Damville sans parvenir à prendre la place, et par les sacs de La Charité-sur-Loire (2 mai 1577) et Issoire (12 juin 1577) par les troupes du duc d'Anjou, dont la solde ne pouvait plus être payée par un Etat royal aux prises avec une crise financière sans précédent.

La paix de Bergerac
Favorable aux catholiques, la sixième guerre se termina par la paix de Bergerac, le 14 septembre 1577, entérinée par l'édit de Poitiers du 17 septembre, enregistré le 8 octobre 1577 ; le nouvel édit restreignait les avantages obtenus par les protestants grâce à l'édit de Beaulieu : la liberté de culte était ramenée à un faubourg d'une seule ville par bailliage tandis que le culte romain était rétabli partout, même là où les calvinistes étaient majoritaires ; les chambres mi-parties ne furent maintenues que dans quelques parlements ; les huit places de sûreté ne furent accordées que pour six ans ; enfin, toutes les ligues, et notamment la Ligue picarde, étaient dissoutes.



La Septième guerre
1579 - 1580


La paix signée au château de Fleix
Décidée par Henri IV et la cour de Nérac, la septième guerre fut appelée la guerre des Amoureux, les amours de Marguerite de Valois étant censés en être la cause. Elle débuta par la prise de La Fère par Henri de Condé (22 novembre 1579), toujours empêché de rentrer en possession de Péronne et de la Picardie.

La guerre fut marquée par le siège et la prise de Cahors par Henri de Navarre (28 mai - 1 er juin 1580), tandis que le duc de Mayenne, frère du duc de Guise, prenait La Mure aux protestants. Cette guerre s'acheva avec la paix signée au château de Fleix - à l'ouest de Bergerac -, le 26 novembre 1580.
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:54

Les Troubles de la Ligue
1585 - 1598


La huitième et dernière guerre de Religion
La mort du duc d'Anjou, en juin 1584, posa ouvertement la question de la succession d'Henri III. Henri de Navarre, premier prince du sang, était l'héritier potentiel en vertu de la loi salique - il était cousin de Henri III au vingt-deuxième degré, étant un descendant de Robert de Clermont, le dernier fils de Saint Louis. Cependant, les catholiques opposaient une autre loi, qui leur semblait tout aussi fondamentale : tous les souverains français devaient être de religion catholique. Dès lors, les catholiques s'organisèrent en une ligue urbaine, centrée sur Paris, et une ligue nobiliaire, dont les Guise étaient les chefs.

Coutras (20 octobre 1587) et Auneau (24 novembre 1587)
La huitième et dernière guerre de Religion s'ouvrit après que les ligueurs eurent imposé le traité de Nemours (7 juillet 1585), par lequel Henri III s'engageait à extirper la religion réformée de son royaume, et déclarait Henri de Navarre déchu de ses droits à la couronne de France.

Les protestants prirent l'offensive dans le Dauphiné, avec Lesdiguières, tandis que, dans le Poitou, Henri de Condé repoussa les ligueurs. Les deux partis se trouvant très affaiblis financièrement eurent recours à l'aide étrangère, que ce soit l'argent de l'Espagne pour les Guise, ou celui d'Angleterre pour les protestants ; en outre, tous levèrent des troupes en Suisse et en Allemagne.

A Coutras, le 20 octobre 1587, Henri de Navarre vainquit les armées royales emmenées par Anne de Joyeuse, qui y trouva la mort. Quelques jours plus tard, le duc de Guise repoussait les Suisses à Vimory (26 octobre) et les reîtres à Auneau (24 novembre), les empêchant de se joindre aux forces de Navarre et de Condé. Ainsi, aucune opération militaire n'avait été décisive, tandis que la situation politique était de plus en plus tendue. En mars 1588, la mort d'Henri de Condé laissa le Béarnais seul chef des réformés.

Le royaume déchiré
Au début de l'année 1588, l'impopularité du roi était à son comble. Le 13 mai, Henri III se décidait à fuir, abandonnant Paris aux ligueurs, qui, la veille, avaient dressé des barricades. Paris était alors dirigée par les Seize, un comité insurrectionnel constitué en majorité d'hommes de loi et de marchands, chargés de diffuser les directives de la Ligue dans les seize quartiers de Paris. Des pamphlets ligueurs réclamaient l'élection des princes par le peuple, l'élection aux offices, et surtout l'autonomie du gouvernement de la ville

Aux états généraux de Blois, ouverts en décembre 1588, les députés, en majorité ligueurs, demandèrent à pouvoir exercer un contrôle effectif sur le Conseil du roi.
Henri III, cherchant alors à rétablir son pouvoir de plus en plus contesté, ordonna l'assassinat du duc de Guise et de son frère Louis (23 et 24 décembre 1588). Aussitôt, de nombreuses villes, comme Marseille, firent sécession, et le Paris ligueur se déchaîna contre le roi : les Seize épurèrent le Parlement, qui commença le procès d'Henri III ; la Sorbonne releva les sujets du serment de fidélité au souverain et leur permit de se défendre, à main armée, contre le tyran. Henri de Valois était devenu le «vilain Hérodes», selon un anagramme de l'époque.

Les rôles dans cette huitième guerre de Religion se retrouvaient bouleversés : l'alliance du roi et des Guise était rompue, au profit d'une nouvelle alliance des rois de France et de Navarre.

Henri IV le pacificateur
L'assassinat d'Henri III par Jacques Clément (1 er août 1589) renversait une nouvelle fois la donne politique. «Paris est une vraie anarchie», écrivait le parlementaire Etienne Pasquier à son fils en 1589. Pour mettre un terme au conflit, Henri IV dut s'appuyer sur les princes catholiques ralliés et sur ceux des protestants qui acceptaient la perspective de l'abjuration du roi et de sa conversion au catholicisme.

Habile politique, Henri IV parvint à vaincre politiquement les ligueurs en abjurant solennellement à Saint-Denis le 25 juillet 1593, en se faisant sacrer à Chartres le 27 février 1594, et en obtenant le pardon du pape en septembre 1595 ; homme de guerre efficace, il vainquit les rebelles à Arques (1589) et à Ivry (1590), puis défit les Espagnols à Amiens (1597).

Cependant, il fallut attendre 1598 pour que la paix fût enfin pleinement rétablie dans le royaume. Cette année-là, en effet, furent signés à la fois l'édit de Nantes, qui assurait la paix religieuse, et le traité de Vervins, le 2 mai, qui mettait fin à la guerre avec l'Espagne.
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MessageSujet: Re: Les guerres de religion (1562/1598)   Les guerres de religion (1562/1598) EmptyMer 3 Mai - 13:55

La victoire de l'absolutisme royal


Différencier l'Etat de l'Eglise
La victoire du premier des Bourbons fut ainsi le fruit d'un processus complexe, qui partit de l'échec des tentatives de conciliation religieuse au tout début des années 1560. C'est alors qu'émergea la solution étatiste - différencier l'Etat de l'Eglise, et sauver le royaume à défaut d'imposer une seule et unique religion aux sujets -, d'abord prônée par Michel de L'Hospital, solution qui mit plus de trente ans à s'affiner.

Certains événements tragiques de cette période peuvent ainsi être compris comme les derniers soubresauts de factions politiques vouées à la disparition - ainsi la Ligue nobiliaire, dont l'échec marque une étape importante dans la consolidation de l'absolutisme royal -, tandis que d'autres événements préfigurent la révolution de 1789 : rébellion des députés des états généraux et insurrection parisienne de 1588 notamment.



L'édit de Nantes
30 avril 1598


La fin des guerres de Religion
Edit signé à Nantes le 30 avril 1598, qui mit fin aux guerres de Religion. L'édit de Nantes eut une grande importance dans l'histoire de la France ; il est le symbole de la victoire de la tolérance sur la guerre civile et religieuse : par cet édit, en effet, la France devint le premier royaume d'Europe où la religion du roi n'était pas imposée officiellement à tous ses sujets. Pourtant, la négociation de l'édit fut lente et difficile, et ses dispositions ne sont pas si exceptionnelles qu'on veut le croire ; il est d'ailleurs moins favorable aux protestants que certains édits des guerres de Religion, comme celui de Beaulieu (1576). Enfin, s'il put finalement être signé, ce ne fut qu'à la faveur de la victoire de la France sur l'Espagne et de la soumission du dernier seigneur ligueur, le duc de Mercœur, dont Nantes était l'ultime bastion.

Le contexte et les préliminaires
Après l'abjuration d'Henri IV à Saint-Denis (25 juillet 1593) et la levée de son excommunication par le pape (17 septembre 1595), Henri IV dut faire preuve de tous ses talents politiques : il s'agissait pour lui, du côté catholique, de vaincre la Ligue - ce qu'il fit en achetant le ralliement des grands seigneurs rebelles - ainsi que l'Espagne, et, du côté protestant, d'achever de rallier à lui ceux des huguenots qui craignaient que le roi, ayant abjuré leur religion, ne lésât leurs intérêts.

Alors que les catholiques se satisfaisaient de la situation religieuse du royaume, les protestants exigèrent du roi, après son abjuration, des garanties réelles quant à leur liberté de conscience et à l'exercice de leur culte. Le 15 novembre 1594, Henri IV leur accorda l'édit de Saint-Germain, qui reprenait celui de Poitiers, qui datait de 1577. Cependant, les protestants n'apportèrent qu'une aide modérée à Henri IV dans sa reconquête du royaume, à la fois contre l'Espagne et contre le duc de Mercœur, qui tenait toujours la Bretagne. La situation se modifia au début de 1598 : Mercœur accepta en mars de rentrer dans l'obéissance, tandis que les Espagnols, épuisés par leurs échecs aux Pays-Bas et contre l'Angleterre, acceptaient la paix - qui sera signée à Vervins le 2 mai 1598. Dans le même temps se déroulaient des négociations avec les protestants sur les questions principales : exercice du culte ; concession de places de sûreté, accès aux emplois royaux.

La signature et la ratification de l'édit
La tradition veut que l'édit ait été signé à Nantes le 13 avril 1598 ; ce jour-là correspond à l'arrivée d'Henri IV à Nantes. En réalité, le traité fut signé le 30 avril, soit le jeudi de l'Ascension, date symbolique puisque la fête est commune aux deux religions, catholique et réformée.

Le texte fut jugé inacceptable par le parlement de Paris, qui devait obligatoirement le ratifier pour que l'édit eut force de loi dans tout le royaume. Ce ne fut que le 25 février 1599 que les parlementaires parisiens l'enregistrèrent, non sans en avoir renégocié le texte, qui passa de quatre-vingt-quinze à quatre-vingt-douze articles ; les parlements de province le ratifièrent pour la plupart en 1600, mais il fallut attendre 1609 pour que le parlement de Rouen consentît à l'accepter.

Le texte de l'édit
L'édit se compose d'un édit solennel, «perpétuel et irrévocable» ; cependant, le caractère irrévocable ne correspond pas à un engagement pour les successeurs d'Henri IV, et il ne pouvait s'agir d'en faire une loi constitutionnelle du royaume. Il est composé de quatre-vingt-douze articles, de cinquante-six articles secrets, les «particuliers», qui concernent la mise en application concrète de l'édit et qui furent signés le 2 mai, et de deux brevets également secrets, accordés par le roi à titre personnel - donc non enregistrés par les parlements -, dont l'un concerne les places de sûreté qui étaient reconnues aux protestants.

Le préambule affirme que la paix du royaume doit être obtenue, même si tous les sujets ne prient pas Dieu de la même manière, comme c'était le cas avant les guerres de Religion : «Et s'il ne lui a plu <à Dieu> de permettre que ce soit pour encore en une même forme de religion, que ce soit au moins d'une même intention, et avec telle règle qu'il n'y ait point pour cela de trouble ou de tumulte entre eux.»

La liberté de conscience y est affirmée à l'article 6 : «Nous permettrons à ceux de ladite Religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés, ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d'icelle être recherchés ès maisons et lieux où ils voudront habiter.» Mais la liberté du culte n'est pas établie : les deux religions ne sont pas traitées de manière égale, et, dans tous les cas, l'édit privilégie l'Eglise catholique.

Le culte catholique était en effet rétabli partout (article 3), tandis que les articles 7 à 11 délimitaient les lieux d'exercice du culte réformé - deux localités par bailliage et chez les seigneurs hauts justiciers protestants, ainsi que de façon privée à condition que l'assistance ne dépassât pas trente personnes. Cependant, le culte réformé demeurait absolument interdit à Paris et dans les grandes cités épiscopales, ainsi que sur les terres de certains ligueurs, comme les Guise, qui en firent l'une des conditions de leur ralliement. Les huguenots, appelés par l'édit «ceux qui font profession de la religion prétendue réformée», étaient contraints de payer la dîme (article 25).

Des garanties juridiques importantes étaient concédées aux protestants : outre la reconnaissance de l'accession à tous les emplois (article 27), une chambre spécialisée (dite «chambre de l'édit»), comportant un nombre déterminé d'officiers huguenots, était prévue dans certains parlements pour traiter les affaires les concernant. Surtout, les protestants obtenaient quelque soixante places de sûreté pour huit ans, dotée chacune d'un gouverneur et d'une garnison protestants, privilège renouvelé en 1607, 1611 et 1615 - ce qui correspondait pour le roi à une abdication de sa souveraineté. Parmi ces places de sûreté figurent La Rochelle, Loudun, Mantes, Montauban, Montpellier, Nîmes, Saint-Jean-d'Angély, Saumur, ou encore Uzès. On peut ainsi estimer que l'édit de Nantes consacrait le parti protestant en tant qu'organisation militaire, et l'indépendance des grands seigneurs dans leurs places de sûreté n'est pas sans rappeler l'époque féodale ; c'est ce qu'on appela «l'Etat dans l'Etat».

La réception de l'édit
L'édit de Nantes fut très critiqué par le pape Clément VIII, pour lequel «. la liberté de conscience (...) était la pire chose du monde». Si nombre de protestants n'acceptèrent qu'avec peine leur nouveau statut, l'immense majorité des Français accepta l'édit, à la différence des précédents, qui avaient tous mécontenté l'un au moins des partis. L'édit de Nantes put être imposé par un roi qui disposait désormais d'un réel pouvoir, soutenu par un parti puissant, réunissant à la fois des catholiques et des protestants : Henri IV était résolu à faire respecter ses décisions, ainsi qu'il l'affirma nettement aux parlements qui tardaient à enregistrer le texte.

Si seul l'édit de Nantes fut enfin respecté - bien que les conflits religieux aient repris sous Louis XIII, et jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV -, c'est d'abord parce que trente-six années de guerre civile avaient convaincu un nombre de plus en plus important de Français que seule la tolérance religieuse pouvait sauver le royaume. La tolérance était un concept nouveau : avant 1560, la tolérance était assimilée à la souffrance, et ce n'est que peu à peu, au cours des guerres de Religion, que le mot prit son sens positif actuel.
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